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Bilan de l’année 2024 avec Vladimir Poutine Vladimir Poutine dresse le bilan de l’année 2024 dans une émission en direct et répond aux questions des journalistes et des habitants du pays.
19 décembre 2024, 16h30, Moscou
L’émission «Bilan de l’année avec Vladimir Poutine» est animée par Dmitry Koulko, correspondant militaire de la Chaîne Première, et Alexandra Souvorova, présentatrice du VGTRK.
Dmitry Peskov : Bonjour à tous !
Dans quelques minutes, le Président sera ici et commencera à dresser le bilan de l’année 2024. Je voudrais vous rappeler que nous avons un format combiné : il s’agit à la fois de la conférence de presse et de la Ligne directe avec les citoyens de notre pays.
Je vous demande de respecter vos collègues lorsque je donne la parole aux journalistes et de poser vos questions de manière aussi concise et claire que possible. Cela permettra au Président de répondre à davantage de questions.
Alexandra Souvorova et Dmitry Koulko seront les modérateurs et les co-animateurs de l’émission d’aujourd’hui. Ils communiqueront avec le Président, ils ont fait un travail énorme, ils ont personnellement examiné un très grand nombre, probablement des dizaines de milliers d’appels de citoyens. Ils comprennent ce que les citoyens demandent et ils aideront le Président à définir les sujets qui sont le plus souvent à l’ordre du jour dans notre pays. Je vous en prie.
A. Souvorova : Bonjour ! Voici l’émission «Bilan de l’année avec Vladimir Poutine». Traditionnellement, il est possible de poser votre question de plusieurs manières à la fois, et vous pouvez le faire jusqu’à la fin de l’émission, car mes collègues continuent de traiter tous les messages entrants.
Tout d’abord, par téléphone : 8-800-200-40-40-40. Vous pouvez également envoyer des messages SMS ou MMS au numéro 0-40-40-40 ; vous pouvez poser votre question via les réseaux sociaux «VKontakte» ou «Odnoklassniki». En outre, il existe le site web москва-путину.рф et une application du même nom.
À l’heure actuelle, selon les dernières statistiques, il y a déjà plus de deux millions 200 mille appels. Dans le même temps, un million 200 mille sont des appels téléphoniques. Les SMS sont au nombre de 43 000. Plus de 140 000 personnes ont déposé leurs appels sur le site web. Nous constatons que ces chiffres continuent d’augmenter en temps réel.
Il y a quelques faits intéressants concernant les années pendant lesquelles le programme «Bilan de l’année avec Vladimir Poutine» s’est déroulé. Auparavant, il n’y avait qu’une Ligne directe, qui se tenait séparément, et une conférence de presse distincte. C’est la troisième fois que le format combiné est mis en place. D’abord avant le covid, puis après le covid, en 2023, et maintenant, en 2024, lorsque le format combiné se poursuit, où les citoyens de notre pays et, bien sûr, les journalistes peuvent poser leurs questions.
Les statistiques révèlent quelques chiffres intéressants. Par exemple, le nombre maximum de questions posées : en 2015, deux millions 250 mille appels ont été adressés au Président. Aujourd’hui, ce chiffre est en baisse. Mais je pense que cela est également dû au fait qu’il existe des lignes directes régionales, où toutes les questions des citoyens sont traitées par les gouverneurs dans les régions. De sorte certaines questions reçoivent déjà une réponse au niveau régional.
Il convient de noter que si l’on additionne tout le temps pendant lequel V. Poutine a répondu aux questions lors de ces formats, cela fait déjà plus de 64 heures. Les commutations des régions ont lieu depuis le début en 2001, et il convient de noter que ce format sera, bien sûr, aujourd’hui. Bien sûr, au cours des années où la Ligne directe et le Bilan de l’année ont eu lieu, les gens ont participé très activement, en envoyant au chef de l’État non seulement des questions, des problèmes et des demandes, mais aussi des mots de gratitude. Aujourd’hui, alors que nous sommes le 19 décembre, ils le félicitent également avec le Nouvel An.
Il ne fait aucun doute qu’un grand nombre de questions sociales et de questions liées à l’opération militaire spéciale sont au centre de l’attention aujourd’hui, compte tenu des appels que nous avons sélectionnés. Bien sûr, il y a aussi un bloc de sujets internationaux. Nous allons donc commencer.
D. Koulko (annonce) : Le Président de la Fédération russienne Vladimir Vladimirovitch Poutine.
Depuis trois ans, des volontaires du Front populaire panrussien (FPP) participent à la préparation de notre programme et au traitement des appels. Mais cette année, ils ont également été rejoints par des vétérans de l’opération militaire spéciale. Pendant les dix jours qui ont suivi l’ouverture de la ligne téléphonique, ils ont également reçu des appels, mais aujourd’hui le travail du FPP ne s’arrête pas. D’ailleurs, on peut dire qu’il ne fait que commencer, car immédiatement après la diffusion, les volontaires du Front populaire continueront à travailler sur ces appels, afin qu’aucun d’entre eux ne reste sans réponse.
A. Souvorova : Je dois dire que lors de la préparation de l’émission «Bilan de l’année», certains appels ont déjà été traités et certaines questions ont été résolues conjointement par les volontaires du Front populaire et les autorités régionales et fédérales.
Cette année, il y a une différence de plus. Nous avons été aidés dans le traitement de ces appels et de ces questions par le GigaChat, une intelligence artificielle du Sber [ex-Sberbank]. Je sais que vous, Vladimir Vladimirovitch, avez déjà eu l’occasion de vous familiariser avec elle.
V. Poutine : Exact.
D. Koulko : Oui, le GigaChat a fait des conclusions. Cette technologie permet non seulement de transcrire les messages audio en texte, mais aussi de mettre en évidence le sens et l’essence du problème, ce qui a permis d’accélérer considérablement le traitement des appels cette année. Et ce sont les conclusions du GigaChat que vous pourrez voir à l’écran tout au long de l’émission. Il s’agit des principaux thèmes des appels des citoyens dans l’ensemble du pays comme dans chaque région. Et bien sûr, nous ferons référence à cet assistant virtuel tout au long de l’émission.
A. Souvorova : Mais avant de commencer à poser les questions des citoyens et, bien sûr, de nos collègues journalistes, j’aimerais poser une première question d’ordre général.
On a l’impression que le monde est devenu fou ou qu’il est en train de devenir fou, parce que le potentiel de conflit dans tous les coins du monde est maintenant hors d’échelle, et que l’économie mondiale se trouve également dans une situation difficile. Comment la Russie parvient-elle non seulement à rester à flot, mais aussi à poursuivre sa croissance ?
V. Poutine : Vous savez, quand tout est calme, mesuré, stable chez nous, on s’ennuie. Cela revient à une stagnation. Et nous, on veut du va-et-vient. Mais dès que l’on se met à bouger, tout siffle à nos tempes : des secondes comme des balles. Malheureusement, ce sont des balles qui sifflent elles aussi à présent. Alors on a peur : «ah, horreur-horreur». Bon, va pour un seul «horreur». Mais pas pour «horreur-horreur-horreur».
Tout est mesuré par l’économie. Traditionnellement, nous commençons par l’économie. Malgré votre question un peu provocatrice, entrons dans l’économie. Tout est basé sur l’économie, c’est la base des bases. C’est la base du niveau de vie des citoyens, de la stabilité, de la capacité de défense – tout repose sur l’économie.
La situation de l’économie dans son ensemble en Russie est normale et stable. Nous nous développons malgré tout, malgré les menaces extérieures et les tentatives d’influence.
L’année dernière, comme vous le savez, notre économie a connu une croissance de 3,6% ; cette année, elle sera de 3,9%, et peut-être même de 4%. Il faudra voir, car les résultats de fin d’année sont comptabilisés pratiquement au premier trimestre de l’année suivante, 2025 dans ce cas, et peut-être que ce sera quatre pour cent. Cela signifie que l’économie a progressé d’environ huit pour cent en deux ans, car comme le disent les experts, j’échangeais encore des opinions ce matin, les dixièmes, les centièmes de pour cent, c’est une chose virtuelle. C’est environ huit en deux ans. Aux États-Unis, c’est 5-6%, dans la zone euro, c’est 1%, dans la première économie de la zone euro, l’Allemagne, c’est zéro. Apparemment, ce même zéro y aura également lieu l’année prochaine.
Les institutions financières et économiques internationales placent la Russie au premier rang en Europe en termes de volume économique et de parité de pouvoir d’achat, et au quatrième rang mondial. Ce sont la Chine, les États-Unis et l’Inde qui nous devancent. Nous avons dépassé l’Allemagne déjà l’année dernière, et cette année nous avons dépassé le Japon. Mais ce n’est pas un indicateur sur lequel nous devrions nous endormir et nous calmer. Non, bien sûr.
Tout se développe, tout progresse activement. Si la zone euro s’est endormie, il existe d’autres centres de développement mondial, qui avancent eux aussi. Et la situation dans la zone euro et aux États-Unis change également. Nous devons maintenir l’élan que nous avons pris et changer la qualité de notre économie.
Il existe d’autres indicateurs qui sont généralement satisfaisants, pour ne pas dire plus. Tout d’abord, l’un des indicateurs les plus sérieux pour tous les pays du monde, pour toutes les économies, est le taux de chômage. Notre taux de chômage est à un niveau record de 2,3%. Cela n’était jamais arrivé auparavant. C’est la première chose.
La deuxième chose est la croissance des différents secteurs de production, de l’industrie. Notre croissance industrielle a été de 4,4%, tandis que l’industrie de transformation a progressé de 8,1%, certains secteurs ayant connu une croissance plus importante.
Oui, bien sûr, l’inflation est un signal inquiétant. Hier encore, alors que je me préparais à l’événement d’aujourd’hui, je me suis entretenu avec la présidente de la Banque centrale. Elvira [Nabioullina] m’a dit que l’inflation se situait entre 9,2 et 9,3, mais que les salaires avaient augmenté de 9% en termes réels. Je tiens à souligner que c’est en termes réels, moins l’inflation. Les revenus disponibles de la population ont également augmenté. Dans l’ensemble, la situation est donc stable, je le répète, et fiable.
Je le répète, cette inflation, ce réchauffement de notre économie posent certains problèmes et tant le gouvernement que la Banque centrale se sont déjà donné pour mission de réduire quelque peu ces taux, et l’année prochaine, je pense, selon diverses estimations, que nous devrions nous situer entre 2 et 2,5 pour cent. Il s’agit d’un atterrissage en douceur afin de maintenir les indicateurs macroéconomiques.
C’est ce que nous devons viser. Nous en reparlerons probablement au cours de notre réunion d’aujourd’hui. Dans l’ensemble, la situation est stable et fiable.
A. Souvorova : Une question de clarification, parce qu’il y a en effet beaucoup de questions liées à la croissance des prix, et nous y reviendrons. Vous venez de citer l’Allemagne et le Japon comme exemple. Je voudrais m’attarder sur le fait que l’Allemagne a un taux de croissance de zéro pour cent, que vous avez cité comme l’une des options où il y avait auparavant une croissance économique.
Pensez-vous que cela soit probablement lié à la politique et à la souveraineté, parce qu’il n’y a pas si longtemps, lorsque vous avez pris la parole au Forum du VTB «La Russie appelle», vous vous êtes souvenu de ce que lors de la fête d’anniversaire de Gerhard Schröder toutes les chansons étaient en anglais, et aucune en allemand.
V. Poutine : Si, il y en a eu. Voici un épisode curieux. Il y a longtemps, c’était l’anniversaire de Gerhard, il m’a invité et je suis venu. Il y a eu un petit concert et tous les groupes ont en effet interprété des chansons en anglais. J’ai dit à l’époque : «Même la chorale des filles de Hanovre a chanté en anglais».
Mais il y avait un groupe qui chantait en allemand. C’était la chorale des cosaques de Kouban. Je l’ai emmenée avec moi. D’ailleurs, c’était une surprise totale pour moi, je leur ai demandé : «Comment le savez-vous ?» Ils m’ont répondu : «par respect pour les Allemands, par respect pour nos hôtes qui nous accueillent, nous avons appris en chemin et chanté en allemand, y compris les chants de cette région où nous sommes en visite».
Ensuite, de nombreuses personnes sont venues me voir pendant la pause (je dis ce qui s’est réellement passé) et m’ont dit : «Nous avons honte, honnêtement, nous avons honte que seuls les cosaques russes aient chanté en allemand ici».
J’ai dit à mon collègue ci-dessus mentionné qui assistait à cet événement :»Vous savez, la souveraineté est une chose très importante, elle doit être à l’intérieur, dans le cœur». Je pense qu’au cours des années d’après-guerre, on aurait rongé chez le peuple allemand ce sentiment – le sentiment de leur patrie et de leur souveraineté.
En effet, qui sont les Européens ? Ils sont tous fiers d’être Européens. Mais ils sont avant tout Français, Allemands, Italiens, Espagnols, et seulement après Européens. Ils essaient d’arrondir les angles, de peaufiner les choses. Et à la fin, cela affecte tout, y compris l’économie.
J’ai parlé de la croissance de notre économie – c’est en grande partie le résultat du renforcement de la souveraineté, également projeté sur l’économie.
De nombreux fabricants ont quitté notre marché. Qu’est-ce que cela a entraîné ? Nos entrepreneurs ont commencé à produire eux-mêmes ces biens, ce qui a entraîné la nécessité d’impliquer, de mener des recherches supplémentaires, d’impliquer des institutions, y compris des institutions de développement. Tout cela – et nous en parlons – renforce la souveraineté technologique.
La souveraineté est différente : de défense, technologique, scientifique, éducative, culturelle. C’est très important. C’est particulièrement important pour notre pays, car en cas de perte de notre souveraineté nous perdons notre statut d’État. C’est la chose la plus importante.
Le renforcement de la souveraineté est également le résultat de la croissance économique.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, ma proposition est de passer aux questions de nos concitoyens.
V. Poutine : Je vous en prie.
D. Koulko : Vous parlez de croissance économique. En effet, lorsqu’on regarde les indicateurs économiques, et ils sont bons, la plupart des entreprises russiennes sont maintenant chargées, les salaires augmentent, mais ils ne suivent pas la hausse des prix.
De nombreux Russiens nous ont écrit à ce sujet, et notre intelligence artificielle a analysé tous ces appels et établi un classement des régions où les habitants sont les plus susceptibles de poser des questions sur la hausse des prix. Il s’agit de régions orientales, telles que le kraï Kamtchatien et l’oblast Sakhalinien, et de la région la plus occidentale du pays, l’oblast Kaliningradien. La majorité des appels des habitants de l’oblast Irkoutien étaient également liés à la hausse des prix. En d’autres termes, le sujet est d’actualité.
A. Souvorova : Il est tout à fait d’actualité. Je vais maintenant donner quelques chiffres supplémentaires, qui sont également donnés par notre GigaChat, avec lequel nous travaillons.
Les demandes les plus fréquentes concernent l’augmentation du prix du pain, du poisson, du lait, des œufs et du beurre. On parle également de l’augmentation du prix des carburants. Ce n’est qu’un dossier de ce que nous avons sélectionné – les appels des citoyens sur ce sujet.
Et si nous regardons les statistiques officielles de Rosstat, qui ont été publiées hier soir, nous constatons que les prix des fruits et légumes ont augmenté de 3,4% au cours de la semaine dernière, y compris, par exemple, les concombres, qui ont augmenté de 10%, par rapport à une augmentation de 43% en novembre.
V. Poutine : Tout d’abord, je m’excuse auprès du public, en particulier auprès de ceux qui nous écoutent aujourd’hui, qui nous voient, qui suivent notre travail dans les différents médias et sur Internet. Lorsque j’ai dit que la croissance des prix, l’inflation se situait autour de 9%, 9,2-9,3, et qu’il y a une croissance des salaires et du revenu réel disponible, il s’agit de chiffres moyens. Et bien sûr, le pays est immense. Quelque part, quelqu’un m’écoutera et me dira : «Mais tu dérailles, de quel mieux-être parles-tu ? Pour ma part tout est resté comme il l’était». Et quelqu’un d’autre dira : «Moi, au contraire, j’ai perdu». Cela arrive, bien sûr. Je parle de chiffres moyens, car lorsque nous planifions quelque chose, nous devons opérer avec quelque chose, nous devons nous appuyer sur quelque chose, et nous ne pouvons pas nous appuyer sur autre chose qu’un chiffre moyen.
Pour ce qui est de la hausse des prix, il s’agit d’éléments objectifs et subjectifs.
Et surtout, l’offre sur le marché doit correspondre au revenu de la population, ou bien le revenu et le pouvoir d’achat de la population doivent correspondre au volume de biens produits dans le pays. Chez nous les revenus et les salaires ont augmenté plus rapidement que la masse et la production de ces marchandises.
Je m’explique. Disons, notre production alimentaire est en constante augmentation, je vais en parler, et il y aura certainement des questions sur l’agriculture. En dévançant, je vous dirai : trois pour cent de plus par an. Nous sommes totalement autosuffisants en viande, à 100%.
C’est un bon indicateur. Mais à quoi est-ce lié ? Notre consommation annuelle de viande est d’environ 80 kilogrammes par personne, alors que dans le monde, elle est d’environ 42 kilogrammes, ce qui est un chiffre moyen. Cela semble suffisant, mais tout de même. Notre consommation de viande a doublé récemment, vous savez ? Deux fois plus.
Sur le lait. Notre production de lait augmente chaque année, mais la consommation de lait augmente aussi, il n’y en a pas assez pour produire du beurre. Je sais que la hausse du prix du beurre est de 33-34 pour cent, dans certaines régions c’est à peu près cela, peut-être même plus.
Tout simplement l’augmentation de production des aliments est dépassée par la croissance de la consommation – c’est la première chose. Ici, bien sûr, il suffit de travailler au sens sectoriel, j’en parlerai plus en détail dans un instant.
La deuxième raison objective est la récolte.
La troisième raison objective est la hausse des prix mondiaux de certains produits.
Et bien sûr, dans une certaine mesure, les restrictions extérieures, les sanctions, etc. ont un impact. Elles ne sont pas d’une importance capitale, mais elles nous touchent d’une manière ou d’une autre, parce qu’elles rendent la logistique plus coûteuse, etc.
Mais il y a aussi des éléments subjectifs, il y a aussi nos lacunes. par exemple, certains experts pensent que la Banque centrale aurait pu commencer à utiliser certains instruments non liés à l’augmentation du taux directeur, plus efficacement et plus tôt. Oui, la Banque centrale a commencé à le faire au cours de l’été. Mais, je le répète, ces experts estiment qu’elle aurait pu et dû le faire plus tôt. Ils sont nombreux, je ne vais pas les énumérer maintenant, et il n’est pas nécessaire d’ennuyer notre auditoire avec ces considérations sur les différentes manières de régulation de la part de la Banque centrale.
Notre gouvernement travaille de manière efficace, tout à fait satisfaisante, et il fait beaucoup lorsqu’il pense à l’avenir, et il faut toujours penser à l’avenir. Même dans les moments les plus difficiles de la Grande Guerre patriotique, nous connaissons ces exemples, chez nous on a pensé à l’avenir. Et nous avons bien fait, comme il s’est avéré plus tard.
Notre gouvernement pense à l’avenir : il formule des tâches, des objectifs de développement national, des projets nationaux – c’est bien, mais il serait bon de travailler en temps utile dans le cadre d’un plan sectoriel, de penser au développement de certaines industries, de production de biens de large consommation. Je ne vais pas les répéter maintenant, il y aura peut-être d’autres questions sur certaines industries. Il aurait été nécessaire de prendre ces décisions en temps utile.
La hausse des prix est une chose désagréable et mauvaise. Mais j’espère qu’en maintenant généralement les indicateurs macroéconomiques, nous serons en mesure d’y faire face également, car la macroéconomie est la base de la santé de l’économie dans son ensemble.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, nous avons aujourd’hui un format combiné : la Ligne directe et la conférence de presse. Je propose maintenant de poser une question à nos collègues, les journalistes.
A. Souvorova : Nous pouvons sentir à quel point le public dans la salle est impatient de poser sa question.
D. Peskov : La salle est vraiment impatiente, laissez-moi…
Question (du public) : …
D. Peskov : Vous savez, si nous procédons de la sorte, nous manquerons malheureusement de respect à tous les autres.
V. Poutine : Néanmoins… Ne le répétons plus, mais commençons. Comment vous appelez-vous ?
A. Khastsaïeva : Alina Khastsaïeva, portail informatique Quinzième région, Ossétie du Nord.
V. Poutine : S’il vous plaît, Alina, je vous en prie.
A. Khastzaïeva : Dans les réalités d’aujourd’hui, la question du potentiel militaire humain devient très importante. Dans le Caucase du Nord, de nombreux établissements d’enseignement formaient des spécialistes militaires. En particulier, en Ossétie du Nord, il s’agissait de l’Institut militaire des troupes intérieures du Caucase du Nord.
Cet institut était, sans exagération, légendaire : sept de ses diplômés sont les Héros de l’Union soviétique et quatorze sont les Héros de la Russie. Aujourd’hui encore, ses diplômés continuent d’effectuer avec succès des missions de combat de notre État. Parmi les diplômés on voit l’ex-ministre de l’intérieur Anatoly Koulikov, et parmi les diplômés les plus récents, Sergueï Khaïroutdinov qui est devenu le Héros de la Russie en participant à l’opération spéciale.
Est-il possible de ramener à la vie cette institution éducative, qui serait aujourd’hui si nécessaire non seulement pour le Caucase du Nord, mais aussi pour l’ensemble de la Russie ? Merci.
V. Poutine : Alina, merci pour cette question. C’est une bonne entrée en matière, donc ne boudez pas Alina. Et voici pourquoi.
Tout d’abord, l’Ossétie du Nord a toujours été un avant-poste de la Russie dans cette direction, dans le Caucase, et elle a toujours justifié cet objectif élevé. Nous savons quelle dévotion les habitants de la république ont pour leur petite patrie comme pour notre grande Patrie commune, la Russie, qu’ils ont toujours défendue et dont ils se sont acquittés avec beaucoup de dignité et de brio.
Vous avez parlé de la réduction du nombre des écoles militaires. Cela n’avait rien à voir avec l’Ossétie seule. La raison en était que le réseau des écoles militaires en général, comme l’ont considéré les spécialistes militaires, les départements militaires, aurait été surdimensionné et qu’il n’y aurait pas besoin de tant de spécialistes, de tant de personnel militaire pour une armée telle que l’armée de la Russie était. Aujourd’hui, nous augmentons les effectifs de l’armée et des structures de force, pour un certain nombre de raisons, jusqu’à un million et demi de personnes. Je ne peux pas vous dire maintenant : oui, nous le ferons demain. Mais je vous promets que nous étudierons cette question. Merci.
D. Peskov : Nous continuons à travailler avec la salle. Revenons au centre. ITAR-TASS, s’il vous plaît.
M. Petrov : Mikhaïl Petrov, rédacteur en chef de la TASS. Vladimir Vladimirovitch, avant de poser la question, je voudrais vous remercier.
La TASS célèbre cette année son 120e anniversaire. Nous sommes la plus ancienne agence de presse du pays. Cette année, au mois d’août, vous avez signé un décret décernant au personnel de la TASS l’Ordre du travail vaillant. Au nom de toute l’équipe de la TASS, je tiens à vous remercier chaleureusement. C’est une haute appréciation de notre travail.
V. Poutine : Merci.
M. Petrov : Pour ce qui est de ma question, je pense que tout le monde est concerné par ce problème aujourd’hui. À ce propos, lorsque l’équipe de la TASS transmettait des rapports du front pendant la Grande Guerre patriotique, c’était probablement la même chose, et aujourd’hui, lorsque nos gars travaillent dans la zone de l’opération militaire spéciale, cela les inquiète.
Comment évaluez-vous le déroulement de l’opération militaire spéciale, qui dure presque trois ans ? La victoire s’est-elle rapprochée ?
V. Poutine : Bien sûr, je comptais sur des questions de ce type. Il y en a beaucoup dans le volume que nous avons reçu ces derniers jours. Je vous en suis d’ailleurs reconnaissant, car cela nous donne l’occasion de montrer ce qui se passe et ce que font nos gars sur la ligne de contact.
Vous savez, les soldats avec lesquels je communique régulièrement me passent leurs souvenirs, me passent des chevrons, me passent des armes, etc. Plus récemment, les membres de la 155e brigade de marines de la flotte du Pacifique m’ont donné une copie de leur drapeau de combat.
À qui puis-je demander de l’aide ? Venez vers moi, s’il vous plaît, et quelqu’un de ce côté. J’ai une grande demande à vous faire : mettez-vous ici s’il vous plaît, et vous aussi, et déployez cette bannière, s’il vous plaît, des deux côtés.
D. Koulko : Les marines de la flotte du Pacifique.
V. Poutine : Oui. Je l’ai pris avec moi exprès.
Tout d’abord, je voulais les remercier pour ce cadeau.
Deuxièmement. Considérons que ce drapeau de la 155e brigade de marines de la flotte du Pacifique représente tous les drapeaux de combat de nos militaires qui se battent actuellement pour la Russie, pour la Mère Patrie sur toute la ligne de contact.
Je dois dire que la situation change radicalement. Vous le savez très bien et je tiens simplement à le confirmer. Chaque jour, il y a des mouvements sur l’ensemble de la ligne de front.
Et, comme je l’ai dit, il ne s’agit pas d’avancer de 100, 200 ou 300 mètres, nos combattants regagnent des territoires par kilomètres carrés. J’insiste sur le fait que c’est tous les jours. Pourquoi en est-il ainsi ?
Tout d’abord, l’année dernière, il s’agissait d’une évolution classique des opérations de combat : d’abord, l’ennemi va s’enferrer, on lui inflige une grave défaite en termes d’équipement, de munitions et de personnel, ensuite on se met à avancer à son tour. C’est exactement ce qui se passe ici. Les opérations de combat sont complexes et c’est pourquoi il est difficile et inutile d’anticiper. Mais c’est ce qui se passe. Et nous avançons, comme nous l’avons dit, vers l’accomplissement de nos tâches principales, que nous avons décrites au début de l’opération militaire spéciale.
Quant aux gars, ils agissent, et je ne cesse de le dire et de le répéter, car il y a toutes les raisons pour cela, ils agissent héroïquement. Les capacités des Forces armées croissent. Aujourd’hui, la 155e brigade se bat dans l’oblast Kourien, repoussant, débusquant l’ennemi hors de notre territoire. Bien sûr, ils n’y sont pas seuls, il y a aussi la 810e brigade de marine de la flotte de la mer Noire, les 76e et 106e divisions des forces aéroportées, les fusiliers motorisés et l’infanterie motorisée du groupe «Nord». Tous se battent héroïquement au sens propre du terme. En ce moment même, ils se battent. Souhaitons-leur à tous – à ceux qui se battent dans l’oblast Kourien comme à ceux qui se battent sur toute la ligne de front – bonne chance, victoire et retour à la maison. Merci.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, je reviens de l’oblast Kourien. Avec les unités et les formations que vous avez mentionnées et qui accomplissent maintenant leur devoir sacré de libérer notre pays, nous avons travaillé pendant plusieurs semaines sur les positions avant, en filmant des reportages. La 155e brigade, en particulier, a libéré plusieurs localités, et nous en avons également parlé.
Nous montrons dans nos reportages que lorsque l’ennemi est chassé d’une localité, il se met à frapper ces rues avec des drones et de l’artillerie, comme s’il s’agissait de représailles. Nous nous sommes rendus dans les localités nouvellement libérées Borki, Snagost et Lyoubimovka. Vous pouvez le voir sur les images : les maisons sont intactes, puis les obus ukrainiens s’abattent sur elles. En d’autres termes, les habitants de la région frontalière n’ont plus aucun endroit où retourner. Ils essaient tant bien que mal de se construire une nouvelle vie.
Je vous propose de contacter par téléphone Tatiana Nikolaïevna Ziborova. Elle est aujourd’hui contrainte de vivre dans un centre d’hébergement temporaire dans l’oblast Kourien. Tatiana Nikolaïevna, nous entendez-vous ?
T. Ziborova : Oui, je vous entends.
D. Koulko : Posez votre question au Président.
T. Ziborova : Bonjour, cher Vladimir Vladimirovitch !
V. Poutine : Bonjour.
T. Ziborova : Je suis une habitante de l’oblast Kourien, du district Bolchessoldatsky.
J’ai une question à vous poser de la part de tous les habitants de l’oblast Kourien. Quand notre oblast Kourien sera-t-il libéré ? Quand les Forces armées de l’Ukraine (FAU) seront-t-elles repoussées autant loin qu’elles n’oseront même pas se montrer à nous et qu’elles ne pourront même pas regarder dans notre direction ? Quand pourrons-nous retourner chez nous ou quelque part, quelque chose qui nous permette d’avoir notre propre logement ?
Et encore une chose. Les villages qui ont été détruits seront-ils reconstruits, les infrastructures seront-elles restaurées ? Ce sont justement les habitants du district Bolchessoldatsky qui vous posent cette question : les habitants de Bolchessoldatsky seront-ils inclus dans la liste des personnes à obtenir des certificats de logement ? Pour l’instant, nous n’en recevons pas, car les FAU ne sont pas entrées chez nous et nous ne figurons pas sur la liste des bénéficiaires.
V. Poutine : Tatiana Nikolaïevna, il n’y a aucun doute. Je ne peux pas et je ne veux pas donner une date précise pour leur élimination. Les gars se battent, il y a une bataille en cours en ce moment même, des batailles sérieuses. Je l’ai déjà dit, on ne sait pas très bien à quoi bon, il n’y avait aucun sens militaire pour les Forces armées de l’Ukraine d’entrer dans l’oblast Kourien, de s’y maintenir maintenant, comme elles le font, en y jetant leurs meilleurs groupes d’assaut et leurs meilleures unités comme à l’abattoir. Néanmoins, c’est ce qui se passe.
Nous allons absolument les mettre hors d’état de nuire, absolument. Il n’y a pas d’autre solution. Quant à la question d’une date précise, je suis désolé, mais je ne peux pas y répondre maintenant. Je me le représente, je sais, des plans existent. Ils me sont communiqués régulièrement. Mais articuler telle ou telle date, ce n’est pas une bonne façon de procéder. Et surtout les gars m’entendent. Dans un jour ou deux, si je mentionne une date, ils feront tout pour atteindre l’objectif fixé pour cette date, compte non tenu de leurs pertes. Nous ne pouvons pas agir de la sorte. Un jour ou deux, ça n’a pas beaucoup d’importance dans ce cas, mais a) ils seront certainement débusqués et b) les dégâts pourront être évalués après cela, mais surtout, c) tout sera restauré. Il n’y a aucun place à un doute.
Nous reconstruirons le réseau routier, les infrastructures communales, les installations sociales (écoles, jardins d’enfants), nous reconstruirons les clubs, les logements, bien sûr, et des certificats de reconstruction de logements seront délivrés.
Nous aiderons ceux qui veulent s’installer dans d’autres régions. Si ma mémoire est bonne, 108 milliards de roubles ont déjà été alloués à cette fin. Je sais que les premiers fonds ont déjà été reçus. L’administration travaillera pendant toutes les vacances, rencontrera les gens et résoudra les problèmes, y compris ceux liés aux certificats.
Je suis conscient qu’il n’y a rien de bon dans tout cela, dans ce qui vous arrive, les gens subissent de lourdes pertes, des blessés et des désagréments, en particulier ceux liés aux enfants. Mais nous ferons tout, n’en doutez pas, Tatiana Nikolaïevna, nous rétablirons tout, et tous ceux qui ont besoin d’un logement seront satisfaits en ce sens, chacun recevra tout ce qui lui est dû.
Et je compte sur le fait que le nouveau chef de la région qui vient d’être nommé à l’oblast Kourien est une personne expérimentée qui sait comment travailler directement avec les gens, c’est pourquoi je l’ai nommé là, il travaille à la Douma d’État depuis longtemps, il travaille directement avec ses électeurs, il sait comment faire. J’espère qu’il en sera ainsi et qu’un travail individuel avec chacun sera mis en place.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, nos combattants qui libèrent en ce moment même l’oblast Kourien n’ont pas de statut du participant à l’opération militaire spéciale (OMS).
V. Poutine : Vous dites ?
D. Koulko : Pas de statut du participant à l’OMS.
V. Poutine : Pourquoi ?
D. Koulko : Parce qu’ils participent à une opération contre-terroriste (OCT). Cela affecte, entre autres, les paiements qu’ils reçoivent.
Nous avons reçu plusieurs appels, principalement de la part d’épouses de militaires : «Mon mari sert dans une compagnie d’assaut dans l’oblast Kourien, où il effectue des missions de combat. En octobre et novembre, il a reçu son allocation de 42 000 roubles, bien qu’il soit en position de combat. De nombreux soldats n’ont pas reçu d’indemnités de subsistance de combat depuis trois ou quatre mois. On insiste sur ce qu’ils se trouvent dans la zone d’OCT et non dans celle de l’OMS».
Voici un appel de plus : «Dans l’oblast Kourien, on paie une allocation mensuelle de 25 000 roubles, et pas 210 000 roubles comme il est promis dans les contrats du ministère de la défense».
Est-il possible de remédier à cette situation ?
V. Poutine : Nous le pouvons et nous devons le faire. Il s’agit d’une omission de notre part. C’est une information inattendue pour moi. Je comprends bien de quoi il s’agit.
Ces combattants, nos militaires qui se sont battus sur d’autres parties du front, sont des participants d’opérations de combat. S’ils ont été transférés dans l’oblast Kourien, ils ont droit à tout, ils devraient avoir droit à tout. Je vais vérifier ça.
Il y a probablement une catégorie qui n’a participé nulle part auparavant, qui n’a pas combattu sur la ligne de contact, qui est arrivée d’emblée dans l’oblast Kourien ne figurant pas dans la catégorie des participants à l’opération militaire spéciale.
Franchement, cela ne m’était pas venu à l’esprit. Je demande pardon, mais tout cela sera corrigé. Il est dommage que le département militaire n’y ait pas prêté attention – après tout, c’est avant tout sa responsabilité.
Tout sera corrigé, chacun recevra tout ce qui est dû aux militaires qui accomplissent leur devoir envers la Patrie sur la ligne de contact. Nous le recalculerons également rétroactivement.
D. Koulko : Merci beaucoup.
V. Poutine : Nous le ferons obligatoirement, cela ne fait aucun doute.
D. Koulko : Je connais personnellement des combattants qui attendent en ce moment même une telle réponse avec impatience.
V. Poutine : Oui, oui, je veux que les gars m’entendent. Gars, ne vous inquiétez pas et ne laissez pas vos familles s’inquiéter : tout sera recalculé, et tous les paiements et les primes de combat, tout ce qui est dû, tout sera payé.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, vous avez déjà dit aujourd’hui que les FAU envoyaient simplement leurs détachements spéciaux dans l’oblast Kourien comme à l’abattoir. En effet, les pertes y sont colossales, cela saute littéralement aux yeux. Pour être honnête, je n’ai jamais vu autant de cadavres d’ennemis abandonnés, toutes les zones boisées en sont jonchées. Et combien d’équipements de l’OTAN nos chasseurs y ont-ils taillé en pièces : nombre des Abrams, des Bradley et des Leopards. Vous savez ce qu’on dit : maintenant, l’oblast Kourien, sur cette terre Kourienne se trouve le plus grand cimetière de matériel otanien au monde.
V. Poutine : Peut-être, oui.
D. Koulko : Mais le seul point est que…
V. Poutine : Le nombre de véhicules blindés qui ont été anéantis dans l’oblast Kourien a, à mon avis, déjà dépassé le nombre de véhicules détruits par nos gars au cours de l’année écoulée sur l’ensemble de la ligne de contact, les chiffres étant à peu près comparables.
D. Koulko : Permettez-moi de dire un mot pour les combattants, ceux-là mêmes qui ont détruit ce matériel : recevront-ils la récompense promise ?
V. Poutine : Pour l’équipement qu’ils ont détruit ?
D. Koulko : Oui.
V. Poutine : Ils devraient, bien sûr. Y a-t-il un problème ici ?
D. Koulko : C’est un peu difficile, pour être honnête.
V. Poutine : C’est étrange. Je sais que le ministre de la défense est en train d’écouter notre conversation. Tout ceci sera fait. Personne ne doit avoir de doutes à ce sujet. Tout sera fait.
D. Koulko : Merci.
D. Peskov : Peut-être on passe dans la salle ?
V. Poutine : Oui.
D. Peskov : Puisque le sujet est militaire, écoutons la chaîne TV Zvezda, s’il vous plaît.
K. Kokovechnikov : Bonjour ! Chaîne de télévision Zvezda, Konstantine Kokovechnikov.
V. Poutine : Bonjour !
K. Kokovechnikov : Je ne peux m’empêcher de poser une question sur les déclarations que nous avons entendues ces dernières semaines à propos des images du premier essai de combat du tout nouveau missile Orechnik qui ont été diffusées dans le monde entier. L’impression qui s’en dégage est qu’il n’a vraiment aucun défaut, mais en Occident, par exemple, on continue à qualifier l’Orechnik de modification d’une vieille arme soviétique et à dire que ce missile peut être abattu par la défense contre-aérienne même au stade du lancement. Qu’en direz-vous ? A-t-il des défauts ?
Si je peux me permettre de poser une question de clarification : que sous-entendaient en fait les créateurs de l’Orechnik ayant donné à cette arme le nom de Noisetier ? Car il y a plusieurs options à ce sujet.
V. Poutine : Tout d’abord, à propos de savoir s’il s’agit d’une arme ancienne ou nouvelle, si elle est moderne. Il s’agit d’une arme moderne, très récente. Tout ce qui est fait dans n’importe quelle sphère d’activité est basé sur des développements antérieurs, sur des réalisations antérieures, et ensuite les gens font un pas en avant. C’est la même chose avec l’Orechnik.
Oui, il y a eu des développements, et d’ailleurs, des développements de l’époque russienne. Sur cette base, les scientifiques, les concepteurs et les ingénieurs ont réfléchi à ce qu’il fallait faire, ils ont coordonné leur position avec le ministère de la défense, son utilisateur. Finalement, c’est moi qui ai été abordé, et j’ai également participé à la décision finale de produire ou de ne pas produire, dans quel volume, quand et comment.
Il s’agit d’une nouvelle arme. Je le répète : il s’agit d’une arme à moyenne et à plus courte portée.
Vous avez dit que certains experts occidentaux pensent qu’un tel missile puisse être facilement abattu et détruit, en particulier dans sa trajectoire de vol initiale.
Que pouvons-nous dire à de tels experts ? Il existe plusieurs types de systèmes de défense contre-aérienne, comme vous le savez, vous êtes de Zvezda – c’est le Patriot, ce sont des systèmes THAAD plus modernes. Je ne sais pas si l’Ukraine en dispose ou non, je ne pense pas. Si les Américains décident de les livrer, qu’ils le fassent, qu’ils installent le THAAD. Ils sont plus modernes, similaires à nos S-400. Si l’on peut établir une corrélation entre le Patriot et le système russien S-300, le THAAD seraitt le S-400, avec des caractéristiques plus faibles, mais dans l’ensemble, c’est le S-400.
Laissons-les faire, et nous demanderons à nos gars en Ukraine de nous dire quelles sont les solutions modernes dont ils disposent et qui nous sont utiles. Quand je dis «nos gars», je parle sans ironie, nous avons à qui parler en Ukraine, et il y a beaucoup de nos gars là-bas qui rêvent aussi avec nous de dégager leur pays du régime néo-nazi.
Il existe d’autres moyens de vaincre – le système de défense antimissile, dont on a beaucoup parlé et dont on a beaucoup discuté. Nous avons jadis supplié les Américains de ne pas déployer ce système afin que nous n’ayons pas à créer des systèmes pour le surmonter.
Finalement, nous l’avons fait. Le planeur Avangard, qui ne suit pas une trajectoire, mais glisse au niveau du sol en le contournant, n’entre pas dans l’espace, n’est pas un missile balistique, etc., s’est fait jour chez nous. Nous avons fait beaucoup de choses pour surmonter la défense antimissile.
Globalement, du point de vue des intérêts des contribuables américains, l’affaire est coûteuse et n’apporte pas grand-chose à la sécurité de leur pays. Mais ce système a tout de même été créé dans une large mesure. Deux zones de position ont été établies, l’une en Roumanie et l’autre en Pologne. Il y a déjà 24 missiles anti-missiles en alerte ici et là. Je ne me souviens plus, je crois qu’ils s’appellent Standard-3. En Roumanie, je pense qu’il s’agit d’une modification du 1B. La portée est de 300 kilomètres et l’altitude de 80 à 250 kilomètres.
La Pologne dispose d’une arme plus redoutable, plus récente. Là-bas, la portée d’interception est déjà de mille kilomètres, et l’altitude de 500 kilomètres. Mais notre Orechnik est une arme de moyenne portée, et les armes de moyenne portée ont une portée de mille, mille cinq cents, trois et plus, jusqu’à 5,5 mille. Telle est sa portée.
Imaginons maintenant que notre système se trouve à une distance de deux mille kilomètres. Même les anti-missiles situés sur le territoire polonais ne l’atteindront pas. Oui, sur la première section, sur la section d’accélération, on dit que la vulnérabilité est grande. Tout d’abord, rien ne peut y arriver, même si ces zones de position ne sont pas protégées, et bien sûr elles le sont. Rien ne peut y pénétrer, aucun système ne peut y accéder.
Deuxièmement, il faut du temps pour parcourir une telle distance, et les ogives se mettent à se séparer après quelques secondes, et c’est tout, le train est parti. Il n’y a donc aucune chance d’abattre ces missiles.
Si les experts occidentaux que vous avez mentionnés le pensent, qu’ils nous proposent et qu’ils proposent aux Occidentaux et aux Américains, qui les paient pour leurs analyses, de mener une sorte d’expérience technologique, disons un duel high-tech du 21e siècle.
Qu’ils identifient une certaine cible, disons à Kiev, qu’ils y concentrent toutes leurs forces de défense contre-aérienne et de défense antimissile, que nous frappions là avec l’Orechnik et que nous voyions ce qui se passe. Nous sommes prêts pour une telle expérience. L’autre partie est-elle prête ? Nous ne l’excluons pas en tout cas, sachant qu’ils ont de toute façon tous leurs systèmes de défense antimissile et de défense contre-aérienne en service.
Ce serait intéressant pour nous. Ce que je vous ai dit, c’est ce que me disent les ingénieurs, les scientifiques, les spécialistes militaires. On y parle aussi au niveau de la direction politique des États-Unis.
Menons donc une telle expérience, un tel duel technologique, et voyons ce qui se passe. C’est intéressant. Je pense que ce sera utile à la fois pour nous et pour les Américains.
K. Kokovechnikov : Pourquoi un tel titre ?
D. Peskov : Pourquoi un tel titre ?
V. Poutine : Honnêtement ? Je n’en sais rien.
D. Peskov : Écoutons au moins une autre question depuis la salle. Prenons cette direction. Je vois Rossiïskaya Gazeta, peut-être quelque chose sur les affaires civiles ?
A. Guéreïkhanova : Rossiïskaya Gazeta, Aïssel Guéreïkhanova.
Vladimir Vladimirovitch, vous avez récemment signé un décret sur la modification de la doctrine nucléaire. Pensez-vous que l’Occident a bien entendu le signal et l’a bien compris ?
V. Poutine : Je ne sais pas comment ils l’ont compris. Il faudrait le leur demander. Je connais le contenu de ces changements, mais il ne s’agit pas d’une nouvelle doctrine, ce sont vraiment des changement. Je citerai quelques éléments clés. Nous parlons de certains dangers militaires, de nouveaux dangers qui pourraient se transformer en menaces militaires. Cela et l’apparition de ces systèmes de défense antimissile ici, et d’autres choses, et nous les nommons.
Nous parlons ensuite d’accroître la responsabilité des États non dotés d’armes nucléaires qui pourraient prendre part à une agression contre la Fédération russienne aux côtés de pays dotés d’armes nucléaires. Et si ces pays, comme leurs alliés, menacent également notre souveraineté et l’existence de la Russie, alors nous voulons dire que nous nous considérons autorisés à utiliser nos armes nucléaires contre eux également.
Enfin, un autre élément lié à la gestion des armes nucléaires, et une quatrième chose importante, nous avons annoncé que si les mêmes menaces sont créées pour notre allié, le membre de l’État Uni, la Biélorussie, la Fédération russienne considérera que cela équivaut à créer des menaces similaires pour la Russie elle-même. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la sécurité de la Biélorussie. Nous le faisons en coordination avec les dirigeants biélorusses, en coordination avec le Président de la Biélorussie, Alexandre Grigorievitch Loukachenko. Je pense qu’il s’agit là d’un élément très important de la stratégie nucléaire actualisée de la Fédération russienne.
A. Souvorova : Dmitry Sergueïevitch, prenons encore une question depuis la salle. Je vois que vous avez déjà la main sur le micro.
D. Peskov : Oui, allons-y.
D. Choutchalina : Vladimir Vladimirovitch, parole à l’Arctique !
D. Peskov : Nous avons convenu de ne pas crier et de nous respecter mutuellement.
V. Poutine : Oui, ne crions pas et respectons-nous les uns les autres, mais donnons la parole à l’Arctique. Obéissons à nos supérieurs.
D. Choutchalina : Vladimir Vladimirovitch, bonjour ! Daria Choutchalina, République de Komi, journal Respoublika.
Tout d’abord, merci beaucoup d’avoir ramené notre compatriote Rostislav Goldchtein dans la région. Il est désormais chef de la région par intérim et, disons-le, il s’est mis directement au travail, car il connaît bien la région. Je vous remercie pour votre choix du personnel.
V. Poutine : C’est un bon dirigeant, une personne sensible, très stable et systémique. J’espère que tout se passera bien avec lui.
D. Choutchalina : Merci pour lui.
Et pour les propositions. Dans notre pays, dans les territoires arctiques, dans l’Extrême-Orient, dans l’Extrême-Nord et dans la République de Komi, il y a de nombreuses localités qui comptent jusqu’à 2 000 habitants et, malheureusement, ces localités ne peuvent pas bénéficier de l’excellent programme d’État de construction de salles de cinéma.
Nous savons que les habitants du Nord sont attachés à leur petite patrie, qu’ils ne partent pas pour des mégapoles, qu’ils servent le pays dans leurs villages et leurs hameaux. Et, il faut bien le reconnaître, il n’y a pas beaucoup de loisirs dans le Nord. D’autant plus que nous développons activement la composante patriotique de notre cinéma national et qu’il serait formidable de pouvoir adapter ce critère dans le programme par voie législative, de sorte que les localités du Nord comptant jusqu’à deux mille habitants puissent en bénéficier, afin que les gens puissent regarder des films dans des conditions confortables et modernes.
Quant à l’objet de mon affiche. Dans votre jeunesse vous avez été chez nous dans le détachement des étudiants de construction, donc plus que quiconque vous savez à quel point cette pratique soviétique était efficace. Aujourd’hui, malheureusement, le sujet n’est pas clairement défini dans la législation.
Est-il possible d’amender la loi № 44 pour que, dans le cadre des contrats de l’État et des municipalités, des projets de construction financés par le budget, au moins 10 à 15% de l’ensemble des travaux de construction puissent être attribués à des détachements d’étudiants, car pour les jeunes, il s’agit d’une nouvelle expérience de travail et de revenus, pour les entreprises, il s’agit d’une augmentation du personnel, pour les régions, il s’agit d’une accélération et de la construction d’installations sociales indispensables.
V. Poutine : Encore une fois, d’où viennent ces 10% ?
D. Choutchalina : De travaux de construction généraux, afin que les municipalités et les régions puissent y contribuer.
V. Poutine : Ah bon, les fonds destinés à l’industrie de la construction devraient être partiellement canalisés vers la construction ?
D. Choutchalina : Oui.
V. Poutine : J’en parlerai à Khousnoulline. C’est probablement possible. Nous sommes en train de relancer cette pratique, elle est en train d’être relancée. Je pense qu’elle a été relancée en fait – les détachements de construction, ces mouvements d’équipes de construction.
Un tel mécanisme de financement est probablement possible, et je pense d’ailleurs qu’il est utilisé. Mais je vais vérifier, et j’en parlerai certainement à Marate Chakirzyanovitch, d’accord ?
D. Choutchalina : Et au sujet des salles de cinéma.
V. Poutine : Oui. Des salles de sport ou des salles de cinéma ?
D. Choutchalina : Des salles de cinéma.
V. Poutine : Vous savez, c’est tout à fait inattendu pour moi.
Quant à la zone arctique. Tout d’abord, nous y avons maintenu l’hypothèque à 2%, tout comme à l’Extrême-Orient ce qui, à mon avis, est très important : les gens profitent de ce privilège. Pour les nouveaux territoires, les 2% sont également maintenus. C’est premièrement.
Deuxièmement. Dans cette zone, nous réalisons tout un programme pour certaines localités (25 villes, je crois, agglomérations) et nous l’étendrons à 200 villes dans tout le pays.
Il s’agit de petites localités. Il se peut qu’elles ne soient pas incluses dans ces plans de développement des agglomérations et certaines villes au nombre de 25. Nous verrons bien sûr ce que nous pouvons faire de plus pour les petites localités dans la zone arctique. Bien sûr, c’est très important, parce que là-bas elles sont pour la plupart de petite taille en termes de population.
Mais, apparemment, on a supposé que l’internet rapide, etc., devait être développé là-bas et que cela suffirait. Mais je suis d’accord avec vous : lorsque cela se passe dans une salle de cinéma, c’est une autre atmosphère, une autre ambiance. Je ne manquerai pas d’y jeter un coup d’œil, je l’ai noté.
D. Choutchalina : D’autant plus que nous disposons désormais d’un cinéma patriotique russien de très haute qualité.
V. Poutine : Oui, je suis d’accord. C’est un sujet à part. De nombreux producteurs nous quittent, Dieu les bénisse, et cela pousse notre propre production, y compris la production cinématographique. C’est vrai.
Dans cette perspective d’unification de la société, l’histoire est bien sûr très importante. Nos contes de fées, nos bylines, etc. sont remis au goût du jour. Moi-même, je les regarde parfois avec plaisir avec mes petits-enfants.
Vous avez raison. Je l’ai noté et nous essaierons d’y réagir.
D. Peskov : Nous avons encore une personne de la salle, continuons.
Chers amis, avec tout le respect que je vous dois, en posant deux questions à la suite, vous privez l’un de vos collègues de la possibilité de poser sa question.
V. Poutine : N’écoutez pas Peskov, posez la question.
D. Peskov : Allons donc par là. Krasnoïarsk.
D. Novikov : Bonjour ! Dmitry Novikov, chaîne TV Ienisseï, Krasnoïarsk.
Vladimir Vladimirovitch, vous avez appelé Krasnoïarsk le centre de la Russie. Aujourd’hui, la ville se prépare à célébrer son 400e anniversaire.
V. Poutine : Je suis désolé de vous interrompre, pour l’amour de Dieu, ne vous fachez pas. Mais je ne l’ai pas nommé, c’est le centre géographique de la Russie, c’est vrai.
D. Novikov : Oui, bien sûr. La ville se prépare à fêter son 400e anniversaire, que nous célébrerons en 2028. Et bien sûr, nous aimerions profiter de cette occasion pour vous inviter à Krasnoïarsk pour cet anniversaire.
Ma question est la suivante. Le siège du RusHydro a été transféré à Krasnoïarsk à votre initiative. Il semble logique de poursuivre ce travail pour un certain nombre d’autres entreprises, non seulement des entreprises d’État, mais aussi des structures commerciales. Pour la région, cela signifie des taxes supplémentaires et, bien sûr, de nouvelles possibilités de développement. Envisagez-vous cette possibilité ? Merci.
V. Poutine : Oui.
Tout d’abord, je pense que c’est une très bonne chose et que certains organismes, peut-être même fédéraux, devraient être transférés dans différents centres du pays. Cela favorise le développement.
Nous essayons de concentrer tout le pouvoir judiciaire à Saint-Pétersbourg. Dans certains pays, c’est ce qui se passe. Cela détache la branche distincte du pouvoir – le pouvoir judiciaire – du bureau Présidentiel, du gouvernement, le rendant encore plus indépendant même géographiquement et attribuant les fonctions d’une capitale à Saint-Pétersbourg.
Mais d’autres centres, comme Krasnoïarsk, doivent bien sûr améliorer le fonctionnement de la composante fiscale, de sorte que les impôts soient payés sur le lieu de production. Il s’agit tout simplement d’un coup de pouce au développement de la région.
Nous le ferons. Le processus est compliqué.
Vous avez mentionné RusHydro. Oui, en effet. Lorsque j’ai nommé, ou plutôt «béni» le futur directeur du RusHydro, Viktor Viktorovitch Maryine, je lui ai immédiatement demandé s’il était prêt à s’installer à Krasnoïarsk. Il m’a répondu : oui. J’ai dit : et votre femme ? Il a répondu : elle sera d’accord.
Mais cela prend du temps, comprenez-vous ? Il faut que le personnel soit en place. par exemple, il est très difficile de tirer les gens de Moscou. Non pas parce qu’ils sont paresseux ou qu’ils ne veulent pas partir pour la Sibérie. Les enfants, les écoles, les jardins d’enfants, les instituts – c’est un processus compliqué. Et le personnel doit être formé localement. Néanmoins, le RusHydro s’y déplace.
Nous allons certainement faire en sorte que les grandes entreprises et, je le répète, d’autres organismes publics se déplacent dans d’autres régions de Russie. Le territoire est immense, il est le plus grand du monde. Et bien sûr, nous devons répartir les grands centres de production, les entreprises et les organes de gestion dans tout le pays. Mais il y a une limite à tout, parce qu’après tout, disons que le Président, le gouvernement doivent être proches les uns des autres quelque part, et coopérer très étroitement.
Quoi qu’il en soit, nous devons suivre cette voie et nous nous efforcerons de le faire. Je vous remercie de votre invitation.
A. Souvorova : Certains hommes d’affaires ont même suggéré de déplacer la capitale à Krasnoïarsk, on en parlait.
V. Poutine : Oui, à propos de Krasnoïarsk et d’Irkoutsk. Où Pierre le Grand projetait-il d’installer [la capitale] ? Dans le Sud. Il avait le choix entre Saint-Pétersbourg et une ville du sud, Taganrog, et il voulait l’installer à Taganrog. L’idée originale était de faire de Taganrog la capitale de l’empire.
D. Peskov : Vladimir Vladimirovitch, je demande pardon, je viens de voir ici Andreï Roudenko, notre respecté correspondant militaire de Donetsk. Impossible de ne pas lui donner la parole.
V. Poutine : S’il vous plaît, Andreï.
A. Roudenko : Vladimir Vladimirovitch, je travaille depuis 2014 dans le Donbass en tant que correspondant militaire, et je dirige aujourd’hui la Compagnie de télévision et de radiodiffusion d’État, Donetsk.
J’ai une question, et elle est assez sérieuse. Un grand travail de reconstruction est en cours dans tout le Donbass, dans les oblasts Khersonien et Zaporojien. Mais la guerre ne cesse pas chez nous, nous avançons, l’ennemi détruit des localités. Aurons-nous assez de forces et de moyens pour restaurer entièrement les territoires historiques qui nous ont rejoint ?
V. Poutine : Nous en avons suffisamment, cela ne fait aucun doute. Nous avons un vaste programme de restauration et de développement de ces territoires qui s’étend jusqu’en 2030. Le travail est déjà en cours et se poursuivra dans tout un nombre de domaines : il s’agit de la restauration du réseau routier, de la restauration des logements, de la restauration du génie urbain, ainsi que des installationss sociales et culturelles.
En ce qui concerne les routes, nous prévoyons d’amener l’ensemble du réseau routier de ces régions aux normes russiennes d’ici trois ans. Vous êtes sur place, donc vous savez que ce travail est déjà en cours. Un très bon début est en cours de réalisation : nous prévoyons de construire une route périphérique autour de la mer d’Azov, qui est devenue une mer intérieure de la Fédération russienne. Il s’agira d’une route comme la Tavrida en Crimée – une route à quatre voies avec tous les avantages d’une autoroute.
Une partie a déjà été réalisée, ce n’est que le début, de Taganrog à Marioupol. Il s’agit d’un petit tronçon de 40 kilomètres, mais le plan prévoit de faire le tour complet de la mer d’Azov. Il existe une autre route entre Marioupol et Donetsk. Elle fait presque 100 kilomètres, pour être plus précis, je pense que c’est 97 kilomètres. Et en général l’ensemble du réseau routier sera restauré.
Je le répète : ceci est financé. Certaines installations sociales ont déjà été mises en service : un centre périnatal de classe mondiale à Donetsk, un centre médical à Marioupol, et un très grand hôpital clinique pour enfants est prévu dans l’oblast Zaporojien, dans le sud. Les habitants l’ont demandé et le gouverneur y insistait. Aujourd’hui, je pense que la planification est déjà en cours, nous le construirons, c’est certain.
D’une manière générale, nous avons prévu beaucoup de travail dans tous ces domaines jusqu’en 2030. Nous avons déjà restauré 21 000 installations, dont 11 000 aux frais du budget fédéral et 10 000 aux frais des régions-chefs de partout de la Fédération russienne.
Je tiens d’ailleurs à regarder directement la caméra et à remercier les dirigeants et les habitants de ces régions [régions-chefs] pour cette aide énorme. Il s’agit d’une tâche nationale. C’est ce qui a été fait, mais au cours des cinq ou six prochaines années, nous devons restaurer et construire 20 000 autres installations, et tout cela sera fait.
A. Roudenko : Vladimir Vladimirovitch, en ce qui concerne la République populaire Louganienne, je voudrais dire qu’il n’y a jamais eu de routes là-bas – je veux dire, à l’époque où l’Ukraine y régnait. Aujourd’hui, il y a des routes parfaites dans toute la République populaire Louganienne. Les gens sont immensément reconnaissants.
V. Poutine : C’est la chose la plus nécessaire que nous puissions et devions faire. Nous ferons davantage.
En ce qui concerne ces [nouvelles] régions, je voudrais lancer un appel aux habitants de ces régions et à l’ensemble de la Russie, afin que les habitants du pays tout entier sachent que ces régions ont un très bon potentiel de développement, que leur potentiel fiscal est très important. Dans cette même République populaire Louganienne, je pense que les impôts collectés ont augmenté de 97%. Dans le Donbass, je pense que les impôts ont augmenté de 69%. À Zaporojié, à Kherson la croissance est mesurée en centaines de pour cent. Il est vrai que les chiffres correspondants [absolus] sont beaucoup plus modestes, la base étant de loin moindre, mais quelle croissance ! Des centaines pour cent, 200 et plus pour cent ici et là. Donc l’assiette fiscale est bonne, la relance est assez rapide et toutes ces régions entrent dans la zone d’autosuffisance.
Oui, nous devons soutenir les gens, nous devons les aider à temps, leur prêter main-forte. C’est ce que fait le pays et il continuera à le faire jusqu’à ce que ces régions soient pleinement intégrées à la Russie – non pas sur le plan juridique, mais en termes de développement social et économique.
A. Souvorova : Une question de clarification : Vladimir Vladimirovitch, vous parlez des impôts – parlez-vous de la collecte des impôts dans ces régions ?
V. Poutine : De la perception des impôts dans ces régions.
Je le répète encore une fois : je me trompe peut-être, mais à Donetsk, la croissance serait déjà d’environ 79%, à Lougansk de plus de 90%, et à Kherson et Zaporojié, dans ces oblasts, elle serait de plus de 200%. Les chiffres absolus sont plus faibles, et la base était moindre, mais il s’agit simplement d’une tendance, et elle est stable.
A. Souvorova : D’une manière générale, nous recevons beaucoup de questions provenant des nouvelles régions, notamment sur le calcul des pensions.
Le fait est que, souvent, l’ancienneté de service obtenue précédemment en Ukraine n’est pas prise en compte aujourd’hui. Les gens n’ont tout simplement pas de documents. Écoutons maintenant un message vidéo du retraité Leonide Chipilov.
V. Poutine : S’il vous plaît.
L. Chipilov : Je m’appelle Leonide Chipilov, je suis retraité de Krasny Limane. J’ai 45 ans d’ancienneté. Actuellement, je vis à Donetsk avec ma fille, car il y a des hostilités à Krasny Limane.
En mai 2022, ma maison a été incendiée lors d’une frappe. Mon carnet de travail a été brûlé. par conséquent, je ne peux pas obtenir un recalcul équitable de ma pension. Le seul document qui peut confirmer mon ancienneté est le certificat OK-5.
En juillet de cette année, je l’ai soumis au Fonds de pension du district Kalininsky de la ville de Donetsk, mais je n’ai reçu aucune réponse jusqu’à présent. Je vous demande de m’aider à résoudre cette situation.
V. Poutine : Leonide Nikolaïevitch, ce sont des problèmes quotidiens, mais ils sont importants pour les gens, je le comprends parfaitement, il est nécessaire de confirmer l’ancienneté. Il était difficile de le faire jusqu’à récemment, mais une loi vient d’être adoptée pour que toute l’ancienneté qu’une personne a obtenue au cours des années précédentes, des décennies, soit prise en compte. Je pense qu’une loi fédérale a été adoptée à cet effet en novembre. par conséquent, pour répondre à votre question, il existe des bases réglementaires et juridiques.
Toutes les questions de ce type, même s’il n’y a pas de documents, sont à régler par des témoignages et des décisions de commissions régionales interdépartementales. Je demande instamment aux dirigeants de la république d’organiser leur travail de manière à ce que les questions de ce type soient résolues sans bureaucratie inutile.
J’ai récemment parlé à Pouchiline, le dirigeant de la République populaire Donetsienne. Il m’a raconté comment il avait reçu une délégation africaine. Nous sommes ravis de voir nos amis, nos invités, et il projette lui-même se rendre en Afrique. C’est très bien et c’est la bonne chose à faire. Nous devons entretenir des relations. Mais je voudrais lui rappeler qu’il y a aussi Leonide Nikolaïevitch, auquel il faut aussi prêter attention. Et j’espère que le travail des commissions régionales interdépartementales sera bien organisé. Je le répète encore une fois, d’autant plus qu’une base juridique est apparue pour cela : la loi fédérale correspondante a été adoptée.
A. Souvorova : En effet, il y a beaucoup d’appels concernant la perte de documents. Et il ne s’agit pas seulement des pensions, mais aussi de l’éducation et des droits de propriété. J’aimerais citer davantage quelques messages.
V. Poutine : Je l’ai déjà dit : ces questions sont à régler par des décisions de commissions interdépartementales et par ce que l’on appelle des témoignages. Il ne s’agit pas d’une sorte de procès [judiciaire], mais de l’obtention d’informations fiables de la part de voisins, de collègues, etc.
A. Souvorova : Un autre grand sujet dans cette région est le logement.
De très nombreux appels ont été lancés depuis Marioupol par des personnes qui s’attendaient à recevoir un logement en guise de compensation, mais qui n’ont pas encore pu le faire. J’en citerai quelques-uns.
Voici un SMS avec le texte suivant : «Nous avons besoin d’aide à Mariupol pour construire des logements de compensation. Combien de logements loués devons-nous encore changer ?» Ou encore c’est Alexeï Tsygankov qui écrit : «Les immeubles ont été construits au printemps passé, mais les logements ne sont toujours pas distribués».
Il y en a en fait beaucoup, ce n’est que ce que nous avons sélectionné.
V. Poutine : Nous accordons beaucoup d’attention à Marioupol, et à juste titre, car c’est une grande ville. Avant le début des hostilités, elle comptait officiellement environ 430 000 habitants. Les dirigeants locaux affirment que ce n’est pas vrai, qu’il y en avait même plus, autour de 470 000. Il s’y trouve peut-être plus de trois mille immeubles à appartements. J’étais sur place, je sais tout cela, et des collègues du gouvernement m’en font régulièrement état. Environ 1700 immeubles ont été restaurés, mais tous n’ont pas encore été mis en service, et les documents pour plus de 500 immeubles sont encore en cours d’établissement, mais ils sont déjà en place.
Que se passe-t-il là-bas ? Là-bas, les maisons sont en cours de restauration et de construction à nouveau. Là où les maisons ne peuvent pas être restaurées, les autorités locales, ayant décidé de démolir les maisons et de donner ces terrains à des promoteurs, construisent des logements commerciaux, que l’on peut obtenir avec un prêt hypothécaire à deux pour cent.
En effet, des prêts hypothécaires à deux pour cent sont toujours disponibles dans les nouveaux territoires. À ce propos, on assiste dans une certaine mesure à un véritable boom de la construction là-bas. Nous estimons qu’au moins 300 000 personnes sont déjà retournées à Marioupol et que la population continue de croître rapidement.
Nous nous occupons là-bas également des routes, des écoles, des installations sociales et culturelles, de la médecine – un grand centre médical est apparu récemment – et des établissements d’enseignement. Et nous continuerons à le faire. Mais en ce qui concerne le logement, je le répète, il y a des maisons qui ont été cédées à des promoteurs. Mais les gens, les citoyens, ont le droit d’obtenir un logement au moins à proximité de l’endroit où ils vivaient auparavant. Si la maison est restaurée, ou si une maison construite par des soi-disant promoteurs apparaît à cet endroit, tout devrait être fait pour que cette personne puisse obtenir un logement non pas à la périphérie, à l’extérieur de la ville, mais près de l’endroit où elle vivait. Il y a cinq mille appartements sans propriétaire dans la ville. Les autorités locales devraient cesser de les garder et feraient mieux de les distribuer aux gens. Bien sûr, tout doit être légal – il y a toujours ceux qui continuent de revenir, il faut bien réfléchir à tout ça. Mais ces questions doivent être résolues.
Une chose est sûre : tous ceux qui ont droit à une indemnisation la recevront. Si ce n’est pas le cas, il faut s’adresser aux autorités locales et fédérales compétentes. Je crois que ces centres de prise de décision sont là, ils ont été mis en place, ils sont disponibles. Si ma mémoire est bonne, ils sont situés rue Marate. Marate Chakirzyanovitch m’en a parlé.
A. Souvorova : Facile à retenir.
V. Poutine : Facile à retenir. Si je ne me suis pas trompé d’endroit, je pense que c’est là.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, en parlant des régions du Sud, je voudrais également mentionner la situation environnementale qui est apparue après l’accident de deux pétroliers pendant la tempête dans le détroit de Kertch.
Des produits pétroliers ont été jetés sur la plage près d’Anapa. Et maintenant, comme nous le savons, cette pollution se propage vers Guelendjik.
La situation s’aggrave. Aujourd’hui, le personnel du ministère des situations d’urgence, des bénévoles et des habitants se sont mobilisés pour nettoyer la côte. Ils tournent des vidéos, les postent sur les réseaux sociaux et les envoient à notre programme. Je vous propose d’y jeter un coup d’œil maintenant.
V. Poutine : Je vous en prie.
(Un clip vidéo est projeté.)
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, quelles images horribles depuis les plages de villégiature. Je sais que vous avez déjà donné des instructions pour éliminer les conséquences de la situation d’urgence le plus rapidement possible. Mais existe-t-il un moyen d’accélérer ce travail et de minimiser cette pollution ?
V. Poutine : Tout d’abord, bien sûr, il s’agit d’une catastrophe environnementale, c’est évident. Les forces de l’ordre sont en train d’évaluer les actions des capitaines des navires. Ils m’ont rapporté que, selon eux, les capitaines des navires ont violé les règles en vigueur et ne se sont pas mis à l’abri à temps. Certains navires se sont mis à l’abri, tout va bien pour eux, mais ces navires-là ne se sont pas mis à l’abri et ont jeté l’ancre au mauvais endroit. Laissons les services compétents du ministère des transports et les services de l’ordre s’occuper de cette question. C’est premièrement.
En ce moment précis, je ne sais pas ce qui s’y passe, mais hier la tempête était encore de 4-5 points, et il est assez difficile de travailler. D’ici samedi, à mon avis, la mer devrait se calmer et nous pourrons travailler.
Deuxièmement. Pourquoi je dis qu’il s’agit d’une grande catastrophe, parce que près de 40% du carburant s’est échappé, c’est évident, c’est déjà clair. Certains sont submergés, d’autres ont coulé, d’autres encore sont à moitié immergés au large de la côte. Nous devons travailler avec ça.
Différents services travaillent, des services de différents départements, y compris le ministère des ressources naturelles, le ministère des transports et le ministère des situations d’urgence. Ce travail doit être coordonné, j’ai demandé au Premier ministre d’organiser un groupe de travail, qui est dirigé par Vitaly Guennadyevitch Saveliev, vice-Premier ministre chargé des transports. Et tous les services travaillent. Ils me rendent compte régulièrement de ce qui se passe.
Nous devons étudier, nous devrons étudier l’état des pétroliers. Et nous devons, bien sûr, réfléchir à ce qu’il faut faire dans un avenir proche. Ce problème doit être décomposé dans le temps en au moins des phases.
La première phase. Il faut tout faire maintenant pour encercler cette zone avec des barrages flottants, pour éviter que cette tache ne s’étende. C’est premièrement.
Deuxièmement. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nettoyer le carburant qui arrive sur le rivage. Comme le gouverneur Kondratiev Veniamine Ivanovitch me l’a rapporté hier ou avant-hier, il m’a dit d’avoir concentré un groupe d’environ 4000 personnes à cet endroit. En principe, il n’y a pas d’autres mesures, m’a-t-il dit, en tout cas pour le moment. Mais si cela s’avère nécessaire, nous serons bien sûr prêts à y déployer un groupement supplémentaire du ministère des situations d’urgence.
Mais c’est tout de même ce qu’il faut faire maintenant. C’est un carburant c’est du boiler-fuel, il a certaines propriétés à différentes températures. C’est un matériau solide, il est jeté sur le rivage sous une telle forme, il faut l’enlever, mais une partie de ce fioul s’est déjà reposé sur le fond, et en mois de mai, à d’autres températures, il peut remonter et être rejeté, il faut donc nous préparer au moment où la température de l’eau augmentera. Dès maintenant il faut réfléchir à ce que nous allons faire face à cette levée. D’une manière ou d’une autre, il nous faut tirer les pétroliers immergés vers le rivage. Il faut les renforcer maintenant pour qu’il n’y ait pas de fuites, et en tout cas il faut faire passer des élingues et ensuite élaborer le projet de levée, ce qui est un gros travail à part, et tirer tous les pétroliers avec du carburant sur le rivage.
C’est un gros travail. Le gouvernement s’en charge. Je compte beaucoup sur ce que le temps ne soit manqué.
D. Peskov : Donnons quelques questions à la salle. Vladimir Vladimirovitch, si vous n’y trouvez pas d’inconvénient, je vois nos collègues journalistes américains.
V. Poutine : Je vous en prie.
D. Peskov : Je vois NBC, s’il vous plaît.
K. Simmons (comme traduit) : Monsieur le Président, Keir Simmons, NBC News. J’ai deux questions, si vous me le permettez.
La première concerne le Président élu Trump.
Monsieur le Président, vous n’avez pas atteint les objectifs de l’opération militaire spéciale. Un grand nombre de Russiens sont morts, y compris un général qui a subi un attentat ici à Moscou cette semaine. Le chef de la Syrie a été écarté du pouvoir.
Monsieur le Président, lorsque vous rencontrerez le Président D. Trump, vous serez un dirigeant plus faible. Comment allez-vous procéder ? Que pourrez-vous offrir comme compromis ?
Et la deuxième question, Monsieur le Président. La mère d’un journaliste américain disparu en Syrie, Austin Tice, vous a envoyé une lettre en vous demandant de l’aider à retrouver son fils parce qu’elle dit que vous avez des liens avec le gouvernement syrien et l’ex-Président Assad. Êtes-vous prêt à demander au Président Assad de fournir des informations sur ce qui s’est passé en Syrie afin que ce fils disparu, ce journaliste américain, puisse être retrouvé ?
V. Poutine : Veuillez répéter votre question sur le journaliste. Où le journaliste a-t-il disparu ? Quand et que lui est-il arrivé là-bas ?
K. Simmons (comme traduit) : J’ai une lettre qui vous a été envoyée cette semaine, de la part de la mère d’un journaliste américain qui a disparu en Syrie il y a 12 ans déjà. Il s’appelle Austin Tice. Dans cette lettre, elle vous demande de l’aider à le retrouver parce qu’elle dit que vous avez des liens étroits avec l’ex-Président syrien Assad. Pourriez-vous demander au Président Assad des informations sur Austin Tice ?
Elle a dit qu’elle était prête à venir à Moscou si nécessaire, si cela pouvait aider à obtenir des informations sur son fils.
V. Poutine : Je comprends. Asseyez-vous, s’il vous plaît.
Pour être honnête avec vous, je n’ai pas encore vu le Président Assad depuis qu’il est venu à Moscou. Mais j’ai l’intention de le faire et je lui parlerai certainement.
Vous et moi sommes des adultes, donc nous comprenons : il y a 12 ans, un homme a disparu en Syrie. Il y a 12 ans. Nous comprenons la situation qui y régnait il y a 12 ans. Des combats actifs des deux côtés avaient lieu. Le Président Assad lui-même sait-il ce qui est arrivé à ce citoyen américain, à ce journaliste qui, si j’ai bien compris, faisait son devoir de journaliste dans une zone de combat ? Quoi qu’il en soit, je promets que je ne manquerai pas de poser cette question, tout comme nous pouvons la poser à ceux qui contrôlent la situation sur le terrain en Syrie aujourd’hui.
Vous avez dit : que pouvons-nous offrir ou que puis-je offrir au Président élu Trump lorsque je le rencontrerai ?
Tout d’abord, je ne sais pas quand je le rencontrerai parce qu’il ne dit rien à ce sujet. Je ne lui ai pas du tout parlé depuis plus de quatre ans. Je suis prêt à le faire, bien sûr, à tout moment, et je serai prêt à le rencontrer s’il le souhaite. Vous avez dit que cette conversation aurait lieu dans une situation où je serais dans une sorte d’état de faiblesse.
Honorable collègue. Pourquoi dis-je «honorable» ? Parce qu’en dépit de toutes les persécutions dont notre presse fait l’objet, nous vous autorisons à travailler en Russie, et vous le faites librement. C’est déjà bien.
Vous et les personnes qui vous paient le salaire aux États-Unis voudriez bien que la Russie soit en position de faiblesse.
Moi j’ai un point de vue différent. Je pense que la Russie est devenue beaucoup plus forte au cours des deux ou trois dernières années. Pourquoi ? Parce que nous devenons un pays véritablement souverain, nous ne dépendons plus de personne ou presque. Nous sommes capables de voler de nos propres ailes en termes d’économie. J’ai déjà parlé du rythme du développement économique.
Nous renforçons notre capacité de défense, et l’aptitude opérationnelle de nos Forces armées est aujourd’hui, j’en suis convaincu, la plus élevée au monde. Oui, la plus élevée au monde.
Il en va de même pour notre industrie de défense. Nous augmentons la production de tout ce dont nous avons besoin pour notre armée et notre marine, à la fois pour le moment présent et pour l’avenir. Nous le faisons de pied ferme et à un rythme rapide, ce qui n’est pas le cas de nos adversaires.
Nous avons déjà parlé des succès de nos Forces armées. Cela s’explique notamment par la croissance de la production des industries de défense de la Fédération russienne. Nous le faisons, je le répète, de pied ferme et de manière assez rationnelle.
Il a été dit que nos troupes avançaient sur la ligne de contact. Et alors ? Grâce à quoi ? Y compris par la mise à disposition des équipements que je viens d’évoquer. Oui, pratiquement tous les pays de l’OTAN font la guerre contre nous.
Nous avons parlé de notre inflation. Mais que se passe-t-il de l’autre côté ? Un obus de 155 millimètres – il coûtait 2000 euros il y a 2 ans, il coûte aujourd’hui 8000 euros, – c’est le quadruplement du prix. Si tout continue à évoluer au même rythme, les pays de l’OTAN n’auront assez pas seulement de ces 2% pour les dépenses de défense, ce que le Président américain nouvellement élu, M. Trump, a toujours demandé avec insistance. Même 3% ne leur suffiront non plus. Le niveau d’entraînement, l’aptitude au combat, l’état interne des troupes russiennes sont tels qu’aucune autre armée au monde n’en dispose peut-être aujourd’hui.
C’est pourquoi je pense que la Russie est, dans une large mesure, dans la situation que nous avons ambitionnée. Elle s’est renforcée, elle est devenue un pays véritablement souverain, et nous prendrons des décisions sans tenir compte de l’opinion d’autrui, nous ne serons guidés que par nos intérêts nationaux.
Vous avez parlé de la Syrie. Vous et ceux qui, je le répète, vous paient votre salaire, aimeriez présenter tout ce qui se passe en Syrie comme une sorte d’échec, une défaite pour la Russie. Je vous assure que ce n’est pas le cas. Et je vais vous dire pourquoi. Nous sommes venus en Syrie il y a dix ans pour empêcher la création d’une enclave terroriste comme celle que nous avons vue dans d’autres pays, par exemple en Afghanistan. Dans l’ensemble, nous avons atteint notre objectif.
Et même les groupes qui ont autrefois combattu le régime d’Assad, les forces gouvernementales, ont également subi des changements internes. Ce n’est pas sans raison qu’aujourd’hui plusieurs pays européens et les États-Unis souhaitent établir des relations avec eux. S’il s’agit d’organisations terroristes, pourquoi vous y fourrez-vous ? Ils ont donc changé, n’est-ce pas ? Et cela signifie que, dans une certaine mesure, l’objectif a été atteint.
Ensuite, nous n’avons pas envoyé de troupes terrestres en Syrie. Il n’y en avait tout simplement pas. Nous y avons deux bases : une base aérienne et une autre navale. La composante terrestre était constituée des forces armées de la Syrie elle-même et de soi-disant formations de combat pro-iraniennes, comme nous le savons tous, il n’y a pas de secret ici. Nous avons même retiré nos forces d’opérations spéciales de cette région à un moment donné. Nous ne nous y battions tout simplement pas.
Qu’est-ce qui se passait là-bas ? Lorsque les groupes d’opposition armée se sont approchés d’Alep, la ville était défendue par environ 30 000 personnes. 350 militants sont entrés dans la ville. Les troupes gouvernementales, et avec elles les unités dites pro-iraniennes, se sont retirées sans combattre, ont fait sauter leurs positions et sont parties. Et la même chose, à quelques exceptions d’insignifiantes collisions près, se produisait sur l’ensemble du territoire syrien. Si auparavant, disons, nos amis iraniens nous demandaient de les aider à déplacer leurs unités en Syrie, maintenant ils nous ont demandé de les en retirer. Nous avons emmené 4 000 combattants iraniens à Téhéran depuis la base de Hmeimim. Certains détachements dits pro-iraniens sont partis sans combattre au Liban, d’autres en Irak.
La situation actuelle en République arabe syrienne n’est certes pas simple. Nous espérons vivement que la paix et le calme y règneront. Nous entretenons des relations avec tous les groupes qui contrôlent la situation là-bas et avec tous les pays de la région. Leur majorité écrasante nous dit d’avoir intérêt au maintien de nos bases militaires en Syrie.
Je ne sais pas, nous devons y réfléchir, car nous devons décider pour nous-mêmes du caractère de nos relations avec les forces politiques qui contrôlent actuellement la situation dans ce pays et la contrôleront à l’avenir – nos intérêts doivent coïncider. Si nous restons là-bas, alors nous devons faire quelque chose dans l’intérêt du pays où nous nous trouvons.
Quels seront leurs intérêts ? Que pourrons-nous faire pour eux ? C’est une question qui attend une recherche minutieuse de part et d’autre. Nous pouvons déjà faire quelque chose, y compris en utilisant ces bases – nous l’avons déjà proposé à nos partenaires, y compris en Syrie, et aux pays voisins. Nous avons proposé d’utiliser, par exemple, la base aérienne de Khmeimim pour acheminer de l’aide humanitaire en Syrie. Cela a été accepté avec compréhension et volonté d’organiser ce travail ensemble. Il en va de même pour la base navale de Tartous.
Alors, à ceux qui voudraient imaginer la Russie affaiblie, puisque vous êtes Américain, je voudrais rappeler un homme et un écrivain connu de tous, qui a dit un jour : «Les rumeurs de ma mort sont très exagérées».
Si je rencontre un jour le Président nouvellement élu, M. D. Trump, nous aurons beaucoup de choses à nous dire, j’en suis sûr.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, je voudrais vous rappeler une autre question que mon collègue a posée – sur l’assassinat du général Kirillov.
V. Poutine : Oui, sur l’assassinat du général Kirillov.
Vous avez dit «attentat». Je vous en remercie, car vous avez implicitement reconnu qu’il s’agissait d’un acte de terrorisme. Pourquoi ? Parce que cet assassinat a été commis d’une manière qui met en danger la vie de plusieurs.
Le régime de Kiev a commis à plusieurs reprises de tels crimes, des crimes terroristes, des actes terroristes contre de nombreux citoyens de la Fédération russienne, et à Koursk maintenant, lorsqu’ils y fusillent des civils – je veux dire, dans l’oblast Kourien – et dans d’autres territoires de Russie, ils ont assassiné des journalistes, vos collègues, ils ont commis des actes terroristes contre des journalistes.
Nous n’avons jamais entendu – je ne parle pas maintenant de vous en personne – le corps journalistique occidental condamner de telles actes terroristes. Mais je vous remercie au moins de vous en souvenir.
D. Peskov : Travaillons un peu plus avec la salle.
A. Souvorova : Allons-y.
D. Peskov : Il y a aussi beaucoup d’intérêt.
Je vois «Tatars. BRICS». Je crois que nous étions à Kazan il y a peu.
V. Poutine : Au fait, je m’excuse, je voudrais m’adresser encore à votre collègue américain. M’entendez-vous ? Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poser.
D. Peskov : Revenons maintenant à Kazan.
V. Poutine : Faisons-le.
Vous allez y réfléchir, n’est-ce pas ? Formulez-les, et nous parlerons aux Tatars entre-temps. Ensuite, nous parlerons aux Américains.
D. Peskov : S’il vous plaît.
K. Simmons (comme traduit) : Ma question est la suivante : êtes-vous prêt à réaliser des compromis concernant Kiev ? Vous avez dit que l’Ukraine devait en arriver à des compromis. Et vous, êtes-vous prêt à réaliser des compromis ? Qu’êtes-vous prêt à offrir comme concessions ? Des négociations sont-elles possibles sous la direction de Trump ?
V. Poutine : Je m’excuse d’avoir manqué cette partie très importante de votre question.
La politique est justement l’art du compromis. Et nous avons toujours dit que nous étions prêts à négocier et à réaliser des compromis. C’est justement la partie adverse, au sens propre et figuré du terme, a refusé de négocier. Et nous sommes toujours prêts à le faire. Le résultat de ces négociations sont toujours des compromis.
Après tout, nous sommes parvenus à un accord à Istanbul à la fin de l’année 2022. Je le répète pour la centième fois : la partie ukrainienne a paraphé ce document, ce qui signifiait qu’elle l’approuvait dans l’ensemble. Ensuite, pour quelle raison en a-t-elle refusé ? La raison est pourtant claire. Parce que votre allié, M. Johnson, un homme avec une bonne coupe de cheveux, est venu et a dit qu’ils devraient se battre jusqu’au dernier Ukrainien. Ils se battent donc. Très bientôt, des Ukrainiens qui voudraient se battre, seront épuisés. Je pense qu’il n’y aura bientôt plus d’Ukrainiens qui voudraient se battre.
Nous, nous sommes prêts, mais il faut que l’autre pays soit prêt à négocier et à réaliser des compromis.
D. Peskov : Merci.
Kazan est la suivante, s’il vous plaît.
V. Poutine : Après avoir parlé aux Américains, parlons maintenant aux Tatars.
A. Khaliloullov : Bonjour, Vladimir Vladimirovitch !
Merci beaucoup de me donner l’occasion de poser une question. Artour Khaliloullov, Tatar-Inform.
Les BRICS ont atteint un niveau fondamentalement différent après le sommet de Kazan, c’est évident. En fait, je ne me souviens même pas du moment où des dizaines de dirigeants, avec à leur tête Xi Jinping, Narendra Modi et d’autres, aient été réunies à Moscou.
Dans quelle mesure vos attentes en termes d’opposition à l’ordre mondial occidental ont-elles été satisfaites ? C’est la première question.
Et une autre petite question pour clarifier. L’année dernière, vous m’avez dit personnellement, en réponse à ma question, que le Tatarstan était un modèle de coexistence pacifique entre différentes cultures, nations et confessions. On peut en partie dire la même chose des BRICS, parce que les BRICS regroupent des pays très différents. D’où une petite question : envisagez-vous la possibilité de créer un siège des BRICS à Kazan ? Peut-être de sa partie russienne ou bien de l’ensemble de l’organisation. Merci beaucoup.
V. Poutine : Artour, vous avez dit qu’un si grand nombre de dirigeants de différents pays ne s’étaient jamais réunis à Moscou. Vous avez raison, ce n’est pas le cas, mais ils se sont réunis à Kazan. Merci donc à Kazan de nous donner cette opportunité. C’est premièrement.
Deuxièmement, en général nous ne créons pas de siège. Il existe des instruments distincts que l’on crée et qui travaillent dans l’intérêt de l’ensemble de l’organisation. Mais nous utiliserons certainement toutes les opportunités de la capitale du Tatarstan qui y ont été créées au cours des dernières décennies.
Kazan a fait un bond étonnant dans son développement. Sans aucune exagération, je pense que c’est l’une des meilleures villes d’Europe. Vous savez, je suis heureux de le dire. Nous sommes fiers de Moscou, qui est l’une des plus grandes et des meilleures mégapoles du monde, mais Kazan à son tour se développe rapidement et activement.
Je me souviens de m’être rendu à Kazan avec Mintimère Charipovitch pour voir la ville. Je l’ai déjà mentionné, nous sommes allés avec lui dans un gourbi à la périphérie de Kazan, un vrai gourbi, les gens y vivaient, dans ce gourbi. Une fosse creusée dans le sol, avec un toit au-dessus. Mais je dois rendre hommage aux Tatars et à leur culture : tout était propre, tout était rangé, de délicieux tchak-tchak sur la table, etc.
Mais aujourd’hui, il n’y a plus rien de pareil, Kazan se développe. C’est une ville merveilleuse, et le métro y est apparu. À l’époque, Mintimère Charipovitch et moi-même avions parlé de la nécessité de ce métro, et nous l’avons fait, et le nouveau dirigeant, Roustame Nourgaliïévitch, a pris le relais et travaille très efficacement.
Et en général, des gens talentueux habitent Kazan, Tatarstan, et des gens de différentes nationalités y vivent en paix et en harmonie, se respectant les uns les autres, respectant les traditions des autres, se rendant visite, je sais, à l’occasion des fêtes religieuses. C’est très bien, très bien ce que vous faites. On ne peut que vous féliciter.
Il y a un autre point sur lequel je voudrais attirer l’attention.
Vous avez dit que les BRICS se développent comme un outil d’opposition à l’Occident. Ce n’est pas vrai, vous vous trompez. Les BRICS ne sont pas un outil d’opposition à l’Occident. Nous ne travaillons contre personne, nous travaillons pour nos propres intérêts, pour les intérêts des pays membres de cette organisation. Nous n’élaborons aucun programme de confrontation au sein des BRICS.
L’organisation se développe rapidement, elle s’est élargie et, comme vous le savez, nous en avons beaucoup parlé, je ne vais pas me répéter pour ne pas perdre de temps, plusieurs États témoignent leur intérêt au développement des BRICS.
Pourquoi ? Parce que ce travail est construit uniquement sur la base de la réciprocité, du respect des uns envers des autres, du respect des intérêts de chacun. Toutes les questions sont adoptées par consensus, ce qui est très important. Il n’y a pas là-bas de petits ou de grands États, d’États plus ou moins développés. Il y a une association d’intérêts. Il n’y a qu’un seul intérêt : le développement. On recherche des outils disponibles et utilisables, et on en crée de nouveaux pour assurer le taux de croissance de l’économie et modifier sa structure afin qu’elle réponde au développement futur de l’humanité, afin que les pays BRICS et l’ensemble de l’association deviennent le leader de cet avancement. C’est ainsi que nous travaillerons. Merci beaucoup à vous.
D. Peskov : Voilà, une autre petite question depuis la salle.
Je vois un média non traditionnel, nouveau mais populaire. Readovka, s’il vous plaît.
V. Poutine : Vous dites ?
M. Dolgov : Bonjour, Vladimir Vladimirovitch ! Maxime Dolgov, Readovka.
Voici ma question. Pour de nombreux pays du monde, le problème du vieillissement et du déclin de la population est très actuel, et il n’a pas échappé à la Russie non plus. Il est intéressant que de nombreuses mesures ont été prises pour augmenter le taux de natalité et que vous avez récemment signé une loi sur la création du Conseil de la politique démographique et familiale. Voyez-vous, si ces lois ne suffisent pas, que ferons-nous ? Merci.
V. Poutine : Nous allons les améliorer. Veuillez-vous asseoir.
Mais la question est extrêmement importante. D’une manière générale, c’est l’une des questions clés pour la Russie, mais pas seulement pour la Russie, comme vous l’avez dit à juste titre, c’est une question démographique qui est très importante non seulement pour nous, mais aussi pour de nombreux pays du monde.
Dans l’Union soviétique, le taux de natalité était d’environ 2%. [Ici et plus loin dans ce paragraphe Vladimir Poutine ajoute, évidemment par mégarde, les mots «pour cent» en parlant du taux de natalité mesuré en chiffre absolu. – NdT]. Qu’est-ce que c’est que le taux de natalité ? C’est le nombre d’enfants par femme. À un moment donné, l’Union soviétique a connu une croissance de 2%. Chez nous, à une certaine période, il y a quelques années, nous avons atteint environ 1,7%. Malheureusement, ce chiffre est tombé à 1,41%. Est-ce beaucoup ou peu ? Bien sûr, très peu. Mais nous sommes dans la même situation que d’autres pays qui se trouvent à peu près dans la même région. C’est le cas, par exemple, de la Finlande, où le taux est encore plus bas, je pense ; en Norvège, c’est la même chose ; en Espagne, c’est moins ; dans beaucoup d’autres pays, c’est moins. Dans certains pays développés, comme le Japon, c’est encore moins ; en Corée du Sud, c’est 0,7 pour cent. C’est terrible. Le nôtre est encore un peu meilleur, mais pour assurer une reproduction simple, nous devons porter le taux de natalité à au moins 2,1, et pour assurer une reproduction élargie, afin que la population augmente, nous avons besoin d’au moins 2,3%.
J’ai déjà parlé à plusieurs reprises de ce que nous avons connu au cours des décennies précédentes. Il y a eu une forte baisse du taux de natalité pendant la Grande Guerre patriotique, en 1943-1944, puis, après la dissolution de l’Union soviétique, la même chose, le même résultat qu’après la guerre – une forte baisse du taux de natalité.
Que se passe-t-il ensuite ? Je vais tout de même consacrer deux minutes à cette question. Lorsqu’une génération peu nombreuse atteint l’âge de procréation, elle reproduit un nombre d’enfants aussi bas. Ces deux tendances à la baisse des taux de natalité dans notre pays ont ensuite convergé – à la fois pendant la Grande Guerre patriotique et après la dissolution de l’Union soviétique, et cela continue en onde sinusoïdale. Le nombre de femmes en âge de procréer a chuté de 30% – il nous faut des filles, des jeunes filles.
Que faisons-nous pour corriger la situation ? Tout un programme a été créé. Nous le faisons en permanence et ces outils sont améliorés. Je le répète : cela fonctionne différemment selon les années.
Tout d’abord, l’allocation unifiée pour les familles avec enfants fonctionne efficacement. Nous versons cette allocation à partir de la grossesse d’une femme jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 18 ans, c’est-à-dire 17 ans inclus. Plus de 10 millions d’enfants et environ 320 000 femmes enceintes bénéficient déjà de cette allocation. C’est premièrement.
Notre deuxième invention unique, qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, est le capital maternité, que nous augmentons en permanence.
Ensuite, nous maintenons l’hypothèque familiale à six pour cent. Nous parlerons probablement de toutes sortes de cas d’hypothèques, nous parlerons de construction, mais l’hypothèque familiale est préservée.
Nous versons 450 000 [roubles] aux familles ayant un troisième enfant pour rembourser cette même hypothèque.
Nous développons tout un système lié à la médecine, à l’enfance, à la maternité, et nous continuerons à faire tout cela, nous continuerons à ajuster cet instrument. Ce sont des choses très importantes.
Je profiterai de notre réunion et de notre conversation d’aujourd’hui pour m’adresser à tous les chefs de sujets de la Fédération russienne : c’est par cela que votre journée de travail doit commencer et par cela se terminer, car il s’agit d’un défi pour de nombreux pays du monde, y compris la Russie. La population, c’est ce qui constitue un pays. Le territoire lui-même, c’est bien, mais il doit être peuplé de citoyens de ce pays.
Nous faisons probablement pas trop peu, mais manifestement pas assez. Nous pourrons dire que oui, nous faisons quelque chose d’utile, lorsque nous aurons changé cette tendance qui s’est formée et lorsque nous aurons atteint les indicateurs que j’ai déjà mentionnés.
A. Souvorova : A propos, il existe de nombreux appels sur ce sujet-ci, y compris de la part de familles avec de nombreux enfants. Nous en avons toute une sélection.
Le problème est le suivant. Vous avez déjà mentionné l’allocation unifiée, mais lorsque le revenu moyen par personne dans une famille dépasse le minimum vital régional, cette allocation unifiée n’est pas versée pour l’enfant, et c’est souvent une confusion d’inexactitudes, et il peut littéralement y avoir quelques kopecks ou roubles, et les gens ne reçoivent pas de paiement.
Nous avons maintenant au téléphone une maman de famille nombreuse, qui a cinq enfants, Anna Alikovna Chenkao, de Sourgoute.
Anna Alikovna, bonjour, posez votre question au Président.
A. Chenkao : Bonjour, Vladimir Vladimirovitch !
Je m’appelle Anna Alikovna Chenkao, je suis née et je vis à Sourgoute, dans le district autonome de Khanty-Mansi, je suis mère de cinq enfants. Je suis mère de cinq enfants. L’un d’entre eux a le statut d’un handicapé.
J’aimerais savoir ce qui suit : depuis juillet 2023, je dépose mensuellement une demande d’allocation, et je reçois le refus. Le motif du refus est le dépassement du minimum vital. Il m’est même arrivé d’avoir dépassé le minimum vital de 78 roubles, ce qui m’a valu un refus.
J’aimerais connaître les points suivants. La pension d’invalidité pour enfant, est-ce un revenu ? Pourquoi les revenus de l’année précédente sont-ils pris en compte ? Et voici un tel moment : mon conjoint reçoit un salaire officiel, et lorsque le revenu total est pris en compte, on compte aussi l’impôt, qui lui est ensuite retiré. Mais nous ne recevons pas réellement cet argent. J’aimerais connaître ces points.
Et, si vous le permettez, une dernière question – sur les vacances.
Dans une telle situation, comment pouvons-nous, nous les familles nombreuses, et pas seulement les familles nombreuses, partir en vacances ? On veut toujours partir en vacances, mais litéralement avant-hier, hier, nous regardions les billets, nous les analysions : 140-150 mille en moyenne pour un aller simple en avion.
J’aimerais entendre une réponse à cette question. Merci.
V. Poutine : Anna Alikova, vous avez donc cinq enfants ?
A. Chenkao : Oui.
V. Poutine : Et je vous en félicite. Vous êtes déjà une personne heureuse.
A. Chenkao : Merci.
V. Poutine : C’est tout à fait exact. J’aimerais que beaucoup de nos téléspectateurs et auditeurs se joignent à cette évaluation et prennent l’exemple de vous et de votre famille, c’est premièrement.
Deuxièmement, lorsque les revenus sont calculés, tous les revenus sont pris en compte et, en règle générale, tout est calculé pour l’année précédente. J’ai donné l’exemple du calcul de la croissance de l’économie, mais elle n’est comptabilisée que l’année suivante. On prend donc l’année précédente.
Ici, bien sûr, on peut y réfléchir. Je demanderai à Tatyana Golikova et au ministère du travail et de la sécurité sociale d’y réfléchir. Mais ce n’est pas le plus important – le plus important, c’est que le problème que vous avez évoqué peut se poser pour d’autres raisons, à savoir un petit excédent de revenus par rapport au paramètre à partir duquel de l’argent est encore versé dans le cadre de l’allocation unifiée. Il s’agit là d’une approche purement formelle.
Nous avons beaucoup réfléchi à la manière d’éviter la situation à laquelle votre famille et vous-même êtes confrontés. En principe, la décision est prise. Elle est la suivante : nous devons, tenant compte de telles situations, recalculer l’impôt sur le revenu des personnes physiques, l’IRPP, et ensuite rembourser au moins sept pour cent de l’impôt payé par votre famille.
On verra comment cela fonctionnera. J’espère que cela compensera vos pertes en termes de non réception de l’argent connu dans le cadre de l’allocation que vous avez mentionnée. Nous verrons ce qu’il en sera.
Le gouvernement partait précisément du principe que cette mesure vous permettrait de récupérer l’argent que vous ne receviez pas assez dans le cadre de l’allocation perçue. Cette décision a été prise il n’y a pas si longtemps. Je le répète : j’espère que ce problème sera résolu. C’est premièrement.
Deuxièmement, en ce qui concerne les vacances et le voyage. Vous avez raison, ce problème existe. J’en ai déjà parlé aux responsables concernés.
Par ailleurs, notre industrie du transport aérien travaille de manière très régulière et avec succès. L’année dernière, ils ont transporté, je crois, 105 millions de passagers, et cette année, ils en transporteront 111 millions. Que se passe-t-il là-bas ?
Il y a une décision, le code stipule que les familles nombreuses, les familles avec enfants, doivent bénéficier d’une réduction de 50%, je crois, sur le tarif. Il s’agit d’une réduction par rapport au tarif standard.
Que font les compagnies aériennes ? Elles introduisent leurs propres privilèges – petits, insignifiants, mais déjà ce ne sont plus des tarifs standard. Ensuite, elles disent : nous avons déjà un tarif préférentiel, un tarif non standard, nous n’accorderons donc pas une réduction de 50%.
Il faut mettre fin à cette pratique. Je suis entièrement d’accord avec vous et je demande au gouvernement et aux compagnies aériennes de régler ce problème au plus tard le 14 janvier de l’année prochaine. Nous résoudrons ce problème.
Pour ce qui est des revenus excédentaires, ce remboursement de sept pour cent de l’IRPP, nous verrons également comment cela fonctionne.
A. Chenkao : Merci.
V. Poutine : Merci beaucoup à vous.
D. Peskov : Vladimir Vladimirovitch, j’ai vu que l’on voulait ajouter aux questions sur la démographie.
V. Poutine : Je vous en prie.
D. Peskov : «La Tchétchénie, important», est-il écrit. Et aussi sur la démographie.
V. Poutine : Oui, s’il vous plaît. Où êtes-vous ?
R. Vesselaïeva : GTRK Vainakh, République Tchétchène.
Vladimir Vladimirovitch, vous parlez très souvent de l’importance de la croissance démographique, et vous avez pris la République Tchétchène comme exemple.
V. Poutine : Oui.
R. Vesselaïeva : Peut-être il vaut mieux lancer un programme séparé après tout.
V. Poutine : Je prends comme exemple la République Tchétchène et la Touva. En Tchétchénie et à Touva, tout va bien avec la démographie.
R. Vesselaïeva : Peut-être devrions-nous introduire un programme distinct pour les régions qui s’acquittent le mieux de cette tâche.
Deuxième question, avec votre permission. L’année dernière, vous avez approuvé une stratégie pour une ligne ferroviaire à grande vitesse, en trois étapes, et l’une d’entre elles est la troisième étape : la direction Moscou – Adler.
Selon la plupart des experts, si Grozny et Makhatchkala étaient inclus dans la ligne principale Moscou – Adler, cette direction serait plus rapidement rentabilisée et plus efficace. Qu’en pensez-vous, en voyez-vous l’opportunité ? Merci.
V. Poutine : Merci à vous pour cette question.
Vous avez dit que tout allait bien en ce qui concerne la démographie en Tchétchénie. Je vous en prie, asseyez-vous.
Ça va bien avec la démographie, c’est vrai, tant en Tchétchénie qu’à Touva. Nous avons deux sujets de la Fédération où tout va bien.
Dans ce contexte, la question est la suivante : devons-nous faire quelque chose de plus ? Il s’agit simplement de vous remercier, de vous soutenir, et aux autres – vous imiter.
Tandis qu’en ce qui concerne les régions où le taux de natalité est inférieur à 1,41, il est absolument nécessaire d’y mettre en place un programme distinct et de les soutenir.
C’est ce que nous ferons pour ces régions. À mon avis, si je ne me trompe pas, elles sont 35. Nous créons un programme de soutien distinct pour elles, avec un volume de financement de 75 milliards de roubles pour les prochaines années. Voilà ce que nous ferons.
Quant à Moscou – Adler – Grozny – Makhatchkala. Vous savez, nous avons quelques questions à ce sujet. Elles sont les suivantes : il faut assurer le passage le long de la côte de la mer Noire, il faut assurer l’entrée à Sotchi, et il faut éliminer les embouteillages qui s’accumulent à l’approche d’Adler, surtout pendant la saison touristique. Il y a des embouteillages à cet endroit, les gens restent là pendant des heures.
Cela s’est produit parce que, lors de la préparation des Jeux olympiques, on a construit le contournement de Sotchi, qui s’est avéré être un goulot d’étranglement. La route, en fait, ancienne a été légèrement réparée, mais malgré ça deux flux se rejoignent – l’ancien et celui du contournement du Grand Sotchi se rejoignent à l’approche d’Adler. Il faut d’abord élargir cela. Nous devons l’élargir pour que les gens ne stationnent pas dans les embouteillages à cet endroit. D’ailleurs, à cet endroit, à l’entrée ou à l’approche d’Adler, je ne connais pas trop les détails, je ne m’en souviens pas, des constructeurs tchétchènes, des entreprises de construction tchétchènes travailleront, m’a-t-on dit.
Quant à Grozny – Makhatchkala. C’est aussi juste, nous devons y réfléchir, mais pour une prochaine étape, et l’idée elle-même est bonne.
Disons, pour ne froisser personne, «Tchétchénie. Maîtres». Vous vouliez dire la même chose ou quoi ?
Kh. Batoukaïev : Khamzate Batoukaïev, Téléradiocompagne d’État Grozny.
Notre question a déjà été posée, vous y avez répondu, merci beaucoup. Mais au cours de votre dialogue avec mon collègue tatar, vous avez donné une évaluation de la ville de Kazan.
D’ailleurs, j’étais aussi au sommet des BRICS. Et je me suis souvenu qu’il n’y a pas si longtemps, vous étiez également en République Tchétchène. Je vous ai demandé depuis le siège : «Grozny est-elle une belle ville ?»
V. Poutine : Super. Vous savez, c’est un miracle, un miracle russien moderne.
J’ai survolé Grozny pendant les dures années de lutte contre le terrorisme, y compris et surtout le terrorisme international. Il n’y avait que des ruines, et depuis ces ruines, des rafales de mitrailleuses étaient encore tirées sur l’hélicoptère.
À l’époque, de nombreuses personnes en Tchétchénie ont soulevé la question du transfert de la capitale à Goudermès. Mais le premier Président de la République et le Président actuel ont tous deux déclaré : «Non, Grozny est traditionnellement la capitale historique de toute la Tchétchénie, du peuple tchétchène, et nous la restaurerons».
Ce qui a été fait à Grozny au cours des deux dernières années est un miracle. C’est, bien sûr, le résultat du travail du Président en exercice avant tout, mais surtout le résultat du travail du peuple tchétchène. Leur diligence et leur talent y ont joué un rôle énorme. Je ne parle pas de la mosquée, qui est délicieusement belle, mais des nouvelles structures, des nouveaux bâtiments, des nouvelles solutions architecturales. Cela ne peut ne pas évoquer un sentiment de fierté pour ce qui a été fait en Tchétchénie et à Grozny ces dernières années. Je vous en félicite.
Kh. Batoukaïev : Vladimir Vladimirovich, je me souviens des paroles que vous avez prononcées à la mosquée, lors de votre entretien avec le mufti de la République Tchétchène. Vous avez dit une chose importante, à savoir que l’islam et l’orthodoxie, et en fait toutes les religions traditionnelles, ont une racine commune, un commencement commun.
Si je peux me permettre de vous poser une question sur l’Université russien des forces spéciales, vous l’avez fréquentée. Elle a récemment été baptisée de votre nom, en l’honneur du commandant en chef suprême. Comment voyez-vous cette expérience – expansion, souhaits, évaluation, – quelle impression avez-vous de ce complexe ?
V. Poutine : Excellent. Il est nécessaire en général. La Rosgvardia l’utilise activement, et les gens qui y sont formés viennent non seulement de Tchétchénie, mais aussi de toute la Fédération russienne.
Lorsque je parle à certains des combattants qui se battent actuellement dans la zone de guerre et qui ne paraissent pas être originaires de Tchétchénie, dans d’autres unités, je demande : «D’où venez-vous ?» Ils ont été formés dans ce centre. Ce centre joue un rôle important dans l’amélioration de la capacité de défense de l’ensemble du pays. Merci.
D. Peskov : Nous allons donner la parole à quelques autres personnes de l’auditoire. Je vois nos amis chinois, Xinhua, ce secteur juste devant moi.
Huang He : Vladimir Vladimirovitch, bonjour. Je m’appelle Huang He et je représente l’agence de presse chinoise Xinhua. Je suis très heureux de vous poser une question aujourd’hui. Je n’ai que deux questions à vous poser.
La première. Comment évaluez-vous l’état actuel du développement des relations sino-russiennes ? Pouvez-vous nous dire quels sont les principaux résultats de la coopération entre nos deux pays ?
Deuxième question. L’année prochaine, la Chine et la Russie célébreront conjointement le 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le 80e anniversaire du fondement des Nations unies. Selon vous, quel rôle l’interaction et la coordination entre la Chine et la Russie jouent-elles dans le maintien de la stabilité stratégique mondiale, ainsi que de l’équité internationale ? Merci beaucoup à vous.
V. Poutine : Nous parlons très souvent de la coopération entre la Russie et la République populaire de Chine. L’année prochaine, nous célébrerons les 75 ans de relations diplomatiques entre nos deux pays. Beaucoup de choses se sont passées dans nos relations au cours de ces années, mais au cours de la dernière décennie, le niveau et la qualité des relations sont devenus tels qu’ils n’ont jamais été au cours de notre histoire.
Je parlerai de la composante économique, mais elle est avant tout liée à la confiance mutuelle. Tout ce que nous faisons l’un envers l’autre et la manière dont nous le faisons sont basés sur une confiance complète dans les politiques d’un côté et de l’autre. Nous ne faisons rien qui soit en contradiction avec nos intérêts, et nous faisons beaucoup dans l’intérêt du peuple chinois comme des peuples de la Fédération russienne.
J’ai déjà parlé de l’économie : selon diverses estimations, le chiffre d’affaires est de 220-230, selon les statistiques chinoises, jusqu’à 240 milliards de dollars en parlant en équivalent dollar, c’est un très bon chiffre d’affaires. Au cours de l’année écoulée, malgré cette base aussi bonne et aussi importante, la croissance se poursuit, elle est modérée, je pense que la croissance sera de 3%, mais il y en a. C’est la première partie.
La seconde, c’est l’activité d’investissement. Nous avons près de 600 projets d’investissements conjoints pour un total de 200 milliards de dollars. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela montre que l’avenir est assuré.
Enfin, une composante très importante, à mon avis, est le volet humanitaire. Nous organisons constamment des années croisées : l’Année de la culture, l’Année des échanges de jeunes, etc. Tout cela est très important pour plusieurs gens. C’est une base pour le développement des liens économiques et de l’interaction politique.
La partie extrêmement importante est l’interaction régionale. Les dirigeants régionaux communiquent entre eux : il y a du maotai et de la vodka, bien sûr. Mais tout est avec mesure, à ce que je sais. Et cette chimie personnelle est importante, et il y a des échanges entre étudiants, entre établissements d’enseignement supérieur, etc.
Maintenant, la Grande Guerre patriotique.
La Fédération russienne et la République populaire de Chine sont les pays les plus durement touchés qui ont remporté la victoire pendant la Seconde Guerre mondiale au prix de lourdes pertes. Chez nous on parlait de 20, puis de 25, aujourd’hui certains historiens parlent de 27 millions de morts. En Chine, c’est encore plus. On n’en parle pas beaucoup, mais en Chine, c’est plus, plus de 30 millions.
Et ce que les militaristes japonais faisaient sur le sol chinois est une horreur, une terrible épreuve. Le peuple chinois a traversé cette épreuve. Nous étions ensemble à l’époque, et nous sommes ensemble aujourd’hui, et c’est le facteur le plus important, je ne cesse de le répéter, de la stabilité dans les affaires mondiales.
À l’origine l’Organisation des Nations unies, créée spécialement dans ce but, était l’instrument de cette stabilité : la Russie, la Chine, fondateurs de l’Organisation, membres du Conseil de sécurité, membres permanents du Conseils de sécurité.
Nous coordonnons très souvent, pratiquement toujours, nos actions sur la scène internationale, et c’est un élément très important de la vie internationale. Nous continuerons à le faire. J’adresse mes meilleures salutations au dirigeant de la République populaire de Chine, à l’homme que je considère comme mon ami, le Président Xi Jinping.
D. Peskov : Mes amis, je continue à vous demander de poser une question à la fois, de manière très concise. Je vois Kouban, veuillez lui passer le micro.
M. Smirnova : Bonjour ! Le kraï Krasnodarien, le district Kavkazsky, journal «Oghni Koubani», Marina Smirnova. J’ai une question de nature suivante.
Le fait est que l’on parle beaucoup du problème de migration et que l’on réfléchit aux moyens de le résoudre. Le kraï Krasnodarien est vaste, accueillant, multinational, fort, mais le problème des migrants n’en existe pas moins. Nous avons introduit des restrictions rigoureuses : seuls les ouvriers du bâtiment peuvent travailler avec des brevets. Que pensez-vous de ces restrictions ? Les régions manquent de main-d’œuvre. Comment la Russie va-t-elle sortir de cette situation ? Votre vision du problème.
V. Poutine : Il s’agit d’une question très sensible et aiguë. Elle l’est non seulement pour nous, mais encore plus pour l’Europe. Ici, d’une part, il y a une pénurie de main-d’œuvre. Je l’ai déjà dit, notre taux de chômage est de 2,3%. Cela signifie qu’il est presque inexistant. Les représentants de nos milieux d’affaires, de nos ministères et de nos départements racontent combien il manque de travailleurs dans le secteur de la construction, combien il manque dans l’industrie. Ils se comptent par centaines de milliers. C’est un fait, on ne peut pas l’ignorer.
Quelle est la solution ? Premièrement. Pour réduire le nombre de travailleurs migrants, il faut hausser la productivité du travail, introduire et utiliser des technologies qui ne nécessitent pas un grand nombre de main-d’œuvre non qualifiée, et donc concentrer le résultat final sur des domaines d’activité de haute technologie, et alors nous n’aurons pas besoin d’attirer un nombre correspondant de migrants pour le travail non qualifié. C’est premièrement.
Deuxièmement. Si cela est inévitable, nous devons collaborer avec nos partenaires dans certains pays, principalement, bien sûr, en Asie centrale, pour préparer les gens à cela. Cela revient à développer tout un réseau d’écoles russes dans ces pays, d’étudier la langue russe, de familiariser les personnes qui vont venir travailler chez nous avec les traditions, la culture, les exigences de la législation russienne et, bien sûr, de renforcer les exigences pour ceux qui se trouvent sur notre territoire – exigences de respect des personnes dans l’environnement desquelles ils viennent et vivent. Il s’agit là, bien entendu, d’une question qui relève des services d’ordre. Il y a donc deux composantes : l’économie et l’ordre, et ces deux composantes devraient être réunies en un seul endroit.
De nombreuses discussions ont eu lieu sur la question de savoir si nous devions créer un département distinct (nous en avions un auparavant) ou le maintenir au sein du ministère de l’intérieur.
Je pense qu’aujourd’hui, nous devons renforcer cette composante, ce travail, au sein du ministère de l’intérieur. Une division puissante et distincte, un centre distinct doit être créé, soit au sein du ministère de l’intérieur, soit sous l’égide du ministère de l’intérieur, où les représentants des départements économiques devraient être délégués, afin que tout soit résolu dans un seul complexe, mais en étroite coopération avec d’autres ministères et départements, et avec les régions, naturellement.
Un volume important de réglementation – il existe et doit rester au niveau régional, et tout cela doit être géré à partir d’un centre, et puis, au fur et à mesure qu’il mûrit, qu’il acquiert les compétences nécessaires, peut-être qu’à l’avenir, un département distinct devrait être créé. Mais de manière qu’il y ait lieu à la fois un volet d’ordre et un volet économique.
Certaines mesures ont déjà été prises dans cette direction : la Douma d’État vient d’adopter une loi sur le droit de ne pas admettre à l’école les enfants de migrants qui ne parlent pas russe. D’une manière générale, cela est compréhensible. Comment enseigner à un enfant à l’école s’il ne maîtrise pas la langue ? Il faut lui enseigner le russe séparément. Qui paiera pour cela ?
Nous devons veiller à ce que les gens qui viennent ici ne soient pas désavantagées, à ce que les garanties et les droits dans le domaine des soins de santé et de la sécurité sociale soient assurés, mais de manière à ce que cela ne représente pas une charge supplémentaire pour la population locale et que les gens ne se sentent pas mal à l’aise.
Les questions sont nombreuses. Et bien sûr, le gouvernement doit y prêter plus d’attention. Et comment développer cela ? Je viens de le dire : d’abord au sein du ministère de l’intérieur, puis, peut-être, si la situation évolue au point de le nécessiter, on pourra créer un département distinct où travailleraient des représentants des forces de l’ordre et des agences économiques.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, nous avons suivi particulièrement des questions relatives à la migration. Ce sujet est en effet très aigu et complexe.
Une proportion importante de ces questions provenait de ceux qui viennent et ne viennent pas toujours pour gagner de l’argent. Il s’agit souvent de nos concitoyens qui connaissent la langue russe et qui souhaitent retourner dans leur pays, obtenir un passeport de la Russie et devenir des citoyens à part entière de la Fédération russienne. De tels appels ont été lancés depuis différents pays : les pays de la CEI, depuis l’Ukraine, comme vous l’avez dit aujourd’hui, qui compte également un grand nombre de nos concitoyens.
Nous avons également reçu des questions de ce type en provenance d’Allemagne. Par exemple, nous avons été contactés par Lev Ivanovitch Zeïbel, notre compatriote qui est parti pour l’Allemagne en 1990 et en est retourné en 2006. Il vit aujourd’hui dans la ville de Taroussa et dit qu’ayant un permis de séjour, il n’a pas été en mesure d’obtenir la citoyenneté depuis de nombreuses années. La réponse est toujours la même : vous n’y avez pas droit, telle loi n’existe pas. Citation : seul Poutine peut vous accorder la citoyenneté.
Et voici un petit détail. Lorsqu’il a dit aux fonctionnaires qu’il avait écrit une lettre à Poutine, la conversation a changé, on lui a dit quels documents il devait fournir. L’affaire semble avoir bougé du point mort, mais j’aimerais qu’elle aille jusqu’à sa conclusion logique.
V. Poutine : Écoutez, la citoyenneté est en effet conférée par des décrets présidentiels. Mais il s’agit d’un acte purement formel qui doit être préparé localement, par les départements, les commissions, etc. concernés.
Vous avez maintenant soulevé les questions appelées «le travail avec les compatriotes», c’est-à-dire avec les personnes qui se sentent appartenir à la Russie. Ils parlent russe, se considèrent comme faisant partie de notre culture, du monde russe et, en règle générale, ce sont des spécialistes hautement qualifiés. Et nous sommes intéressés à attirer des spécialistes hautement qualifiés en Russie pour qu’ils y travaillent et y vivent. Nous avons même tout un programme à cet effet. Apparemment, tout ne fonctionne pas encore de manière efficace. Bien sûr, nous devons améliorer ces mécanismes.
Vous avez parlé des Ukrainiens. Il me semble qu’il y a déjà autant d’Ukrainiens vivant en Russie qu’en Ukraine, si ce n’est plus. Je ne plaisante pas, c’est possible, je fais référence aux gens qui vivent sur les nouveaux territoires, en Crimée, et à ceux qui ont déménagé chez nous – ça fait des millions de personnes. Dans l’ensemble, nous avons à peu près le même nombre d’Ukrainiens qui vivent en Ukraine aujourd’hui. D’ailleurs, nous leur souhaitons la bienvenue. Ces gens appartiennent à notre culture, ils font partie de notre peuple, en fait.
Ces mécanismes, comme je l’ai dit, doivent certainement être améliorés. Nous souhaitons faire venir dans le pays des travailleurs hautement qualifiés. Y compris ceux, d’ailleurs, qui sont simplement – pas «simplement», ce n’est pas simple, mais néanmoins – porteurs de nos valeurs traditionnelles. C’est une chose difficile à définir. Pour le faire efficacement, шд афге y travailler. Nous continuerons certainement à le faire.
En ce qui concerne votre exemple, donnez-moi les données relatives à cet homme. Nous l’aiderons sans aucun doute.
D. Koulko : Merci.
A. Souvorova : Au tout début du programme, nous vous avons dit que nous avions également recours à l’intelligence artificielle. Le GigaChat nous a aidés à sélectionner les sujets les plus populaires en fonction des requêtes.
Parmi les requêtes les plus fréquentes, il y a bien sûr les questions de logement et d’hypothèque. Au tout début du programme, vous avez également dit que nous vous contacterions à plusieurs reprises. Si vous regardez nos écrans maintenant, nous voyons par quoi la première place est occupée. Cependant, le nombre de demandes est également important.
Voici maintenant une question vidéo d’une jeune famille de Krasnodar.
Question : Cher Vladimir Vladimirovitch, depuis trois mois, nous ne parvenons pas à contracter un prêt hypothécaire familial. Les banques sont toujours soit à court de limites, soit elles augmentent l’acompte de 20 à 50 pour cent.
Je vous prie de me dire comment les choses vont se passer en général pour le prêt hypothécaire familial, car il est maintenant très difficile de l’obtenir. Outre les hypothèques familiales, il est presque impossible d’obtenir des hypothèques rurales et IT. Les banques sont constamment à court de limites, et elles ne veulent pas les approuver. Elles changent de programme tout le temps, tous les jours, lorsqu’on fait la demande.
Les banques ont récemment introduit le programme dit «combo-hypotèque», dans le cadre duquel elles ajoutent leurs intérêts et le taux d’intérêt passe de 6 à 13%. En d’autres termes, les banques ne veulent tout simplement pas accorder de prêts hypothécaires aux familles. Que devons-vous faire ?
V. Poutine : Je vous remercie de cette question et d’avoir attiré l’attention sur cela. Tout d’abord, c’est un scandale, car il ne devrait pas y avoir de limites, et nous avons déjà discuté de ce sujet avec le gouvernement. On m’a promis, et je vérifierai dans quelle mesure cette promesse est tenue, qu’il n’y aura pas de limites.
Car en fin de compte, il s’agit de subventions de l’État. Il devrait être agréable pour les banques de recevoir six pour cent de la part de ceux qui utilisent le prêt hypothécaire familial, et la différence entre le taux bancaire et les six pour cent devrait être remboursée par l’État. Et l’État ne doit pas imposer de limites.
Cette différence reste dans les banques, ce qui constitue un revenu pour elles, et pas des moindres. Donc, si elles refusent, cela signifie que le gouvernement n’envoie pas cette subvention à la banque à temps. Je vérifierai, je vous le promets, je vérifierai certainement. Mais nous avons convenu qu’il n’y aurait pas de limites. C’est premièrement.
La deuxième chose concerne les prêts hypothécaires familiaux à 3% et les prêts hypothécaires ruraux. Les prêts hypothécaires familiaux sont à 6% et les prêts hypothécaires ruraux à 3%. Il s’agit d’un outil très important pour la construction du logement. Pourquoi ? Parce que sur le volume total de logements construits, qui s’est élevé l’année dernière à 110 millions de mètres carrés – un record depuis l’Union soviétique, rien de tel ne s’étant jamais produit auparavant – 50% ont été construits sous forme de logements résidentiels, principalement dans les zones rurales. En outre, ces hypothèques sont contractées par des personnes de moins de 40 ans ou un peu plus âgées, qui s’installent dans des zones rurales, vivent, contractent des hypothèques et fondent des familles. Cette hypothèque ne doit pas non plus avoir de limites. Elle représente quelques dizaines de milliards pour le budget – somme pas du tout critique, elle doit être préservée.
Il en va de même pour les hypothèques IT. À combien s’élèvent-elles ? Six pour cent ou cinq pour cent. De toute façon, il s’agit d’une hypothèque préférentielle, il n’y a pas beaucoup de monde. Récemment, nous en avons discuté, quelqu’un a suggéré de la fermer – cela n’a aucun sens du point de vue de l’économie budgétaire.
Les prêts hypothécaires familiaux et les prêts hypothécaires agricoles sont définitivement maintenus. Je demande au gouvernement de fournir les subventions nécessaires. Nous allons mettre de l’ordre dans tout cela.
A. Souvorova : Les régions de l’Extrême-Orient et les nouvelles régions aussi.
V. Poutine : L’Extrême-Orient reste à deux pour cent, l’Arctique à deux pour cent et les nouvelles régions à deux pour cent.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, je propose maintenant que nous passions à un problème qui, malheureusement, reste aigu d’année en année – la question des escrocs téléphoniques. Nous avertissons les gens tous les jours à la télévision.
V. Poutine : Excusez-moi, au fait, 110 millions de mètres carrés ont été construits l’année dernière. Cette année, ce sera un peu moins, environ 105 millions, mais c’est aussi un très bon chiffre.
D. Koulko : Les escrocs du téléphone. Vous pouvez comprendre l’urgence de ce problème au moins par ce chiffre : 250 milliards de roubles – c’est la somme que les fraudeurs ont volé aux Russiens cette année. C’est ce que calcule Sber.
Les attaquants appellent et disent toutes sortes de choses : ils se présentent comme la Banque centrale, le FSB, disent que vos dépôts seront gelés dans toutes les banques, demandent de transférer de l’argent sur d’autres comptes, voire de contracter des prêts. Ielena Markelova, de Kazan, s’est retrouvée dans une situation similaire. Je vous propose de regarder maintenant son interview vidéo.
Ie. Markelova : Bonjour, Vladimir Vladimirovitch !
Je m’appelle Markelova Ielena Ilyinitchna, je suis originaire de la ville de Kazan, j’ai 63 ans et je suis retraitée.
Récemment, j’ai été victime d’escrocs. Mon compte personnel à «Gosuslugi» a été piraté, et à la suite de leurs actions, je dois à deux banques un million 900 mille roubles.
Mon appel est un cri de l’âme. Comment les banques, dont je suis cliente et qui me versent une pension de 18 770 roubles, peuvent-elles approuver de tels prêts sans demander de documents sur mes revenus, sans demander de contacts de connaissances qui pourraient se porter garants pour moi, et des sommes aussi importantes avec un paiement mensuel qui dépasse mes revenus mensuels ?
Compte tenu du fait qu’un grand nombre de retraités ont été trompés par des escrocs, n’est-il pas temps de prendre des mesures plus sérieuses et d’obliger les banques à contrôler plus soigneusement les actions de leurs employés et à vérifier les demandes, en particulier celles émanant de personnes âgées ? Merci.
V. Poutine : Oui, vous avez raison. Quel est votre nom ?
D. Koulko : Ielena Ilyinitchna Markelova.
V. Poutine : Ielena Ilyinitchna, vous avez tout à fait raison.
Il y a peu de commentaires ici. En effet, nos banques ont appris à accorder des prêts rapidement, elles les accordent instantanément, comme elles disent, mais elles sont obligées de vérifier la solvabilité. Il existe même une certaine règle selon laquelle si plus de 50% des revenus d’un citoyen sont consacrés au service du prêt, l’émission de ces prêts devient alors plus coûteuse pour la banque, et la charge sur le capital de la banque augmente. Il existe une règle de la Banque centrale. Mais ce qui se passe aujourd’hui est bien sûr très alarmant, car le volume de cette fraude est sans commune mesure.
Herman Oskarovitch Gref m’en a fait part récemment lors d’un événement organisé par la banque Sber. Il m’a dit que plus de 250 milliards de roubles avaient été détournés des comptes de nos citoyens dans l’ensemble du système bancaire à partir du seul territoire de l’Ukraine, où l’activité frauduleuse est élevée au rang de politique d’État, où des spécialistes et des centres travaillent sous le contrôle des services spéciaux pour escroquer l’argent des citoyens de la Russie.
Cela prend évidemment une dimension très sérieuse. C’est à peu près ce que l’Allemagne d’Hitler a fait en imprimant de l’argent auprès de nos alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, y compris la Grande-Bretagne : la livre sterling a été imprimée et distribuée afin de saper l’économie britannique.
C’est à peu près la même chose qui se produit actuellement en Ukraine, sur le modèle de cette escroquerie. Bien sûr, nous devons discipliner cette situation, nous devons y prêter une attention sérieuse.
Laissons-les [les banques] émettre des prêts, disons, jusqu’à 50 000 roubles, comme ils l’appellent, en ligne, immédiatement. Pour les prêts de 50 à 200 000 roubles, il faudrait certainement donner aux gens au moins quelques heures pour vérifier quelque chose de plus et prendre une décision finale. Quant à 200 000 roubles et plus, le délai devrait être prolongé d’au moins quelques jours.
Je sais que ces questions sont débattues à la fois à la Douma d’État et à la Banque centrale, où l’on améliorera les décisions relatives à la charge sur le capital pour les banques qui accordent de tels prêts non garantis. J’espère que tout cela aboutira au résultat souhaité.
Il y a ici un autre problème, qui m’a été signalé par la présidente de la Banque centrale, aussi que par le ministre de l’Intérieur. On ouvre des cartes [de crédit] au nom de personnes qui, apparemment, ne participeraient pas à ce système frauduleux, mais ensuite, lorsque l’argent est retiré aux citoyens, il est d’abord transféré sur ces cartes dites intermédiaires, puis les fraudeurs retirent l’argent de leurs victimes à partir de là.
Les personnes qui ouvrent ces cartes n’auraient rien à voir là-dedans, elles ne seraient pas impliquées. Mais il existe une proposition visant à renforcer non seulement le contrôle, mais aussi la responsabilité de ces personnes, qui sont en fait complices de ces crimes et participent à ces systèmes frauduleux. Formellement, elles ne font rien, mais elles se rendent compte dans quel but la carte à leur nom a été ouverte.
Il existe une proposition visant à établir une responsabilité pénale pour de telles activités. Je ne dis pas que c’est la solution, mais nous devons certainement réfléchir à cette question.
A. Souvorova : Avez-vous des connaissances qui auraient elles-mêmes été victimes d’escrocs téléphoniques ?
V. Poutine : Je n’ai pas de connaissances de ce type, mais il y a des gens, et ce sont certainement mes connaissances, qui m’ont signalé qu’ils avaient reçu des appels.
A. Souvorova : Et, apparemment, ils les recevront davantage, ces appels.
V. Poutine : Peut-être ils les recevront, mais dès qu’ils entendront une voix inconnue et des suggestions, finalement liées aux actions quelconques, ils raccrocheront immédiatement.
Je recommande vivement à tous les citoyens du pays de procéder exactement de la sorte.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, ces voix inconnues appellent souvent depuis des centres d’appel situés sur le territoire ukrainien. On a remarqué qu’après les frappes au secteur énergétique ukrainien, le nombre d’appels d’escrocs téléphoniques diminue. Il est probable que l’electricité est coupée tout simplement dans ces centres d’appel.
V. Poutine : Il leur manque d’électricité.
D. Koulko : Peut-être pouvons-nous mettre ces centres d’appels sur la liste des objectifs prioritaires ?
V. Poutine : Non. Ce sont des installations militaires et des installations du complexe militaro-industriel qui figurent sur la liste des objectifs prioritaires. Il peut y avoir des centres de prise de décisions, mais nous ne dépenserons pas de munitions sur ces centres – ce n’est pas la peine. Il faut prendre les décisions appropriées à l’intérieur de la Russie dans les instances compétentes : à la Banque centrale et au gouvernement de la Fédération russienne, dans les organes chargés des affaires intérieures.
A. Souvorova : Dima, Dmitry Sergueïevitch nous regarde sans excès de bienveillance.
D. Peskov : Revenons un peu à la salle. L’Ukraine a été mentionnée. Je vois l’inscription «L’autre Ukraine».
G. Merkoulova : Cher Vladimir Vladimirovitch ! Je m’appelle Galina Merkoulova, directrice adjointe des ressources médiatiques du mouvement public international «L’autre Ukraine», qui représente les intérêts de millions de citoyens ukrainiens tant en Ukraine, malheureusement toujours sous le contrôle du régime kievien, qu’en Russie, dans les pays de l’Europe et du monde, où 55 de nos organisations sont ouvertes.
Le mouvement public «L’autre Ukraine» considère que le seul moyen de sauver les Ukrainiens du régime criminel et illégitime de Zelensky, qui a usurpé le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, est la réunification des peuples ukrainien et russien.
Et voici notre question : dans quelles conditions êtes-vous prêts à entamer des négociations avec Kiev ? Si ce n’est pas avec Zelensky, alors avec qui ?
Un autre aspect important. En Ukraine, l’Église orthodoxe russe n’est pas seulement attaquée, elle est pratiquement bannie. Quelle est votre attitude face à ce fait et pensez-vous que la position de l’Église orthodoxe russe a été sabordée ? Merci.
V. Poutine : Oui. Tout d’abord, j’ai déjà parlé de l’illégitimité du régime. Je comprends que le leader, l’inspirateur idéologique de ce mouvement, de cette organisation… S’agit-il de l’organisation «L’autre Ukraine» ?
G. Merkoulova : Du mouvement.
V. Poutine : Oui, c’est apparemment Viktor Medvedtchouk ?
Je ne le vois presque jamais, mais je sais qu’il le croit aussi. En quoi réside une illégitimité du régime ? Permettez-moi de répéter une fois de plus que rien dans la Constitution de l’Ukraine n’indique que les pouvoirs du Président peuvent être étendus, même sous la loi martiale. Il n’y a qu’un seul organe de pouvoir, l’organe représentatif du pouvoir – le Conseil, c’est-à-dire la Rada – dont les pouvoirs peuvent être étendus sans élections sous la loi martiale. Il s’agit, je le répète, de la Rada.
Quel est le problème pour l’Ukraine ? Je sais bien que vous en êtes au courant. Le problème consiste dans la structure de l’État ukrainien, où toute une série d’organes gouvernementaux sont formés par le Président. Il s’agit notamment des chefs d’oblasts et de régions, de la direction de toutes les services d’ordre, etc. Mais si la première personne elle-même est illégitime, tout le reste perd sa légitimité, y compris des autorités exécutives et des forces de l’ordre. Et tout ce qu’ils font, en suivant ses ordres, ils savent qu’ils sont complices de cette activité illégale. C’est premièrement.
Maintenant, les conditions d’ouverture des négociations. Nous n’avons pas de conditions préalables. Nous sommes prêts à mener un dialogue sans conditions préalables. Mais sur la base de ce que nous avons convenu, je l’ai déjà dit cent fois, lors du processus de négociation à Istanbul fin 2022 et sur la base des réalités d’aujourd’hui sur le terrain.
Nos thèses ont été exposées par la Fédération russienne, y compris dans mon discours de juin devant la direction du ministère des affaires étrangères de la Fédération russienne. Tout y a été dit. Il est inutile de me répéter.
Si ce n’est pas avec le chef du régime, alors avec qui ? S’il est lui-même illégitime. Vous savez, si quelqu’un se présente aux élections et obtient la légitimité, nous parlerons à n’importe qui, y compris à Zelensky.
Maintenant, si l’Ukraine veut vraiment s’engager sur la voie d’un règlement pacifique, elle est certainement en mesure de le faire. Elle peut organiser ce processus à l’intérieur de l’Ukraine comme elle l’entend. Nous ne pouvons signer qu’avec ceux qui sont légitimes, et les légitimes sont la Rada et le président de la Rada. Lui il se trouve complètement sous le chef du régime. Il s’agit d’une question juridique purement formelle.
En interne, ils peuvent s’organiser comme ils le souhaitent. Mais si nous en venons à signer un document, nous ne pouvons le faire qu’avec des représentants des autorités légitimes, c’est tout.
A. Souvorova : Il y avait aussi une question sur l’Église orthodoxe russe.
V. Poutine : Vous savez, ce qui arrive à l’Église orthodoxe russe est unique. Il s’agit d’une violation flagrante des droits de l’homme et des droits des croyants. L’Église est mise en pièces sous les yeux du monde entier. C’est comme un peloton d’exécution. Et tout le monde préfère ne pas s’en rendre compte.
Je pense que pour ceux qui font cela ce sera un prêté pour un rendu. Vous avez dit qu’ils mettaient [l’Église] en pièces. Oui, c’est vrai. Voyez-vous, où est le truc ? Ces gens ne sont même pas des athées. Les athées sont aussi des gens qui croient en quelque chose. Ils croient qu’il n’y a pas de Dieu, mais c’est leur croyance, leur conviction.
Et ici ce ne sont pas des athées. Ce sont des gens qui n’ont aucune foi du tout, des impies. Ce sont des juifs ethniques, mais qui les a jamais vus dans une synagogue ? Je pense que personne ne les a jamais vus dans une synagogue. Ils ne seraient pas orthodoxes, car ils ne vont pas non plus à l’église. Ce ne sont certainement pas des adeptes de l’islam, car ils ne se montrent guère dans les mosquées non plus.
Ce sont des gens sans tribu et sans famille. Ils ne se soucient pas de ce qui nous est cher, à nous et à l’écrasante majorité du peuple ukrainien. Un jour ils gagneront le large et iront à la plage, pas à l’église. Mais c’est leur choix.
Je pense qu’un jour, ils s’en souviendront et que les Ukrainiens, dont la grande majorité est encore liée à l’orthodoxie, leur donneront leur avis.
D. Peskov : Donnons encore deux ou trois questions à la salle. Je ne peux m’empêcher de donner une question à Radio Pourga* [cf la note en bas].
A. Lavrentieva : Bonjour ! Radio «Pourga», district autonome Tchoukotien. Je m’appelle Anastassia Lavrentieva et je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer.
Je regarde les écrans qui montrent la pertinence des sujets pour les régions, et j’ai la confirmation que ma question est vraiment pertinente et concerne de nombreux habitants de notre région. La question porte sur les communications et l’internet.
Vladimir Vladimirovitch, nous n’avons l’internet à haut débit en Tchoukotka que dans la capitale de la région, qui est notre seule et unique ville. Tous les autres habitants de la région n’ont pas accès aux plaisirs et à l’importance que l’internet nous offre. De plus, la plupart des habitants de la Tchoukotka n’ont pas accès aux divertissements, aux services gouvernementaux et aux services bancaires pour les entreprises. Si possible, aidez-nous à résoudre le problème de l’élimination de cette inégalité numérique.
V. Poutine : Oui. On n’a pas besoin d’en parler beaucoup ici, car on a un programme pour développer l’internet, l’internet à haut débit, le développement des communications en général et, à cet égard, le développement de la constellation de satellites et ainsi de suite, en particulier la constellation de satellites liée à l’organisation des communications.
Tout cela sera certainement fait. Je ne le dirai pas maintenant, elles sont largement connues, il s’agit de données ouvertes, le rythme auquel nous travaillons dans ce domaine, les ressources pertinentes ont été allouées et planifiées. Il n’y aura pas de perturbations ici, nous suivrons ce plan.
Je compte sur le fait que les habitants des régions éloignées, y compris la Tchoukotka, bénéficieront de tous les avantages de la civilisation moderne. Pour un pays comme le nôtre, c’est extrêmement important, car de plus en plus de gens travaillent et reçoivent leur éducation à distance. L’internet à haut débit revêt une importance fondamentale à cet égard. Nous ne manquerons pas de le faire, il n’y a aucun doute à ce sujet.
D. Peskov : Alexandre Gamov, assis au premier rang, est l’un des patriarches du journalisme du pays. Je vous en prie.
A. Gamov : Merci beaucoup. Le site web, la station radio et le journal Komsomolskaya Pravda. Et aussi «l’Équipe de Poutine» – je suis assis à côté de ces filles aujourd’hui, Yuulia et Marina m’ont admis dans leur groupe.
Cela n’a pas été mentionné aujourd’hui, et je voudrais tout d’abord nous féliciter tous et vous féliciter, Vladimir Vladimirovitch : aujourd’hui, selon mes estimations, c’est la 20e conférence de presse, bien que mes collègues aient essayé de me corriger en disant que c’était la 21e. Il n’existe pas encore de format de ce type dans le monde, et si Dieu le veut, il devrait se poursuivre chez nous aussi longtemps que possible, de plus en plus longtemps.
La question que je pose est la suivante. Contrairement aux prévisions des sceptiques, le programme présidentiel «Le temps des héros» n’est pas devenu un projet éphémère, ce que l’on appelle «pour l’apparence». Quels espoirs portiez-vous en personne en ce programme et ont-ils été réalisés ? Quels sont ves espoirs à présent ?
Par ailleurs, ces derniers jours et ces dernières heures, la question suivante est née : pourquoi ne préservons-nous pas et ne protégeons-nous pas suffisamment nos héros ? Je ne parle pas seulement de la mort du général Kirillov, qui a été mentionnée en passant ici aujourd’hui, mais il y a eu de nombreux cas où nos participants de l’opération militaire spéciale (l’OMS) ont été offensés. À vrai dire, les forces de l’ordre ont veillé, l’équité a triomphé, et cela a fait couler beaucoup d’encre.
Et encore sur le programme «Le temps des héros». Je représente un journal héroïque, Komsomolskaya Pravda, qui était en première ligne pendant la Grande Guerre patriotique et qui l’est toujours aujourd’hui : nos correspondants de guerre travaillent courageusement et, depuis 2014, nous diffusons le KP dans le Donbass, à Donetsk.
L’année prochaine, nous aurons 100 ans – le 24 mai 2025. Mes collègues m’ont demandé de vous inviter à venir nous voir. Ici, Mikhaïl Petrov nous a raconté comment a-t-on célébré le 120e anniversaire de la TASS, on lui a décerné un ordre. Nous vous attendons le 24 mai à 12 heures. Viendrez-vous, Vladimir Vladimirovitch ?
V. Poutine : J’essaierai.
A. Gamov : Merci.
V. Poutine : Merci beaucoup pour l’invitation. La Komsomolka fait partie de la vie de nombreuses générations de nos citoyens, c’était par elle que les gens commençaient le matin leur journée, et ils continuent de commencer la journée par elle ou s’en référer le long de la journée. La Komsomolka devient de plus en plus un média de masse moderne – il fonctionne dans tous les environnements informatiques, c’est un média de masse stable, fiable et objectif. Je tiens à vous féliciter pour vos résultats de ce travail, et merci pour votre invitation.
En ce qui concerne la plateforme «Le temps des héros», je l’ai déjà dit : j’en ai eu l’idée après avoir rencontré à Saint-Pétersbourg les gars, pour la plupart des étudiants et participants de l’OMS, lorsque je les ai regardés et que je me suis dit : les voilà, l’avenir du pays, la ressource des cadres du pays. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer une telle plateforme. Je ne vous le cache pas, lorsque je suis venu à Moscou et que je l’ai présentée, j’ai demandé à mes collègues de l’Administration de concrétiser cette idée. Ce sont eux qui ont trouvé un nom pour cette plateforme : «Le temps des héros». À mon avis, c’est un nom très réussi.
Pour la première tranche on a reçu 43 000 requêtes. Naturellement, la sélection est très sérieuse : nous n’avons retenu que 83 personnes sur ces 43 000. La raison en est claire : nous avons besoin de personnes qui ont une expérience du travail administratif, qui sont instruites, qui répondent aux paramètres d’une future activité à la tête de grandes entreprises ou de municipalités, de régions entières, de ministères et de départements, et ainsi de suite.
J’ai dit au congrès de la Russie Unie, et je voudrais le répéter maintenant : bien sûr, tout le monde est digne – tous nos gars qui se battent pour la Patrie sans épargner leur vie et leur santé, ils sont tous dignes. Mais la question se pose de savoir s’ils sont aptes à exercer le métier dans lequel ils voudraient se voir. Je le répète encore une fois : il faut de la formation et de l’expérience.
Et d’une manière générale, c’est une chose de se battre pour la Patrie, et une autre de travailler avec les gens. Il faut avoir un certain talent et une certaine aptitude pour cela, vous comprenez ? Ce sont quand même des différents types d’activité. Nous devons choisir dans ce milieu des personnes adéquates, qui sont désireuses et capables de travailler dans ces domaines. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de dérapage : ils sont tous des gars formidables.
La sélection pour la deuxième [tranche] est déjà en cours. Plus de 15 000 requêtes ont été reçues. La collecte sera prolongée l’année prochaine, je pense jusqu’à la mi-janvier ou février. Quoi qu’il en soit, le travail se poursuit activement.
Le travail avec la première tranche est encore en cours, mais plusieurs ont déjà reçu des offres, beaucoup d’eux travaillent déjà, et certains ont même été nommées chefs de région, ce dont je me réjouis. Ils se lancent dans les affaires et intègrent des organes gouvernementaux à tous les niveaux : régional, local et fédéral, ainsi que de grandes entreprises.
Je tiens à répéter ce que j’ai dit lors du congrès de la Russie Unie. J’étais récemment dans un centre de réadaptation, j’ai vu les gars gravement traumatisés, privés soit d’une jambe, soit d’un bras. Mais vous savez ce que je veux dire ? Leurs yeux brûlent. Ils veulent travailler et sont prêts à travailler activement, et ils peuvent le faire. Les moyens modernes de réadaptation, justement modernes, leur permettent de faire pratiquement tout sans exceptions et sans leur faire la part de limitations de santé. Il suffit de les aider.
L’un d’entre eux, je le répète, je me souviens de son visage, dit : «Je comprends que l’éducation et l’expérience sont nécessaires ici, mais je n’ai ni l’éducation ni l’expérience nécessaires, mais je veux le faire». Voilà le genre de personnes dont nous avons besoin. Ceux qui sont prêts à travailler et veulent travailler. Il ne faut que les aider, les trouver et [ensuite] les aider.
Vous savez, lorsque je fréquentais la section judo – cela me vient à l’esprit – l’entraîneur, Anatoly Solomonovitch Rakhline, nous a dit à l’époque : faites autant de tractions que vous le pouvez. Et il n’a pas pris certains d’entre nous qui ont fait plus de tractions que moi. Nous lui avons demandé plus tard, plusieurs années plus tard : Anatoly Solomonovitch, comment se fait-il que vous n’ayez pas admis ces gars-là, tandis que vous nous ayez pris nous, qui avons fait moins de tractions ? Vous savez ce qu’il a répondu, c’était un homme sage : c’est parce que vous l’avez fait jusqu’au bout – vos mains tremblaient, vous tendiez le menton, vous faisiez de votre mieux ; et ceux qui ont fait plus de tractions que vous, ils se relevaient calmement, tandis qu’ils auraient pu continuer, ils ne se luttaient pas, ils ne s’adonnaient pas.
Tandis que ces gars-ci s’adonnent à fond, ils le veulent, et il faut les aider, les soutenir.
A. Gamov : Et encore sur la défense des héros.
V. Poutine : Oui, c’est une question très importante. Je comprends, vous avez raison.
Que puis-je dire ? Tout d’abord, ces tentatives ne sont pas les premières, elles sont connues et nous comprenons les aspirations de l’ennemi. Malheureusement, cet attentat n’est pas isolé, et ils ne visent pas seulement les militaires. Je l’ai déjà dit à votre collègue américain : il y a eu des attentats contre des journalistes, des attentats contre des personnes publiques – il suffit de nous rappeler l’assassinat de Douguina.
De quoi s’agit-il ? Ce sont des signes de la nature terroriste du régime en place à Kiev. Mais cela signifie, bien sûr, que nos forces de l’ordre et nos services spéciaux appropriés manquent ces coups, ils ont manqué ces coups. Que peut-on dire ici ? Il faut perfectionner ce travail et ne pas endurer des failles aussi draconiennes. Et c’est tout.
A. Gamov : Merci.
D. Peskov : Vous savez, j’ai vu un jeune blogueur très populaire. Le voici debout.
V. Boumaga : Vladimir Vladimirovitch, bonjour !
Je m’appelle Vlad Boumaga, je suis un blogueur vidéo connu. Mes réseaux sociaux comptent plus de 80 millions d’abonnés, pour la plupart ce sont des jeunes.
Comme nous le savons, les jeunes passent aujourd’hui beaucoup de temps sur internet, en moyenne cinq à huit heures par jour, dont la moitié de ce temps à regarder des contenus vidéo. À mon tour, comme beaucoup d’autres auteurs, je participe au développement, au développement actif de nos plateformes russiennes, telles que le VK Video. Certes, ces sites ne sont pas encore très grands, mais ils affichent une bonne croissance régulière et fournissent un service de très bonne qualité.
À cet égard, la question qui se pose est la suivante : pourquoi bloquer YouTube alors que nos plateformes se portent bien sans cela ? Elles sont compétitives et offrent d’excellentes conditions, une alternative pour les auteurs. En outre, il est possible d’y publier du contenu et de diffuser nos idées et nos significations à un public plus large que le seul public russophone.
Une autre question importante. Comme je l’ai déjà dit, je suis connu et regardé par presque tous les enfants de notre pays. Je dirai même plus : je suis moi-même devenu père cette année.
V. Poutine : Félicitations.
V. Boumaga : Merci.
V. Poutine : Et félicitez votre femme, c’est son mérite.
V. Boumaga : Certainement.
Oui, et dites-moi, en tant que personne, sur les vidéos de laquelle toute une génération grandit, quelles valeurs dois-je transmettre à mon public ? Ou peut-être ce que je ne devrais surtout pas diffuser au public ? Selon vous, quelles sont les idées et les significations qui devraient être présentes à la tête des jeunes ? En quelque sorte, donnez-nous votre avis, nous en prendrons note et nous y travaillerons. Merci.
V. Poutine : Premièrement, en ce qui concerne le ralentissement de YouTube. Ici, il y a peut-être plus de questions du côté de YouTube que du nôtre.
Je suis désolé, mais d’abord : Vlad Boumaga est-il votre pseudonyme ? [«Boumaga» signifie «Papier», un nom de famille vraiment rare en Russie, d’où cette question. – NdT]
V. Boumaga : C’est mon vrai nom de famille.
V. Poutine : Je vois, excellent. Le papier est plus fort que la pierre dans le jeu connu [«Pierre – ciseaux – papier», jeu enfantin. – NdT], alors je vous félicite – 80 millions [d’abonnés], vous avez dit, n’est-ce pas ? C’est certainement un résultat unique. Cela signifie que le contenu que vous créez correspond aux attentes de ces 80 millions de personnes. C’est le résultat de votre travail créatif, et je vous en félicite.
Quant au ralentissement, de quoi s’agit-il ? Google est le propriétaire de YouTube, et lorsqu’il a créé chez nous son réseau, il a également créé des filiales correspondantes en Russie – des personnes morales qu’il paie, et a créé les services correspondants qui doivent être maintenus. Après avoir créé ces filiales, il a travaillé avec elles, mais après que diverses restrictions et sanctions ont commencé à être imposées par l’Ouest, Google a pratiquement cessé ou réduit leur financement, a réduit la livraison d’équipements appropriés ici, et s’est ainsi créé certains problèmes. C’est premièrement.
Deuxièmement, YouTube et Google doivent respecter nos lois et éviter toute forme de tricherie sur le réseau, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas utiliser le réseau et en abuser pour atteindre les objectifs politiques de leurs gouvernements.
Qu’est-ce que je veux dire par là ? Une personne se met à chercher quelque chose via un moteur de recherche, quelque sujet – la culture, la musique – et au lieu de la culture et de la musique, des choses en sortent qui n’ont rien à voir avec la culture ni avec la musique, mais qui sont de la propagande d’une plateforme politique. Ou bien on se met pratiquement à retirer de la circulation les noms de nos artistes, de nos blogueurs, de nos personnes politiques, etc.
Tout cela constitue une violation des lois pertinentes de la Fédération russienne. Roskomnadzor formule des prétentions contre eux en conséquence, et les organisations de contrôle formulent des prétentions – et elles ont raison de le faire. Ils doivent donc choisir : soit ils respectent nos lois et de ce fait, peut-être, seront soumis à certaines restrictions dans leur propre pays, mais qu’ils y travaillent ; soit, s’ils veulent travailler ici, qu’ils agissent en conformité avec les lois de la Fédération russienne.
Et ce que vous avez dit – comme nous le disons, le lieu saint n’est jamais vide, – la concurrence s’accroît : VK, Telegram et Rutube se développent tous. Si Google et YouTube s’en rendent compte et modifient d’une manière ou d’une autre leur mode de fonctionnement, ils n’auront aucun problème.
Quant à savoir sur quelle base faut-il éduquer, comment le faire et ce qu’il ne faut pas faire. Vous savez, je suis persuadé que de tels conseils sont inutiles. Chez les gens comme vous – surtout maintenant, quand vous êtes devenu père, quand votre enfant est né – le sens de responsabilité croît certainement. C’est une responsabilité envers votre enfant, envers son avenir et envers le pays où il vivra. Et ce sens de responsabilité vous orientera – vous êtes des gens intelligents et modernes – il vous orientera même mieux que moi, sur ce qui est utile pour nos enfants à l’avenir, et sur ce qui est nuisible et inacceptable, et sur ce contre quoi vous devez lutter – non pas sur mon instruction, mais à l’appel de votre cœur.
D. Peskov : Merci. J’ai négligé TV-3 de manière tout à fait imméritée.
V. Poutine : Puis-je vous interrompre un instant ? Puisque nous parlions des enfants, une fille est assise ici -«Duperie avec des familles aux enfants». En quoi consiste la duperie ?
A. Souvorova : Apparemment pas sur les allocations, car nous en avons déjà parlé.
V. Poutine : Je ne sais pas, je crois que j’en ai parlé.
Ie. Ousmanova : Je vais vous le raconter. Bonjour, Vladimir Vladimirovitch !
Je m’appelle Ielena Ousmanova, le journal d’affaires du Tatarstan, Business Online, de nouveau Tatarstan.
Tout d’abord, je voudrais vous remercier au nom de Kazan pour l’honneur qui lui était fait d’accueillir le sommet des BRICS, mais ma question, comme vous pouvez le voir sur l’affiche, porte sur un autre sujet.
Au Tatarstan, un groupe de fraudeurs a trompé des centaines de familles qui rêvaient d’avoir leur propre maison. Ils ont contracté des prêts hypothécaires avantageux avec le soutien de l’État, mais ces maisons n’ont jamais été construites.
Je vous prie de me dire si on va aider ces investisseurs escroqués dans la construction des logements individuels (CLI) comme on a déjà aidé les copropriétaires escroqués d’immeubles. Il s’avère qu’aujourd’hui, les gens continuent à payer des hypothèques pour de l’air, tandis que l’État continue à transférer des aides d’État aux banques pour des maisons qui n’existent pas. Quand aideront-ils les gens plutôt que les banques ? Merci.
V. Poutine : Écoutez-moi. Il ne s’agit pas du tout des banques. Nous avons un système correspondant de comptes sous séquestre où les gens, s’ils contractent un prêt hypothécaire, transfèrent de l’argent, sur ces comptes sous séquestre, et cet argent est gelé jusqu’à ce que les gens obtiennent leurs mètres carrés. Où ont-ils placé leur argent ?
Ie. Ousmanova : Non, il s’agit de la CLI, c’est-à-dire des maisons.
V. Poutine : Pour la CLI, c’est la même chose.
Ie. Ousmanova : Apparemment, ceci n’était pas en vigueur à l’époque.
V. Poutine : La CLI relève complètement du système de prêts hypothécaires : dans les zones rurales, comme je l’ai dit, 3 pour cent, et dans les 110 de l’année dernière et les 105 millions de mètres carrés que nous avons construits, 50 pour cent c’est la CLI. 50%, c’est déjà formidable. Mais l’argent doit se trouver sur des comptes sous séquestre. Où les gens ont-ils transféré cet argent et pourquoi, s’il ne s’agit pas de comptes sous séquestre ? Je ne comprends même pas de quoi vous parlez.
Ie. Ousmanova : Nous avons connu un tel cas au Tatarstan. Des centaines de familles se sont retrouvées dans cette situation.
V. Poutine : Où ont-ils transféré l’argent, pouvez-vous me le dire ?
Ie. Ousmanova : Je ne pourrai pas vous parler ici de ces subtilités. Je sais qu’ils ont pris…
V. Poutine : Écoutez-moi, quel est votre prénom ?
Ie. Ousmanova : Ielena.
V. Poutine : Lena, mais ces subtilités sont importantes.
Ie. Ousmanova : Il n’y avait certainement pas de comptes sous séquestre.
V. Poutine : Écoutez, qu’en est-il ? Lenotchka, cela peut avoir un rapport avec ce qui est fait avec l’argent de nos concitoyens lorsqu’ils sont escroqués de leurs comptes.
Il faut absolument nous en occuper, parce que ce cas particulier devra être projeté sur d’autres cas possibles de ce genre et prévenir cette fraude.
Je ne comprends même pas de quoi vous parlez maintenant. S’il vous plaît, donnez-nous plus d’informations. D’accord, Lena ? C’est une chose extrêmement importante.
Parce qu’il s’agit de quoi ? Le fait est que nous avons toujours une pénurie de logements. Mais que puis-je dire ? Que l’argent qui est arrivé sur les comptes sous séquestre représente presque ou même un peu plus de 7000 milliards de roubles au total. C’est plus de 65% de ce qui a été collecté et de ce qui est nécessaire pour achever la construction des logements financée par les citoyens en 2025. Je peux presque garantir que ces logements seront achevés en construction. Et personne ne restera sans appartement, car la réserve a été faite. L’argent se trouve sur ces comptes, il est protégé. Si nous parlons de certains cas qui n’utilisent pas de comptes sous séquestre, veuillez me donner cette information, nous devons nous pencher sur cette question. Merci.
D. Peskov : Oui, nous prendrons connaissance de cette information. Nous voulions donner la parole à TV-3, Vladimir Vladimirovitch.
V. Poutine : Allez-y, la Turquie est là.
D. Peskov : Je suis désolé, laissons la parole à la Turquie.
V. Poutine : Nous reviendrons certainement vers vous.
A. Jura : Ali Jura, Anadolu Agency.
Monsieur le Président, Israël viole les droits internationaux en tuant des dizaines de milliers de personnes, y compris des enfants de Palestine et du Liban. Aujourd’hui, Israël profite de la situation dans la région pour occuper la Syrie et viole sa souveraineté. Que pensez-vous des actions d’Israël ? Avez-vous eu une conversation avec le Président Erdogan sur la région en général ? Merci.
V. Poutine : Je suis en contact permanent avec le Président Erdogan. Je ne me souviens pas de la dernière fois que je lui avais parlé, mais nous avons certainement discuté de la situation dans la région, au Moyen-Orient.
L’attitude du Président Erdogan et de la Turquie à l’égard des événements au Moyen-Orient est connue de tous. Et notre position sur le Liban et la Palestine est bien connue. Notre position ne dépend pas de la conjoncture actuelle. Nous avons toujours pensé que le problème palestinien ne pouvait être résolu qu’en supprimant les causes de son émergence. Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé en temps utile que deux États – Israël et la Palestine – devaient être créés. Israël a été créé, la Palestine n’a en fait toujours pas été créée. C’est là tout le problème.
Plus que ça, Israël poursuit ce qu’il est convenu d’appeler des activités de colonisation illégales. Je ne sais pas quels sont les objectifs ultimes d’Israël dans la bande de Gaza, mais cela ne peut être que condamné. Nous l’avons fait à plusieurs reprises à pratiquement tous les niveaux, à commencer par le niveau public et notre position au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Il n’y a rien à ajouter.
Il en va de même pour le Liban.
Qu’en est-il de la Syrie ? Je pense que, franchement, la Turquie fait tout pour assurer sa sécurité à ses frontières méridionales dans le cadre de l’évolution de la situation en Syrie, pour créer les conditions du retour des réfugiés de son territoire vers d’autres territoires concentrés sur le territoire de la Syrie, qui sont sous le contrôle de la Turquie, pour éloigner, peut-être, les formations kurdes de la frontière. Tout cela est probablement possible et peut même être réalisé dans une certaine mesure. Mais à mon avis, le principal bénéficiaire des événements actuels en Syrie est Israël.
Et on peut penser ce que l’on veut de ce que fait Israël. La Russie condamne la saisie de tout territoire syrien, c’est évident, notre position ici n’est soumise à aucun ajustement, mais Israël est également en train de résoudre des problèmes de sécurité pour lui-même. Voici déjà la ligne sur le plateau du Golan, la ligne connue de tous, Israël a avancé sur le front de 62 à 63 kilomètres sur une profondeur de 20 à 25 kilomètres. Il a pénétré dans les fortifications créées pour la Syrie par l’Union soviétique, un peu comme la ligne Maginot. Ce sont, vous savez, de sérieuses fortifications, vraiment.
Nous espérons qu’Israël se retirera de la Syrie à un moment ou à un autre, mais il y déploie désormais davantage de troupes. Je pense qu’il y a déjà plusieurs milliers de soldats sur place. Et j’ai l’impression que non seulement ils ne vont pas se retirer, mais qu’ils vont se renforcer.
En outre, la population locale a déjà demandé à être incluse dans l’État juif. Ce sera alors un autre problème. Si tout ce qui se passe conduit à la désintégration de la Syrie, ces questions devront être résolues par la population locale conformément à la Charte des Nations unies et au droit des nations à l’autodétermination. Il s’agit d’une question complexe qui n’entre pas dans le cadre de la discussion d’aujourd’hui.
Nous savons que la Turquie a un problème avec le Parti des travailleurs du Kurdistan qui dure depuis des décennies. J’espère qu’il n’y aura pas d’aggravation, mais certains hommes politiques européens m’ont récemment dit, lors de réunions, qu’après la Première Guerre mondiale, les Kurdes s’étaient vu promettre leur propre État, mais qu’ils avaient été trompés, etc.
Il y a des dizaines de millions de Kurdes dans cette région – en Turquie, en Iran, en Irak, – ils y vivent de manière compacte. Vous le savez sans doute mieux que moi, mais ils sont au moins 30 à 35 millions, n’est-ce pas ? Il s’agit d’un grave problème kurde, et les Kurdes sont des gars sérieux, des combattants sérieux, ils ont quitté Manbij, je crois, mais ils se sont battus jusqu’au bout. C’est ce qu’ils font.
Et il faut résoudre le problème kurde. Il devait être résolu dans le cadre de la Syrie sous le Président Assad, il doit maintenant être résolu avec les autorités qui contrôlent le territoire de la Syrie, et la Turquie doit d’une manière ou d’une autre assurer sa sécurité. Nous comprenons tout cela. Ce n’est pas l’objet de notre réunion d’aujourd’hui, pour ne pas perdre de temps.
Je veux juste dire qu’il y aura beaucoup de problèmes, mais nous sommes du côté du droit international et en faveur de la souveraineté de tous les États tout en respectant leur intégrité territoriale, c’est-à-dire la Syrie, y compris la position sur ces questions des autorités actuelles qui contrôlent le territoire de la République arabe syrienne aujourd’hui.
En ce sens, nous sommes de leur côté. D’ailleurs, nous sommes en contact avec eux, et nous sommes en contact avec tous les groupes, y compris les principaux groupes qui contrôlent aujourd’hui la situation en Syrie.
D. Peskov : On a promis au TV-3, d’autant plus que c’est un correspondant militaire.
V. Poutine : Oui, désolé.
A. Malkevitch : Alexandre Malkevitch, «Le Programme du bilan» sur TV-3.
Tout d’abord, brièvement : les combattants m’ont demandé de vous transmettre leurs mots de gratitude. La semaine dernière, vous avez rencontré des membres de la Commission des droits de l’homme et soutenu l’idée de créer un musée fédéral de l’OMS. La préservation de la mémoire historique, en particulier sous des formes créatives, est notre «Orechnik médiatique» dans la guerre de l’information que l’Occident tente de mener contre nous.
Les citoyens de Saint-Pétersbourg nous remercient tout particulièrement d’avoir décerné le titre très honorable de «Garde» à notre légendaire régiment Leningradien.
Maintenant, une question sur la Fondation «Défenseurs de la Patrie». Créée en avril 2023 par votre décret, elle fonctionne depuis un an et demi. Comment évaluez-vous le travail de la Fondation cette année sur une échelle de cinq ou dix points ? Quelles sont les tâches principales que vous posez à la Fondation pour l’année prochaine ? Quel est selon vous le principal critère d’efficacité de la Fondation ?
V. Poutine : En ce qui concerne le travail de la Fondation «Défenseurs de la Patrie», je pense qu’elle a été créée en juin, pas en avril, mais cela n’a pas d’importance. Elle a commencé à travailler en juin.
Elle a été créée à la suite d’une rencontre avec les mères des participants à l’opération militaire spéciale, avec les veuves. Je me suis rendu compte que les méthodes habituelles de soutien aux gars qui ont besoin de cette aide et qui ont été gravement blessés, handicapés, ainsi qu’aux familles des héros tombés au combat, n’étaient pas suffisantes ; il fallait créer un mécanisme distinct, un outil distinct, y compris pour ceux qui perdent leurs liens avec les Forces armées. C’est pour cela que la Fondation «Défenseurs de la Patrie» a été créée : pour soutenir les gars qui quittent le service militaire mais qui ont besoin de l’attention de l’État, non pas d’une attention formelle, mais d’une approche individuelle de chaque personne dans chaque famille. La Fondation a été créée dans ce but.
Quelles sont ses missions ? Résoudre les problèmes sociaux, contribuer à recevoir diverses allocations, paiements par ceux qui ont besoin de prothèses et qui ont reçu une invalidité, organiser le processus prothétique.
Il faut rendre hommage à la Fondation : ils sont efficaces là-bas, ils ne commandent pas un seul produit, ils commandent le service dans son ensemble. Il s’agit de former les gars, de sélectionner l’objet approprié pour les prothèses, d’examiner plus avant dans le service, et de faire en sorte que le service ne s’avère pas onéreux, qu’il ne soit pas nécessaire de voyager à travers le pays pour obtenir le service – nous avons un pays immense. Ce problème existe toujours, mais ils y travaillent. C’était là toute leur tâche.
J’ai parlé récemment à Anna Ievguénievna Tsiviliova, et elle m’a dit qu’il apparaissait maintenant dans les demandes – savez-vous quoi ? J’ai été très heureux d’apprendre que les gars posent des questions sur l’emploi, qui est d’ailleurs l’un des domaines d’activité les plus importants. Mais il y a maintenant de plus en plus de demandes concernant des activités sportives et la participation à des événements culturels. Voilà, ça c’est bien. Vous voyez, cela signifie qu’il y a une tendance à l’amélioration de la situation. C’est une très bonne chose.
Mais la tâche la plus importante est bien sûr l’emploi. Je l’ai déjà dit : les jeunes ont les yeux qui brûlent, ils ont une formation – plusieurs voudraient recevoir une telle formation. Dans les conditions actuelles, il est bien sûr possible de rester dans les Forces armées, une telle décision a été prise, mais pas seulement pour travailler dans les commissariats militaires, où, soit dit en passant, le niveau de revenu n’est pas trop élevé, un niveau de revenu plutôt modeste. Mais on peut travailler dans le domaine IT, on peut travailler dans la médecine, on peut travailler n’importe où, dans le sport c’est aussi possible, tant dans les sports militaires que dans les sports civils.
Il y a beaucoup de façons de se situer, il y a de plus en plus d’opportunités, en tenant compte des technologies modernes et des souhaits d’une telle ou telle personne. Ils y travaillent, et ils y travaillent en général avec succès. Vous savez, il y a toujours des problèmes dans un travail de si grande échelle. Mais il y a beaucoup de gens qui travaillent là-bas et qui sont directement impliqués dans l’opération militaire spéciale : soit, malheureusement, les veuves de nos gars qui sont morts, les mères de nos gars qui se battent encore là-bas – en général, ce sont des gens qui ne sont pas indifférents à ce qui se passe. En ce sens, et c’est peut-être la raison pour laquelle – oui, d’ailleurs, les gars qui sont revenus du front y travaillent aussi – c’est probablement la raison pour laquelle le travail s’avère assez efficace.
Je ne voulais pas accepter qu’Anna Tsiviliova, la directrice de la Fondation, aille travailler au Ministère de la défense, mais ensuite j’ai cédé à la proposition du ministre Biélooussov, parce qu’il m’a dit qu’il pensait qu’il serait opportun d’organiser un tel travail «sans couture», c’est-à-dire avec les gars qui restent au sein des Forces armées, au sein du Ministère de la défense, comme avec ceux qui se battent encore mais qui ont besoin de certaines mesures de soutien, et comme avec ceux qui sont déjà sortis du périmètre du Ministère de la défense. Il faut organiser un tel travail «sans couture».
Et ils ont récemment, au cours de l’été, je crois, créé un centre social. Et maintenant, ce centre social du Ministère de la défense et la Fondation «Défenseurs de la Patrie» organisent leur travail dans le cadre d’un «guichet unique», où les gens qui restent au Ministère de la défense et ceux qui ont déjà quitté, pour ainsi dire, le périmètre du Ministère – le travail dans ces deux domaines est réuni. Il y a bien sûr beaucoup de problèmes, mais dans l’ensemble, c’est ainsi que le travail s’ajuste.
Vous savez, ils ont également participé à l’élaboration des décisions relatives aux blessures. Chez nous tous recevaient trois millions [roubles] chacun : à la fois pour une blessure mineure, telle une petite égratignure, ensuite pour une vraie blessure, mais pas grave, et enfin ceux qui ont reçu une blessure grave associée à une invalidité – tous recevaient trois millions chacun. Les militaires eux-mêmes ont demandé au Ministère de la défense, à la Fondation «Défenseurs de la Patrie» de modifier ce système. Et nous avons commencé à verser quatre millions à ceux qui avaient été gravement blessés.
Mais quand on me le rapportait, j’ai vu que les blessés graves et les invalides n’étaient pas concernés par ce paiement et qu’ils ont reçu trois millions. Et à présent nous avons commencé à en payer quatre. Alors, naturellement, j’ai eu une idée simple : ceux qui ont reçu trois millions, cela signifie que l’État leur a versé un million de moins. J’ai dit : non, nous devons payer tout le monde rétroactivement. Maintenant, tous les gars reçoivent ce million supplémentaire, et ils le reçoivent de manière très active.
Ce travail est également organisé par la Fondation «Défenseurs de la Patrie».
D. Koulko : Je propose de revenir aux appels des Russes. Vous avez dû les voir.
V. Poutine : Excusez-moi, Xenia n’arrête pas de tendre le bras. S’il vous plaît, Xyoucha.
X. Sobtchak : Vladimir Vladimirovitch, Xenia Sobtchak, «Méfiez-vous des médias».
Vous venez d’aborder un sujet très important, celui du «guichet unique» et des possibilités qu’il offre au Ministère de la défense. Je voulais aborder ce problème sous un angle différent.
Nous, en particulier, et beaucoup d’autres personnes, journalistes, vedettes du show-business ou simples citoyens sensibles, effectuons différents projets. En particulier, nous sommes engagés depuis deux ans dans un vaste projet visant à aider les habitants des oblasts Belgorodien et Kourien, nos concitoyens qui ont souffert des attaques des FAU. Nous avons déjà réussi à aider plus de 600 familles cette année.
Il me semble qu’il existe beaucoup de gens sensibles. Ce serait très bien, qu’en pensez-vous, si on peut soutenir cela et aussi créer un «guichet unique» similaire afin de combiner ces initiatives publiques, civiques avec les travailleurs sociaux et avec la structure gouvernementale qui est déjà en place. Il s’agit de le faire sur une base volontaire, mais de manière à ce qu’il y ait une possibilité de «guichet unique» pour toute la gamme d’assistance. Car dans la plupart des cas, nous sommes confrontés à des problèmes d’emploi dans de nouveaux lieux, de placement dans des jardins d’enfants et d’autres institutions pour les familles qui déménagent temporairement avec leurs enfants. Était-il possible de créer un tel «guichet unique» pour de telles initiatives civiques ?
V. Poutine : Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour ce que vous vous y occupez, c’est une chose extrêmement importante – aider des personnes concrètes. C’est premièrement.
Deuxièmement. Bien sûr, lorsque des volontaires font cela, et je voudrais exprimer ma gratitude à tous les volontaires, ils ne font pas que travailler, ils prennent des risques. Il y a malheureusement des pertes parmi les volontaires. Lorsqu’ils font cela, bien sûr, ils arrivent vers une personne concrète et ressentent parfois plus subtilement ce qui fonctionne bien de la part de l’État, et où quelque chose tombe en rade, comme on dit, quelque chose ne marche pas.
Bien sûr, nous avons ici, comme je l’ai déjà mentionné à propos de l’oblast Kourien, tout simplement le programme de reconstruction de l’oblast Kourien, pour lequel des fonds sont alloués. Ils ont pratiquement déjà été alloués. La même chose se produira et se produit, bien sûr, dans d’autres oblasts frontaliers, Belgorodien comme Brianien. Ici, personne ne sera laissé sans attention. Vous le ressentez probablement de manière plus subtile et plus aiguë.
Je vais réfléchir à la manière de procéder, et je ne manquerai pas de demander à nos départements compétents et au Ministère de la défense, et nous parlerons au gouverneur, comment combiner ces efforts : soit en créant un «guichet unique», soit en mettant en place un instrument quelconque pour coordonner les efforts. Nous y réfléchirons certainement. Xenia, merci.
Je n’ai pas de réponse directe pour l’instant, mais la question est tout à fait juste, et nous allons réfléchir à la manière de procéder. Merci.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, je propose que nous poursuivions sur le thème du soutien aux militaires et à leurs familles.
Vous avez probablement vu que parmi les appels qui sont parvenus au programme, il y avait aussi des demandes d’aide pour régler les paiements aux familles et aux militaires. Il y a également eu des demandes d’aide pour retrouver des personnes qui sont actuellement portées disparues, ou avec lesquelles on n’a plus de contact, ou qui, selon leurs proches, ont été emprisonnées.
Vladimir Vladimirovitch, est-il possible de donner une instruction particulière au Ministère de la défense pour qu’il fasse le point sur ces cas ? Il est difficile pour les gens de rester dans l’ignorance. Est-il possible d’adapter, d’ajuster le système d’information des familles des militaires ?
V. Poutine : Il s’agit d’une question très sensible pour plusieurs.
C’est une chose lorsqu’une personne est au front, plaise à Dieu que tout finisse bien.
Il existe différents types de paiements. Ils sont généralement décents : il s’agit de ce que l’on appelle la prime de combat, dans certains cas de la prime de mission pour ceux qui se trouvaient dans certaines régions avant le début de l’opération militaire spéciale et ceci était considéré comme une mission, de la prime pour la participation à des opérations offensives, d’assaut, pour la participation à l’organisation de la défense. Il y a une petite différence, mais ici tout est clair.
Lorsqu’une personne disparaît des radars, la question du soutien à la famille se pose. Nous en avons discuté et le Ministre de la défense a été confronté à cette question, il connaît ce problème. Il y a ici au moins deux choses à faire.
Premièrement, il faut accélérer ou raccourcir les délais de prise de décision finale. En l’absence d’informations, les familles cessent de recevoir les paiements correspondants, parce que la personne n’est pas là, elle ne participe pas aux activités offensives ou défensives, elle ne reçoit pas de primes de combat, et ainsi de suite – et le montant du soutien aux familles est réduit.
Ici le Ministère de la défense et le Gouvernement doivent prendre une autre décision : qu’est-ce qui peut remplacer au moins une partie de ces paiements ? Il y en a plusieurs idées : formuler une sorte d’allocation pour les enfants ou prendre une autre décision. Mais il est nécessaire de prendre une décision sur les mesures temporaires et d’accélérer la décision sur la clôture définitive de la question. Je n’entrerai pas dans les détails maintenant. D’une manière générale, le Ministère de la défense est conscient du problème et y travaille.
A. Souvorova : Entre-temps, nous avons travaillé pendant plus de trois heures, à savoir trois heures et dix minutes.
Nous avons beaucoup de questions, et elles sont très variées. Je propose que nous fassions un petit blitz. Dmitry, qu’en pensez-vous ? Commençons ?
D. Koulko : Je commencerai par une question de Guéorguy Aréfyev de l’oblast Smolénien : pourquoi, lors des réunions que vous organisez, les hauts fonctionnaires vous demandent-ils des instructions pour pouvoir commencer à faire quelque chose eux-mêmes ?
V. Poutine : Faut pas blâmer ici les fonctionnaires.
De quoi s’agit-il ici ? Le fait est que le processus de prise de décisions n’est pas facile et que lorsqu’une question arrive à moi, c’est qu’il s’agit généralement de questions et de problèmes justemnt de ce type. Il y a différentes approches ici : certains collègues pensent qu’il faut résoudre le problème d’une telle manière, d’autres pensent qu’il faut le résoudre d’une autre manière. En règle générale, les instructions sont nécessaires pour faire le point. S’il y a un différend, une bifurcation, comme on dit au Gouvernement lors de résolution d’un tel ou tel problème, mes collègues viennent me voir et me demandent de prendre une décision finale, ce que l’on appelle une décision du commandant. Ils demandent une instruction, pour que rien ne soit oublié, une décision finale, formulée dans une instruction – alors en avant, tout le monde se met au travail.
Il y a beaucoup de pièges bureaucratiques, parfois tout le monde est d’accord, mais il est nécessaire de le mettre sur papier et de le mettre en œuvre en tant qu’acte normatif.
A. Souvorova : La question suivante est : «Avec quelle personnalité vivante ou disparue aimeriez-vous prendre une tasse de thé ?»
V. Poutine : Parmi les personnalités vivantes, j’aimerais rencontrer plus souvent mes amis et mes proches. Et prendre une tasse de thé avec eux, communiquer avec eux, leur parler.
En ce qui concerne les dirigeants mondiaux disparus, j’ai eu des contacts, pas très étroits, mais néanmoins pendant très longtemps, avec le chancelier [Helmut] Kohl de la République fédérale d’Allemagne.
C’était une figure de l’échelle internationale, non seulement parce que c’était un grand gabarit, mais aussi en raison de ses actions et de ses convictions. Dès que je l’ai rencontré pour la première fois, en 1993, et pendant longtemps, et ensuite, alors qu’il n’était plus chancelier, il venait me rendre visite, rarement mais régulièrement. J’ai eu le plaisir – précisément le plaisir – de parler avec lui.
Il était, comme on le disait à l’époque de l’Union soviétique, une figure politique majeure de notre temps. Il a beaucoup fait pour sa patrie, il a beaucoup fait pour les Allemands. C’était un homme politique européen et mondial de premier plan.
Je me souviens avec intérêt plusieurs de nos conversations. Elles m’ont été très utiles. Je le dis sans exagération : très utiles.
Le Président français [Jacques] Chirac était une personne très intéressante. Tout simplement intéressant. Il était, vous savez, comme un encyclopédiste, comme un académicien : Vous lui demandez n’importe quoi, il sait tout. C’était même curieux, honnêtement. Il avait sa propre opinion sur tout et s’y tenait strictement. C’était un homme très correct et galant. J’ai beaucoup appris de lui aussi, honnêtement, comme j’ai beaucoup appris de Kohl, et je l’ai constaté pour moi-même. Et de Chirac aussi : sa façon de se comporter, l’intellectualisme de son comportement, etc.
Berlusconi était un peu différent, il était aussi très chaleureux dans la communication, mais il était très actif, un homme très à poigne. Il a beaucoup fait, tout comme Chirac, pour le développement des relations russieno-italiennes. Même en dépit de ce qui se passe aujourd’hui, nous avons le sentiment que la société italienne éprouve une certaine sympathie pour la Russie, tout comme nous éprouvons de la sympathie pour l’Italie.
Eux tous, ils ont apporté une contribution très importante au développement des relations bilatérales et à la politique mondiale. Il était intéressant avec eux. C’étaient des personnalités avec leurs propres opinions. Tout était axé sur l’obtention d’un résultat maximal pour leur propre pays, sur le renforcement de la souveraineté de leur État.
J’ai encore beaucoup [d’amis] en Asie, j’ai déjà parlé des relations amicales avec…
A. Souvorova : Avec la Chine, on y parlé, oui.
V. Poutine : Avec la Chine et l’Inde. J’ai des relations très chaleureuses avec le Premier ministre indien. Donc j’ai à qui communiquer. Mais comme toute autre personne, je voudrais dire une fois de plus qu’il s’agit avant tout de mes proches, et que certains de mes amis sont avec moi depuis l’enfance, donc je l’apprécie beaucoup.
A. Souvorova : Question suivante.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, j’ai soit une question, soit une demande de conseil de la part de Tatyana Prokhorova de Tchouvachie : «Avez-vous des dépôts dans des banques ? Si oui, dans lesquelles ?»
V. Poutine : Au départ, j’avais un dépôt à Sber, je pense que je l’ai gardé là-bas, et ensuite, lorsque la Banque Rossiya a été soumise à des sanctions, c’était la première institution financière, j’ai tout simplement transféré mon argent là-bas, par défi. Et je pense que mon salaire y est transféré.
A. Souvorova : La question suivante est : «Elvira Nabioullina vous a-t-elle dit quel sera le taux d’intérêt de la Banque centrale demain ?» Je pense que cette question n’intéresse pas que Valeriï Sémionov de l’oblast Pskovien, qui a écrit cette question.
V. Poutine : Non, elle ne me dit pas quel sera le taux. Elle-même ne doit pas le savoir pour l’instant, parce qu’ils en discutent au conseil d’administration, à leur «cellule Komsomol», et au cours de la discussion, ils prendront une décision finale. Mais j’espère que cette décision sera équilibrée et répondra aux exigences d’aujourd’hui.
D. Koulko : Une question comme celle-là : «Les pronostics de Vladimir Jirinovsky sur l’évolution de la situation au Moyen-Orient et dans le Caucase du Sud sont en train de se réaliser. Les autres prédictions du fondateur du LDPR se réaliseront-elles ?»
V. Poutine : J’ai naturellement bien connu Vladimir Volfovitch. Il n’était pas un pronostiqueur, il n’était pas un divinateur, mais il aimait l’épatage et faisait tout cela avec plaisir, de façon spectaculaire. Mais c’était un homme très érudit et très bien formé, c’était un expert en Moyen-Orient, un véritable spécialiste. Et tout ce qu’il a dit se réalise vraiment, parce qu’il l’a dit sur la base d’une analyse de ce qui se passait dans notre pays et dans le monde, et qu’il a prédit l’évolution de la situation. Ces prévisions se réalisent, en effet.
Mais il s’agit d’une prévision basée sur les connaissances et l’expérience réelles qu’il avait en tant que spécialiste.
A. Souvorova : Je propose que nous revenions sur le blitz un peu plus tard, vers la fin du programme.
D. Peskov : Un blitz peut se prolonger indéfiniment.
A. Souvorova : Oui, 2200 000 questions, bien sûr.
D. Peskov : Je ne vois pas très bien ce que vous avez sur votre papier, mais vous tendez la main depuis longtemps.
V. Poutine : Il y a là-bas un homme masqué. Vous êtes le suivant, d’accord ?
S. Chevtchenko : Oui, puis-je parler ?
V. Poutine : S’il vous plaît, s’il vous plaît.
S. Shevchenko : Svetlana Chevtchenko, Novossibirsk, l’oblast Novossibérien.
Le fait est que nous sommes une région agraire et industrielle, nous produisons des produits à valeur ajoutée pour l’exportation, des produits de haute qualité. Cependant, nous connaissons depuis peu une grave pénurie de jeunes travailleurs dans les zones rurales. Nous le ressentons vraiment : malgré les hypothèques rurales, malgré le développement des zones rurales, il y a une pénurie de personnel.
Vladimir Vladimirovitch, quels conseils nous donneriez-vous, quelles mesures devrions-nous prendre pour attirer de nouveaux jeunes et retenir ceux qui habitent déjà les zones rurales ?
V. Poutine : C’est une question très importante, car l’agriculture est l’un des secteurs clés de l’économie de la Fédération russienne. J’ai déjà dit qu’elle se développe à un bon rythme – trois pour cent par an. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce qui se passe dans l’agriculture.
J’ai déjà donné cet exemple, si je ne suis pas confus, je vais vous le dire. En 1986 environ, l’Union soviétique a acheté 35 millions de tonnes de céréales. L’année dernière, nous en avons exporté 56 millions de tonnes. Déjà en 2000, nous avons commencé à exporter, mais c’était 1,2 ou 1,3 million de tonnes, et maintenant c’est 66 millions de tonnes. Cela semble impossible, mais c’est ce qui est en train de se produire.
Nous sommes l’un des trois plus grands exportateurs de denrées alimentaires sur le marché mondial, et pour le blé nous sommes tout simplement le numéro un mondial. Et même si nous avons eu une récolte record l’année dernière – 148 millions de tonnes, et maintenant 130, mais c’est aussi une très grosse récolte, nous sommes stables : depuis 10 ans, nous avons plus de 100 millions de tonnes et une ressource stable et très importante pour les opérations d’exportation. Je l’ai déjà mentionné, nous nous sommes complètement couverts en termes de viande – 100% – et nous l’exportons.
Il y a des problèmes liés au lait et aux produits à base de fruits et légumes, mais il y a aussi un programme de développement. Tout est progressif, tout est en croissance.
L’un des problèmes les plus importants concerne les questions sociales dans les zones rurales : le logement, la culture et l’éducation. Il existe un programme de développement social et économique des zones rurales et il est généralement financé. Bien sûr, ce n’est probablement pas suffisant, mais le plus important est d’améliorer le bien-être des personnes habitant des zones rurales et d’augmenter leurs revenus. Toutes les autres questions en dépendront. Je suis sûr que nous irons dans cette direction.
Quant aux cadres, il s’agit également d’un des éléments clés. Traditionnellement, depuis l’époque de l’Union soviétique, nous avons toujours accordé une grande attention aux cadres, et maintenant le travail dans les campagnes devient de plus en plus intéressant, c’est déjà une industrie. Il requiert des spécialistes de haut niveau, hautement qualifiés, à différents niveaux : dans le domaine de la biologie, de la chimie, des agronomes traditionnels, et ainsi de suite, dans le domaine de la génétique.
La génétique, par exemple, est le domaine le plus important de notre pays, mais elle se développe aujourd’hui à un rythme très rapide, justement en relation avec l’agriculture et dans l’intérêt de celle-ci.
À mon avis, tout cela est très intéressant et il nous faut en parler non seulement lors des événements de ce type une fois par an, mais en parler constamment et créer les conditions pour que les jeunes viennent travailler dans ce secteur de l’économie avec intérêt.
Pour sa part, l’État fera tout ce qui est en son pouvoir pour attirer les étudiants nécessaires à cette industrie, et les fabricants doivent faire ce qu’ils font dans d’autres industries, c’est-à-dire créer les conditions pour envoyer des personnes à une formation ciblée et, au cours de cette formation, examiner et sélectionner les cadres pour eux-mêmes, afin de garantir leur travail dans les entreprises et la pratique industrielle. Nous veillerons certainement à tout cela ensemble.
D. Peskov : Vladimir Vladimirovitch, vous avez promis au journaliste masqué.
V. Poutine : Oui, s’il vous plaît.
A. Knyazev : J’ai déjà enlevé mon masque. Je me déplace simplement dans le métro, comme le font probablement la plupart des gens ici.
Andreï Kniazev, «Arguments de la semaine. Ouzbekistan», bénévole, et directeur du studio de journalistes et blogueurs jeunes et adultes «Le monde des jeunes», Moscou.
Ma question est la suivante. Cela fera 45 ans cette année que j’ai commencé le journalisme, en Ouzbékistan, et 30 ans ici. Je constate que le journalisme papier est en train de mourir. Peut-être que des blogueurs comme Vlad Boumaga aideront les journaux indépendants, qui ne dépendent ni de l’État ni des hommes d’affaires, mais uniquement des lecteurs.
Que pensez-vous qu’il faille faire pour qu’au moins la presse papier hebdomadaire ne meure pas ? Parce que les blogueurs que nous avons maintenant ne sont pas toujours intelligents, ils ne sont pas toujours sincères, ils ne sont pas toujours bons. Voilà ma brève question.
Et la deuxième question, je l’ai posée à beaucoup de fonctionnaires, dont Mme Zakharova, porte-parole du ministre des Affaires étrangères. Elle m’a dit : adressez-vous à Vladimir Vladimirovitch pour avoir une ligne directe. C’est pourquoi j’insiste sur ce point.
Beaucoup de nos scientifiques et beaucoup de gens qui voient l’avenir disent que d’ici 10 à 12 ans, les pays d’Europe, le Japon, les États-Unis, et pas seulement, et le continent américain, pourraient être engloutis ou disparaître, mais les gens resteront, ils commenceront à nous demander refuge, Vladimir Vladimirovitch, et ils sont contre nous. Peut-être faut-il les prévenir à l’avance ?
Il s’agit bien sûr d’une hypothèse. Mais il y a bien ces prévisions. Je lis, je lis beaucoup, et je lis surtout les journaux, et pas des chaînes-petits-menteurs quelconques de Telegram ni tout le reste.
J’ai deux questions à vous poser. Pardon, mais deux.
V. Poutine : Je ne sais même pas s’il me faut le raconter ou non. Je raconterai. Vous devez connaître cette blague, cette plaisanterie, lorsqu’une famille est assise à table et un petit garçon faisant des mots croisés dit : «Citez un mot à trois lettres». La mère lui frappe le front par la cuillère – boom ! Il dit : mais pourquoi, c’est une maison ! [«Дом» en russe. – NdT] Le père prend la cuillère et en fait boom à sa femme : «C’est à la maison qu’il faut penser !» Donc il faut penser à la maison.
Vous venez de dire que certains continents allaient être submergés. Et qu’il faut penser à ce que nous allons faire avec ces gens. Il faut penser à la maison !
A. Knyazev : Mais ils accourront chez nous, Vladimir Vladimirovitch ! Qu’allons-nous faire avec eux ?
V. Poutine : Moi je vous ai écouté attentivement. Vous êtes une personne si énergique, laissez-moi terminer. Je vous remercie beaucoup.
Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que les prévisions que vous avez mentionnées ne sont pas des calculs éphémères. Elles sont faites par des scientifiques sérieux qui disent que le permafrost va fondre. Ici les problèmes environnementaux sont énormes, car il y a plus d’émissions dans l’atmosphère que depuis toutes les voitures du monde entier réunies. S’il fond, les régions côtières de la Fédération russienne peuvent également être menacées.
Premièrement, nous avons des villages et des villes entiers qui reposent sur des pilotis enfoncés dans le permafrost. Il y a déjà des craquements là-bas. C’est à cela qu’il faut penser, à nos villes côtières, y compris même Saint-Pétersbourg, le comprenez-vous ? Oui, nous avons construit le barrage, dont on rêvait depuis l’époque de Pierre le Grand. Mais il faut penser à ce qu’il adviendra des villes côtières. C’est à la maison qu’il faut penser de prime abord.
A. Knyazev : Et au journalisme papier.
V. Poutine : Attendez, attendez. Si quelqu’un s’installe chez nous, nous avons un taux de chômage de 2,3%, il n’y a pas de chômage. Nous parlons de la migration de la main-d’œuvre et des problèmes qui en découlent.
Vous avez raison, il faut y réfléchir. En cas d’afflux important, il faut réfléchir à ce qu’il faut en faire, où et comment loger les gens. Nous sommes le plus grand pays du monde en termes de territoire, mais savez-vous combien de personnes vivent au-delà de la crête de l’Oural ? 12 millions ou quelque chose comme ça. C’est presque rien. Nous avons où loger les gens.
En fait, nous devons réfléchir à l’avance aux infrastructures sociales et autres, ainsi qu’aux règles. Ce n’est pas une question futile. Vous vous montrez si catégorique en parlant de tout cela, mais il y a vraiment une question à se poser. Je le répète encore une fois : il faut d’abord réfléchir sur des problèmes que se posent dans notre pays.
Le journalisme papier et l’aide de la part de Vlad Boumaga. Je pense que ces gens-là, bien sûr, vous soutiendront volontiers, d’autant plus qu’il s’agit ici de journalisme papier. [Pour rappeler : Boumaga signifie «Papier» en russe. – NdT]
Je pense que le journalisme papier aura sa place dans ce monde en pleine mutation, tout comme le livre papier. Vous pouvez feuilleter un gadget, et tout est bien imprimé et en différentes langues. Moi-même, franchement, je l’utilise parfois. Mais prendre un livre dans les mains, c’est une autre histoire. Et pas seulement parce qu’il contient des images, même si c’est aussi intéressant à regarder, et que l’illustration d’un livre est parfois une œuvre d’art.
Prendre dans les mains les Izvestia ou la Komsomolka, les feuilleter, les creuser, cela procure un certain frisson, n’est-ce pas ? J’espère que ceux qui s’occupent de journalisme papier en tiendront compte et maintiendront cet intérêt pour le public.
Le plus important, bien sûr, c’est le contenu, car quel que soit le support, le plus important, comme l’a dit Vlad Boumaga, c’est ce qu’il y a à l’intérieur, le contenu. C’est le plus important. Si un support papier a un contenu décent et intéressant par rapport aux balivernes de l’internet, il ne disparaîtra guère.
A. Souvorova : Vladimir Vladimirovitch, pensons à la maison, et tout d’abord à une maison saine. Le fait est que c’est l’un des sujets qui intéressent le plus souvent les Russiens. Si vous regardez les statistiques, il vient en fait en deuxième position : les gens s’interrogent sur la pénurie de médecins dans les polycliniques, et souvent sur la pénurie de certains médicaments.
Je vous propose d’appeler maintenant Irina Iourievna Sytchova de Nijny Novgorod. Irina Iourievna, bonjour, votre question.
Irina Sytchova : Bonjour, cher Vladimir Vladimirovitch ! Je m’appelle Irina Sytchova et je parle de Nijny Novgorod.
Je m’adresse à vous pour vous demander de prêter attention à notre médecine gratuite. Je tiens tout d’abord à exprimer ma sincère gratitude pour la réparation des locaux des polycliniques, qui, Dieu merci, sont en train de retrouver une apparence décente.
Mais il y a une pénurie catastrophique de spécialistes et de thérapeutes de quartier dans les polycliniques – les médecins se rendent dans des cliniques payantes. Et nous, retraités et citoyens de faible revenu, que devons-nous faire ?
Plus d’un mois, je ne peux pas inscrire mon père chez un cardiologue, il a eu une crise cardiaque et le médecin ne consulte qu’une fois par semaine. L’inscription électronique ne fonctionne pas, car le médecin ne travaille pas à temps plein. Il faut faire la queue pour obtenir un ticket à cinq ou six heures du matin, rester dans la rue, et ce n’est pas sûr que l’on obtienne un ticket. La file d’attente reste dans la rue jusqu’à sept heures du matin, c’est-à-dire jusqu’à l’ouverture de la polyclinique. Plusieurs personnes âgées ne sont pas en mesure de faire face à une telle épreuve. Nous espérons que vous ferez le pont de cette question. Merci beaucoup d’avance.
V. Poutine : Irina Iourievna, les questions médicales – je les vois dans le contexte de l’ensemble des questions – sont en deuxième position, je pense… Oui, en deuxième position. C’est toujours une question très importante – dans tous les pays, d’ailleurs, et dans les pays dits développés à économie de marché – aujourd’hui, elle est probablement même plus aiguë dans ces pays que dans le nôtre. Mais à quoi bon penser à eux ? Il faut penser à la maison, je suis d’accord.
Je vous remercie donc d’avoir mentionné la polyclinique rénovée et d’en avoir parlé. Cela signifie que quelque chose se passe quand même.
Et nous avons tout un programme – je vais vous le dire. Car le principal problème est celui du personnel. Ce problème concerne les soins de santé primaires. Nous avons des hôpitaux, et l’on sait que les médecins y travaillent – il n’y a pratiquement pas de problème de personnel dans ces hôpitaux, mais il y en a dans le secteur des soins de santé primaires. Mais cela nous amène à une conclusion claire : il s’agit avant tout d’une question d’organisation des soins de santé dans les régions de la Fédération russienne.
Si l’on considère la rotation des lits d’hospitalisation, on constate qu’ils ne sont pas entièrement et complètement remplis tout au long de l’année. Et en même temps, il y a un problème dans les soins de santé primaires : dans les polycliniques, dans les hôpitaux de district, où ils travaillent tous les jours. Et c’est la tâche des autorités sanitaires locales de répartir la charge. C’est la première chose.
La deuxième est liée à la formation du personnel. Nous faisons de notre mieux, le Ministère de la santé essaie d’attirer autant de candidats que possible, et ce processus est en cours. Nous avons commencé à verser aux médecins et aux infirmières des petites localités un supplément de 50 et de 29 000 [roubles], ce qui est également important. Pour la première fois au cours des années précédentes, nous avons constaté un afflux de 17 500 spécialistes, je crois, mais nous n’en avons toujours pas assez.
Revenons donc à l’organisation des soins de santé, au fait que nous devons continuer à renforcer les soins primaires. Et tout cela, bien sûr, doit être fait à un rythme bien plus élevé et meilleur que ce qui a été fait jusqu’à présent. Je ne peux qu’être d’accord avec cela. Mais dans votre cas particulier – mes collègues me passeront les données, les avez-vous ?
A. Souvorova : Oui.
V. Poutine : Nous allons essayer – pas essayer, mais nous allons certainement aider votre papa.
D. Koulko : Poursuivons avec le sujet de la médecine, c’est un sujet important.
Par rapport à l’année dernière, le nombre d’appels concernant la pénurie de médicaments a diminué cette année, mais ils existent néanmoins, et ils concernent principalement la réception de médicaments prescrits à des conditions préférentielles.
Par exemple, une retraitée de Kertch nous écrit : «Je souffre d’oncologie. On m’a prescrit des médicaments gratuits, la dernière fois que je les ai reçus, c’était il y a trois mois. J’ai appelé la hot line de Simferopol qui m’a répondu qu’il n’y avait pas de médicaments. Je dois maintenant les acheter moi-même. Aidez-moi à faire arranger cela».
Et il ne s’agit pas que de médicaments coûteux : la pénurie de la saline dans les pharmacies a été particulièrement remarquée. Les personnes souffrant de diabète se plaignent également des interruptions dans la distribution de l’insuline. Voici, par exemple, quelques témoignages.
Rachida Gaïnoutdinova écrit : «Dans la ville de Neftekamsk, cela fait déjà quatre mois que je ne peux plus recevoir d’insuline. Auparavant, j’en recevais à l’hôpital, mais maintenant ils ne m’en donnent plus. Je ne peux pas non plus l’acheter à la pharmacie».
Vitaly Maïorov, ville d’Atkarsk, l’oblast Saratovien : «Je souffre de diabète du premier type depuis 50 ans. Je n’ai pas souvenir d’un approvisionnement aussi faible en insuline et en bandelettes de test depuis tout ce temps».
Vladimir Vladimirovitch, où en est le développement de la pharmacologie nationale et comment évaluez-vous l’approvisionnement de la population en médicaments de base pour le traitement des maladies oncologiques et d’autres maladies aiguës ?
V. Poutine : Cette question est extrêmement importante, tout comme l’approvisionnement en spécialistes et en médecins.
L’industrie pharmaceutique est un domaine des plus importants de notre activité. Vous savez, lorsque j’étais président du Gouvernement de la Fédération russienne, c’est-à-dire en 2008, nous avons commencé à travailler sur le développement de notre propre industrie pharmaceutique.
En 2008, nous avons commencé à en parler et à créer certains programmes. En 2009, ces programmes ont été formulés. Ils portaient des noms différents, mais l’essence était la même : le développement de notre propre industrie pharmaceutique. Je ne me souviens pas du montant que nous avions prévu à l’époque, ni du montant investi, mais l’industrie pharmaceutique elle-même s’est développée principalement avec le soutien et l’assistance de l’État – avec l’aide, en règle générale, du budget fédéral.
Aujourd’hui, nos entreprises pharmaceutiques – au cours de la dernière période – ont commencé à investir leurs propres ressources dans le développement, et il s’agit d’investissements assez importants, s’élevant à des dizaines de milliards de roubles, 40 milliards de roubles environ.
Nos propres programmes de développement existent, nous avons commencé à créer nos propres médicaments à partir de nos propres molécules, nous avons commencé à créer nos propres substances, ce qui n’était pas le cas auparavant. Nous avons commencé à produire des médicaments complexes, y compris des médicaments contre le cancer. Cela se développe très bien à Saint-Pétersbourg. Il en va de même pour l’insuline.
Pour ce qui est des bandelettes de test et autres, il s’agit simplement d’échecs, de lacunes dans les activités des services compétents et sur le terrain. En général, l’argent pour tous ces médicaments est alloué en totalité. Il s’agit d’organiser des appels d’offres et de prendre des décisions en temps requis.
Et bien sûr, je ne manquerai pas d’en parler à mes collègues du Gouvernement et des sujets de la Fédération russienne : nous devons tout faire à temps et nous orienter correctement en fonction des besoins du marché et de la façon dont ils évoluent.
Nous avons un programme de développement pharmaceutique ; il est désormais inclus dans le projet de leadership technologique. Il existe un domaine distinct de ce travail sur les médicaments. En ce qui concerne les médicaments vitaux et essentiels, d’ici 2030, nous devrions atteindre 90% de nos propres médicaments et 40% pour les dispositifs médicaux.
D’une manière générale, ce travail avance, et il avance à un bon rythme. Mais il s’agit probablement d’une énorme quantité de travail et il y a ces échecs – s’il vous plaît, passez-nous aussi [des données] – nous les examinerons certainement, c’est-à-dire, pas probablement, mais certainement qu’ils existent.
Vous avez parlé de l’insuline : nous avons toujours eu suffisamment d’insuline en général. La saline, elle, n’est rien du tout. Mais je sais – j’essaie de garder un œil dessus, bien sûr – qu’en ce qui concerne ces salines, ce ne sont pas les salines qui sont en cause, mais l’emballage. Deux départementss – le Ministère de l’industrie et du commerce et le Ministère de la santé – n’ont tout simplement pas pris de décision opportune sur les prix de ces emballages. Pour les fabricants, le prix proposé est devenu non rentable – ils sont allés jusqu’à commencer à acheter ces emballages à l’étranger.
À ce jour, toutes les décisions ont été prises et j’espère vivement que ces échecs ne se reproduiront pas. Dans ce cas particulier, nous verrons, bien sûr. Merci.
D. Koulko : Dmitry Sergueïevitch, nous vous passons le relais.
D. Peskov : Merci. Allons dans la salle.
Réplique (du public).
D. Peskov : Vous savez, ceci ne marchera pas comme ça.
V. Poutine : Allez, s’il vous plaît. Mais ne faisons pas cela davantage. Le chaos s’ensuivra et nous ne pourrons pas y faire face. Je vous en prie.
X. Axionova : Merci. Je vous prie de m’excuser.
Xenia Axionova, chaîne TV Spass [Sauveur].
Je vais poser des questions qui se sont unies dans une seule phrase d’un homme que vous respectez beaucoup, à ce que je sais, et que toute l’Église russe aime. Il s’agit du confesseur de notre Patriarche, le starets Iliï (Nozdrine).
Au début de l’opération spéciale, il a énoncé trois conditions de victoire : interdire l’avortement, interdire le blasphème et enterrer le corps de Lénine.
Trois questions sur ces trois points.
Le premier point concerne l’avortement. Notre Patriarche parle depuis des années de retirer l’avortement du cadre de l’AMO (l’Assurance médicale obligatoire), parce qu’il ne s’agit pas d’une procédure médicale et qu’il mutile au lieu de guérir. Les chefs des religions traditionnelles de Russie soutiennent notre patriarche dans cette démarche. Dites-moi, cela sera-t-il fait ?
Deuxièmement, vous avez récemment fait une déclaration exhaustive sur le langage ordurier, affirmant qu’il s’agissait d’une anti-prière et d’une invocation des forces obscures. Afin de ne pas me répéter au sujet des grossièretés, je poserai une question relative aux les forces obscures, car la Russie connaît actuellement un boom de l’ésotérisme, de l’occultisme, de la voyance, de la pornographie accessible, et les gens dépensent aujourd’hui plus d’argent pour les médiums que pour les médecins. Les sites porno sont aujourd’hui les plus visités dans notre pays. Dites-moi, y aura-t-il des mesures pour limiter ces activités manifestement dangereuses ?
Troisième point, concernant l’enterrement du corps de Lénine. Je ne parle pas ici d’une évaluation de ses activités. Vous l’avez fait à maintes reprises, mais il s’agit plus précisément de l’accomplissement de sa volonté et de celle de sa famille et du fait qu’un corps embaumé dans le Mausolée est une coutume absolument païenne et opposée au Dieu. Dites-moi s’il vous plaît, qu’est-ce qui empêche de mettre en terre le corps de Lénine ? Merci.
V. Poutine : Il est clair que ces questions ne se prêtent pas à une conférence de presse élargie ni à une Ligne directe. Elles sont toutes extrêmement sensibles et aiguës.
En ce qui concerne l’avortement, bien sûr, nous devons réfléchir ici à ce que les croyances religieuses n’en pâtissent pas, et à ce qu’il faudrait résoudre des questions liées à la démographie. Mais en même temps, nous devons penser au bien-être des familles russiennes aux enfants, à leur avenir et au droit des femmes à prendre certaines décisions. Il s’agit d’une question subtile qui ne peut être résolue au cours d’une conférence de presse, tout comme les sites porno, etc.
Vous voyez, certains sont mécontents du ralentissement de Youtube. Vous dites «dans notre pays». Les sites porno sont regardés, je crois, dans le monde entier. D’abord les sites pornos, et ensuite il s’agirait de commander une côtelette, vous voyez ? Dans le monde entier. Ce n’est pas seulement notre problème, c’est un problème de plusieurs autres pays.
Comment pourrait-on répondre ? En général, toutes les interdictions ont le droit d’exister, mais il est toujours nécessaire d’offrir une alternative, plus intéressante qu’un site porno. Pour qu’une personne y aille, ouvre un site porno et dise : ah bon, ça c’est du déjà vu, j’aimerais voir quelque chose d’autre. Pour que cela la pénètre. (Rires dans la salle.)
Il en va de même pour l’enterrement du corps de Lénine. Un jour, peut-être, la société en viendra à cela. Mais aujourd’hui, surtout aujourd’hui, en Russie, nous ne devons pas faire un seul pas qui aurait scindé notre société. C’est sur cela que je me fonde.
En général, bien sûr, Iliï a raison. Je l’aime et j’écoute toujours ce qu’il dit. Je sais, il me l’avait dit.
D. Peskov : Pouvons-nous passer à ce secteur-là ? Vladimir Vladimirovitch, là-bas il y a Kolesnikov, que j’ai oublié. Si vous le permettez.
V. Poutine : S’il vous plaît, Andreï.
A. Kolesnikov : Bonjour ! Andreï Kolesnikov, journal Kommersant.
V. Poutine : Bonjour !
A. Kolesnikov : Vladimir Vladimirovitch, près de trois ans de guerre se sont écoulés, et nous avons tous beaucoup changé pendant cette période. La guerre a changé tous et chacun. Et qu’est-ce qui a changé en vous, qu’avez-vous réalisé sur vous-même ?
Et voici une autre question. Si Dmitry Serguéïevitch n’y voit pas d’inconvénient, c’est que personne ne pose cette question, plus personne ne la posera, mais je suis curieux. Il y a quelque temps, comme on le sait, le Président des États-Unis Joe Biden a gracié son fils Hunter, qui avait été condamné pour avoir fait de fausses déclarations lors de l’achat d’armes. Tout le monde s’est exprimé, il y a eu beaucoup de commentaires à ce sujet, mais vous, vous êtes resté silencieux. Peut-être, je ne sais pas, n’avez-vous rien à dire à ce sujet. Qu’en pensez-vous en général ? Merci.
V. Poutine : On dit parfois que le silence est de l’or. Il vaut mieux rester silencieux.
Je vous remercie d’ailleurs pour cette question.
Quant au fait que Biden ait gracié son fils, alors qu’il avait promis de ne pas le faire, c’est une chose subtile. Il y a d’autres exemples dans l’histoire de notre pays. Tout le monde connaît bien le tableau «Ivan le Terrible et son fils Ivan» – que ce soit une légende ou non, comme que ce soit une légende ou non ce qui est arrivé au fils de Pierre le Grand, Alexeï, ou avec Staline – ceci n’est pas déjà une légende, lorsque Staline a refusé l’offre d’échanger son fils Yakov, qui était en captivité, contre le maréchal Paulus, il a dit : «Je n’échange pas un soldat contre un maréchal».
Vous comprenez, c’est la décision d’un homme, mais quelle était la situation à l’époque ? Même se rendre était considéré comme une trahison. Pourquoi ? On peut dire tout ce que l’on veut à ce sujet. À l’époque, le pays était confronté non seulement à une défaite possible, mais à une destruction totale possible, et non seulement du pays, mais de notre peuple tout entier. Il s’agissait alors de la survie d’une ethnie, d’une nation. Les mesures de lutte pour la victoire étaient dures, voire cruelles.
Compte tenu de cet état d’esprit de la société, qui était apparemment soutenu par le chef de l’État, Staline, et qui ne lui a pas donné l’occasion de sauver son fils, il a dit ce qu’il a dit et a fait ce qu’il a fait.
Comme nous le savons, son fils a été exécuté dans un camp et Paulus a été «utilisé» au procès de Nuremberg. Lorsqu’il est entré dans la salle, tout le monde a sursauté – personne ne s’attendait à le voir là.
Quant à Biden, c’est un politicien, et il est toujours important de savoir ce qu’il y a de plus en toi : le politicien ou l’homme. Il s’est avéré qu’en Biden il y avait plus de l’homme. Je ne le jugerais pas pour cela.
A. Souvorova : Il y avait la première partie de la question d’Andreï Kolesnikov sur les trois années de l’opération spéciale et la poursuite des hostilités.
V. Poutine : Qu’est-ce qui changeait ?
A. Kolesnikov : Comment avez-vous changé au cours des trois dernières années ?
V. Poutine : Vous savez, nous changeons tous, nous changeons chaque jour, chaque heure. Je pense que tous ceux qui sont présents dans cette salle et ceux qui nous écoutent et nous voient changent aussi. C’est la vie : tout coule, tout change. Mais ces trois ans, plus de deux ans, ont certainement été une épreuve sérieuse pour nous tous, pour le pays tout entier et pour moi-même.
Vous savez, je vais vous dire franchement : à présent nous plaisantons ici et on rit parfois dans la salle, mais moi je me vois plaisanter plus rarement et presque cesser de rire.
Et il y a encore une autre chose : j’ai, bien sûr, commencé à perfectionner, à ce que je pense, mes compétences – du moins appelons-les ainsi – à trouver des questions clés et à concentrer l’attention et l’énergie sur la résolution de ces questions.
D. Peskov : Continuons. Passons au secteur diamétralement opposé. Je vois RBK. RBK, s’il vous plaît.
P. Khimchiachvili : Bonjour ! Polina Khimchiachvili, RBC.
Je poursuis littéralement la question précédente. Vous avez dit que vous riez et souriez moins. Si vous pouviez revenir au février 2022, auriez-vous changé de décision ?
V. Poutine : Il s’agit d’une question hypothétique : «S’il était possible de revenir en arrière…» Vous savez, s’il était possible de regarder la situation en 2022 en sachant ce qui se passe maintenant, que penserais-je ? Que la décision qui a été prise au début de l’année 2022 aurait dû être prise plus tôt. C’est premièrement.
Deuxièmement. Sachant cela, il aurait fallu nous mettre à nous préparer à ces événements, y compris à l’OMS. Après tout, les événements de Crimée ont été spontanés, et les événements de 2022 ont également été lancés sans préparation particulière. Mais pourquoi avons-nous commencé ? Parce qu’il n’était plus possible de rester figé sur place, de tolérer et d’attendre que la situation s’aggrave pour nous. C’est de cela qu’il s’agissait.
Après tout, les autorités kieviennes ont annoncé qu’elles ne respecteraient pas les accords de Minsk. Elles l’ont dit explicitement et ont revendiqué leurs prétentions à une arme quelconque de destruction massive. Nous avons vu que nous avons été trompés sur les accords de Minsk, tous les huit ans la guerre et les massacres, l’extermination des gens au Donbass se prolongeaient. Rien ne se passe, les accords de Minsk ont été abandonnés.
Et qui plus est, nous avons vu que l’aménagement militaire de ces territoires avait simplement commencé, avec la destruction parallèle de tout ce qui était lié à la Russie. Il s’est avéré impossible de rester dans l’état où nous étions. On nous a contraint de passer à ces activités. Si nous avions su à l’avance ce qui allait se passer, nous aurions dû faire de sérieux préparatifs systémiques. C’est ce que j’aurais voulu dire.
D. Peskov : Chers amis, cela fait déjà quatre heures que nous travaillons.
V. Poutine : Permettez-moi de donner la parole à mes collègues. Veuillez lui donner le micro.
Ie. Lazareva : Merci, Vladimir Vladimirovitch. Bonjour ! Iekaterina Lazareva, agence URA.RU.
Aujourd’hui, vous avez mentionné les dirigeants européens et américains, le nouveau comme en action.
Ma question est la suivante. En 2025, la Russie célébrera le 80e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique, et je sais que vous avez déjà invité des dirigeants de différents pays. En même temps, si on s’en souvient, l’anniversaire du débarquement des alliés en Normandie a été célébré cette année, et la France ne nous a pas invités. Des événements commémoratifs auront lieu à Auschwitz en janvier 2025. Pour autant que je sache, nous n’y sommes pas non plus invités.
Avez-vous invité nos alliés de la coalition anti-hitlérienne à venir à Moscou pour l’anniversaire de la Victoire en 2025 ? Est-il important pour vous que les dirigeants des États-Unis, de la Grande-Bretagne et peut-être de la France viennent à Moscou, ou au moins des représentants de ces pays ? Merci.
V. Poutine : Premièrement, pour ce qui est de nous inviter où que ce soit. Nous ne nous empressons pas nulle part. Tout d’abord, nous sommes bien chez nous. Nous devons nous renforcer nous-mêmes, c’est le but de notre travail.
Deuxièmement, nous n’oublierons jamais les sacrifices immolés par notre peuple sur l’autel de la victoire sur le nazisme. Le plus important est que nous, nous ne l’oublions pas. Et le fait que l’on essaie de l’oublier dans d’autres pays est naturel pour les dirigeants d’aujourd’hui, car pour eux, c’est une ligne d’attaque contre la Russie dans son ensemble, à savoir s’ingénier à l’oublier, la décaler, de ne pas s’en souvenir. Mais c’est leur affaire à eux.
Nous serons heureux de voir tous ceux qui souhaitent venir chez nous pour célébrer cette date significative. Je signe certaines invitations, mais en général, c’est le Ministère des affaires étrangères qui s’en charge. Ma position à moi consiste à ce que nous sommes généralement ouverts à tous ceux qui veulent être avec nous à Moscou ces jours-ci et célébrer cette date.
Nous serons heureux de voir tout le monde, y compris les membres de la coalition anti-hitlérienne, dont les membres ont apporté une contribution importante à la résolution de la question de la victoire sur le nazisme : les États-Unis comme la Grande-Bretagne avec ses convois du Nord. Il y avait là-bas aussi des gens héroïques, nous les aimons et les respectons. Je pense qu’il y a des vétérans encore en vie. Les marins britanniques ont eu un comportement vraiment héroïque, les Américains ont combattu lors du débarquement dans le nord de la France.
Il est vrai que leur participation, leurs pertes ne sont pas comparables à celles du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique. Nous avons perdu 27 millions, et combien aux États-Unis ? 500 000 morts, en Grande-Bretagne encore moins – 400 000, si ce n’était encore moins, alors que pendant la Première Guerre mondiale, ils ont perdu 1,5 million de personnes. Leur contribution à la Victoire est donc différente, bien sûr, mais leur participation a eu une grande valeur, ne serait-ce que parce qu’ils étaient à nos côtés. Ils nous ont soutenus par des prêts-bails. Cependant, nous avons payé pour cela pleinement et entièrement. Lorsque je suis devenu Président, nous avons même payé l’intégralité du prêt-bail. Les Américains nous ont aussi pris cet argent, vous voyez ? Nous l’avons remboursé intégralement, malgré le fait que tant d’années s’étaient écoulées.
Nous apprécions néanmoins la contribution de nos alliés à la lutte commune et nous serons heureux de voir tous ceux qui souhaitent partager la joie de la Victoire avec nous.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, nous avons encore beaucoup de questions, y compris des questions personnelles.
V. Poutine : Je propose de continuer avec la salle. Iamal, qu’en est-il d’Iamal ?
A. Jijine : Vladimir Vladimirovitch, bonjour ! Iamal-Média, Andreï Jijine. Les pays occidentaux ont imposé plus de vingt mille sanctions différentes…
V. Poutine : Quarante déjà, je crois.
A. Jijine : Quarante ?
V. Poutine : Pour être honnête, je ne compte pas.
A. Jijine : Ils sont particulièrement turlupinés par notre développement progressif dans l’Arctique. Ils en sont arrivés au point de déclarer ouvertement que leur objectif est de détruire, d’exterminer les projets de GNL dans l’Arctique – la production de gaz naturel liquéfié.
De quoi ont-ils si peur, qu’en pensez-vous ? Parviennent-ils d’une manière ou d’une autre à influencer le rythme de notre développement dans l’Arctique ? Comment allons-nous réagir ?
V. Poutine : De quoi ont-ils peur ? Ils ont peur de la concurrence. Ils utilisent les moyens de la lutte politique pour faire de la concurrence déloyale.
Le Novatek est une entreprise bien connue. Ce n’est pas un leader, d’autres pays, y compris les États-Unis, produisent plus de GNL, mais nous nous développons. Ils essaient de nous empêcher de nous développer. Ce sont des moyens déloyaux, des moyens de restreindre la concurrence, absolument.
C’est mauvais pour eux en fin de compte, car s’ils luttent contre la concurrence de cette manière, qui n’est pas économique, ils perdront eux-mêmes leur compétitivité un jour. Oui, ce ne sera pas demain, mais cela arrivera un jour si cela continue.
Nous empêchent-ils ? Ils nous empêchent. Créent-ils des problèmes ? C’est le cas. Pourront-ils tout arrêter, nous tuer pour de bon ? Non, ils ne le pourront pas. Ils nous causeront des dommages et des préjudices, mais nous sortirons certainement de cette situation, ainsi que d’autres situations liées à l’approvisionnement en énergie. D’autant plus que le besoin de vecteurs énergétiques, du point de vue du développement de l’économie mondiale, se poursuit. Ce besoin croît, il continuera de croître (ce ne sont pas nos données à nous, ce sont celles des institutions économiques mondiales), ce produit sera tout simplement demandé sur les marchés mondiaux. Nous continuerons à le faire et nous augmenterons notre part sur les marchés mondiaux du GNL.
D’ailleurs, il en va de même pour les livraisons par tuyaux, par gazoducs. L’Ukraine a refusé de prolonger le contrat de transit. Mais oui, ce n’est pas nous qui avons refusé, c’est l’Ukraine. L’Ukraine a refusé de prolonger le contrat, alors qu’elle recevait de nous entre 700 et 800 millions de dollars par an grâce à ce contrat.
Aujourd’hui, on se demande ce qu’il faut faire à ce sujet. Mais ce n’est pas notre problème, c’est l’Ukraine qui a interrompu nos livraisons de gaz aux consommateurs européens. D’une part, l’Ukraine becquète de leurs mains, car ce n’est qu’avec le soutien de l’Occident, y compris de l’Europe, qu’elle peut exister, non seulement se battre, mais exister, et d’autre part, elle leur crée des problèmes en interrompant la livraison de notre gaz relativement bon marché à l’Europe. Ce contrat n’aura plus lieu, c’est déjà clair. Mais bon, nous survivrons, le Gazprom survivra.
À propos, savez-vous, nos services spéciaux viennent de me rapporter que des saboteurs avaient été arrêtés en Slovaquie, je crois, et il est clair qu’il s’agit de saboteurs ukrainiens, avec des cartes indiquant l’emplacement des installations gazières en Slovaquie.
J’en ai été informé littéralement hier ou avant-hier, et je demanderai à nos services de renseignement d’interroger leurs collègues par canaux d’interaction, qui seront toujours gardés, pour savoir de quoi il s’agit. Voyez-vous, il ne suffit pas que des actes terroristes soient perpétrés dans notre pays, ils le sont maintenant dans des pays européens.
Je le répète encore une fois : ils se nourrissent de leur main, ils becquètent dans leur main, et ils sont déjà passés à la tentative de perpétrer des actes terroristes sur le territoire de l’Europe. Mais c’est leur choix. Le nôtre est de développer la coopération, et nous atteindrons nos objectifs.
Le Cosmos, allez-y. Et la BBC, je vois. Vous allez avoir l’occasion de nous attaquer. Allez-y. Nous ne faisons que nous défendre.
D. Maslak : Merci. Je suis le correspondant particulier du Service russe de la télévision d’État chinoise à Moscou. Nous travaillons ici en Russie et je suis citoyen de la Russie, bien que je sois considéré comme un journaliste étranger.
Puis-je commencer par une question de la télévision d’État chinoise, de CGTN, car c’est grâce à eux que je suis accueilli ici, nous travaillons ici depuis deux ans maintenant.
La première question. L’émission d’aujourd’hui s’intitule «Bilan de l’année», et au cours de l’année vous avez dit que les initiatives de paix de la Chine étaient parmi les plus – je ne me souviens pas de la formulation exacte – mais vous avez dit qu’elles étaient plus réelles que toutes les autres proposées par des pays intermédiaires.
Nous nous souvenons tous et avons entendu des déclarations selon lesquelles l’Occident a épuisé les limites de la confiance, la Russie a été trompée par les dirigeants européens, qui l’ont eux-mêmes reconnu. Mais pour être précis : M. Trump, son assistant Keith Kellogg disent qu’il serait possible de mettre fin à la guerre avant même l’inauguration, le 20 janvier.
Nous ne parlons pas de l’adhésion ou de la non-adhésion de tel ou tel pays à l’OTAN… Tout simplement cesser le feu instantanément, est-ce possible ? La Russie est-elle prête à prendre au moins une mesure aussi simple, si les partenaires européens et américains parviennent à persuader Kiev ?
En effet, tout le monde, le monde entier, est fatigué de la crise ukrainienne et les gens en Russie aussi, me semble-t-il, veulent déjà la paix. Une démarche aussi simple : personne ne risque quoi que ce soit, il suffit de s’arrêter là où l’on est à un moment donné. Si quelqu’un ne tient pas sa promesse, sa parole, alors, en principe, les choses pourraient continuer. Personne ne perd rien, c’est juste un «halte !» à un moment ou à l’autre.
Et la deuxième question tout de suite, puisqu’il s’agit d’un format combiné après tout. J’habite Koroliov, et je voudrais vous demander de prêter attention à la plus grande ville scientifique de Russie, parce que nous, habitants de Koroliov, avons franchement beaucoup de questions.
Aujourd’hui, le Centre spatial national est en cours de construction au Centre Khrounitchev, et de nombreux habitants de Koroliov, qui compte un quart de million de personnes, habitants de l’oblast Moscovien, sont toujours perplexes : sommes-nous toujours la capitale historique de l’espace, où Koroliov et les principaux concepteurs ont travaillé, ou tout de même non ? Nous avons besoin d’une zone économique spéciale dans la ville, par exemple sur le territoire de l’usine de construction d’immeubles – on essaie maintenant de partager ce territoire – parce que la ville a besoin d’un certain élan, nous devons rendre à Koroliov le titre de capitale historique de l’espace du pays, parce que RKK Energuia continue de travailler, etc.
À cette fin, nous avons besoin d’une troisième entrée dans la ville – tout le monde la réclame, car les embouteillages durent jusqu’à quatre heures. Lorsque nous terminerons ici, nous devrons stationner trois heures et demie dans ce bel embouteillage notoire. Nous avons besoin d’un viaduc. Nous avons un petit problème de démocratie dans la ville. Désolé, je suis en train de bouillir.
D. Peskov : Vous avez combiné deux rôles à la fois : du citoyen et du journaliste.
D. Maslak : La Ligne directe et la conférence de presse.
A. Souvorova : Une fois venu.
D. Maslak : En général, oui. La troisième entrée de Koroliov. Vous avez vous-même emprunté ce viaduc. Nous avons besoin d’une troisième entrée à Koroliov, parce que c’est tout, nous sommes en train de nous noyer, nous ne pouvons pas rester dans ces embouteillages. Je pense que toute la population de Koroliov applaudit, car si vous parvenez à résoudre ce problème, nous serons très heureux. Merci énorme. Chers collègues, pardonnez-moi.
V. Poutine : Votre employeur ne vous fera pas l’éloge de la deuxième partie de votre question – ce n’est pas pour cela qu’il vous a envoyé ici, mais vous avez bien compris mon message : nous devons penser à la maison. C’est tout à fait exact.
La question de l’entrée à Koroliov a été abordée. Je sais, d’après nos conversations précédentes sur le développement de Koroliov justement en tant que capitale de l’espace. Un autre centre est déjà en cours de construction à Moscou, un centre très important du point de vue du développement de l’industrie spatiale, mais Koroliov est un centre connu et reconnu comme tel. Je n’entrerai pas dans les détails maintenant, mais Koroliov, en tant que ville scientifique, mérite certainement l’attention due. Je ne manquerai pas d’en parler à mes collègues de l’oblast Moscovien et à ceux qui s’occupent de l’aviation et de l’espace. Il existe plusieurs projets dans ce domaine.
L’idée de créer une zone économique spéciale est assez fondée. Je ne prendrai pas de décision définitive maintenant, mais il est absolument certain qu’elle peut et doit être envisagée, d’une manière générale, pour réfléchir à la manière d’utiliser le potentiel de Koroliov. Vous avez tout à fait raison. C’est premièrement.
Deuxièmement, en ce qui concerne les initiatives de paix de la République populaire de Chine, du Brésil, de la République d’Afrique du Sud. Pourquoi y avons-nous prêté attention ? Parce qu’il s’agit d’une tentative sincère de trouver une solution. À notre avis, cette tentative est équilibrée et n’impose rien aux deux parties : ni à l’Ukraine, ni à la Russie. C’est pourquoi elle est effectuée par des pays neutres qui n’interfèrent pas dans le conflit, comme le font, par exemple, les pays occidentaux, qui nous combattent en fait par les mains des Ukrainiens. Par conséquent, ce qu’ils proposent – bien sûr, il faut y réfléchir cent fois, car il s’agit en fait d’une partie belligérante.
Est-il possible pour nous d’arrêter les hostilités dès maintenant ? Comprenez-vous de quoi il s’agit ? Je vous ai parlé de ce qui se passe : les forces armées ukrainiennes ont épuisé leur matériel militaire, leur équipement, leurs munitions et, surtout, leur personnel.
Que voyons-nous réellement sur le champ de bataille aujourd’hui ? Notre armée avance et l’ennemi ne peut pas prendre pied sur les positions où il s’est replié un jour donné, à un moment donné. Il s’est replié de manière organisée, mais il ne peut pas s’y implanter – nos gars repartiront demain, et ainsi de suite, de suite, de suite.
Nous arrêter rien qu’à une semaine, c’est donner à l’ennemi la possibilité de prendre pied dans ces positions, lui donner la possibilité de se reposer et de se procurer l’équipement et les munitions nécessaires. Ce qui est très important du point de vue de la formation du personnel, c’est que cela lui donnera l’occasion… Ce n’est pas comme aujourd’hui : ils recrutent des gens dans la rue, comme je l’ai dit au [conseil du] Ministère de la défense, comme des chiens errants. Mais les chiens errants sont au moins amenés dans des refuges pour animaux errants, puis ils essaient de les distribuer aux familles, alors qu’ici, ils les jettent simplement sous les balles.
Ils n’ont pas de temps pour l’entraînement, et nos gars le constatent sur le champ de bataille : le niveau de l’entraînement n’est plus le même – ce n’est pas l’école soviétique d’entraînement militaire, c’est une autre histoire. Même ceux qui sont formés dans les pays occidentaux ne sont pas à la hauteur de l’école soviétique, car ceux qui les forment n’ont jamais fait la guerre, ils ne savent rien faire eux-mêmes. Qu’enseignent-ils au juste ?
Une longue période de trêve relative donnera donc à l’ennemi l’occasion de faire de même – de s’entraîner, de se recycler et de renforcer son personnel. Certains bataillons de l’armée ukrainienne comptent 35%, voire 40% de leurs effectifs. Il y a un bataillon, mais il n’y a pas de personnel là-dedans. Voulez-vous leur donner une chance de restituer leur personnel ?
Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas un cessez-le-feu, mais la paix : une paix durable, à long terme, avec des garanties pour la Fédération russienne et ses citoyens. La question de savoir comment fournir ces garanties est difficile, mais en général, nous pouvons les rechercher.
En ce qui concerne une trêve à court terme, M. Orban, le Premier ministre hongrois, m’a fait part de cette proposition. Il m’a dit – je pense que Victor ne m’en voudra pas si je révèle au moins une partie de notre conversation – il m’a dit : qu’est-ce que cela vous coûte, un jour, deux jours, c’est une trêve de Noël – l’ennemi ne pourra rien faire pendant ces deux ou trois jours. J’ai répondu : oui, c’est probablement vrai, mais vous devriez d’abord parler à la partie ukrainienne. Nous nous sommes mis d’accord au moins trois fois sur des mesures de ce type concernant la navigation dans la mer Noire, les infrastructures énergétiques, etc.
Erdogan m’a proposé, demandez à votre Président. Il l’a fait, il m’a proposé d’être médiateur. J’ai répondu que je devais y réfléchir. Le lendemain, le surlendemain, il m’a appelé et m’a dit : on est d’accord. Soudain, le chef du régime ukrainien annonce : aucune négociation, aucun cessez-le-feu. J’ai alors appelé Erdogan et je lui ai dit : et alors ? Il m’a répondu : c’est le genre de partenaires que nous avons. J’ai dit : ah bon.
Maintenant je l’ai demandé à Orban. Il a proposé une trêve de Noël, il a proposé aussi un échange de prisonniers. Je n’ai rien refusé, j’ai dit : en principe, nous devrions y réfléchir, demandez-leur. Il a demandé. Le lendemain, le chef du régime [kievien] a dit qu’il n’y aurait pas de trêve ni d’échange de prisonniers. Voilà, c’est la réponse à votre question.
D. Koulko : Nous sommes à l’antenne depuis plus de quatre heures. Nous allons terminer.
V. Poutine : J’ai promis à la BBC. S’il vous plaît.
A. Souvorova : Ils ont promis d’attaquer.
V. Poutine : Oui, vous avez promis d’attaquer. Ils sont heureux de le faire même sans promesses. C’est son travail, ils reçoivent de l’argent pour cela.
S. Rosenberg : BBC News.
Il y a exactement 25 ans, Boris Eltsine a démissionné, il vous a transmis le pouvoir et vous a dit : sauvegardez la Russie. 25 ans plus tard, pensez-vous avoir sauvegardé la Russie ? Car de l’extérieur, que voyons-nous ? Nous voyons des pertes significatives dans la soi-disant opération militaire spéciale que vous avez annoncée, nous voyons des soldats ukrainiens dans l’oblast Kourien, vous critiquez l’expansion de l’OTAN, mais il y a maintenant plus d’OTAN aux frontières de la Russie : la Suède, la Finlande. Sanctions, inflation élevée, problèmes démographiques. Mais comment pensez-vous, avez-vous sauvegardé votre pays ?
V. Poutine : Oui. Je crois que je ne l’ai pas seulement sauvegardé, je crois que nous nous sommes éloignés du bord de l’abîme, parce que tout ce qui est arrivé à la Russie avant et après cela nous conduisait à une perte totale, en fait totale, de notre souveraineté, et sans la souveraineté la Russie ne peut pas exister en tant qu’État indépendant.
J’attire votre attention sur ce que vous avez dit à propos de Boris Eltsine. Tout semblait aller bien, on lui tapait sur l’épaule avec condescendance, on ne remarquait pas même lorsqu’il buvait un petit verre. Il était très agréable dans tous les milieux occidentaux. Dès qu’il a élevé la voix pour défendre la Yougoslavie, dès qu’il a dit que c’était contraire au droit international et à la Charte des Nations unies, dès qu’il a dit qu’il était inacceptable dans l’Europe moderne de frapper Belgrade, la capitale d’un État européen, sans l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies, il a été immédiatement persécuté, on s’est mis à le traiter de tous les noms : ah, c’est une mauviette, c’est un alcoolique, etc. Vous ne vous souvenez pas de cela ?
J’ai tout fait pour que la Russie soit une puissance indépendante et souveraine, capable de prendre des décisions dans son propre intérêt et non dans celui des pays qui l’entraînaient vers eux, qui lui tapaient sur l’épaule pour l’utiliser à leurs propres fins. En principe, nous aurions pu nous arrêter là.
Je me rends compte que vous venez de verser tout un lot d’arguments censés renforcer votre thèse.
Vous avez parlé d’inflation. Oui, il y a de l’inflation. Nous la combattrons. Mais nous avons aussi des taux de croissance économique. Nous nous sommes classés au quatrième rang mondial en termes de parité de pouvoir d’achat – je vous prie d’en informer vos lecteurs – et au premier rang en Europe, laissant la Grande-Bretagne loin derrière nous. La Grande-Bretagne, je crois, ne figure même pas parmi les cinq premiers.
Mais nous sommes prêts à travailler avec la Grande-Bretagne si la Grande-Bretagne veut travailler avec nous. Mais si cela ne se produit pas – soit, ce n’est pas nécessaire, nous nous débrouillerons sans nos anciens alliés de la coalition anti-hitlérienne.
D. Koulko : Vladimir Vladimirovitch, les Russiens ont posé beaucoup de questions, y compris des questions personnelles. Le temps est compté, je propose donc que nous nous engagions également dans un blitz.
D. Peskov : Cela fait déjà quatre heures et demie.
V. Poutine : Finissons-en.
A. Souvorova : Avez-vous un rêve ? Pas un rêve concernant l’État, mais un rêve personnel. De quoi rêvez-vous ?
V. Poutine : Oui, bien sûr je l’ai. Mais c’est un rêve personnel. Puis-je le garder pour moi ?
D. Koulko : Une question provenant des médias sociaux. Alexandra Poukhova demande : êtes-vous un homme heureux ?
V. Poutine : Pensez-vous que c’est une question pour un blitz ? Quand je dois vous répondre par un oui ou par un non. Comment puis-je vous dire oui ou non ?
Vous voyez où je veux en venir ? Tout le monde sait que je suis né dans une famille simple de la classe ouvrière, mes ancêtres ont franchi le Danube au XIXe siècle et on m’a apporté un document d’archives où l’un de mes ancêtres a reçu la Croix de George, l’une des premières Croix de George. Ensuite, mon père, tous les membres de ma famille du côté de ma mère comme de mon père ont combattu sur les fronts de la Grande Guerre patriotique. Il y a eu beaucoup de morts, très beaucoup, un sur deux est probablement mort, mon père était un vétéran handicapé de la Grande Guerre patriotique. J’ai moi-même servi dans l’agence de renseignement extérieur, mon travail a toujours été lié au service de la Patrie. Et bien sûr, le fait que ce n’est pas la première fois que des gens, des citoyens de Russie, m’ont confié la direction de l’État russien, c’est un immense honneur et une énorme responsabilité. En principe, on pourrait dire : ça y est, je suis heureux et merci. On pourrait dire : à Dieu ne plaise, qu’est-ce qui peut être de plus ?
Mais vous savez, le bonheur ne sera complet que lorsque nos gars reviendront du front, lorsque leurs mères et leurs épouses les rencontreront, lorsque leurs enfants les embrasseront, lorsque nos jeunes hommes, filles et garçons créeront le nombre adéquat de familles pour nous, pour le pays, pour la Russie, et qu’ils auront des enfants.
Je veux vraiment que nos scientifiques, nos artistes, nos personnalités des lettres et des arts réalisent leurs projets. Ce n’est qu’à ce moment-là, peut-être, que je pourrai dire que je suis heureuse.
A. Souvorova : J’ai une question à poser depuis Saint-Pétersbourg : pourquoi certains étrangers vous insultent-ils alors que vous restez silencieux ?
V. Poutine : Cela dépend du niveau de culture. J’ai déjà dit une fois : c’est celui qui le dit qui l’est. Et à mon avis, cela se fait par impuissance. Pourquoi devons-nous démontrer cette même impuissance ? Nous avons suffisamment d’arguments pour énoncer notre position de manière claire et concise.
D. Koulko : Un SMS du kraï Stavropolien : auriez-vous une fonction que vous détestez ?
V. Poutine : Non. Vous savez, si les gens m’ont confié les fonctions de Président du pays, il y a certains devoirs, et je me dispose à les remplir honorablement, au moins à haute dose.
Je sais que si je prends l’habitude de détester, de ne pas aimer quelque chose qui fait partie de mes fonctions officielles, le résultat souhaité ne sera pas atteint. C’est pourquoi je me suis depuis longtemps forgé l’idée que tout ce que je dois faire, je dois le faire avec plaisir.
A. Souvorova : Une question de l’oblast Nijégorodien : quel portrait est suspendu au mur dans votre bureau ?
V. Poutine : Je n’ai pas de portrait dans mon bureau. J’ai une icône dans un bureau et un buste de Lomonossov dans le second.
D. Koulko : Un autre SMS de Moscou : «Pourriez-vous accorder l’asile politique à Zelensky ? Il en aura bientôt besoin».
V. Poutine : Je ne sais pas, je ne pense pas qu’il en aura besoin. Je pense qu’il est très probable, je ne sais pas comment il se débrouillera, mais il est très probable que, tout comme certaines personnes de la haute direction politique de l’Ukraine qui sont partis à l’étranger, il quittera le pays. Il sera pris en charge par les gens dont il sert les intérêts aujourd’hui.
Si, excusez-moi, s’il apparaît soudain quelque part comme le petit diable sortant d’une tabatière et dit «J’ai besoin d’asile politique», la Russie ne refuse rien à personne.
A. Souvorova : Une question de Tatiana Kostioutchenko : qu’est-ce que la Russie pour vous ?
V. Poutine : C’est une question très complexe.
Regardez la carte devant nous. La Russie, comme tout autre pays, est bien sûr un immense territoire. Mais ce n’est pas seulement un territoire, c’est aussi une histoire, une culture, nos coutumes, nos traditions. Tout cela, c’est la Russie. Mais quand même le plus important, ce sont les gens.
Qu’est-ce que je me surprends parfois à faire, surtout ces derniers temps ? Lorsque je regarde quelque chose – je regarde rarement la télévision, je n’en ai pas le temps, je ne vais presque jamais en internet – je regarde nos réalisations, les succès de nos gens.
Il venait d’y avoir le championnat du monde de natation. Les gars sortaient – torses, en bonne santé, puissants, sûrs d’eux, champions du monde, les belles filles. Je regarde les garçons et les filles qui réussissent aux Olympiades internationales, je regarde nos jeunes scientifiques que j’ai récemment rencontrés. Je le dis honnêtement : je les regarde et je me réjouis d’eux comme je me réjouirais des succès des membres de ma famille. Je n’exagère pas. Je les regarde et me réjouis comme s’ils étaient mes proches. Je considère donc la Russie comme une famille.
A. Souvorova : Vladimir Vladimirovitch, nous avons été suivis par des millions de téléspectateurs pendant plus de quatre heures et demie, nous avons répondu à de nombreuses questions, et il est clair qu’il en reste encore beaucoup à répondre.
En conclusion, qu’aimeriez-vous dire de plus aux citoyens de notre pays ?
V. Poutine : Je viens de dire que je traite la Russie en tant que ma famille.
Vous et moi travaillons et discutons à la veille de fêtes très lumineuses – le Nouvel An et le Noël. Je parle aux plusieurs représentants de différentes confessions, et ils me disent tous : et nous, nous célébrons tous le Noël, tout comme nos voisins célèbrent l’Aïd al-Adha, Pessah, etc.
Lorsque je rencontre des représentants de différentes confessions, je leur demande souvent : lorsque les gens communiquent au quotidien, de quoi parlent-ils le plus souvent, que regrettent-ils ? Nous ne parlons pas du secret de la confession, bien sûr, mais tout de même. Savez-vous ce qu’ils répondent ? Regrettent quoi ? De ne pas s’être suffisamment occupées de leurs enfants.
À la veille du Nouvel An – c’est une fête de famille – et plus encore du Noël, je voudrais vous souhaiter d’accorder plus d’attention à vos proches. Et je souhaite à tous du succès, du bonheur et de la prospérité.
A. Souvorova : Merci beaucoup à vous.
D. Koulko : Merci.
V. Poutine : Merci.
source : Kremlin
traduit et commenté par Valerik Orlov
https://russophile.boris-vian.net
* Note. D. Peskov a dit : «Je ne peux m’empêcher de donner une question à Radio Pourga». Ceci nécessite une explication. Le mot «pourga [пурга]» signifie en russe «forte tempête du neige», habituelle et très fréquente au Nord de la Russie, et il y a aussi une expression idiomatique «pousser/porter de la pourga [гнать/нести пургу]», ce qui signifie «raconter des bobards». C’est justement de la sorte que Vladimir Poutine a qualifié gauloisement un jour en 2017 les propos de Dmitry Peskov en réponse à une journaliste américaine qui a demandé au Président de commenter une déclaration d’un fonctionnaire de son Administration : «On a deux mille d’employés dans l’Administration, pensez-vous que je contrôle chacun d’eux ? Tenez, voici Peskov assis juste en face, mon attaché de presse, parfois il déraille tellement [несёт иногда такую пургу] qu’en le regardant sur l’écran TV je me demande : mais qu’est-ce qu’il raconte là-bas ? Qui l’a chargé de cela ?» Il est à noter que la station radio «Pourga», fondée en 2001 pour la diffusion sur le vaste territoire de Tchoukotka, ne fuit guère l’humour ni la gouaille. Sans parler de son nom qui évoque sans doute l’idiome rapportée ci-dessus et de son slogan «Ne dors pas, sinon tu seras frigorifié !», ses émissions abondent de l’humour tant nécessaire étant donné le climat sévère de cette région polaire. Le seul titre de son émission quotidienne «Отмороженное утро» (intraduisible en français, quelque chose comme «Matinée au cul pelé», mais aussi comme «Matinée écervelée») en dit beaucoup.