Le trader, le boxeur et le Sinn Féin, par Daniel Finn (Le Monde diplomatique, janvier 2025)


Au lendemain des élections, les dilemmes stratégiques du nationalismxe irlandais

Après une longue période de croissance du nombre de voix qu’il enregistrait lors des scrutins en République d’Irlande, le Sinn Féin est désormais à la peine. Le parti rêvait de gommer la frontière qui traverse l’île ? Il vient de se confronter à une autre ligne de fracture : celle opposant bénéficiaires et perdants du modèle de croissance imaginé par Dublin après la crise de 2009.

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Colin Middleton. – « The Holy Land » (La Terre sainte), 1945

© The Estate of Colin Middleton – Bridgeman Images

En février 2015, M. Declan Kearney, alors président du Sinn Féin (« Nous-mêmes » en gaélique), se félicitait de l’accession au pouvoir de Syriza en Grèce et des succès électoraux de Podemos en Espagne, manifestations d’une « guerre idéologique qui se propage dans toute l’Europe occidentale et l’Amérique et qui emporte la société irlandaise  ». Mais en 2020 Syriza a depuis longtemps été chassé du pouvoir sans réussir à mettre fin aux plans d’austérité qui ravageaient la société grecque, tandis que Podemos a fait alliance avec plus puissant que lui — le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Pedro Sánchez — et renoncé à devenir la force dominante de la gauche espagnole.

Le Sinn Féin, lui, continue d’espérer. Aux élections générales irlandaises de février 2020, il remporte près d’un quart des suffrages, devançant les deux partis traditionnels de centre droit, le Fianna Fáil (« Soldats du destin ») et le Fine Gael (« Famille des Irlandais »), qui forment une grande coalition avec les Verts pour le tenir à l’écart du gouvernement. Le parti poursuit sa trajectoire ascendante tout au long de 2022 et 2023, et s’impose comme la formation la plus populaire, avec une moyenne de 33 % d’opinions favorables dans les enquêtes. Bref, à l’heure où ses alliés d’Europe du Sud voient leur destinée s’assombrir, le Sinn Féin peut se satisfaire d’avoir le vent en poupe.

C’est pourtant dans une position beaucoup moins confortable, après plusieurs mois de chute dans les sondages, qu’il aborde le scrutin anticipé le 29 novembre dernier à la suite d’un accord entre les trois partis au pouvoir. En nombre de votes de première préférence, le Sinn Féin perd 5,5 points par rapport à 2020, bien qu’il réussisse à remporter deux sièges supplémentaires. Si le Fianna Fáil et le Fine Gael obtiennent tous deux le score le plus bas de leur histoire, ils devraient parvenir à former un nouveau gouvernement, sans doute avec le soutien des forces politiques mineures.

Un zoom sur la circonscription de Dublin-Centre, où se (…)

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