80 % des personnes interrogées estiment que les politiques n’agissent pas dans leur intérêt, 61 % qu’Emmanuel Macron doit démissionner : la fracture entre les Français, le gouvernement et le Président Macron est consommée, confirme un sondage exclusif – Partie I
France-Soir et l’association BonSens.org ont commandé un grand sondage sur la situation nationale en France et sur la place de la France à l’international. Cette enquête fait suite à celle du 14 octobre 2024 qui avait consacré la perte de confiance dans la politique menée par Emmanuel Macron (rappel, seuls 6 % pensaient qu’il menait le pays dans la bonne direction). Depuis octobre, un grand nombre de changements ont eu lieu dans le monde avec l’élection de Donald Trump, 47ᵉ président des États-Unis et les nombreux décrets qu’il a signés dès sa prise de fonction, et côté français avec François Bayrou nommé premier ministre après la censure du gouvernement Barnier.
Les résultats sont rapportés en trois parties. La première partie porte sur l’état du pays et de la politique menée par le Président, la deuxième sur l’évaluation des actions du gouvernement et la troisième sur le rayonnement de la France à l’international
L’enquête a été conduite le 16 janvier 2025 sur un échantillon représentatif de 1200 Français. En temps normal, les sondages utilisent des échantillons de 1000 personnes répartis selon la méthode des quotas, cependant augmenter le nombre de personnes interrogées permet des analyses bien plus fines. Le sondage a été mené par la société MISGroup.
Les résultats principaux
- La situation des Français s’est aggravée pour 41 % d’entre eux au cours des six derniers mois. 51 % estiment que ce qui pèse le plus est l’augmentation des prix de l’alimentaire devant le prix de l’énergie électrique pour 38 %. Emmanuel Macron et son gouvernement sont tenus pour responsables par 71 %.
- D’ailleurs, pour 66 %, Emmanuel Macron mène le pays dans la mauvaise direction.
- 80 % estiment que le gouvernement n’agit pas dans l’intérêt des Français et 76 % n’ont pas confiance dans le gouvernement. 78 % estiment que le gouvernement Bayrou ne changera rien.
- Pour 60 % aucune personnalité n’incarne un futur positif pour la France. La montée du RN lors des élections législatives ne préoccupe plus que 39 % de la population et 53 % ne s’estimaient pas catastrophés lors du résultat des législatives. D’ailleurs le RN ne semble plus faire peur. En effet, ils sont désormais 37 % à penser que seul le RN au pouvoir pourrait réellement améliorer la vie des citoyens alors qu’ils sont à peine 10 % à penser cela pour l’extrême gauche et LFI.
- Pour 61 % Emmanuel Macron doit démissionner dans les prochains mois ou au plus vite.
- Une majorité répondent positivement à diverses propositions de référendum, ou le oui l’emporte plus que le non sur un véritable renouveau dans le paysage politique, avec volonté que les personnes ayant joué un rôle dans l’actuelle République ne puissent plus y participer directement. Ils sont 61 % à vouloir que la France se dote d’une constitution qui garantit un contrôle plus direct, et effectif, des élus et hauts fonctionnaires qui les rendraient révocables à tout moment. Enfin, 50 % veulent un conseil de transition composé de citoyens et professionnels démocratiquement élus qui prendra les mesures nécessaires afin d’éviter une mise sous tutelle par les créanciers de la France.
- 47 % estiment que l’affaire Brigitte Macron prend des proportions trop importantes. Cependant, 57 % jugent qu’il serait très grave que le président Macron ait menti aux citoyens sur la véritable identité de Brigitte Macron. Et 47 % évaluent qu’un professeur qui a eu des relations intimes avec un élève de plus de vingt-ans son cadet ne doit pas pouvoir continuer d’enseigner ou doit être dénoncé par le Rectorat et les parents aux services judiciaires afin qu’une enquête soit menée.
Sur la situation des Français
L’objectif primaire de ce sondage est de comprendre la perception des Français sur la situation et la réponse des politiques à cette situation. Sont-ils à la hauteur ? Prennent-ils les bonnes décisions ?
41 % jugent que leur situation personnelle économique a empiré au cours des six derniers mois alors qu’elle ne s’est améliorée que pour seulement 8 %. Une situation inchangée depuis la vague d’octobre 2024.
Pour 51 %, les produits alimentaires et pour 38 % l’énergie électrique sont les domaines les plus sensibles à la hausse des prix ces derniers mois, résultats inchangés depuis la vague précédente.
71 % tiennent Emmanuel Macron et le gouvernement français responsables des difficultés économiques françaises, loin devant Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, dont le score à 12 % augmente de manière significative par rapport au 6 % de la vague d’octobre 2024.
Et, la confiance
Ceci se traduit par le fait que 66 % pensent qu’Emmanuel Macron mène le pays dans la mauvaise direction. L’évaluation s’est encore dégradée en l’espace de 3 mois avec une augmentation significative depuis octobre 2024 (59 %). À l’opposé, ils sont une ultra minorité (4 %) qui pensent encore qu’Emmanuel Macron mène le pays dans la bonne direction ? Le séisme politique observé en octobre se confirme et s’accentue en quelques mois.
La perte de confiance s’étend au gouvernement puisqu’une très grande majorité des Français (80 %) pense que le gouvernement n’agit pas dans l’intérêt de la population. En trois mois, la confiance dans le gouvernement chute de manière significative avec 76 % qui n’ont pas confiance alors qu’ils étaient 57 % en octobre 2024. Et, le gouvernement Bayrou en deux mois fait même moins bien que celui de son prédécesseur Barnier avec 78 % qui pensent que le gouvernement Bayrou ne changera rien tandis qu’ils étaient 58 % à penser que le gouvernement Barnier ne changerait rien !
La baisse de confiance est enclenchée de manière durable et pour 68 % des interrogés, aucune personnalité politique actuelle n’incarne un futur positif pour la France. La montée du RN aux élections législatives de juin 2024, ne fait plus peur avec 53 % qui se déclarent ne pas avoir été catastrophés par cette montée par rapport à 39 % qui se disent être inquiet. D’ailleurs, ils sont 37 % à penser que seul le RN au pouvoir pourrait réellement améliorer la vie des citoyens, 10 points de différence avec ceux qui désapprouvent. À l’opposé, seulement 10 % estiment que l’extrême gauche seule (LFI) au pouvoir pourrait réellement améliorer la vie des citoyens, contre 75 % n’étant pas d’accord avec cela. Un virage, vers ce qui est considéré comme la droite, se confirme donc.
Sur l’évaluation même du président
La démission de Macron emporte l’adhésion pour 61 % des sondés et seulement 21 % ne sont pas du tout d’accord et jugent qu’il doit aller au bout de son mandat. Un socle qui est en conséquence faible.
L’usage du référendum
Lors de ses vœux pour 2025, Emmanuel Macron a émis l’hypothèse qu’il soumettrait certaines décisions à la population par voie de référendum. Il a réitéré cette intention cette semaine en indiquant qu’il préciserait les sujets d’ici au printemps avec un recueil de vote d’ici à la fin de l’année. Dans ce sondage, nous avons soumis quelques propositions aux Français sur trois référendums. Voici les questions et les réponses :
- 45 % expriment leur accord avec l’utilisation du référendum qui poserait la question suivante – en quelque sorte faire table rase :
« Voulez-vous que toutes les personnes qui ont participé, à quelque titre que ce soit, à l’exercice du pouvoir politique sous l’actuelle République et ceux qui y participent actuellement, ne puissent plus jamais y participer, à quelque titre que ce soit, hormis celui de conseiller, mais sans mandat exécutif, et ceci à effet immédiat à compter des résultats de ces référendums en cours ? Et, pareillement pour les personnes qui ont exercé ou qui exercent des fonctions de haut-fonctionnaire ? ».
Ils sont seulement 23 % à ne pas être d’accord et 32 % qui ne savent pas. Cela est corroboré par le fait que 68 % pensent qu’aucune personnalité n’incarne un futur positif pour la France - 61 % se déclarent d’accord à l’idée d’un référendum qui donnerait un contrôle bien plus effectif au peuple avec des élus et hauts fonctionnaires révocables par le peuple à tout moment en cas d’action ou de décision contraire à l’intérêt du peuple – une forme de votation citoyenne comme il existe en Suisse.
La question posée était : « Voulez-vous que la France se dote d’une nouvelle constitution un texte à établir par le peuple et à valider par lui par la voie d’un référendum, et dont le contenu garantit un contrôle effectif et permanent des élus et des hauts fonctionnaires, révocables par le peuple à tout moment, en cas d’action ou de décision contraire à l’intérêt du peuple ? » - Enfin, 50 % sont d’accord pour voir la mise en place d’un conseil de transition, le temps de la mise en place d’une nouvelle constitution, dans l’optique d’éviter une mise sous tutelle extérieure par les créanciers détenteur de la dette.
La question exacte étant : « Voulez-vous, en attendant l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution à venir, la mise en place d’un conseil de transition composé de citoyens et de professionnels démocratiquement élus, qui prendra les mesures nécessaires afin d’éviter la mise sous tutelle extérieure de la France par les créanciers détenteurs de la dette, et celles nécessaires à rétablir l’égalité, l’équité et la justice dans tous les domaines, et à garantir à la Nation que les prochaines élections présidentielles et législatives ne pourront aucunement être la cible d’une quelconque manipulation, extérieure au pays ou par médias interposés ? »
Sujets discriminants en cas d’élections
Étant donné la situation du pays, les degrés de liberté du Président se réduisent fortement. Même si Emmanuel Macron a déclaré vouloir aller jusqu’au bout de son mandat, une majorité des Français veulent rapidement son départ. En cas d’élections anticipées, que devraient soutenir les forces politiques pour bénéficier du soutien des Français ?
Une grande majorité de 61 % soutiendraient les forces politiques qui poursuivent en priorité les intérêts nationaux, loin devant la minorité de 9 % qui soutient en priorité les intérêts de l’UE.
Un gros tiers des sondés (34 %) soutiendrait les forces qui veulent réduire l’aide à l’Ukraine, ils ne sont qu’une minorité de 14 % à soutenir ceux qui veulent accroitre l’aide à l’Ukraine. Il est intéressant de noter que 25 % ne veulent pas répondre.
Quant au soutien à l’OTAN, les avis sont assez partagés avec 28 % qui veulent une participation complète à l’Otan et 25 % qui souhaitent une sortie de l’Otan et le développement d’une force souveraine.
L’affaire Brigitte Macron, un sujet épineux
L’affaire Brigitte Macron revient périodiquement à la surface avec une caisse de résonance qui s’amplifie tant en France qu’à l’étranger. Mesurer l’attitude des Français à cet égard parait important puisque le Président s’est déclaré être affecté par cette affaire. En mars 2024, interpellé par la presse Emmanuel Macron répondait : « La pire des choses, ce sont les fausses informations et les scénarios montés, avec des gens qui finissent par y croire et qui vous bousculent, y compris dans votre intimité… » et a dénoncé « le machisme transphobe » visant son conjoint. Ce dernier commentaire laisse éminemment perplexe. En tout état de cause, actuellement, la presse internationale reprend cette affaire. La journaliste Candace Owens a même reçu un courrier de 100 pages de l’avocat des Macron et qui évoque de nouvelles révélations sur l’affaire d’ici fin janvier 2025. À Washington DC, où Xavier Azalbert était la semaine passée, les américains semblent interpellés par cette affaire et en parlent spontanément dès qu’ils apprennent que nous sommes français.
Un des points principaux qui ressort est la différence d’âge qui existe entre les époux Macron. Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron était présumé avoir 17 ans lors de sa rencontre avec Mme Macron qui était âgée de 39 ans. Plusieurs articles de presse ont fait état qu’il aurait en fait eu seulement 15 ans. Cet écart soulève des questions. En effet, il apporte de l’eau au moulin des personnes qui s’intéressent de près à l’affaire, souvent étiquetés « complotistes » par les médias traditionnels, ces mêmes médias qui avaient rapporté l’âge de 17 ans sans le vérifier. Pourquoi avoir voulu masquer l’âge réel de cette rencontre ? L’affaire va plus loin, car la journaliste américaine remet en cause la véritable identité de Madame Macron.
Malgré le fait que 25 % des Français déclarent ne pas savoir, 47 % sont d’accord que l’affaire Brigitte Macron prend des proportions trop importantes, et ils sont 24 % à ne pas approuver cette assertion.
Cependant, 57 % jugent qu’il serait très grave que le président Macron ait menti aux citoyens sur la véritable identité de Brigitte Macron. Et, 47 % évaluent qu’un professeur qui a eu des relations intimes avec un élève de plus de vingt-ans son cadet ne doit pas pouvoir continuer d’enseigner ou doit être dénoncé par le Rectorat et les parents aux services judiciaires afin qu’une enquête soit menée.
Il n’est donc pas anormal que 47 % estiment que cette affaire prend des proportions trop importantes.
La seconde partie du sondage analysera les éléments de politique générale en France et sur des sujets particuliers ayant trait à la vie des Français. Alors que dans la troisième partie s’attachera aux aspects internationaux.
Étude BonSens.org et France-Soir analysée par FranceSoir.fr sur la situation en France, à l’international mené le 16 janvier 2025 sur un échantillon représentatif de la population française de 1200 personnes. Méthode des quotas sur les critères de sexe, âge, catégorie socio-professionnelle et répartition géographique. L’enquête a été réalisée par MIS Group pour l’association Bonsens.org et la société Shopper Union France SAS qui publie et édite le site www.francesoir.fr. Tout sondage comporte statistiquement des marges d’erreurs, réduites en l’espèce de par la taille de l’échantillon de 1200 personnes Toute personne a le droit à consulter la notice prévue par l’article 3 de la loi.