Gambit du roi et sacrifice d’attraction en Syrie, Poutine le Maître du jeu ?


  1. Campagne de dons Décembre 2024

    Chers amis lecteurs, Réseau International a de nouveau besoin de vous. Grâce à vous, nous avons pu nous doter d’un serveur plus sécurisé, avec des capacités bien plus aptes à gérer la très grosse taille des données du site et son important trafic. C’est grâce à vos dons que nous pouvons garder notre indépendance et  vous fournir le meilleur de l’information internationale alternative. Votre soutien nous est indispensable; nous comptons sur vous.

    10 701,00 € de l’objectif de 25 000,00 € atteint

par Andji Amor

Dans le paysage en constante évolution de la politique mondiale et de la stratégie militaire, Vladimir Poutine semble une fois de plus avoir manœuvré l’échiquier à son avantage, notamment sur le théâtre complexe de la Syrie.

Il y a quelques jours à peine, l’Occident célébrait ce qui semblait être une victoire décisive dans la région, croyant que la Russie avait perdu son pied stratégique au Moyen-Orient.

Ainsi depuis de nombreuses années, la machine de propagande occidentale inféodé aux USA surtout le complexe militaro-industriel qui tire les ficelles, pousse l’opinion publique à croire que la Russie est une nation «faible» (hors son arsenal nucléaire), en déclin économique et avec une forte incompétence stratégique et militaire et en parallèle, ce même complexe militaro-industriel, désarme l’Europe, tant d’un point de vue militaire, économique, idéologique et même politique (UE/Ursula Von Der Leyen)

Cependant, à mesure que le proverbial brouillard de guerre commence à se dissiper, le récit de la Syrie, révèle une toute histoire, très différente.

Un tournant pourrait avoir été franchi.

La situation est aussi dramatique qu’elle est complexe, impliquant non seulement la Russie et les puissances occidentales, mais également Israël, l’Iran et la Turquie, chacun jouant son rôle dans un grand drame géopolitique.

Avec en arrière-plan l’OCS (la SCO pendant de l’OTAN : Shangaï Cooperation Organisation crée en 1996), l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est, déclaration de Bangkok août 1967, chartes en décembre 2016), l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective octobre 2002)

La situation sur le terrain syrien est révélatrice.

Les militants djihadistes (opération Tymber Sycamore d’Obama lancée en 2011), devenus des «rebelles» pour l’Occident, souvent à l’avant-garde des conflits régionaux, semblent éviter la confrontation directe avec les forces russes.

Au lieu de cela, ils s’écartent lorsque les colonnes de véhicules militaires russes passent, un développement curieux noté avec un certain regret par les analystes militaires occidentaux. (…)

Certaines factions pro-turques se sont même abstenues d’attaquer les troupes russes, débloquant les routes pour permettre leur mouvement.

Ce comportement inhabituel suggère un accord en coulisse entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan.

D’autres preuves de cet accord potentiel proviennent du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, qui a confirmé des négociations en cours avec le gouvernement syrien concernant l’avenir des bases militaires russes à Tartous et à Hmeimim.

La nouvelle direction syrienne actuelle semble favorable à la présence militaire continue de la Russie, un sentiment partagé par des sources à Damas qui suggèrent que ces bases resteront opérationnelles.

Ce scénario en développement laisse entrevoir la puissance stratégique de Moscou, malgré les insinuations prétendues de la Turquie, selon lesquelles le renversement d’Assad aurait l’approbation tacite de Moscou.

Toutefois, de telles affirmations de Recep Tayyip Erdogan, semblent douteuses lorsqu’on les pèse contre les expériences historiques de la Russie avec la Turquie, une nation considérée comme un allié peu fiable, avec une politique intérieure et extérieure très instable et facilement influencée par les États-Unis.

Et l’on sait tous qu’Erdogan c’est beaucoup de déclarations et peu d’actes.

Erdogan reste un pion américain, maintenu au pouvoir grâce aux américains, mais c’est aussi un nostalgique de l’empire Ottoman et probablement un véritable opportuniste qui évite soigneusement de mettre tous ses œufs dans le même panier, il a même demandé à intégrer l’OCS, (tout comme les USA), demandes refusées, la Turquie a juste obtenu d’être parmi les «partenaires de dialogue» depuis juin 2012.

Les enjeux sont élevés, avec de grandes quantités d’armements soviétiques et russes en Syrie que l’Occident pourrait être désireux de rediriger vers les forces armées ukrainiennes ou c’était déjà en cours

Anticipant de tels mouvements, la Russie a pris des mesures préventives.

Après une longue conversation entre Poutine et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, l’armée de l’air israélienne a commencé une campagne pour détruire les dépôts d’armes syriens, apparemment facilitée par des renseignements russes sur l’emplacement de ces stocks.

En seulement 48 heures, plus de 200 frappes aériennes ont été effectuées, réduisant considérablement l’arsenal qui aurait pu être détourné vers l’Ukraine (ou contre l’occident – et Israël)

Depuis la chute de Bachar al-Assad en Syrie, on constate dans le même temps, un effondrement visible de l’armée ukrainienne et une accélération de la pression russe en Ukraine… (coïncidence ?)

Ces actions n’ont pas échappé à Washington.

L’administration américaine sous le président sortant Joe Biden espérait transférer des ressources militaires syriennes pour soutenir l’Ukraine.

L’intervention israélienne a donc été perçue par certains aux États-Unis comme une trahison, un rebondissement inattendu qui semblait désavouer stratégiquement Poutine.

Cependant, Israël a défendu ses actions, invoquant des préoccupations de sécurité nationale et le risque que ses armes tombent entre les mains de groupes terroristes. (…)

De plus, Israël a lancé une opération terrestre en Syrie, capturant des territoires significatifs, ce qui n’a fait qu’attiser les tensions régionales.

À ce sujet, le président Vladimir Poutine a très récemment déclaré «que les grands gagnants sont Israël et la Turquie», mais il a aussi déclaré «qu’il est hors de question de laisser quiconque s’emparer des territoires de la Syrie» (…)

Pendant ce temps, le groupe militant Hayat Tahrir al-Cham (HTS) a juré de reprendre non seulement les terres syriennes mais aussi Jérusalem, intensifiant le conflit.

La Turquie, elle aussi, affiche clairement ses ambitions.

Le président Erdogan a exprimé le désir d’inverser les résultats de la Première Guerre mondiale en annexant des villes syriennes clés à la Turquie.

Lors d’une rencontre avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, Erdogan aurait lancé un avertissement sévère :

Les forces turques engageraient (attaqueraient) les avions israéliens s’ils tentaient de soutenir les groupes kurdes alliés des États-Unis en Syrie.

Mais comme dit précédemment, nous savons tous que Erdogan c’est beaucoup de paroles et peu ou pas d’acte

Ces développements soulignent une situation volatile où d’anciens alliés sont sur le point de devenir adversaires, chacun cherchant à contrôler les territoires riches en ressources de la Syrie.

Au milieu de ce chaos, j’avance que Poutine exécute une stratégie calculée, semblable à un gambit d’échec avec un sacrifice d’attraction.

Alors que l’attention de ses adversaires géopolitiques est fragmentée par leurs querelles sur les terres syriennes, les objectifs plus larges de la Russie restent intacts, notamment en ce qui concerne l’Ukraine.

Pendant que ces acteurs internationaux s’enlisent dans leurs disputes, la situation en Ukraine continue de se détériorer, avec une structure militaire qui s’effondre.

Il y a des spéculations selon lesquelles, une fois les opérations actuelles terminées, la Russie réinstallera Bachar al-Assad en Syrie, une théorie renforcée par l’évacuation d’Assad avec tous les avoirs, documents et richesse de la Syrie à Moscou et le sauvetage dramatique du général syrien Suhail al-Hassan par les forces spéciales russes.

Ce réseau complexe d’alliances et de conflits suggère que l’histoire de la Syrie est loin d’être terminée.

Alors que la scène internationale continue d’évoluer, on peut se demander quel sera le prochain coup dans ce grand jeu géopolitique.

Les événements en cours promettent de façonner l’avenir non seulement de la Syrie, mais de l’ordre mondial lui-même.

Pendant que l’échiquier géopolitique continue de se déplacer sous le poids de ces événements en cours, la danse complexe de la diplomatie et de la puissance militaire en Syrie provoque l’attention du monde.

L’interaction entre la Russie, la Turquie, Israël et les États-Unis forme un récit riche en intrigues et en stratégies, chaque nation poursuivant son propre agenda tout en gardant un œil prudent sur les autres.

Vladimir Poutine, avec sa réputation de ruse stratégique, semble orchestrer un gambit complexe qui en a surpris plus d’un.

Tout le monde pensait que la Russie était en difficulté en Syrie, elle révèle ses cartes, et le jeu est loin d’être terminé.

La situation est riche en alliances inattendues et en trahisons.

La coopération stratégique entre la Russie et Israël est particulièrement remarquable, car elle souligne l’habileté de Poutine à tirer parti des relations pour atteindre des objectifs plus larges.

La destruction des dépôts d’armes en Syrie, facilitée par des frappes aériennes israéliennes, souligne un intérêt commun à empêcher que les ressources militaires ne soient utilisées contre les intérêts russes ou ne tombent entre les mains d’entités hostiles.

Cette coopération témoigne de négociations diplomatiques qui transcendent les alliances traditionnelles, illustrant comment les réalités politiques peuvent favoriser des partenariats inattendus et démontre la perte progressive de l’influence occidentale (US/UE) au Moyen Orient n’en déplaise aux médias propagandistes occidentaux.

On observe aussi que les ambitions de la Turquie en Syrie deviennent de plus en plus transparentes.

Le désir du président Erdogan de redessiner les frontières établies après la Première Guerre mondiale révèle un grief historique qui continue d’influencer la (sa) politique contemporaine.

Ses déclarations audacieuses sur l’intégration des villes syriennes en Turquie reflètent une vision stratégique plus large, qui cherche à étendre l’influence de la Turquie dans la région.

Cette ambition place la Turquie en opposition avec Israël et les États-Unis.

Les États-Unis, pour leur part, se retrouvent à naviguer dans un équilibre délicat et instable.

Les espoirs de l’administration Biden de transférer des actifs militaires syriens pour soutenir l’Ukraine ont été contrecarrés, du moins en partie, par les actions décisives d’Israël.

Ce développement met en lumière les intérêts complexes et souvent contradictoires qui façonnent la politique étrangère américaine au Moyen-Orient.

Le défi pour Washington est de concilier son soutien à des alliés comme Israël et la Turquie avec ses objectifs stratégiques, une tâche rendue d’autant plus difficile par la nature fluide des alliances dans la région et des tractations secrètes faites dans le dos de l’Occident !

Tandis que ces nations manœuvrent pour se positionner, le peuple syrien lui, malheureusement reste pris entre deux feux, sa patrie devenue un champ de bataille pour les puissances extérieures (comme pour le Liban, Libye, Ukraine, Palestine etc.).

La dimension humanitaire du conflit rappelle cruellement le tribut de la guerre sur les citoyens ordinaires, dont la vie est perturbée par les ambitions de ceux qui cherchent à prendre le contrôle.

La communauté internationale regarde avec une attention soutenue, consciente que l’issue de cette lutte géopolitique aura des implications considérables, non seulement pour la Syrie, mais pour l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient et au-delà.

source : Mondialisation



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *