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Avec des rafales à plus de 220 km/h, le cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte samedi 14 décembre est un évènement d’une intensité inédite sur l’archipel français depuis plus de 90 ans, selon Météo-France. Dans l’immédiat cependant, « malgré des conditions de plus en plus chaudes, un faible niveau de confiance empêche d’attribuer l’intensité du cyclone Chido au changement climatique provoqué par les humains », écrit dans un communiqué l’équipe de recherche européenne ClimaMeter, qui réalise des études d’attribution rapide pour ce genre d’évènements.
Les scientifiques savent que les conditions plus chaudes provoquées par le changement climatique vont, statistiquement, augmenter l’intensité des cyclones tropicaux. Pour 1,5 °C de réchauffement global, la proportion de cyclones tropicaux intenses sera 10 % plus élevée par rapport à aujourd’hui, et 20 % plus élevée à 4 °C de réchauffement, selon le dernier rapport du Giec. Mais l’extrême complexité du système climatique et la variabilité naturelle rend plus compliqué de déterminer les causes d’un évènement isolé.
Comparaison avec le passé
Pour apporter une première estimation du degré d’influence du changement climatique sur la survenue d’une catastrophe naturelle, ClimaMeter utilise la méthode dite « des analogues ». Il s’agit de recenser les conditions météorologiques ayant entraîné la formation du cyclone, puis de comparer si ces conditions adviennent plus souvent dans la période présente (1987–2023) que dans le passé (1950–1986).
En l’occurrence, le cyclone Chido se présente comme un évènement extrêmement rare, tant en termes d’intensité que de trajectoire. Mais les données montrent très peu d’évolution en termes de précipitations et de vitesse de vent, par rapport aux évènements similaires observés par le passé.
Des événements tout de même voués à s’intensifier
« Le cyclone Chido révèle le défi que représente l’attribution au changement climatique d’un évènement extrême pris isolément. Alors que l’environnement plus chaud dans lequel ces systèmes se développent peut renforcer leur potentiel, le manque d’évènements similaires dans les données passées complique l’analyse », explique Stella Bourdin, chercheuse à l’université d’Oxford.
Quelle qu’en soit la cause, cet évènement dramatique doit être pris comme un avertissement puisque, insistent les chercheurs, ces évènements sont voués à s’intensifier avec le changement climatique.
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