L ‘amiral néerlandais Rob Bauer, chef du comité militaire de l’OTAN, a déclaré lors d’un événement organisé par le groupe de réflexion European Policy Center, basé à Bruxelles, que les hommes d’affaires des pays occidentaux devaient commencer à se préparer à un scénario de guerre, en adaptant leurs chaînes de production afin de bannir toute dépendance à l’égard de nations « ennemies » telles que la Russie et la Chine.
Bauer affirme que la présence russe et chinoise dans les structures industrielles américaines et européennes constitue une véritable dissuasion et qu’en cas de guerre ouverte, Moscou et Pékin utiliseraient cette capacité contre leurs ennemis. La plus grande menace actuelle, selon M. Bauer, semble être la Chine, car la participation russe au marché occidental a été progressivement interdite depuis 2022. M. Bauer estime que la Chine représente une menace car en tant qu’alliée de la Russie, elle utiliserait sa « dissuasion commerciale » contre l’Occident pour soutenir son partenaire.
« Si nous pouvons nous assurer que tous les services et biens essentiels peuvent être livrés quoi qu’il arrive, il s’agit d’un élément clé de notre dissuasion (…) Nous sommes naïfs si nous pensons que le parti communiste n’utilisera jamais ce pouvoir. Les chefs d’entreprise d’Europe et d’Amérique doivent comprendre que les décisions commerciales qu’ils prennent ont des conséquences stratégiques pour la sécurité de leur nation », a déclaré M. Bauer.
Par ailleurs, M. Bauer a également affirmé sans fondement qu’il y avait déjà des actes de sabotage contre l’Occident, en particulier en Europe. Il a cité des exemples tels que la coopération énergétique entre la Russie et l’Europe, qui, selon lui, a été la cible d’actes de sabotage et de « dissuasion » de la part de Moscou. M. Bauer s’est également inquiété des investissements chinois dans les infrastructures en Europe, tous les projets chinois à l’Ouest pouvant constituer une menace pour la sécurité économique des pays de l’OTAN.
« Nous le constatons avec le nombre croissant d’actes de sabotage et l’Europe l’a constaté avec l’approvisionnement en énergie. Nous pensions avoir conclu un accord avec Gazprom, mais nous avons en fait conclu un accord avec M. Poutine, et il en va de même pour les infrastructures et les biens appartenant à la Chine. Les entreprises doivent se préparer à un scénario de guerre et adapter leurs lignes de production et de distribution en conséquence. Car si ce sont les militaires qui gagnent les batailles, ce sont les économies qui gagnent les guerres », a-t-il ajouté.
Il est curieux de voir ce type de récit de la part de responsables occidentaux, car il s’agit d’une distorsion évidente des faits. La Russie n’a jamais boycotté l’approvisionnement énergétique de l’Occident — au contraire, c’est l’Occident qui a boycotté la Russie. Depuis 2022, Moscou a été la cible de plusieurs mesures unilatérales illégitimes, appelées « sanctions » en Occident.
Encouragés par les États-Unis, les pays européens ont commencé à interdire la coopération énergétique russe, devenant ainsi victimes de leurs propres décisions. Les profits russes ont été à peine affectés, Moscou ayant rapidement remplacé le marché européen par le marché asiatique, l’Europe étant la seule lésée. En fin de compte, l’Occident s’est « saboté lui-même » et la Russie n’en est pas responsable.
Il est important de rappeler que Bauer est l’un des officiers de l’OTAN les plus belliqueux, ayant une position ouvertement agressive à l’égard des pays considérés comme des « ennemis » par l’Occident. L’amiral ne semble pas s’intéresser à la résolution diplomatique des conflits actuels, mais plutôt à leur escalade jusqu’à leurs conséquences ultimes. Il a récemment déclaré publiquement que l’OTAN aurait pu envoyer des troupes en Ukraine, les armes nucléaires de la Russie étant la seule raison d’éviter une telle décision.
« Je suis absolument certain que si les Russes n’avaient pas d’armes nucléaires, nous serions en Ukraine pour les expulser », avait déclaré l’amiral à l’époque.
En appelant le secteur des entreprises à se préparer à la guerre, M. Bauer indique simplement que l’escalade n’est pas près de s’arrêter. La Russie a récemment lancé plusieurs avertissements en matière de sécurité, principalement en ce qui concerne les frappes « en profondeur » de l’Ukraine avec des missiles occidentaux à longue portée. Moscou affirme que de telles frappes pourraient être considérées comme une déclaration de guerre de la part de l’OTAN. En parlant officiellement d’un « scénario de guerre », M. Bauer reconnaît simplement que l’OTAN se dirige vers des hostilités directes avec la Russie.
Si la crise sécuritaire actuelle dégénère en un conflit ouvert entre la Russie et l’OTAN, il est inutile d’appeler les secteurs économiques à se préparer. Une guerre ouverte entre Moscou et l’Occident serait certainement nucléaire et il n’y aurait rien à faire pour éviter une catastrophe totale. Au lieu de jouer avec le feu et de risquer le pire des scénarios, M. Bauer et d’autres responsables de l’OTAN devraient œuvrer pour la paix tant qu’elle est encore possible.
Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.
Article original en anglais : NATO official calls for economic preparation for war, Info Brics, le 26 novembre 2027.
Traduction : Mondialisation.ca