L’Assemblée nationale, entre spectacle et débâcle


Une étude sur l’évolution des discours à l’Assemblée nationale prête à sourire, et à pleurer : de plus en plus, la politique se transforme en spectacle. L’émotion et les critiques l’emportent sur l’argumentation rationnelle et le débat d’idées, ce qui alimente à juste titre la méfiance des citoyens.

Ce n’est pas Dupond-Moretti qui dira le contraire, étant donné qu’après avoir assumé la fonction de garde des Sceaux pendant quatre ans, il a décidé de dire « Oui ! » au théâtre Marigny à partir du 1er février.

De fait, l’Assemblée nationale a-t-elle cessé d’être un lieu de débat pour devenir une scène de spectacle ? Selon une étude menée par des chercheurs des Universités de Paris 1, de Zurich et d’HEC, la réponse est belle et bien oui. En analysant deux millions de discours prononcés entre 2007 et 2024, ils soulignent un phénomène désolant : les échanges se concentrent de plus en plus sur la critique acerbe et l’émotion brute, délaissant le débat de fond et la rationalité. Si la colère occupait 22 % des discours en 2014, elle est aujourd’hui à 40 %. Et comme le rapporte France Info, la durée des interventions a été pratiquement divisée par deux en 10 ans.

Les députés semblent avoir compris que la politique, à l’ère des réseaux sociaux, n’est plus un débat entre élus, mais un show destiné à capter l’attention du public. De plus en plus d’interventions sont volontairement courtes, calibrées pour être partagées sur les plateformes numériques. À l’image des vidéos d’une minute, ces discours de 150 mots sont conçus pour impressionner en un clin d’œil. Il n’est plus question de convaincre ses pairs, mais ses followers. Et ils sont plusieurs à en faire leur cheval de bataille.

Ce spectacle au goût amer porte ses fruits : un climat politique plus conflictuel et polarisé, où les interruptions prennent le pas sur l’argumentation. Selon l’étude, ce phénomène affecte particulièrement les extrêmes. Un tel déclin du débat démocratique, alerte le CEVIPOF, ne fait qu’accentuer la méfiance des citoyens. Les Français ne sont plus seulement fatigués de la politique, ils s’en méfient, tout comme de l’information.





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