En Afrique, le gendarme est (presque) nu, par Rémi Carayol (Le Monde diplomatique, janvier 2025)


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Bruce Clarke. – « Suddenly the Horizon Didn’t Look Right » (Soudain l’horizon n’eut pas l’air bien), 2010-2023

© ADAGP, Paris, 2025

Et moins deux qui font trois. Le 28 novembre, en l’espace de quelques heures, l’armée française a perdu deux nouvelles positions sur le continent africain : le Sénégal, qu’elle n’avait plus quitté depuis deux cents ans et où elle comptait encore 350 hommes et femmes, et le Tchad, où elle était stationnée depuis plus de quarante ans. C’est dans ce dernier pays, dans lequel elle dispose à ce jour d’un millier de soldats, qu’elle a effectué le plus d’opérations extérieures (six depuis 1968). Lorsque les 1 350 militaires auront quitté ces deux États, la France n’aura plus que trois bases en Afrique — à Djibouti, en Côte d’Ivoire et au Gabon — et un peu moins de 2 000 soldats, contre 8 500 en 2022.

Le coup est rude pour la France, car ses dirigeants politiques et militaires subissent les événements depuis trois ans. Cette fois, les Français n’ont pas été chassés sous les invectives de milliers de manifestants brûlant des drapeaux bleu, blanc, rouge comme au Mali, au Burkina Faso et au Niger en 2022 et 2023. La retraite est sereinement imposée d’en haut. C’est en lisant la presse que Paris a appris la nouvelle concernant le Sénégal, à l’occasion d’entretiens accordés par le président Bassirou Diomaye Faye à des médias français. Si le départ des troupes françaises était l’une des principales revendications de la formation politique de ce dernier, le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), à Paris les plus optimistes espéraient convaincre le nouveau régime de repousser l’échéance.

Pour ce qui est du Tchad, la décision, annoncée par le biais d’un simple communiqué, a fait l’effet d’une bombe alors que le ministre des affaires étrangères français de l’époque, M. Jean-Noël Barrot, venait tout juste de quitter N’Djamena. Au début, personne n’y a cru : ce pays a longtemps été considéré comme une place stratégique sur le continent africain — un « porte-avions idéal », selon les mots d’un haut gradé —, mais aussi comme un allié sûr, particulièrement (…)

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