Edito. Le capitalisme ne massacre pas seulement notre environnement par l’extraction et la consommation débridées de ses ressources. Il détruit aussi à petit feu notre humanité, sacrifiée sur l’autel de la futilité matérielle pour le paraître. Il constitue un double danger pour notre survie, corporelle comme morale.
Il y a plus terrifiant encore que l’extinction de l’humanité dans des catastrophes naturelles ou l’effondrement de l’ère pétrolière.
C’est l’idée que notre humanité s’éteigne sur le plan intellectuel et culturel. Qu’il ne reste plus que des ombres sans valeurs, rongés par l’avidité et le paraître. L’aliénation totale du genre humain. La fétichisation de la marchandise et du pognon au rang de religion.
Et c’est vers ça que nous avançons sous les injonctions permanentes de l’esprit du capitalisme qui a gagné les réseaux sociaux en particulier. On parle de Flex Culture où le 1% des plus aisés affichent des richesses matérielles outrageusement dans le but non seulement de se pavaner mais surtout d’asseoir une hégémonie culturelle, de déféquer dans les cerveaux de ceux qui n’ont rien, qui ne sont rien.
Le message se traduit comme tel : Si tu n’es pas millionnaire à 25 ans, tu as raté ta vie. La Rolex de Jacques Séguéla à 50 ans semble déjà très loin.
Naturellement, ceci fait intégralement partie du conditionnement nécessaire à maintenir le statu-quo des classes sociales, éliminant la relation intime entre l’appauvrissement des masses et l’enrichissement d’une minorité par tous les moyens, surtout le moins éthique possible.
Le calcul est pourtant simple : la croissance n’étant pas infinie, le gâteau de la richesse ne peut plus grossir et l’enrichissement de quelques-uns se fait nécessairement au détriment de la majorité. Une réalité mathématique bien dissimulée dans le spectre médiatique tant il menace tout le fondement du système.
Ces précieuses ridicules des temps modernes n’ont rien à envier à Marie-Antoinette. À la différence que le jour où la coupe sera pleine, il ne sera pas possible d’aller les déloger dans leur château. Ils seront planqués dans des bunkers ou une tour gardée à Dubaï, pendant que les petites gens crèveront comme des grenouilles dans une eau portée à ébullition.
Mais tout ce petit monde peut encore dormir tranquille un moment. Le monde politique entend bien les protéger en créant de la division dans les classes populaires : encore un débat sur la couleur de peau des personnages de Disney, le spectre woke, les LGBT+, le féminisme, les fonctionnaires ; il ne manque pas de boucs émissaires pour orienter l’indignation dans un cul de sac idéologique fondé sur la haine.
La pauvreté systémique dans un modèle capitaliste mondialisé fondé sur l’exploitation des ressources finies ? La faute aux gauchistes, bien évidemment. Une déchéance intellectuelle devenue mainstream au point où la moindre critique systémique de notre réalité concrète est accusée de wokisme tout comme on voyait des communistes à chaque coin de rue dans les années 60 par manichéisme abscons.
La bataille est idéologique, et ce sont les riches qui la gagnent. Et s’ils gagnent, c’est la fin de notre humanité.
– Mr Mondialisation
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