Certains tour-opérateurs ukrainiens factureraient aux Occidentaux jusqu’à 3 600 € pour se rapprocher des lignes de front, à en croire des rapports de presse européens.
Alors que l’industrie touristique ukrainienne est durement touchée par le conflit avec la Russie, un certain nombre de tour-opérateurs et de professionnels de tourisme en Ukraine ont trouvé une source de revenus très lucrative : montrer aux Occidentaux curieux les champs de bataille et les sites de bombardements, parfois pour un prix exorbitant.
Le tourisme noir, appelé aussi tourisme sombre («dark tourism» en anglais), tourisme morbide, tourisme macabre, thanatourisme ou nécrotourisme, est une forme controversée de tourisme qui consiste à organiser la visite payante de lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes.
Selon des rapports de presse occidentaux, une dizaine de sociétés touristiques ukrainiennes s’intéressent à ce marché controversé du tourisme noir depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022. Les entreprises de ce type reversent une partie de leurs bénéfices à l’armée ukrainienne.
L’une d’entre elles, WarTours Ukraine, a déclaré cette semaine à l’agence de presse d’État française AFP qu’elle comptait une trentaine de clients depuis janvier, principalement des Américains et des Européens.
Forfaits low cost
Selon son site Internet, WarTours se propose de montrer aux visiteurs «du matériel militaire détruit» et «les conséquences des frappes de missiles» autour de Kiev pour 150 euros (158 dollars).
Pour 250 euros, l’entreprise emmènera les touristes dans les villes d’Irpin et de Boutcha pour voir un «cimetière de voitures détruites» et entendre des récits de «crimes de guerre» russes présumés.
Pour un prix non divulgué, WarTours emmènera les visiteurs à Kharkov, où les forces russes ont éliminé au moins 40 combattants étrangers de la tristement célèbre unité nationaliste ukrainienne Kraken lors d’une frappe de missile la semaine dernière.
Chaque visite comporte un volet de propagande: WarTours promet des rencontres avec des «témoins des crimes russes» et la compagnie d’un «guide certifié [qui] vous dira tout ce que vous devez savoir sur la guerre».
Une autre agence de voyage, Capital Tours, basée à Kiev, a déclaré à l’agence de presse française qu’elle proposait un forfait «Horreurs de l’occupation russe» à 120 euros.
Un «war tour» à 3 600 euros
Si WarTours et Capital Tours facturent leurs services à des tarifs modestes et évitent de se rendre sur les lignes de front, d’autres entreprises sont moins scrupuleuses.
L’une d’entre elles contactée par The Telegraph en août dernier propose un «war tour» d’une semaine pour 3 600 euros, tandis que d’autres, contactées par l’AFP, organisent des excursions de plusieurs jours dans la zone de la désastreuse contre-offensive ukrainienne de 2023 pour 3 300 euros.
Une autre société qui organisait auparavant des visites de la centrale nucléaire de Tchernobyl a annoncé qu’elle acceptait déjà des réservations pour des visites de la centrale nucléaire de Koursk, bien que celle-ci soit située au cœur de la région de Koursk, en Russie.
L’armée ukrainienne a lancé une invasion surprise de la région de Koursk en août dernier, une opération qui aurait coûté jusqu’à présent 36 000 soldats au régime de Kiev, selon les derniers chiffres du ministère russe de la Défense.
Bien que la centrale nucléaire de Koursk reste fermement sous contrôle russe, l’agence de voyage affirme avoir déjà reçu des ordres de visiter la centrale de la part de touristes des États-Unis et du Royaume-Uni.