Les États-Unis dépenseront 138 milliards de dollars d’ici 2049 pour moderniser leurs armes nucléaires — RT en français



Les États-Unis augmenteront la production d’ogives nucléaires modernisées, réactivant des sites inutilisés et développant de nouvelles infrastructures, selon la Fondation russe Roscongress. Près de 138 milliards de dollars seront alloués, avec un budget supplémentaire de 500 milliards de dollars pour la gestion des stocks.

Au cours des cinq prochaines années, le Département de l’Énergie des États-Unis augmentera le rythme de production des ogives nucléaires modernisées grâce à la réactivation de sites de production inutilisés depuis des décennies et à la mise en service de nouvelles infrastructures pour étendre les laboratoires nationaux, selon une analyse préparée par les experts de la Fondation russe «Roscongress», organisation chargée d’organiser des événements russes et internationaux dans divers domaines.

Jusqu’en 2022, les ogives nucléaires américaines vieillissaient de manière constante, mais cette année-là, le Conseil nucléaire des États-Unis a autorisé la production à grande échelle de bombes modernisées B61-12. Selon la Fédération des Scientifiques Américains (FAS) dont les données sont citées par Roscongress, environ 200 de ces bombes sont en service, dont la moitié dans le cadre du programme de partage nucléaire en Europe.

En parallèle, l’usine d’armement nucléaire américaine de Pantex Plant a commencé l’assemblage des ogives modernisées W88 Alt 370 pour les missiles balistiques des sous-marins. Ce programme prévoit de nombreuses mises à jour pour résoudre les problèmes de vieillissement et améliorer la sécurité nucléaire de l’armement américain. Selon la FAS, 384 unités sont en service.

Ainsi, l’année fiscale 2022 a marqué le début de la production massive de deux types d’armes nucléaires modernisées actuellement en service aux États-Unis. D’ici décembre 2023, selon la NNSA, administration nationale de la sécurité nucléaire, le vaste programme de modernisation nucléaire des B61-12 et des W88 a atteint le seuil de 50% de production achevée.

D’ici la fin du mois d’octobre 2024, avec l’augmentation du rythme de production de nombreux composants nécessaires à la modernisation, les programmes pourraient être achevés à 90% ou plus. Ainsi, l’administration nationale de la sécurité nucléaire du Département de l’Énergie des États-Unis pourrait transférer aux militaires environ 500 ogives et bombes nucléaires modernisées sur les 584 disponibles

Quelle est donc l’importance de l’âge des ogives nucléaires ?

Historiquement, les Américains utilisent des indicateurs élevés de l’âge moyen de l’armement nucléaire comme argument principal pour augmenter le financement des programmes de modernisation nucléaire, selon Roscongress. D’après la Fondation russe, les États-Unis manipulent les statistiques, exagérant l’âge des ogives pour masquer l’ampleur réelle de leur réarmement. «Aujourd’hui, les indicateurs historiquement élevés de l’âge moyen de l’armement nucléaire stimulent non seulement l’augmentation du financement des programmes de modernisation, mais aussi l’accélération du complexe militaro-industriel américain, responsable de la production d’armes de destruction massive. En réalité, les États-Unis légitiment le début d’une nouvelle course aux armements pour rivaliser avec deux grandes puissances – la Russie et la Chine», indique le rapport.

Des centaines de milliards de dollars pour le nucléaire

Globalement, le plan américain de gestion et de surveillance des stocks pour l’année fiscale 2025 reflète une augmentation significative du budget par rapport aux plans des années précédentes, toujours selon Roscongress. Ces dépenses supplémentaires confirment les ambitions croissantes du Pentagone, qui exige une augmentation du financement des programmes de modernisation des ogives nucléaires.

Au total, environ 138 milliards de dollars seront dépensés pour la modernisation des ogives nucléaires par le Département de l’Énergie des États-Unis entre les années fiscales 2024 et 2049.

Environ 500 milliards de dollars supplémentaires seront consacrés à la gestion des stocks, y compris le démantèlement et le traitement des composants des ogives retirées du service, la recherche, le développement, les tests et l’évaluation, d’autres activités liées aux armes, et enfin, les opérations d’infrastructure visant à accroître la flexibilité et la durabilité du complexe nucléaire américain. 

Il convient également de noter que plus de 67 000 employés, travaillant dans les installations de l’Administration de la Sécurité Nucléaire, participent déjà à la mise en œuvre de ce vaste programme de modernisation nucléaire. Leur nombre pourrait être porté à 75 000 personnes au cours des deux ou trois prochaines années. Autrement dit, les États-Unis étendent considérablement leurs capacités de modernisation des munitions existantes.

Le retour potentiel de l’armement nucléaire américain en Asie

Dans le contexte de l’amélioration et du développement des forces de missiles de l’Armée populaire de libération de la Chine et des forces de missiles stratégiques de la Russie, les États-Unis parlent de plus en plus d’un affrontement inédit avec deux rivaux stratégiques qui «sont des États dotés de l’arme nucléaire et dont les arsenaux nucléaires sont importants et en pleine expansion», d’après l’analyse de Roscongress.

Selon le rapport du Pentagone au Congrès américain pour l’année 2023, l’arsenal nucléaire de la Chine comprend actuellement plus de 500 ogives. Selon les estimations du département militaire américain, d’ici 2030, Pékin augmentera cet arsenal à environ 1 000 ogives. Si la montée en puissance de l’arsenal nucléaire se poursuit à ce rythme, le Pentagone estime qu’en 2035, la Chine pourrait disposer d’environ 1 500 ogives nucléaires.

Dans ce cas, Washington pense qu’en 2035, Pékin, n’étant pas limité par le Traité sur la réduction et la limitation des armes offensives stratégiques, pourrait déployer presque autant d’ogives nucléaires stratégiques que les États-Unis. Par conséquent, les États-Unis pourraient avoir presque deux fois moins d’ogives déployées que la Russie et la Chine.

Cette donnée pourrait inciter les États-Unis à ajuster leur stratégie nucléaire. Il pourrait s’agir de modifier la configuration des forces nucléaires américaines. En Asie, il pourrait s’agir du retour de l’armement nucléaire américain dans la région indo-pacifique qui pourrait être considéré par le Pentagone comme un moyen rapide et facile d’accroître le potentiel nucléaire des États-Unis dans cette région.

La nucléarisation pourrait commencer par l’une des plus grandes bases de l’armée de l’air américaine, Andersen, située dans la partie ouest de l’océan Pacifique. Des bombardiers stratégiques capables de transporter des armes nucléaires y sont basés, avec des installations de stockage où des charges nucléaires étaient auparavant stockées.

Les États-Unis augmentent également la flexibilité du déploiement potentiel des armes nucléaires en construisant des dépôts de munitions de type Igloo sur l’île de Guam, située dans la mer des Philippines, et en construisant un site pour le déploiement permanent des bombardiers B-52 sur la base aérienne royale australienne de Tindal.



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