Le 6 décembre, depuis l’Uruguay où elle se trouvait, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé la conclusion des négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie).
Une décision considérée comme un véritable désastre par de nombreuses organisations de la société civile, qui dénoncent ses conséquences économiques, sociales et environnementales. Cet accord, souvent qualifié de « viande contre voitures », est perçu comme un symbole d’une mondialisation néolibérale insoutenable.
Pour le collectif national Stop Mercosur, cette annonce est une trahison envers les agriculteurs, la planète et les citoyens européens. Selon Maxime Combes, économiste et coanimateur du collectif, cet accord « divise profondément les pays européens » et risque de provoquer une crise politique majeure au sein de l’Union européenne. Il appelle à une refonte des relations entre l’Europe et les pays du Mercosur, basée sur la lutte contre le réchauffement climatique et la souveraineté alimentaire, plutôt que sur la libéralisation des marchés.
Une « bombe environnementale et sociale »
Les conséquences directes de cet accord inquiètent particulièrement le secteur agricole. Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, souligne que ce traité entraînera une chute des prix agricoles, nuisant gravement aux agriculteurs en Europe et en Amérique du Sud. Elle dénonce un commerce dérégulé qui sert les multinationales aux dépens des paysans et des populations locales. La colère du monde paysan, qui s’est ravivée ces dernières semaines, ne devrait pas s’apaiser après cette décision.
Greenpeace France qualifie cet accord de « bombe environnementale et sociale ». Éric Moranval, chargé de campagne, estime qu’aucune clause environnementale ne peut pallier les nombreux problèmes qu’il pose, notamment la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre et la perte de biodiversité.
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Les critiques vont au-delà des questions environnementales. Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch, dénonce une logique absurde où l’Europe exporte des voitures et des pesticides interdits sur son territoire, pour en importer les résidus dans les produits alimentaires consommés par ses citoyens. Pour elle, cet accord symbolise une économie globale qui tourne le dos à la santé publique et à la justice sociale.
Cet accord est également critiqué pour sa dimension néocoloniale. Aude Lorion, de la fédération Artisans du Monde, accuse le traité de perpétuer un système inégal, favorisant les grandes entreprises et exploitant les communautés paysannes et autochtones. Nabil Berbour, directeur de campagne chez Ekō, ajoute que l’Europe, en concluant cet accord, envoie un signal alarmant en privilégiant les profits des multinationales au détriment des droits humains et de la planète.
Malgré cette annonce, les opposants ne baissent pas les bras. Ils rappellent que l’accord doit encore passer plusieurs étapes, notamment une approbation par le Conseil et le Parlement européen. De nombreuses organisations, en lien avec leurs partenaires européens et sud-américains, s’engagent à intensifier la lutte pour empêcher sa ratification, en poussant notamment des pays comme la France à former une minorité de blocage à même de rejeter cet accord.
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