La Turquie critique la sanction américaine contre Gazprombank et demande une exemption pour sécuriser ses approvisionnements en gaz russe


Les sanctions américaines du 21 novembre dernier contre des banques russes, parmi lesquelles Gazprombank, inquiètent Ankara. La Turquie, très dépendante du gaz et du pétrole de Moscou, a demandé une dérogation à ces sanctions. Celles-ci, déplore le ministre de l’Energie, Alparslan Bayraktar, affectent le pays, particulièrement son industrie. Cette demande intervient deux jours après un entretien téléphonique entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe, Vladimir Poutine, à propos d’un “accroissement de la coopération économique et commerciale” entre les deux pays. 

Le 21 novembre, le département du Trésor américain a annoncé de nouvelles sanctions contre plus de 50 banques russes, dont Gazprombank, éjecté du système financier mondial. L’exception faite à ce troisième bailleur de fonds russe se justifiait jusque-là par l’accord prévoyant le transit de gaz russe vers l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie via l’Ukraine, qui expire fin 2024. De ce fait, cette exception ne se justifiait plus aux yeux de Washington. Les sanctions américaines visent aussi plus de 40 bureaux d’enregistrement de titres russes et 15 fonctionnaires du secteur financier de ce pays. 

Le gouvernement truc “ne comprend pas” la décision de l’administration Biden 

Or, Moscou est le principal fournisseur de gaz de la Turquie, avec environ 42 % de ses besoins. Ces sanctions, particulièrement celles qui visent Gazprombank, suscitent l’inquiétude d’Ankara. Lundi en fin de journée, le ministre truc de l’Energie et des Ressources naturelles, Alparslan Bayraktar, évoquait la question lors d’un point de presse animé avant une réunion de son cabinet.  

Le gouvernement truc a officiellement demandé une exemption des sanctions américaines contre la banque russe Gazprombank, a-t-il annoncé, affirmant que ces restrictions mettent directement en péril la sécurité de l’approvisionnement en gaz du pays. « Ces sanctions affecteront la Turquie. Nous ne pouvons pas payer, et si nous ne pouvons pas payer, nous ne pouvons pas acheter les marchandises. Le ministère des Affaires étrangères est en pourparlers », a indiqué Alparslan Bayraktar aux journalistes lundi en fin de journée. 

“À l’approche de l’hiver, les industries turques ont besoin d’un approvisionnement en gaz sûr, et le gaz russe joue un rôle important”, a-t-il ajouté. 

Alparslan Bayraktar a rappelé que de précédentes sanctions contre l’Iran comprenaient des exemptions qui ont permis à certains pays de continuer à s’approvisionner en gaz auprès de Téhéran. « Nous cherchons à obtenir une exemption similaire de la part des États-Unis”, explique-t-il. 

Le ministre turc s’est montré critique à l’égard de cette décision, prise par l’administration Biden environ 45 jours avant l’entrée en fonction du président élu début novembre, Donald Trump. “Nous ne comprenons pas le timing de l’administration Biden. Le problème est que la levée de ces sanctions ne peut se faire du jour au lendemain », a-t-il fait remarquer.  

Des représentants des ministères des AE, du Commerce et des Finances des deux pays concernés, à savoir la Turquie et la Russie, se sont également réunis lundi en présence des banques centrales pour évoquer ces nouvelles sanctions et leur impact sur les échanges énergétiques bilatéraux.  

Erdogan et Poutine veulent accroître les échanges économiques 

Les déclarations du ministre turc de l’Énergie annoncent surtout un bras de fer entre Ankara et Washington concernant cette exception, puisque la Maison Blanche a souvent accusé le gouvernement turc de permettre à Moscou de contourner les sanctions.  

La présidence turque et son chef, Recep Tayyip Erdogan, se défend en évoquant la neutralité turque sur le conflit ukrainien, qui s’est jusque-là cristallisée par une condamnation de l’invasion russe sans se joindre aux sanctions occidentales, une tentative de médiation ainsi qu’une poursuite des relations commerciales avec les deux belligérants, comme en témoignent l’achat du pétrole et du gaz russe, ainsi que la vente des drones Bayraktar TB2 aux forces ukrainiennes qui les utilisent depuis le début du conflit avec la Russie. 

Une neutralité confirmée début septembre par la candidature turque à une adhésion aux BRICS.  En juillet, Erdogan déclarait ne pas considérer ce bloc “comme une solution alternative face à toute autre structure ». « La Turquie peut devenir un pays fort, prospère et respecté si elle développe simultanément ses relations avec l’Est et l’Ouest », avait-il expliqué. 

La déclaration du ministre turc de l’Energie (qui partage le même nom de famille que les dirigeants de la société Bayrak, fabricant des drones susnommés, NDLR) intervient au lendemain du communiqué de la présidence turque. Celle-ci a relayé les déclarations de Tayyip Erdogan, qui s’est entretenu avec le président russe Vladimir Poutine, et selon lesquelles la Turquie souhaitait augmenter le volume des échanges commerciaux avec la Russie. 

« Le président Erdogan a déclaré qu’il visait à accroître la coopération entre la Turquie et la Russie dans de nombreux domaines, notamment l’expansion du volume des échanges commerciaux », a précisé la présidence turque dans un communiqué. 





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