Moscou regrette que Berlin ferme le bureau de Pervy Kanal et expulse deux journalistes allemands, l’ambassadeur russe convoqué


Nouvelle escalade entre Berlin et Moscou. Diplomatique et médiatique, cette fois-ci. La Russie a annoncé mercredi sa décision d’expulser deux journalistes du groupe audiovisuel public allemand, ARD, “en réponse” à une fermeture du bureau allemand de la chaîne de télévision Pervy Kanal “sur ordre de Berlin”, qui oblige ses correspondants à quitter le territoire. L’Allemagne dément être responsable de cette fermeture, convoquant l’ambassadeur russe pour dénoncer une expulsion “inacceptable” pour des raisons “fausses et mensongères”. 

Mercredi, Ivan Blagoï, correspondant à Berlin de Pervy Canal (‘Première chaine’ en russe, NDLR) a annoncé à l’antenne son obligation de quitter le territoire allemand, avec son caméraman, Dmitri Volkov. La présentatrice du journal télévisé a annoncé dans la foulée la fermeture du bureau de la chaîne et ce, “sur ordre de Berlin”. 

Titres de séjour non renouvelés, Moscou réplique vite 

Le correspondant russe a affirmé que les autorités allemandes considèrent la chaine comme une “menace pour la sécurité” du pays et comme un “organe de propagande” et ce, malgré une large audience russophone sur son sol. Pervy Canal a diffusé un document de l’Office de l’immigration de la ville de Berlin, indiquant à Ivan Blagoï la décision des autorités de ne pas lui renouveler son titre de séjour. Le journaliste est alors prié de quitter l’Allemagne sous peine d’expulsion.  

L’annonce de Pervy Canal, qui fait l’objet de sanctions de l’UE, fait vite réagir le vice-ministre des Affaires étrangères, Alexander Grouchko. Dans une déclaration à Ria Novosti, il a affirmé que la Russie est “contrainte” de réagir en vertu du principe de réciprocité.  

« Nous voyons cela de manière négative, c’est une violation flagrante de tous les principes fondamentaux de la communication internationale, y compris le respect de la liberté d’expression. Nous considérons cela comme une nouvelle démarche inamicale des autorités allemandes. Bien entendu, nous continuerons à défendre les droits de nos journalistes en utilisant tous les moyens nécessaires à cette fin. Mais si aucune avancée en matière de respect de leurs droits n’est réalisée, il faudra répondre par réciprocité », a-t-il averti 

La promesse est vite appliquée. Le même jour, la diplomatie russe a annoncé “prendre des mesures équivalentes en représailles à l’encontre des journalistes du bureau moscovite de l’ARD”, une chaine publique allemande. Les deux correspondants allemands concernés sont Frank Aischmann et Sven Feller, qui ont jusqu’au 16 décembre pour quitter la Russie. Le Kremlin a déploré le choix de Berlin pour “l’escalade”. 

Toutefois, la diplomatie allemande a démenti tout rôle dans cette affaire. Ni ministère des Affaires étrangères ni le gouvernement n’ont fermé le bureau de Pervy Kanal. “Les affirmations russes sont fausses : le gouvernement fédéral n’a pas fermé le bureau de cette chaîne, et les journalistes russes peuvent exercer librement et sans entrave en Allemagne”, a réagi une porte-parole du ministère des Affaires étrangères lors d’un point de presse, durant lequel elle a “fermement condamné” une telle mesure.   

L’ambassadeur russe convoqué 

Berlin s’est néanmoins réservé le droit de confirmer ou infirmer la décision de l’Office de l’immigration de ne pas renouveler le titre de séjour des deux correspondants russes. 

La chaine allemande a également réagi, déplorant “une nouvelle dégradation dans les relations avec la Russie”, ou “la pression sur les journalistes occidentaux (…) n’a cessé d’augmenter” depuis février 2022.  

Mais Moscou a toujours affirmé réagir de manière proportionnée aux sanctions visant ses médias. D’ailleurs, peu avant le début du conflit ukrainien, Berlin avait interdit la diffusion à la chaîne russe RT et la Russie a répliqué par la fermeture du bureau de la radiotélévision internationale allemande Deutsche Welle. Idem pour les réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube qui ont bloqué ou restreint l’accès aux médias russes.  

Jeudi, Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, a annoncé la convocation de l’ambassadeur russe à Berlin. « L’expulsion des collaborateurs de l’ARD par la Russie est inacceptable et les raisons invoquées sont tout simplement fausses et mensongères. Nous condamnons cela sans équivoque, c’est pourquoi nous avons convoqué aujourd’hui l’ambassadeur russe », a-t-elle déclaré, reprenant la déclaration de la porte-parole relayée plus haut.





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