Israël pousse frénétiquement ses pions en Syrie, par Angélique Mounier-Kuhn (Le Monde diplomatique, janvier 2025)


Syrie, l’année zéro de l’après-dictature

M. Bachar Al-Assad n’avait pas encore déserté son palais que Tel-Aviv fourbissait déjà ses armes. Pendant que les islamistes font leurs premiers pas à la tête de la Syrie, l’armée israélienne détruit méthodiquement les capacités militaires de son voisin et s’immisce sur son territoire. En violation flagrante du droit international.

De même que la nature a horreur du vide, Israël semble détester l’incertitude accompagnant les transitions politiques chez ses voisins les plus immédiats. À moins qu’il ne s’agisse de l’exploiter à son avantage. Avant même que la nouvelle de la fuite de M. Bachar Al-Assad se répande, le 8 décembre au matin, Tel-Aviv s’est hâté de pousser ses pions en Syrie.

La démonstration de puissance a d’abord pris la forme d’un déploiement de l’armée israélienne dans la zone démilitarisée placée sous la supervision du millier de casques bleus de la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Fnuod) sur le plateau du Golan. Cet espace tampon long de près de 80 kilomètres a été établi par un cessez-le-feu conclu en 1974, six mois après que la Syrie avait tenté sans succès de récupérer le Golan, conquis aux deux tiers (1 250 kilomètres carrés) par Israël en 1967. Considéré comme territoire occupé depuis cette date, le plateau, peuplé de familles druzes, a vu les colonies israéliennes essaimer au fil des ans, puis a été annexé en 1981 par Tel-Aviv à la suite du vote par la Knesset d’une loi aussitôt jugée « nulle et non avenue » par le Conseil de sécurité des Nations unies. Seuls les États-Unis, sous le premier mandat de M. Donald Trump en 2019, ont à ce jour cautionné cette annexion.

Dans sa chute, le régime baasiste a entraîné l’« effondrement » de l’accord de 1974, a affirmé M. Benyamin Netanyahou alors qu’il rendait visite à ses soldats au lendemain de leur irruption dans la zone de séparation entre le Golan et la Syrie. Il a ajouté qu’elle avait engendré « un vide sur la frontière israélienne », qui, précisait un communiqué publié peu après, justifiait ce « mouvement temporaire et réversible » de troupes. Outre son imprécision, le journal israélien Haaretz a relevé que le mot « temporaire » ne figurait même pas dans la transcription en hébreu de cette déclaration. À cette ambiguïté s’ajoute le fait que les soldats israéliens n’ont pas cantonné leur avancée à la zone tampon : profitant de l’évaporation (…)

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