En Ile-de-France, des biodéchets de restaurants transformés en compost pour les agriculteurs


Dans le froid de décembre, des fumées blanches épaisses s’échappent de larges tas de déchets alimentaires en fermentation, sur le site de L’Ile-Saint-Denis de l’entreprise des Alchimistes qui en fait du compost pour les agriculteurs. 

Le groupe collecte chaque jour des restes alimentaires dans des restaurants, des entreprises, des hôpitaux ou des écoles dans toute l’Ile-de-France. 

Leur première destination est au siège des Alchimistes dans le quartier parisien de Bercy, situé entre une zone commerciale, une voie ferrée et la Seine. 

Acheminées par camions légers ou remorques de vélo qui débarquent à la chaîne sur le site, 15.000 tonnes de déchets y transitent chaque année. Elles sont ensuite transportées vers les plateformes de compostage. 

Sur l’une d’entre elles, celle de L’Ile-Saint-Denis au nord de Paris, trois travailleurs aux gilets jaunes manipulent les gros bacs marrons de biodéchets des restaurants de la banlieue nord de Paris. 

Sur cet ancien site industriel en train d’être renaturé, ils étalent des kilos de restes de pâtes, de coquilles de moules de Léon de Bruxelles ou encore de peaux de bananes sur des tapis afin de trier les « indésirables ». 

Couteaux, pots de yaourts ou sachets de mayonnaise se glissent régulièrement au milieu des déchets alimentaires. 

Ces derniers sont ensuite broyés, pressés et placés dans un grand « bol mélangeur ». 

« On ajoute aux déchets alimentaires de la matière carbonée comme du bois, des déchets verts ou des feuilles, on laisse reposer et la nature fait son travail. Les bactéries mangent les déchets alimentaires et il y a une montée en température naturelle jusqu’à 70 degrés qui permet l’hygiénisation, le fait de détruire toute maladie potentielle », explique Fabien Cordon, directeur général des Alchimistes Ile-de-France. 

Le compost est ensuite vendu à des agriculteurs ou, en plus petite quantité, à des particuliers dans des Biocoop, Franprix ou encore Leroy Merlin pour le jardinage ou les plantes d’intérieur. 

– Même les coquilles d’oeufs – 

« On sensibilise les clients en les formant aux gestes de tri, on passe voir les maternelles ou les primaires dans les écoles pour leur expliquer ce qu’est un déchet, le compost », précise Fabien Cordon. « On pèse chaque bac et on donne au client un chiffre, avec l’objectif de le réduire. On note la qualité du tri, et le client paie plus cher si il y a par exemple du plastique dans son bac. » 

Contrairement à ce que l’on peut penser, « tout ce qui est sur une table se composte, même les os et les coquilles d’oeufs ! », souligne le directeur. 

Les biodéchets représentent 30% de nos poubelles ménagères. 

La ville de Paris a choisi la méthanisation pour les biodéchets des particuliers. 

« Nous, on préfère nourrir les sols, on pense qu’il y a une urgence à remettre des nutriments dans les sols », indique le directeur général des Alchimistes Ile-de-France. 

« On a eu une explosion des demandes de collecte à l’entrée en vigueur de l’obligation de tri des déchets alimentaires, il y a un an », affirme Xabi Errotabehere, directeur d’exploitation du site de L’Ile-Saint-Denis, même si « les amendes encourues ne sont pas dissuasives ». 

Les Alchimistes ont plus de 1.000 clients en Ile-de-France, parmi lesquels de grands centres commerciaux, des hôpitaux ou des prisons. « On a aussi bien des restaurants étoilés que des KFC », s’amuse Fabien Cordon. 

En plus des déchets alimentaires, les Alchimistes récupèrent aussi les couches compostables de crèches. 

La vente de compost rencontre un certain succès, même si la majorité du chiffre d’affaires des Alchimistes vient de la collecte des biodéchets des entreprises, qui paient pour ce service. 

« Dans certaines régions, il y a plus de demande que de production, par exemple dans le Var, des vignobles achètent du compost avant même qu’on l’ait produit », se réjouit le directeur. 

Parmi les utilisateurs du compost des Alchimistes figurent les jardins du Premier ministre et ceux du château de Saint-Ouen. 

Le chiffre d’affaires de l’entreprise double tous les ans depuis sa création en 2016, selon le directeur général des Alchimistes Ile-de-France. 

 





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