«Nous sommes prêts à faire face à toute évolution de la situation», assure Lavrov — RT en français



Dans un entretien exclusif accordé au journal Rossiyskaya Gazeta, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a abordé plusieurs sujets d’actualité mondiale. De la crise ukrainienne au néocolonialisme en passant par le climat et les tensions au Moyen-Orient, il a souligné la position ferme de la Russie face aux défis actuels.

Dans un entretien accordé à Rossiyskaya Gazeta publié ce 27 novembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a notamment abordé la crise ukrainienne, qu’il a décrite comme une conséquence de la «création de menaces à long terme» pour la sécurité de la Russie «y compris l’expansion de l’OTAN» et «des violations systématiques» par les autorités ukrainiennes «des droits des Russes et des personnes associées à la Russie, à la culture russe et à la foi orthodoxe».

Le chef de la diplomatie russe a réaffirmé la détermination de Moscou à défendre ses intérêts, tout en prônant une résolution pacifique. «Nous sommes prêts à faire face à toute évolution de la situation, mais nous préférons toujours résoudre les différends par des moyens pacifiques», a déclaré Lavrov.

«Tous nos avertissements […] ont été ignorés»

Un «élément nécessaire» à une telle résolution politique, a-t-il souligné, est «la démilitarisation et la dénazification, ainsi que la garantie du statut de non-alignement, de neutralité et de dénucléarisation des territoires sous le contrôle du régime de Kiev, devraient être des éléments nécessaires à un règlement politique du conflit».

«Tous nos avertissements concernant une réponse adéquate à ces actions inacceptables ont été ignorés» a-t-il par ailleurs regretté, revenant sur l’escalade provoquée par l’utilisation de missiles à longue portée américains, par Kiev, afin de frapper dans la profondeur de la Russie.

«Le président Vladimir Poutine a clairement indiqué comment la Russie répondrait à ces mesures dans une allocution télévisée le 21 novembre» a-t-il ajouté, avant de poursuivre: «Je suis convaincu que tous ceux qui sont responsables des dommages causés aux citoyens et aux infrastructures de la Russie recevront le châtiment qu’ils méritent».

«La Russie préfère les moyens pacifiques, mais elle est également prête à faire face à toute évolution des événements, il y aura toujours une réponse» avait déclaré le président russe le 21 novembre, lors d’une allocution télévisée. Une prise de parole qui suivait plusieurs frappes ukrainiennes menées par des missiles à longue portée américains et franco-britanniques. Lors de cette intervention, Vladimir Poutine avait évoqué le succès d’un test du nouveau missile balistique de moyenne portée «Orechnik».

«L’exploitation par les métropoles de leurs anciennes colonies n’a jamais cessé»

Sur la scène internationale, Sergueï Lavrov a de nouveau dénoncé les tentatives des pays occidentaux d’«ukrainiser » les discussions lors du sommet du G20 à Rio de Janeiro. «Aucun représentant des pays de la majorité mondiale, du Sud, ne l’a soutenu. Nos collègues du monde en développement et nous-mêmes avons insisté pour que le texte soit consacré à tous les conflits» a déclaré Lavrov.

Celui-ci a également consacré une partie de son entretien à dénoncer le «néocolonialisme moderne», notamment dans ses échanges récents avec les dirigeants africains. «L’exploitation par les métropoles de leurs anciennes colonies n’a jamais cessé. Elle a seulement changé de forme, mais l’objectif est resté le même : siphonner les ressources des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine afin de préserver la domination de l’Occident» a-t-il déclaré au quotidien russe.

«Après le tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti en 2010, seuls 2,6% des 2,5 milliards de dollars d’aide promis par les États-Unis sont parvenus aux entreprises et organisations haïtiennes. Le reste a été absorbé par des entrepreneurs américains» a relaté Lavrov, pour illustrer son propos.

Transition énergétique : une «obsession» des pays Occidentaux

Le chef de la diplomatie russe a salué les efforts de la présidence brésilienne du G20 pour «libérer les formats sectoriels des questions géopolitiques». Insistant sur une approche pragmatique, il a déclaré : «Nous pensons qu’il est nécessaire d’investir dans tous les combustibles disponibles afin d’éviter les chocs sur les marchés de l’énergie et d’aggraver le problème de la pauvreté énergétique».

Critiquant ce qu’il appelle «l’obsession» des pays occidentaux pour une transition énergétique précipitée, il a averti que cette démarche avait des répercussions mondiales : «L’obsession de ce thème a déjà conduit à une hausse injustifiée des prix de l’énergie et, par conséquent, au coût record des engrais minéraux».

Enfin, Sergueï Lavrov a décrit la situation au Moyen-Orient comme «extrêmement dangereuse», en particulier dans le contexte de la crise israélo-palestinienne : «Tout cela est la conséquence directe de la politique agressive et militariste d’Israël et de la volonté de Washington de monopoliser les fonctions de médiation» a-t-il, de nouveau dénoncé, réitérant une ligne qu’il tient depuis les premiers jours du conflit.

Dans cette même ligne, le ministre russe a de nouveau plaidé pour une solution à deux États, en insistant sur une approche guidée par les pays de la région.



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