Justin Trudeau ne s’en sort plus. Le Premier ministre canadien est confronté à la plus grave crise politique depuis son accession au pouvoir. Il a procédé vendredi dernier au remaniement de son gouvernement, changeant un tiers des ministères. La décision fait suite à la démission à Ottawa de la vice-Première ministre, Chrystia Freeland, qui serait motivée par des désaccords sur la relation du Canada avec les États-Unis de Donald Trump. Mais Justin Trudeau ne fait plus l’unanimité dans le parti libéral, déjà minoritaire au Parlement et fragilisé par le retrait de son allié de gauche. Le PM canadien est même appelé à démissionner par des membres du parti. Un Young Global Leader en perdition au même titre que son compère en Français, Macron.
Un avenir très incertain. Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau était déjà confronté à une hausse historique de son impopularité. Ses taux d’approbation chutent et la majorité des Canadiens désapprouvent sa gestion. Lors de ces deux dernières années, l’inflation galopante ainsi que la crise du logement ont épuisé la patience des électeurs, las des promesses du Young Global Leader de Klaus Schwab.
Un gouvernement Trudeau bousculé par Trump
Justin Trudeau a de surcroît perdu plusieurs bastions comme Montréal, au détriment des partis opposants. De quoi faire entonner les critiques au sein du parti libéral, dont certains membres appellent ouvertement le Premier ministre canadien à démissionner.
La victoire de Donald Trump lors des présidentielles américaines enfonce un peu plus le clou. Le républicain a promis d’imposer des droits de douane de 25% au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir en janvier. De quoi susciter un vent de panique chez le voisin du nord, qui réfléchit à une parade contre une telle manœuvre du président américain élu. Les États-Unis sont le premier partenaire commercial du Canada et la destination de 75% de ses exportations.
Les Canadiens évoquent même une “guerre” économique et les déclarations suivantes de Trump, dont celles sur le Canada comme étant le 51e État américain dont Trudeau serait le “gouverneur” ont exacerbé la pression, y compris au sein du gouvernement canadien.
Ces tensions liées à la gestion économique du pays ont provoqué lundi dernier la démission surprise de la numéro 2, à savoir Chrystia Freeland, vice-Première ministre et ministre des Finances. Dans sa lettre de démission, elle a exprimé son désaccord avec les choix politiques de Trudeau, qu’elle a qualifiés d’”astuces politiques coûteuses”, en référence à des mesures financières qu’elle jugeait inappropriées face aux défis économiques posés par les États-Unis, notamment dans le contexte d’une possible guerre tarifaire avec Donald Trump. De plus, Trudeau lui aurait indiqué qu’il souhaitait lui retirer son ministère pour lui confier un autre rôle, ce qui a précipité sa décision de quitter le cabinet.
Cinq jours plus tard, c’est-à-dire vendredi, le Premier ministre canadien procédait à un vaste remaniement de son gouvernement, annonçant des changements pour un tiers des ministères. “Notre équipe se concentrera sur ce qui compte le plus pour les Canadiens : rendre la vie plus abordable, faire croître l’économie et créer de bons emplois pour la classe moyenne”, a-t-il écrit dans un communiqué, sans évoquer la crise politique qui fragilise le pays.
Le remaniement a touché un tiers du gouvernement, entraînant des changements notables dans plusieurs ministères clés, à commencer par le ministre des Finances Dominic LeBlanc qui succède à Chrystia Freeland. Quant aux menaces de Donald Trump, c’est Anita Anand, qui est déjà en fonction, qui conserve son rôle aux Transports tout en héritant de celui du Commerce intérieur. “Nous devons rester unis face à la menace croissante de la future présidence américaine sur notre économie nationale”, a-t-elle déclaré.
Une chute qui n’en finit pas
Si Justin Trudeau entend revitaliser son cabinet à travers ce remaniement dans l’espoir de regagner la confiance des Canadiens, les voix hostiles à son maintien se font de plus en plus insistantes au sein du parti libéral. Des députés demandent ouvertement son départ et selon Rachel Bendayan, nouvelle ministre des Langues officielles, le Premier ministre y “réfléchit”.
Vendredi, jagmeet Singh, chef du Nouveau parti démocratique (NPD) et ancien allié de gauche de Justin Trudeau, a annoncé qu’il ne soutenait plus du tout le gouvernement. “Le temps de ce gouvernement est écoulé. Nous présenterons une motion de censure claire lors de la prochaine séance de la Chambre des communes”, a-t-il indiqué.
Quant à Pierre Poilievre, opposant et chef des conservateurs, il réclame un vote du Parlement, qui ne siège pas avant le 27 janvier, avant la fin de l’année pour faire avancer les élections. “Nous avons besoin de quelqu’un de fort, qui puisse faire face à M. Trump et reprendre le contrôle des dépenses, de l’immigration et de nos frontières”, a-t-il indiqué le candidat aux prochaines législatives, qui devront avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025.
Mais Justin Trudeau échappait de justesse au début du mois en cours à une troisième motion de censure. Les Young Global Leaders n’ont plus le vent en poupe, aussi bien au Canada qu’en France, ils peinent à former des gouvernements stables. Ils rejettent tout de même les appels à la démission qui se multiplient compte tenu de leur responsabilité dans l’instabilité politique qui règne dans leurs pays.