L’IA se mue en soldat : OpenAI et Anduril Industries s’associent pour donner un usage militaire à l’intelligence artificielle. Derrière les promesses de sécurité nationale se profilent des enjeux éthiques majeurs, une compétition mondiale, et toutes les dérives qui vont avec.
OpenAI, le créateur de ChatGPT, s’associe à Anduril Industries, spécialiste des technologies de défense, pour développer des solutions d’intelligence artificielle dédiées aux missions de sécurité nationale. Comme le rapporte l’AFP, ce projet vise notamment à améliorer la défense contre les drones, ces engins qui redéfinissent le visage des conflits modernes.
Sam Altman, PDG d’OpenAI, se veut rassurant : « Notre partenariat avec Anduril permettra d’assurer que la technologie d’OpenAI protège le personnel militaire américain et aidera la communauté de la sécurité internationale à comprendre et utiliser de manière responsable cette technologie pour assurer la sécurité et la liberté de nos citoyens ». Mais cette collaboration soulève des questions épineuses sur l’éthique et la militarisation de l’IA.
Au début, c’était inenvisageable. Il y a un an à peine, OpenAI levait l’interdiction d’utiliser ses technologies à des fins militaires. Anduril, dirigée par Palmer Luckey, créateur d’Oculus VR, n’est pas étrangère à la controverse : spécialisée dans les drones et les systèmes de commande, l’entreprise est déjà un acteur clé pour les armées américaine, australienne et britannique. Cette collaboration intervient dans un contexte de rivalité technologique accrue entre l’Occident et la Chine, alors que les menaces aériennes, des drones aux avions télécommandés, se multiplient. Selon l’AFP, ce partenariat répond à une urgence : doter les alliés de systèmes capables de surpasser leurs adversaires dans des décisions critiques.
Mais le rapprochement entre technologies civiles et militaires inquiète. Quels garde-fous garantiront que cette IA ne devienne pas un outil de domination, voire un danger pour les citoyens ? Si la course à l’innovation permet des avancées, elle flirte dangereusement avec des zones grises éthiques. Au-delà des mots d’Altman, l’histoire montre que la technologie, une fois libérée, échappe souvent à ses créateurs et charrie toujours avec elle son lot de dérives sociétales.