À quelques semaines de la fin de son mandat, l’administration Biden planche sur de nouvelles sanctions contre la Russie, ciblant son industrie pétrolière. Ces mesures, critiquées pour leur impact mondial, pourraient également affecter les relations entre les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires.
L’administration du président sortant Joe Biden envisagerait une série de sanctions visant à réduire les exportations pétrolières russes et à cibler les flottes utilisées par Moscou pour transporter du pétrole. Ces sanctions en gestation, révélées par Bloomberg le 10 décembre, viseraient à affaiblir l’économie russe avant l’investiture de Donald Trump fin janvier 2025.
Selon l’agence américaine, qui cite des sources proches du dossier, ces sanctions pourraient inclure des «restrictions similaires à celles sur le pétrole iranien» où les acheteurs de brut venus d’Iran s’exposent aux sanctions américaines. L’objectif déclaré est de priver Moscou de revenus supplémentaires tout en capitalisant sur le ralentissement des prix mondiaux du pétrole.
Parallèlement, Bloomberg rapporte que la flotte de pétroliers «dite de l’ombre», qui permettrait à la Russie de rediriger ses flux de pétrole vers des acheteurs non occidentaux, pourrait faire l’objet de mesures spécifiques.
Ces sanctions, si elles sont adoptées, marqueraient une nette évolution par rapport à la politique actuelle, qui repose sur le plafonnement des prix du pétrole russe à 60 dollars le baril, un dispositif mis en place par le G7 et l’Union européenne. Selon l’agence américaine, les résultats «mitigés» de cette approche ont conduit l’administration Biden à envisager des mesures plus strictes.
Une stratégie aux répercussions mondiales
Cependant, ces potentielles futures sanctions suscitent des critiques. Dans un article paru ce 11 décembre, le quotidien indien The Economic Times estime qu’elles pourraient provoquer une flambée des prix du pétrole, impactant les économies occidentales et exacerbant les tensions avec des partenaires clés comme l’Inde, qui reste un grand consommateur de brut russe.
Bloomberg, pour sa part, souligne que la Hongrie, ainsi que d’autres pays qui dépendent des importations de gaz russe, ont averti que la décision américaine posait un risque potentiel pour leur sécurité énergétique. La Turquie, critique à l’encontre des sanctions a également demandé une dérogation aux sanctions.
Une mesure politique avant tout
Selon l’analyse du média américain, l’administration Biden chercherait à renforcer la position de l’Ukraine avant toute négociation possible sous l’administration Trump. Malgré les intentions affichées, certains analystes, cités par Oil Price News ce 11 décembre, estiment que ces sanctions pourraient avoir un impact limité à long terme.
Face aux sanctions décrétées par les Occidentaux, la Russie a jusque là démontré sa capacité à s’adapter en redirigeant ses exportations vers d’autres marchés.
Si ces mesures visent à affaiblir la Russie avant l’arrivée de Donald Trump, elles pourraient également avoir des conséquences imprévues selon Bloomberg, notamment provoquer une hausse des prix mondiaux de l’énergie, et «attiser les tensions» tant avec les adversaires qu’avec des partenaires.