Sous pression budgétaire, certaines communes françaises bradent leur patrimoine. Des palais de justice se retrouvent sur Leboncoin et des écoles désaffectées sont vendues à prix cassés. Les élus sonnent l’alarme : cette gestion de crise fragilise les collectivités et soulève des questions sur l’avenir des services publics.
En Haute-Marne, le président du Conseil départemental, Nicolas Lacroix, n’a pas hésité à mettre en vente le palais de justice, des gendarmeries, et même la préfecture sur Leboncoin. Une provocation assumée pour dénoncer la saignée imposée par le gouvernement : « Beaucoup de départements ne peuvent plus clôturer leur budget 2024 », a-t-il déclaré à BFMTV. Ces ventes doivent combler un trou de 50 millions d’euros. Mais à quel prix ? Selon les élus, ces cessions ne sont qu’un pansement sur une hémorragie.
À La Rochelle, la mairie a déjà récolté un million d’euros en vendant l’ancien bâtiment de la trésorerie municipale. D’ici 2025, sept autres bâtiments municipaux devraient disparaître du patrimoine collectif pour renflouer les caisses à hauteur de 15 millions d’euros. « Ces cessions immobilières ont notamment été réalisées pour réduire les frais d’entretien de certains bâtiments, qui n’étaient plus utilisés », souligne Guillaume Marbotte, conseiller municipal, auprès de Challenges.
Cette urgence n’épargne pas les petites communes. À Bourganeuf, dans la Creuse, l’ancien tribunal est à vendre pour 30 000 euros. Mais sans acheteur, le bâtiment se détériore. Une rénovation, estimée à 500 000 euros, est hors de portée. L’État doit revoir sa copie, parce qu’il n’y aura bientôt plus grand-chose pour accueillir les citoyens.