Pardonnez-moi je vous prie, d’aborder aujourd’hui un sujet délibérément grivois, dans cette rubrique qui normalement a vocation à traiter des sujets éminemment sérieux. D’abord, parce que c’est ce sujet lui-même qui s’est invité dans l’actualité il y a une quinzaine de jours, et ensuite et surtout parce que, malheureusement, vu la tournure que la géopolitique a prise ces derniers temps, il est fort possible qu’à très court terme, nous n’ayons plus jamais l’occasion de rire de quoi que ce soit. Plutôt uniquement des occasions de pleurer. Si tant est qu’une personne puisse rire ou pleurer de quelque chose lorsque tout le monde est mort.
En effet, les politiciens étatiques comptent énormément de va-t’en guerre dans leurs rangs, notamment parmi les français (ici, ici et ici) : avec un ancien ministre qui défend des troupes au sol, ou le président Macron lqui lui soutient la politique américaine d’envoi de missiles longue portée sur le territoire russe (sur la base d’un déclaratif dans le New York Times sans que cela ait été confirmé par le département d’État américain) et enfin les propos délirants d’un ministre des Affaires étrangères.
Tout cela sans l’aval du Parlement ni du peuple français, donc en dépit du bon sens et des lois en vigueur dans le pays ainsi que du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié en 1966 à l’ONU qui convient que « toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi. ».
Ce sujet peut hélas s’inviter à tout moment désormais dans l’actualité est l’annonce d’une déclaration de guerre officielle entre la France et la Russie. À savoir une guerre militaire synonyme de déclenchement d’une troisième guerre mondiale, elle-même probablement synonyme d’apocalypse nucléaire. Ou pire ! L’arrêt de TPMP.
Mais bon ? À part dénoncer ici sans relâche les turpitudes des uns et des autres pour nous y conduire de force, à la guerre militaire contre la Russie, qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ?
Évidemment, nous, citoyens incorporables de force dans l’armée française que nous sommes tous, grâce à la loi de programmation militaire que les parlementaires ont votée en août 2023 (1), si nous avions à choisir entre, soit devoir aller nous faire étriper en Ukraine pour satisfaire aux pulsions belliqueuses d’Emmanuel Macron, soit nous contenter de « la tempête » institutionnelle que Michel Barnier nous a promise avant-hier, si son Gouvernement est renversé par une motion de censure (2), tant pis : je pense qu’à 99,99 % au moins, nous choisirions la catastrophe que cela serait, heureusement pour nous, uniquement pour Michel Barnier, la démission forcée de cet homme.
Diable !
Michel Barnier est l’homme qu’Emmanuel Macron a nommé Premier Ministre en septembre 2024, pour continuer la politique qu’il mène depuis sept ans, Emmanuel Macron, alors que les résultats des élections législatives juillet 2024 montrent clairement que le peuple français ne veut plus de cette politique. Cette politique qui de surcroît est menée en application d’un texte imposé au peuple français contre sa volonté, rejeté qu’il fut par le référendum de 2005, à savoir le texte du Traité de Lisbonne. Et qui a écrit ce texte ? Michel Barnier. La boucle est bouclée.
Enfin… presque. Il manque une dernière petite rotation pour la boucler complètement. Il l’a commencé hier en prenant la parole dans Notre-Dame sans titre, tel que l’a expliqué l’association BonSens.org dans une seconde « volée de cloches » à Monseigneur Ulrich. En ce faisant, Emmanuel Macron montrait une fois encore le peu de considération qu’il avait pour ses concitoyens, mais surtout le peu de respect qu’il a de montrer l’exemple de respecter la loi qui consacre de ne pas tenir de discours au sein d’un édifice consacré au culte. « Un véritable blasphème » pour les chrétiens.
Mais cette dernière petite rotation est aussi illustrée ci-après. Par exemple, Emmanuel Macron s’octroyant les pleins pouvoirs. Comment ? Sur le fondement de l’article 16 de la Constitution. (3) À savoir en invoquant « le fonctionnement des pouvoirs publics constitutionnels » qui effectivement sera « interrompu », si le Gouvernement de Michel Barnier est renversé. Et parce qu’il en sera de même pour tout autre Premier Ministre qu’Emmanuel Macron nommerait ensuite, à la place de Michel Barnier, puisque vu la composition de l’Assemblée nationale issue des élections législatives anticipées, tant à gauche, à droite, qu’au centre, il est impossible de constituer une majorité. La majorité à l’Assemblée nationale indispensable à agir pour que le Gouvernement ne soit pas renversé. Emmanuel Macron serait donc pleinement en droit, en tant que président de la République, de prendre « les mesures exigées par ces circonstances », et d’imposer aux Français, sans débat ni recours possible, le budget 2025, ce budget 100 % contraire aux préoccupations des Français et aux intérêts de la France, pour l’adoption duquel Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier Premier Ministre. Notamment en invoquant l’urgence liée au fait que la France doit présenter son budget 2025 à la Commission européenne, pour validation, au plus tard le 31 décembre 2024. Pourquoi ? Parce que invoquer cette urgence, satisferait pleinement à la condition posée par le deuxième alinéa de l’article 16 de la Constitution, pour donner à Emmanuel Macron, la latitude totale à laquelle il aspire par cette entremise, concernant la nature et le contenu des « mesures » qu’il prendra, le cas échéant, en application de l’article 16 de la Constitution :
« Ces mesures doivent être inspirées par la volonté d’assurer aux pouvoirs publics constitutionnels, dans les moindres délais, les moyens d’accomplir leur mission. » (3)
Bingo !
Cela pourra durer pendant 30 jours minimum, 60 jours sans aucun doute, et très certainement même au-delà, étant donné que pour que le président de la République puisse faire l’application de l’article 16 de la Constitution au-delà de 30 jours, puis de 60 jours, il suffit que le Conseil constitutionnel valide la décision du président de prolonger cette application. (3)
Le Conseil constitutionnel étant totalement à la botte d’Emmanuel Macron, lui, validera cette décision.
On retrouve là ce que je vous ai dit dans cette rubrique en commentaire de la décision prise par Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale. À savoir que cette décision, il l’a prise exprès dans le but escompté qu’elle conduise in fine à ce que le fonctionnement des pouvoirs publics constitutionnels soit interrompu, par l’impossibilité de constituer une majorité parlementaire au sein de la nouvelle composition de l’Assemblée Nationale, issue de cette dissolution.
D’où la mise en avant immense et continue de la liste RN opérée par tous les médias durant la campagne des élections européennes, avec en même temps un dénigrement de la liste macroniste opéré similairement ; un dénigrement facilité par le placement à la tête de la liste macroniste (décidé à cet effet par Emmanuel Macron), de la ridicule au possible Valérie Hayer (question crédibilité). Voyez plutôt dans ce clip parodique.
Car avec la victoire de la liste RN aux élections européennes et la défaite de la liste macroniste, Emmanuel Macron a ainsi eu le prétexte qu’il lui fallait, pour pouvoir prendre la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Le faire au motif officiel fallacieux invoqué par lui, qu’il a pris cette décision pour que le peuple fasse part de son choix et que la démocratie puisse s’exprimer.
Un motif dont le caractère 100 % fallacieux sera révélé au grand jour, si, invoquant l’interruption du « fonctionnement des pouvoirs publics constitutionnels » consécutivement à la démission forcée de Michel Barnier, Emmanuel Macron fait application de l’article 16 de la Constitution.
Parce que n’en déplaise à ceux qui affirment que, si le Gouvernement de Michel Barnier est renversé par une motion de censure déposée à l’occasion du vote final du budget 2025, Emmanuel Macron sera « obligé » de démissionner, ce n’est pas cela qui arrivera. Non. Ce qui arrivera si le Gouvernement Barnier est renversé, c’est ce que je vous ai affirmé ici comme étant couru d’avance, et que je répète là : Emmanuel Macron fera application de l’article 16 de la Constitution.
Croyez-moi, ceci n’augure rien de bon. Au contraire. Ceci laisse hélas obligatoirement présager un chaos en tous points, très nettement plus terrible encore, que celui déjà catastrophique pour la France et pour les Français, auquel a conduit le simulacre de démocratie que nous subissons depuis qu’Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir.
Donc j’insiste, puisque c’est peut-être la dernière occasion que nous avons de le faire, offrons-nous aujourd’hui un sujet délibérément grivois. « Égrillard », même, à savoir « Qui tient du libertinage », me souffle un Petit Robert qui s’y connaît, « Grand expert qu’il est en la matière », m’a affirmé Maître Capélo, en atteste la définition qu’il donne du mot « nécrophilie » sur le dark web :
« Nécrophilie : excès de galanterie à titre posthume. »
Et c’est vrai que c’est drôle.
Voilà. Nous voici arrivé au moment où, normalement, je devrais enchaîner en vous disant enfin qui est « Le Rocco Siffredi de la politique africaine » que j’ai évoqué en titre, et pourquoi je l’ai appelé ainsi. Mais, bon, comme voilà déjà trois pages format A4 d’écriture que nous venons de passer ensemble, vous à les lire, moi à les rédiger, je vous propose de faire une pause.
Afin de nous accorder un petit entracte où vous pouvez vous délecter non pas d’une glace ou d’un michoko, mais de la lecture du « J’accuse. .. ! version augmentée » dont nous a gratifié l’anthropologue Jean-Dominique Michel.
À tout de suite…
(1) en prenant soin de s’exclure du champ d’application de cette loi. L’obligation d’incorporer l’armée française en cas de déclaration de guerre vise « tout citoyen français où qu’il se trouve et toute autre personne physique présente sur le territoire français », sauf les parlementaires français, les députés européens et les membres du Gouvernement. Pardi ! Simone Weil l’a dit naguère fort justement : « Toutes les décisions qui engagent des vies humaines sont prises par ceux qui ne risquent rien. »
Je vous en reparlerai lors d’un prochain édito.
(2) la motion de censure qui va être déposée par le NFP lors du vote final d’un budget 2025, et qui sera voté par le RN, a-t-on appris par l’intermédiaire de son fougueux porte-étendard du moment, Jean-Philippe Tanguy : « Nous voterons la motion de censure avec la gauche »: le RN reste bien décidé à faire tomber Michel Barnier
(3) texte intégral de l’article 16 de la Constitution :
Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés (1) d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel.
Il en informe la Nation par un message.
Ces mesures doivent être inspirées par la volonté d’assurer aux pouvoirs publics constitutionnels, dans les moindres délais, les moyens d’accomplir leur mission. Le Conseil constitutionnel est consulté à leur sujet.
Le Parlement se réunit de plein droit.
L’Assemblée nationale ne peut être dissoute pendant l’exercice des pouvoirs exceptionnels.
Après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le Président de l’Assemblée nationale, le Président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d’examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée.