Selon la ministre de l’Environnement de la RDC, des organisations internationales humanitaires seraient responsables d’une déforestation massive pour répondre aux besoins des réfugiés, notamment ceux en provenance du Rwanda.
En République démocratique du Congo (RDC) minée par la guerre, le gouvernement exprime sa préoccupation concernant les impacts environnementaux des opérations humanitaires menées par les organisations internationales humanitaires dans le pays, dans un contexte de déforestation exacerbée par la rébellion du M23.
Selon la ministre de l’Environnement, Ève Bazaïba, certaines agences internationales humanitaires telles que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), auraient coupé 500 m³ d’arbres par jour pendant plusieurs années «pour fabriquer des tentes, des lits, des ustensiles pour les réfugiés rwandais».
«Les ressources environnementales de la RDC relèvent de sa souveraineté entière et ne peuvent être bradées en faveur de l’humanité en sacrifiant les intérêts du peuple congolais», a écrit Ève Bazaïba le 21 décembre sur X, dénonçant ce qu’elle qualifie de «déforestation massive» pour répondre aux besoins des réfugiés, notamment ceux en provenance du Rwanda.
La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre ravageuse provoquée par la rébellion du M23 actifs au Nord-Kivu dans l’est du pays, qui a aggravé la déforestation dans le pays. Pointée du doigt, la rébellion du M23 aurait activement participé au déboisement de grandes superficies forestières, notamment à l’est du pays.
Déforestation sur fond de conflit
De 2002 à 2023, selon le World Ressource Institute (WRI), la République démocratique du Congo (RDC) a perdu 6,86 millions d’hectares de forêts primaires humides, soit 6,6% de ces forêts originelles que compte le pays. Mais aussi 19,7 millions d’hectares de couvert végétal, ce qui équivaut à une diminution de 9,9% de la végétation congolaise. La RDC possédait 198 millions d’hectares de forêts naturelles en 2010, s’étendant sur 85% de sa superficie.
La province de Tshopo, dans l’est du pays, qui avait la plus grande couverture arborée, avec 19,8 millions d’hectares, a subi la plus grande perte avec 1,82 million d’hectares contre une moyenne de 757 000 hectares dans les autres régions.
L’est de la RDC est donc présenté comme «l’épicentre de la déforestation» dans le monde en 2023, en déduit le média congolais Infocd qui dénonce les activités de déforestation des rebelles. «Les groupes armés ont eu un impact sur cette région pendant plus de deux décennies en vendant du bois et d’autres produits forestiers pour financer leurs opérations, nuisant ainsi aux populations locales», soulignait le WRI dans un rapport paru en avril.