Aux racines de la guerre civile
Les groupes armés d’opposition ont pris le contrôle de plus de la moitié du territoire du Myanmar (anciennement Birmanie). La junte revenue au pouvoir par un coup d’État le 1er février 2021 essuie défaites, défections et désertions. Mais qui sont ceux qui lui font face, dans les banlieues industrielles des grandes villes ou au sein des organisations de résistance ?
Le dimanche 27 octobre 2024 a marqué le premier anniversaire de l’opération 1027, une offensive coordonnée de l’Alliance des trois fraternités (Armée d’Arakan, Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar et Armée de libération nationale ta’ang) contre l’armée du Myanmar. L’offensive, qui se poursuit, a profondément modifié la dynamique des combats et mis en difficulté la junte militaire revenue au pouvoir à la suite d’un coup d’État, le 1er février 2021. Au cours des douze derniers mois, les groupes de résistance armée ont pris le contrôle de vastes portions de territoire, dont une cinquantaine de villes et des centaines de garnisons, tuant au passage des milliers de soldats.
Ces pertes sur le champ de bataille expliquent en partie l’intensification des bombardements aériens contre les populations civiles. Au début du mois d’août 2024, par exemple, l’Alliance des trois fraternités a pris le contrôle de Lashio, une ville du Nord-Est comptant près de 150 000 habitants. Le Conseil d’administration de l’État (CAE) — le nom dont s’est affublée la junte — a réagi en soumettant la ville à un tapis de bombes. Le 23 octobre, il élargissait le traitement aux cités voisines de Namhsan et de Nawnghkio. Ici, les civils ne constituent pas de simples dommages collatéraux mais des cibles, dans le cadre d’opérations conçues à la fois comme une forme de punition collective et un moyen de priver les guérillas de leur soutien civil. Pourtant la population continue à soutenir les rebelles. Comment expliquer une telle détermination ?
En février 2021, alarmée à l’idée que le processus de démocratisation, engagé tant bien que mal depuis 2010, réduise son pouvoir et grignote ses prébendes, l’armée renverse la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Celle-ci avait pourtant gagné les élections générales de 2020. Alors que le putsch provoque un soulèvement national, la junte dépêche les militaires et la police pour écraser les manifestations et arrêter les contestataires. Au cours des douze mois qui suivent, les forces de sécurité (…)
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