Le Mali renomme ses lieux publics pour célébrer ses héros et tourner la page coloniale — RT en français



Le 24 décembre, le gouvernement malien a procédé au changement des noms de rues, places et monuments à Bamako. Ces lieux, autrefois marqués par des références à la France et à la Cédéao, portent désormais les noms de héros maliens et panafricains.

Lors d’une cérémonie présidée par le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga ce 24 décembre, le Mali a officiellement rebaptisé près de 25 lieux publics à Bamako, actant une rupture symbolique avec son passé colonial et ses liens avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La Place du Sommet Afrique-France devient désormais la «Place de la Confédération des États du Sahel» (AES), marquant l’ancrage du Mali dans cette alliance avec le Burkina Faso et le Niger.

Dans son discours, Abdoulaye Maïga a déclaré : «Cet acte incarne une volonté ferme et résolue de réhabiliter notre histoire, de magnifier nos héros et héroïnes, et de renforcer nos valeurs et notre identité nationale».

Une nouvelle cartographie mémorielle

Parmi les changements majeurs, l’avenue de la Cédéao, référence à l’organisation régionale ouest-africaine, devient l’avenue de l’AES, en écho à la nouvelle alliance des États sahéliens. Les rues et avenues portant les noms de figures de l’administration coloniale française, comme Louis Faidherbe et Archinard, ont été débaptisées pour honorer des personnalités maliennes telles que Mamadou Lamine Dramé et El-Hadj Cheick Oumar Tall.

Selon le portail Maliweb, Amadou Ouattara, maire de la Commune V de Bamako, a salué cette initiative : «Il s’agit de célébrer nos héros et de rendre hommage aux bâtisseurs de notre nation».

Une démarche inclusive

Le Premier ministre Maïga a précisé que cette transformation s’était appuyée sur une approche inclusive et participative, excluant délibérément toute personnalité encore en vie. «Nous avons voulu éviter toute controverse et privilégier l’objectivité historique», a-t-il affirmé. Selon RFI, cette première phase concerne exclusivement Bamako, mais le gouvernement envisage d’étendre cette dynamique à d’autres régions du Mali.

Un symbole de rupture avec le passé

Ces changements s’inscrivent dans une tendance plus large observée dans les États sahéliens. Comme l’a rapporté Le Figaro, le Niger et le Burkina Faso avaient déjà procédé à des modifications similaires, effaçant des traces de l’histoire coloniale et renforçant leurs identités nationales.

Pour Abdoulaye Maïga, ces décisions illustrent la souveraineté retrouvée de son pays : «Nos rues, places et établissements publics n’ont plus vocation à glorifier des noms qui n’évoquent rien pour le peuple malien»

En rebaptisant ses lieux emblématiques, Bamako célèbre son héritage national et réaffirme son indépendance. Ce geste, symbolique, marque un tournant dans la valorisation de l’histoire malienne et panafricaine, tout en consolidant l’identité des États sahéliens unis au sein de l’AES.



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