Décès de Marine Vlahovic, journaliste engagée au cœur immense


29 novembre 2024 à 17h34

Mis à jour le 29 novembre 2024 à 18h28

Durée de lecture : 3 minutes

Le corps sans vie de la journaliste indépendante Marine Vlahovic a été retrouvé sur le toit terrasse de son appartement marseillais, lundi 25 novembre au matin. Elle avait 39 ans.

Marine avait été correspondante de plusieurs radios francophones, et en particulier RFI et Radio France, à Ramallah, en Cisjordanie, de 2016 à 2019. De son expérience, elle a tiré ses formidables Carnets de correspondante diffusés sur Arte Radio — une chronique drôle, sensible et critique de la beauté et des limites de la grande fabrique de l’information. Ces Carnets lui ont d’ailleurs valu d’être lauréate du Prix Scam du podcast documentaire en 2021.

Marine était ensuite revenue en France où elle s’était installée à Marseille, aimantée comme toujours par la Méditerranée. Après les massacres du 7 octobre 2023, suite auxquels Israël a entamé la guerre toujours en cours contre Gaza, elle avait tenté de s’y rendre, en vain. Elle était restée bloquée au Caire.

Elle n’avait pas cessé, ces derniers mois, de relayer les voix de ses confrères journalistes gazaouis, tout en essayant de leur envoyer des colis de produits de première nécessité. Après 15 ans de métier, dégoûtée par le traitement médiatique de la guerre à Gaza par les médias français, elle n’avait pas demandé le renouvellement de sa carte de presse, note Télérama.

Une compagnonne de route de Reporterre

Marine Vlahovic a fréquemment collaboré avec Reporterre en 2015 et 2016, avant ces années de correspondance au Proche-Orient. Elle habitait alors Toulouse, et y suivait pour nous les luttes écologistes et aussi le combat de citoyens algériens contre le gaz de schiste.

Elle a aussi réalisé, avec Elsa Souchay, l’une des enquêtes les plus importantes de la jeune histoire de Reporterre, mettant en lumière la responsabilité des gendarmes et de leur hiérarchie dans la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, en 2014.

« Elle avait une intégrité, un sens de la justice et du journalisme à toute épreuve, se souvient son amie Elsa Souchay. Elle se frottait à des sujets que pas grand monde n’avait le courage de faire et ne lâchait jamais une cause qui lui semblait juste, souligne-t-elle. Elle était très compétente, c’était une joie de travailler et de partager des moments avec elle, c’était quelqu’un en or. »

En juin dernier, c’est avec joie que Hervé Kempf, directeur de la rédaction de Reporterre, avait parlé avec Marine. Elle avait toujours la même énergie et aidait notamment une famille d’amis gazaouis, qui avaient perdu leurs quatre enfants dans un bombardement israélien, à rejoindre la France. « Nous avions évoqué la possibilité de trouver des correspondants à Gaza pour raconter le génocide », raconte-t-il.

C’est avec une grande peine que Reporterre a appris le décès de Marine. Toute l’équipe transmet ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

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