La Côte d’Ivoire annonce à son tour le retrait des troupes français, Paris perd pied en Afrique


Chassés entre 2022 et 2023 du Mali, du Burkina Faso et du Sénégal, les militaires français s’apprêtent à se retirer de la Côte d’Ivoire, selon une annonce mardi 31 décembre du président ivoirien, Alassane Ouattara, dans son discours de fin d’année. Le bataillon d’infanterie militaire de Port-Bouët, géré jusque-là par l’armée française, sera remis aux Ivoiriens. Cet autre retrait des troupes françaises, priées aussi en novembre dernier de quitter le Sénégal et le Tchad, vient confirmer la perte d’influence militaire de la France en Afrique de l’Ouest, ancienne colonie. 

La liste, amorcée avec le Mali, s’allonge. En 2022, la junte militaire au pouvoir depuis mai 2021 n’a eu de cesse de rejeter l’influence française ainsi que l’opération Barkhane, jugée inefficace par les Maliens et stoppée nette par le président Emmanuel Macron. La présence militaire française était désormais perçue comme une ingérence et les dirigeants maliens accusaient ouvertement la France de soutenir des groupes terroristes.  

Effet domino  

Parallèlement à la croissance de ce sentiment anti-français, le Mali commençait à se rapprocher de la Russie. En janvier 2022, l’ambassadeur français est expulsé, accélérant la fin de la coopération militaire entre les troupes françaises et maliennes. 

Le Burkina Faso emboîte le pas à Bamako en janvier 2023. La junte au pouvoir, arrivée par un coup d’État en septembre 2022, demande le départ des militaires françaises basés dans le pays dans un délai d’un mois. Le gouvernement burkinabè dénonce l’accord de 2018 qui régissait la présence des forces françaises. Cette décision s’inscrivant dans un contexte de manifestations anti-françaises récurrentes à Ouagadougou. Le contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre, a officiellement mis fin à sa mission en février 2023, après 15 ans de présence. 

Le Niger a suivi en 2023, portant un coup important à l’influence française en Afrique tout en menaçant son indépendance nucléaire. Après le coup d’État de juillet 2023, les militaires au pouvoir ont exigé le départ des troupes françaises, décision qui s’inscrivait dans un contexte plus large de remise en question de l’influence française, notamment dans le secteur stratégique de l’uranium. En juin 2024, le Niger a retiré au groupe français Orano son permis d’exploitation de la mine d’Imouraren, l’un des plus importants gisements d’uranium au monde. 

En novembre dernier, c’est au tour du Sénégal et du Tchad d’exprimer leur volonté de mettre fin à la coopération militaire avec la France. Ces décisions sont d’autant plus marquantes que le Tchad a longtemps considéré comme le partenaire le plus loyal de la France sur le continent et ce, depuis son indépendance en 1960. N’Djamena a même fixé une date limite pour le départ des forces françaises, exigeant leur retrait avant le 31 janvier 2025. La base militaire française de Faya a déjà été « rétrocédée » le 26 décembre à l’armée tchadienne. 

Dakar a annoncé la fin de toutes les présences militaires étrangères sur son sol à partir de 2025, par le biais de son président Bassirou Diomaye Faye, lors de son discours du Nouvel An le 31 décembre 2024. “J’ai instruit le ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité, impliquant, entre autres conséquences, la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025”, a-t-il déclaré.  

Abidjan fait de même, un bataillon géré par les Français rétrocédé 

C’est au tour de la Côte d’Ivoire de prier les militaires français de quitter son territoire. Tout comme Bassirou Diomaye Faye, c’est dans son discours de fin d’année qu’Alassane Ouattara a fait l’annonce du retrait des troupes françaises de son pays, situé en Afrique de l’Ouest. 

“Nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective. C’est dans ce contexte que nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire”, a-t-il déclaré. 

Il a par la même occasion, annoncé que le camp du 43e BIMA, le bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouët “sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025”. “Pour marquer cette nouvelle étape de la vie de notre armée, j’ai décidé de baptiser ce camp du nom du général Ouattara Thomas d’Aquin, militaire au parcours exceptionnel et tout premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne”, a-t-il ajouté. 

Cette décision confirme surtout les déclarations du ministre ivoirien de la Défense Téné Birahima Ouattara, frère cadet du président, qui évoquait un retrait et un changement de paradigme, c’est-à-dire passer d’une logique d’intervention à une logique de coopération-formation. 

En Côte d’Ivoire, les forces françaises étaient constituées d‘environ 600 personnes le jour de l’annonce du président ivoirien. La France se retrouve ainsi chassée de plus de 70% des pays africains où ses troupes étaient déployées. Celles-ci ne seront plus présentes qu’au Gabon avec 350 soldats, et à Djibouti, pays stratégique en raison de sa position géographique au carrefour de la mer Rouge et de l’océan Indien, accueillant entre autres les bases militaires étrangères, américaine, Chinoise, japonaise et italienne.

 





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