Croient-ils agir pour le bien de l’humanité avec leur projet d’ordre mondial sécuritaire et hygiéniste, hostile à toute forme d’identité, de race ou de genre ? Nous avons du mal à le croire. La crise du covid a été pour beaucoup un révélateur ; nous voyons bien qu’ils veulent en réalité nous asservir et nous déshumaniser, nous détruire spirituellement, psychologiquement, socialement, et même biologiquement et génétiquement.
Qui sont-ils ? Et d’où vient cette haine ?
Avons-nous affaire à des psychopathes ? Une collection de psychopathes ne peut pas former une structure unifiée, un organisme social doté d’une volonté collective, car les psychopathes se bouffent entre eux. Une communauté de psychopathes est un oxymore. Même un gang criminel ne peut pas fonctionner avec un psychopathe, comme le note Mr. White (Harvey Keitel) dans Reservoir Dog. Une collection de psychopathes individuels, ou simplement de gens animés par la soif du pouvoir, sans objectif qui transcenderait ou au moins fédérerait leurs ambitions personnelles, ne forme pas un organisme capable d’une volonté propre : c’est un panier de crabes.
Pour que nos maîtres forment une entité soudée, il faut qu’ils soient davantage qu’une classe ou caste d’hyper-riches sans scrupules. Il faut qu’ils soient structurés, hiérarchisés, disciplinés. C’est pourquoi nous les imaginons organisés en confrérie ou société secrète. C’est l’image qui nous est aimablement proposée par Stanley Kubrick dans Eyes Wide Shut, une image qui se superpose dans notre esprit au très secret club Bilderberg.
Et puisque la haine du genre humain émane du diable — comme l’amour du genre humain émane de Dieu -, nous imaginerons cette société secrète comme sataniste. Ces gens-là sont des suppôts de Satan. Vouent-ils vraiment un culte à Satan ? Alex Jones nous assure qu’ils adorent, au Bohemian Grove, le dieu cananéen Baal ou Moloch, qui n’est autre que le diable (car le christianisme nous a enseigné que les dieux païens sont des démons). Ou bien ne sont-ils qu’« inconsciemment satanistes » ? Mais dans ce cas, que sont-ils consciemment ?
La notion de société secrète satanique n’est pas nouvelle. Dans la France du XIXe siècle, déchirée par la guerre civile entre la République et l’Église, une partie de la hiérarchie cléricale accusait la franc-maçonnerie d’être précisément un culte satanique. L’écrivain français anticlérical Léo Taxil joua un sale tour à cet antimaçonnisme catholique par un fameux canular : en 1886, frappé d’excommunication, il annonce sa conversion et entame une campagne contre les francs-maçons, dénonçant leurs prétendues pratiques sataniques à l’aide de rumeurs et de faux témoignages, dont celui d’une certaine Diana Vaughan. Le pape Léon XIII accrédite ses révélations et le reçoit en audience. Fort de ce soutien, Taxil lance en 1892 le journal La France chrétienne antimaçonnique, qui aura un certain succès dans les milieux catholiques. Mais en 1897, quand un historien mène une enquête et jette le doute sur les révélations de Taxil, celui-ci prend les devants et avoue sa « mystification » lors d’une conférence publique, expliquant que sa conversion était feinte et que son but était de parodier et de ridiculiser le fanatisme antimaçonnique de nombreux catholiques.
La croyance au satanisme maçonnique a cependant la vie dure dans les milieux catholiques. En témoigne encore récemment le succès du film Les Survivantes, produit par le très catholique Augustin de Rougé, dont l’une des intervenantes, Hélène Pelosse, prétend avoir été traînée par son grand-père « franc-maçon satanique » dans des messes noires au cours desquelles des bébés étaient sacrifiés et consommés sous les deux espèces du corps et du sang. Tout cela lui serait revenu à la mémoire sous formes de « flashs », à grand renfort d’exorcisme et d’hypnothérapie, après une amnésie de plus de trois décennies, selon le schéma classique des « faux souvenirs d’abus rituels » qui déclenchèrent la « panique satanique » des années 80 et 90 aux États-Unis (regarder le film À la recherche de Satan traduit par ERTV). Une autre intervenante du film, Anneke Lucas, interviewée tout récemment par Patrick Bet-David (1,6 million de vues), fait le lien entre club Bilderberg et pédosatanisme, sans oublier bien sûr MK-Ultra (voir mon article précédent « La pilule noire »).
Ce fut l’un des coups de génie de l’opération psychologique QAnon de conjurer cette image parfaite en puisant dans notre vieux fond religieux, notre inconscient collectif. Ils n’ont même plus besoin de faire semblant d’être rationnels. Il y a quelques semaines, Ryan Matta, qui porte l’armure de Dieu, expliquait dans son nouveau film Operation Amber Alert : « Le gouvernement américain a été détourné par un réseau de pédophiles d’élite si bien implantés qu’ils font partie du mobilier [they are practically the wallpaper] au Congrès, au Sénat, à la Maison-Blanche et dans toutes les agences à trois lettres que vous pouvez nommer. » La preuve en est que les autorités fédérales ont perdu la trace de 437 103 migrants mineurs (selon Matta) sous l’administration Biden. Où pourraient bien se trouver ces mineurs, sinon dans des réseaux de trafic sexuel dirigés par des démocrates sataniques en partenariat avec les cartels mexicains ?
Les suppôts de Yahvé
Bien avant l’apparition de la franc-maçonnerie, la haine du genre humain était un trait communément attribué aux juifs. On accusait les juifs de conspirer contre les chrétiens, d’empoisonner leurs sources, d’enlever leurs enfants pour les tuer rituellement entre Pourim et Pâques.
Le monde romain n’avait pas attendu le christianisme pour se représenter les juifs comme possédés par la haine du genre humain. Il y a quasi-unanimité à ce sujet chez les penseurs grecs et romains, comme on peut le constater avec l’anthologie de Peter Schäfer, Judéophobie : attitudes à l’égard des Juifs dans le monde antique (Éd. du Cerf, 2003). « Avec leurs frères, fidélité à toute épreuve, pitié toujours secourable ; contre le reste des hommes, haine et hostilité », écrivait Tacite au premier siècle de notre ère. Tacite valide la théorie selon laquelle les Hébreux n’avaient pas fui l’Égypte, mais en avaient été chassés comme un peuple « maudit des dieux ». Ils se seraient donné comme chef Moïse, qui « pour s’assurer à jamais l’empire de cette nation, lui donna des rites nouveaux et un culte opposé à celui des autres mortels. Là est profane tout ce qui chez nous est sacré, légitime tout ce que nous tenons pour abominable ».
Dans un édit de l’empereur Claude daté de l’an 41, le climat de guerre civile fomenté par les juifs d’Alexandrie est assimilé à « une sorte de maladie publique capable d’affliger toute la terre habitée ». Isidoros, le chef d’une délégation de Grecs alexandrins montés à Rome pour se plaindre des juifs, déclare à l’empereur : « Mon grief contre eux est qu’ils s’efforcent de précipiter le monde entier dans un état de trouble. » Apion, un autre Grec d’Alexandrie, a écrit un best-seller contre les juifs, qui est perdu mais connu partiellement par la réfutation qu’en a faite l’historien juif Flavius Josèphe (Contre Apion) ; il prétend que les juifs adorent dans leur temple une tête d’âne en or. L’idée découle de la rumeur selon laquelle le dieu des juifs serait Seth, le dieu égyptien à tête d’âne, rumeur documentée par l’historien grec Plutarque dans son traité sur Isis et Osiris. Seth est le meurtrier d’Osiris, exilé par la communauté des dieux dans le désert de Judée. Il est pour les Égyptiens le dieu du mensonge, de la division (diabolos) et de la famine, soit un équivalent polythéiste de Satan.
Il en va différemment, bien entendu, dans la chrétienté, qui admet que les juifs furent les premiers à adorer le vrai Dieu, Créateur du ciel et de la terre, et Père de l’humanité. Certes, on reconnaît aussi que le caractère de ce Dieu s’est adouci depuis qu’Il a un Fils, mais c’est bel et bien le même Dieu – toujours aussi jaloux, d’ailleurs, puisqu’il persiste à considérer tous les autres dieux, sans exception, comme démoniaques, et détruit systématiquement leurs sanctuaires.
Devenus chrétiens, les Romains concevaient encore les juifs comme animés d’une méchanceté atavique, mais, ne pouvant plus attribuer la méchanceté des juifs au dieu des juifs, ils l’expliquèrent au contraire en affirmant que les juifs s’étaient détournés de Dieu et avaient rejeté le Messie que Dieu leur avait pourtant annoncé par ses prophètes. On ne met plus en cause le Tanakh (l’Ancien Testament) et sa litanie de crimes ordonnés par Yahvé, mais, à partir du XIIIe siècle surtout, le Talmud et la Kabbale. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains pensaient que les juifs étaient un peuple maudit parce qu’ils adoraient leur dieu Yahvé et haïssaient tous les autres ; les chrétiens pensent que les juifs étaient un peuple saint tant qu’ils adoraient leur dieu Yahvé et haïssaient tous les autres, et qu’ils ne sont maudits que depuis qu’ils ont rejeté le Christ.
L’accusation de haine du genre humain, loin de s’atténuer, s’enrichit dans la chrétienté de celle d’infanticide rituel. De tels crimes furent régulièrement attribués aux communautés juives européennes depuis le début du Moyen Âge. En 1475, un procès retentissant mit en cause la communauté juive de Trente dans l’enlèvement et le meurtre rituel du petit Simon, dont le martyre sera commémoré dans la ville jusqu’à Vatican II. L’historien israélien Ariel Toaff a suscité en 2007 une vive polémique par son livre Pâques de sang : Juifs d’Europe et meurtres rituels, écrit en italien (ici en traduction anglaise) dans lequel, nous informe Wikipédia, « il affirme aussi que les minutes des procès des juifs accusés d’infanticide semblent contenir des preuves implicites de telles pratiques. »
Il est intéressant de comparer cette mythologie des crimes rituels juifs, incluant la consommation de sang d’enfants sacrifiés, à la mythologie plus récente du pédosatanisme maçonnique : toutes deux font appel aux mêmes ressorts de l’imaginaire collectif.
Ces deux mythologies se confondent plus ou moins dans la chrétienté, puisque tout ce que celle-ci reproche aux juifs est mis sur le compte de l’influence de Satan, et non de Yahvé. Le problème viendrait de « ceux de la synagogue de Satan qui se disent juifs et ne le sont pas », mentionnés dans les versets 2, 9 et 3, 9 de l’Apocalypse de saint Jean, qui ont inspiré à Candace Owens sa « théorie » selon laquelle il existe un puissant réseau d’élites pédophiles qui prétendent être juives alors qu’elles sont en réalité des satanistes.
La théorie chrétienne de la « synagogue de Satan », souvent articulée avec la théorie du complot judéo-maçonnique, veut que les juifs commettent le mal sous l’influence de Satan, et non de Yahvé. Mais cette théorie est manifestement fausse : chaque fois que les Israéliens commettent des crimes qu’on peut qualifier de sataniques, ils le font au nom de Yahvé, et non au nom de Satan. Netanyahou a déclaré qu’il ferait aux Palestiniens ce que Yahvé, et non Satan, a ordonné à Moïse de faire à Amalek.
Il est donc temps de revenir à la théorie gréco-romaine : Israël est mauvais parce que le dieu d’Israël est mauvais. Le problème est prioritairement métaphysique, idéologique et religieux. Il n’est en tout cas pas génétique — bien qu’il puisse être partiellement génital et épigénétique, si l’on prend en compte le rituel de mutilation des nouveau-nés mâles de huit jours, véritable traumatisme reproduit de génération en génération.
Comment demander d’un peuple une conscience morale lorsque son dieu lui enseigne que « la connaissance du bien et du mal » est mauvaise, et que le seul devoir est l’obéissance à ses commandements arbitraires (Genèse 3).
Confrérie maçonnique ou mafia ethnique ?
De plus en plus de Gentils blancs prennent conscience de cette haine à leur égard qui émane d’un pouvoir occulte, mais beaucoup se trompent encore sur l’identité de ce pouvoir occulte. Cette haine ne peut pas être expliquée rationnellement comme provenant d’une cabale secrète de Gentils blancs, issus des milieux chrétiens, protestants (WASP) ou catholiques. Ces personnes peuvent bien être, individuellement, ambitieuses et sans scrupules ou même sociopathes, mais leur attribuer une haine collective de la civilisation qui les a fait n’a aucun sens. Une haine de classe ne peut jamais avoir la même intensité et la même ténacité qu’une haine de race, parce qu’une classe sociale, sauf rare exception (l’aristocratie britannique cultivait une identité quasi raciale), n’est jamais un milieu totalement fermé, tandis que, dans le cas qui nous occupe, nous avons affaire à une conscience de race particulièrement fanatiquement ethnocentrique, où la race est déifiée sous la forme du dieu jaloux (comme l’explique Isaac Kadmi-Cohen dans Nomades. Essai sur l’âme juive, 1929).
En définitive, seule une communauté soudée par une très longue histoire, par une très forte et ancienne conscience identitaire, et par un objectif de domination transmis de génération en génération, peut avoir un pouvoir politique global et une influence à très long terme sur l’histoire. Si cette communauté possède, de surcroît, la conviction de sa supériorité métaphysique et de son destin suprémaciste, et une haine transgénérationnelle des peuples qu’elle parasite, alors sa force est considérable. Un tel réseau présente un caractère organique et non seulement structurel. Il fonctionne effectivement comme une pieuvre, dont les tentacules peuvent agir dans des directions opposées, mais jamais l’un contre l’autre : le contraire du panier de crabes.
Mais toutes ces considérations logiques sont secondaires pour choisir lequel des deux modèles – satano-maçonnique ou kabbalo-judaïque — est le plus conforme à la réalité. Ce qui compte avant tout, ce sont les preuves. Or, le complot attribué aux hyper-riches adorateurs de Satan, pédophiles ou non, s’appuie sur des preuves douteuses ou trompeuses (j’ai évoqué dans mes articles antérieurs le Bohemian Grove et Ronald Bernard) tandis que la haine des Goyim s’exprime ouvertement dans des centaines de déclarations de rabbins, et se manifeste de multiples manières, comme par exemple le « rôle disproportionné des juifs laïcs dans l’industrie du film pour adulte en Amérique », selon les termes employés par le professeur Nathan Abrams dans un article du Jewish Quarterly en 2004. À la tête de PornHub se trouve non un sataniste, mais un rabbin (Solomon Friedman).
Citons également Jeffrey Epstein et son opération de prostitution de mineurs visant à faire chanter les hommes puissants. Lorsque Epstein fut pour la première fois entendu par la justice en 2007, le juge Alexander Acosta le libéra après avoir été informé qu’il travaillait pour le renseignement (Intelligence). De quels services précisément, cela est facile à deviner puisque le beau-père d’Epstein, Robert Maxwell, était un membre éminent du Mossad. Lorsque Yitzhak Shamir fit son éloge funèbre, il déclara : « Il a fait plus pour Israël qu’on ne peut le dire aujourd’hui » (cité dans Gordon Thomas, Gideon’s Spies). Selon Lawrence Erickson, auteur d’un récent article intitulé « La fumée de la synagogue », il faut considérer qu’Israël ne se contente pas de faire chanter les politiciens américains en les attirant dans des honey traps, mais promeut systématiquement les politiciens susceptibles d’être compromis de cette manière. Ce qui revient à faire pourrir la civilisation occidentale par la tête. Si cette thèse est correcte, même la pédophilie et la criminalité sexuelle qui gangrènent les élites occidentales semblent devoir plus aux adorateurs de Yahvé qu’aux adorateurs de Satan : point de Baphomet dans le laptop de Hunter Biden, notons-le.
Erickson suggère qu’une opération de même type fut menée au sein du Vatican dans les années 1960, et qu’elle fut un facteur non négligeable dans le virage philosémite de la papauté sous Jean XXIII (Vatican II) puis sous Jean-Paul II — le premier pape à visiter une synagogue, à se rendre au mur des Lamentations et à Auschwitz, et à déclarer le judaïsme « frère aîné » du christianisme. Cela expliquerait en partie les soupçons d’homosexualité et de pédophilie qui entachèrent le Vatican à cette époque et l’échec de la tentative de nettoyage du pape réactionnaire Benoît XVI, premier pape démissionnaire de l’histoire. Au sujet de la disparition mystérieuse au Vatican en 1983 d’Emanuela Orlandi, une mineure de 15 ans, le père Gabriele Amorth affirma qu’il s’agissait d’un « crime à motivation sexuelle », lié à des parties fines dans un réseau qui « impliquait du personnel diplomatique d’une ambassade étrangère ».
Je répète donc ce que j’ai écrit dans mon dernier article : la théorie visant à nous faire croire que le monde est contrôlé par les adorateurs de Satan est, pour l’essentiel, une opération d’infiltration cognitive de la complosphère visant à détourner l’attention de l’influence considérable des adorateurs de Yahvé. Et s’il y a effectivement des pédosatanistes au pouvoir, c’est qu’ils ont été cooptés par les psycho-yahvistes.
Pour un nouveau paradigme anti-yahviste
La communauté juive n’est pas fondée sur le culte de Satan. Elle est fondée sur le culte de Yahvé. Cependant, par bien des aspects, le personnage biblique de Yahvé apparaît comme proprement satanique. Inutile de revenir sur les nombreux appels au génocide de Yahvé. Rappelons plutôt comment, dans Nombres 25, Yahvé a désigné la lignée chargée désormais de son culte. Pour punir ceux qui ont transgressé la loi de stricte endogamie en épousant les « filles de Moab », Yahvé ordonne d’abord à Moïse : « Saisis tous les chefs du peuple, et qu’on les empale à la face du soleil. » (25,1-4) Puis Phinéas, petit-fils d’Aaron, transperce d’un seul coup de lance un Israélite et sa femme madianite « en plein ventre ». Yahvé le félicite et le récompense en octroyant à sa descendance « l’alliance d’un sacerdoce éternel » car, dit-il, « il a été possédé de la même jalousie que moi » (25, 11-13). Telle est la vraie nature de la « jalousie » du Dieu biblique. Et telle est l’origine de ses prêtres.
Avec un tel Dieu, les Israélites n’avaient certes pas besoin de Satan, qui n’apparaît d’ailleurs dans le Tanakh que comme l’assistant de Yahvé pour ses basses œuvres.
On ne sait presque rien des dieux des peuples dont Yahvé ordonna le génocide (Amalékites, Madianites), mais on imagine difficilement qu’ils puissent avoir été plus sataniques que le dieu des Israélites. Que sait-on vraiment, en dehors des calomnies bibliques, de ce Baal-Zebul (littéralement « maître des seigneurs »), soit le dieu suprême des Cananéens, dont le nom a été déformé en Belzebuth ?
Yahvé est l’âme d’Israël, aujourd’hui comme hier. Les critiques du sionisme évitent généralement d’évoquer cette évidence. Ainsi, Thomas Suárez, dans son indispensable livre Comment le terrorisme a créé Israël (Investig’Actions, 2019), souligne bien, par exemple, que les membres du Stern Gang (dissidence de l’Irgoun dont Yitzhak Shamir fut l’un des chefs terroristes), se prétendaient « les héritiers des traditions les plus pures de l’ancien Israël », mais il ne se demande pas si cette prétention était légitime. Elle l’est sans aucun doute, il faut le dire. Le terrorisme israélien est parfaitement biblique : « Je répandrai la terreur et la crainte de toi parmi les peuples qui sont sous tous les cieux : quiconque entendra le bruit de ton approche sera saisi de trouble et frémira d’angoisse », dit Yahvé en Deutéronome 2, 25. L’Irgoun est biblique, le Lehi est biblique, la Nakba est biblique, Deir Yassin est biblique, Baruch Goldstein est biblique, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich sont bibliques.
Même les honey traps d’Epstein sont bibliques, si l’on songe à la façon dont Abraham cède sa femme au Pharaon en la faisant passer pour sa sœur, et obtient en dédommagement « du petit et du gros bétail, des ânes, des esclaves, des servantes, des ânesses, des chameaux », sur la base du droit égyptien qui interdit de coucher, non avec une mineure, mais avec une femme mariée (Genèse 12, 16).
Netanyahou et son gouvernement sont fous, mais ils sont fous d’une folie biblique. Leur empressement à déclencher une guerre nucléaire mondiale est parfaitement biblique ; une telle guerre accomplirait à leurs yeux la prophétie de Zacharie 14 sur le sort réservé aux ennemis d’Israël : Yahvé « fera pourrir leur chair alors qu’ils se tiendront debout, leurs yeux pourriront dans leurs orbites et leur langue pourrira dans leur bouche ». En une seule journée, toute la terre deviendra un désert, à l’exception de Jérusalem, qui « sera élevée et demeurera en sa place », après quoi « les richesses de toutes les nations alentour seront rassemblées : or, argent, vêtements en très grande quantité ». Enfin, « tous les survivants de toutes les nations qui auront marché contre Jérusalem monteront année après année se prosterner devant le roi Yahvé Sabaot ». Les ennemis d’Israël devraient se sentir concernés par de telles prophéties, et maudire Yahvé. Ce n’est pas là la parole de Dieu, mais la parole du démon d’Israël. Ces prophéties sont des faux, signés du nom de Dieu par les plus grands falsificateurs de l’histoire. Les juifs rabbiniques croient que Dieu est à leur service et qu’ils peuvent le contraindre par des faux grossiers. Ils ont signé leurs prophéties du nom de Dieu, et croient maintenant pouvoir demander à Dieu de les accomplir.
Nous avons urgemment besoin d’un changement de paradigme. Pour ne pas rester les idiots utiles de notre propre destruction, nous devrions renouer avec le regard que portaient les Égyptiens, les Grecs et les Romains sur Israël et son dieu fou. J’ai résumé ce changement paradigme par la formule : la plus grande ruse du diable a été de s’être fait passer pour Dieu — plus pertinente que celle de Baudelaire, qui n’était de toute manière pas plus théologien que moi. Il s’agit de reconnaître que le récit biblique est bâti sur une inversion accusatoire : les ordres génocidaires de Yahvé ne sont pas ceux du Dieu universel, père de l’humanité, mais ceux d’un démon xénophobe, menteur et sanguinaire. Cessons de croire que, si Yahvé ordonne d’égorger 450 prêtres de Baal (1 Rois 18), cela prouve que Yahvé est gentil et Baal méchant ; ou que, si les Israélites exterminent les Amalékites, cela prouve que les Israélites sont les gentils et les Amalékites les méchants. Notre histoire sainte, celle de l’Ancien Testament, a besoin d’un sérieux et radical révisionnisme.
Sortir du paradigme biblique pour se réconcilier avec le paradigme hellénique (en redécouvrant par exemple la richesse du stoïcisme) ne signifie pas sortir de la foi en Dieu, mais simplement renoncer à la caricature satanique de la divinité que constitue le dieu de l’Ancien Testament, et ainsi ouvrir les yeux sur la nature profonde d’Israël.
Rejeter Yahvé ne signifie pas non plus rejeter le Christ. Il n’y a pas à choisir entre Socrate et Jésus. Les Saxons et les Frisons n’avaient peut-être pas besoin de Jésus, mais nous avons besoin de lui plus que jamais, parce que l’histoire de Jésus est la nôtre : c’est l’histoire de ces hommes crucifiés par l’État pour avoir défié le Temple.
On ne sait pas grand-chose de l’enseignement de Marcion (c. 85-160 ap. J.-C), mais si l’on entend par « marcionisme » le rejet de l’Ancien Testament et de son idéologie de l’élection, et l’idée que le Christ n’est pas le fils, mais l’ennemi de Yahvé, alors le moment me semble venu pour une réforme néo-marcioniste.