Un certain état du cinéma français. Un certain regard sur la société française. Un certain esprit de Noël. Autrement posé, un film feel good, un film fable et un film flippant.
Pour terminer cette année 2025, « l’esprit critique » cinéma vous emmène voir « En fanfare », le succès public et critique signé Emmanuel Courcol ; Vingt-Dieux, l’étonnant long-métrage de Louise Courvoisier et enfin Planète B, film d’anticipation réalisé par Aude Léa Rapin.
« En Fanfare »
En Fanfare est le titre du dernier long-métrage d’Emmanuel Courcol. Il est sorti à la fin du mois de novembre, mais nous avions envie d’y revenir aujourd’hui, pour saisir les raisons du succès à la fois critique et public de ce film, qui a déjà réuni plus d’un million de spectateurs et spectatrices en moins de trois semaines d’exploitation.
Thibaut, élevé dans une famille bourgeoise de Meudon, et un brillant chef d’orchestre de renommée internationale, sautant d’un avion à l’autre pour diriger les meilleurs orchestres du monde. Mais il s’écroule lors d’une répétition, en raison d’une leucémie foudroyante qui nécessite une urgente greffe de moelle osseuse.
L’occasion de découvrir, grâce aux tests ADN nécessaires pour cette greffe qu’il n’est pas le frère de la sœur qu’il pensait avoir, et qu’il a été adopté sans qu’on ne lui ait jamais rien dit sur son origine. Mais l’occasion aussi de découvrir un frère biologique, dont il ne soupçonnait pas l’existence, qui a lui aussi été adopté et vit dans le nord de la France. Ce frère prénommé Jimmy vit une vie à l’opposé de Thibault, puisqu’il est un modeste employé de cuisine. Il joue aussi du trombone dans l’harmonie municipale de sa petite commune et la passion commune des deux frères pour la musique va permettre que la greffe entre les deux hommes ne soit pas que de moelle.
« Vingt-Dieux »
Vingt-Dieux n’est plus seulement un juron, c’est désormais le titre d’un film, en l’occurrence le premier long-métrage impressionnant de maîtrise de la réalisatrice Louise Courvoisier. L’action se situe dans le Jura où Anthony dit Totone enquille les bières avec ses deux copains dans les comices agricoles et les fêtes locales. Jusqu’au jour où son père voit sa voiture finir encastrée dans un arbre au retour d’un bal trop arrosé pendant lequel son fils s’est par ailleurs bagarré avec d’autres gars du coin.
Totone, désormais seul en charge de sa petite sœur, décide alors de tenter le concours de fabrication du meilleur Comté et de décrocher les 30 000 euros promis à la médaille d’or. On ne racontera pas ici le résultat de cette compétition, qui n’est pas la seule à se dérouler dans ce film qui nous montre également une course de stock-cars et quelques empoignades pour du lait au goût fleuri.
Vingt-Dieux est sorti en salles le 11 décembre dernier.
« Planète B »
Planète B sort le 25 décembre prochain mais ce n’est pas à proprement parler un conte de Noël. Le deuxième long-métrage d’Aude Léa Rapin, après Les héros ne meurent jamais se situe en effet dans une France dystopique en l’année 2039, dans laquelle toutes les dérives de nos sociétés contemporaines se sont accentuées : dérèglement climatique, maltraitance des migrants, violences policières, surveillance sans limites, corruption généralisée, fascisation des pouvoirs étatiques…
Le film débute pendant une nuit d’émeutes lors de laquelle plusieurs activistes disparaissent. Parmi ces derniers se trouve Julia Bombarth, incarnée par Adèle Exarchopoulos, qui se réveille dans un univers inconnu : Planète B. Un endroit qui pourrait ressembler à un île tropicale s’il ne s’agissait pas d’un univers concentrationnaire d’un nouveau type.
Planète B, d’Aude Léa Rapin, sera sur les écrans le 25 décembre prochain.
Avec :
- Alice Leroy, qui écrit pour les Cahiers du Cinéma et Panthère Première
- Salima Tenfiche, maîtresse de conférences à l’université Sorbonne Nouvelle
- Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue de cinéma Débordements, doctorante en esthétique et études visuelles.
« L’esprit critique » est un podcast enregistré par les équipes de Gong et réalisé par Karen Beun.