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Fragment de l’interview de Vladimir Poutine au journaliste de VGTRK Pavel Zaroubine lors de la visite du président dans l’oblast Samarien, sur les perspectives de résolution de la crise ukrainienne.
28 janvier 2025, 21h16, oblast Samarien, l’Aurus présidentiel
Pavel Zaroubine : Il y a quelques jours, j’ai réussi à vous poser une question sur les perspectives d’un règlement ukrainien. Et à ce moment-là, vous avez dit une chose très importante qui a eu une grande résonance, et tout le monde en discute maintenant, à savoir que puisqu’il y a un décret de Zelensky interdisant des négociations avec la Russie, si nous imaginons que de telles négociations sont en cours, ont commencé, alors elles seront illégitimes, et leur résultat peut être qualifié d’illégal à n’importe quel moment. Ceci a produit un fort retentissement sur l’opinion publique, de sorte que le lendemain Zelensky se justifiait déjà, affirmant qu’il n’avait pas interdit les négociations avec tout le monde, qu’il s’était soi-disant laissé une telle opportunité, et qu’il avait adopté ce décret dans des conditions où les troupes russiennes se trouvaient auprès de Kiev. Il a expliqué cela par le fait qu’il était soi-disant nécessaire de lutter contre le séparatisme, qu’il était nécessaire de lutter préventivement contre d’éventuelles négociations fantômes avec la Russie par le biais de différentes lignes et canaux. Il a donc conclu son discours en disant : «Je suis le chef des négociations et j’ai interdit le reste des négociations». Que pensez-vous de cette réaction ?
Vladimir Poutine : Nous avons entamé les négociations dès le lancement de l’OMS. Au départ, nous avons dit aux dirigeants ukrainiens de l’époque que les habitants de la RPL et de la RPD ne voulaient plus faire partie de l’Ukraine, qu’ils n’avaient que partir de là-bas et que tout serait fini. Plus d’hostilités, plus de guerre, on ve va pas se battre. Ceci a été dit déjà à la fin du mois de février 2022, puis les rencontres de contact ont été entamées en Biélorussie, et ensuite on s’est déplacé à Istanbul.
Que se passait-il là-bas ? Vers la fin du mois de mars nous avons reçu un papier de Kiev, signé par le chef de l’équipe de négociation ukrainienne, M. Arakhamia. Et ce sont justement ces propositions ukrainiennes-ci, je tiens à le souligner, c’est très important, qui ont constitué la base du projet de traité de paix élaboré à Istanbul. Cela a eu lieu le 15 avril. Mais avant cela, certains dirigeants européens ont déclaré, lors de conversations téléphoniques, qu’il était impossible pour l’Ukraine de signer un traité de paix, comme l’a déclaré l’un de mes collègues. Je l’ai déjà dit, je pense que il nommait ça «avec un pistolet sur la tempe». Oui, bon. Alors que faut-il faire ? Il faut retirer nos troupes de Kiev.
En principe, nous étions conscients que la tromperie était tout à fait possible. Ainsi, durant les décennies, la Russie a été trompée : on nous disait une chose tout en faisant le contraire. Néanmoins, pour éviter une effusion de sang, une guerre grave, nous avons donné notre accord.
Fin mars, on a commencé à retirer nos troupes des environs de Kiev dans deux directions, en deux colonnes. Le 4 avril le retrait était achevé. Une partie des troupes est passée par la Biélorussie, et une autre est allée directement sur le territoire de la Fédération russienne.
Donc, le retrait était achevé le 4 avril. Tandis que le document sur lequel nous nous sommes mis d’accord à Istanbul a été rédigé le 15 avril, lorsqu’il n’y avait plus de troupes russiennes auprès de Kiev. Pratiquement le même jour, bien que certains points aient été controversés, et le ministère des affaires étrangères l’a souligné, ainsi qu’un certain nombre de nos autres départements, j’ai néanmoins convenu que nous étions prêts à mettre en œuvre ce document. Et dans la soirée du 15 ou du 16, nous avons transmis à Kiev que nous étions d’accord pour finaliser ce document, c’est-à-dire pour le signer. Il n’y avait pratiquement rien à remanier, il n’y avait qu’un seul point que la partie ukrainienne proposait d’examiner et de régler lors d’une rencontre personnelle des deux présidents.
J’ai donné mon accord à cela aussi, mais soudain nous avons reçu des informations de Kiev indiquant qu’ils devaient consulter leurs alliés et qu’ils faisaient une pause d’une semaine. Comme vous le savez, ils les ont consultés, et M. Johnson, alors Premier ministre britannique, est arrivé, probablement à la suggestion de l’ancienne administration américaine dirigée par M. Biden, et a persuadé les Ukrainiens de poursuivre la guerre. En fait, personne ne le cache, et les responsables ukrainiens eux-mêmes, qui plus est de haut rang, l’ont dit publiquement par la suite. Les dirigeants britanniques ne le cachent pas non plus, ils en parlent ouvertement. Mais, pour être honnête, nous avons immédiatement reçu un signal de Kiev, on nous a dit à l’époque qu’on allait se battre jusqu’au dernier Ukrainien. Soit nous prenons le dessus, soit vous, nous a-t-on dit. Ils n’ont pas décidé de signer l’accord.
Mais, je le répète une fois de plus, déjà le 4 avril 2022 il n’y avait plus de troupes russiennes auprès de Kiev, les accords ont finalement été conclus le 15 avril, et le décret interdisant les négociations a été signé fin septembre et est entré en vigueur le 4 octobre, c’est-à-dire six mois après l’approbation du projet d’accord de paix. Insinuer que l’interdiction des négociations a été imposée lorsque les troupes russiennes ont été laissées auprès de Kiev est donc tout à fait inexact et, pour ainsi dire, sur des questions aussi graves que la tentative d’induire en erreur la société et la communauté internationale, tout au moins inexact.
Mais cela met en évidence une fois de plus à qui nous avons affaire. Si Zelensky dit qu’il est possible de négocier avec lui, enfin, le fait comprendre, à votre avis, peut-on négocier avec lui ? On peut négocier avec n’importe qui, mais en raison de son illégitimité il n’a pas le droit de signer quoi que ce soit. Mais s’il veut prendre part aux négociations, je désignerai des personnes qui mèneront telles négociations, pourquoi pas.
La question réside en signature finale des documents. Il s’agit d’une question très grave qui devrait garantir la sécurité de l’Ukraine et de la Russie dans une perspective historique sérieuse, à long terme. Et ici, il ne peut y avoir une seule bévue, une seule aspérité, tout doit être affiné conformément à la Constitution de l’Ukraine. Et le président de l’Ukraine, même sous la loi martiale, n’a pas le droit d’étendre ses pouvoirs. Seuls les organes représentatifs du pouvoir, la Rada, c’est-à-dire le parlement du pays, ont le droit d’étendre leurs pouvoirs. Tandis que le président n’a qu’un mandat de cinq ans, et c’est tout, rien d’autre. Ses pouvoirs sont ensuite transférés au représentant de la Rada.
Pourtant, s’il y a une volonté de négocier et de trouver des solutions de compromis, que n’importe qui mène ces négociations, nous chercherons naturellement ce qui nous convient, ce qui correspond à nos intérêts. Mais dans le cas de la signature de documents, bien sûr, tout doit être fait de manière à ce que les juristes nous confirment la légitimité des personnes qui seront autorisées par l’État ukrainien à signer ces accords.
Pavel Zaroubine : Et ils devraient annuler le décret interdisant les négociations, n’est-ce pas ?
Vladimir Poutine : Oui, si nous entamons des négociations maintenant, elles seront illégitimes. Ici il y a un problème, à vrai dire, je n’en ai pas parlé, mais je le dirai, le problème existe. En quoi ? Il existe en ce que lorsque le chef actuel du régime – ce n’est qu’ainsi que l’on peut l’appeler aujourd’hui – a signé ce décret, il était le président légitime, alors que maintenant il ne peut pas l’annuler, étant illégitime. Voyez-vous cette tuile, ce piège, ce genre d’embuscade ?
Mais en principe, s’ils veulent le faire, il y a un moyen légal pour cela. Écoutez, laissez les représentants de la Rada le faire conformément à la Constitution. S’il y a une volonté, il est possible de régler n’importe quelle question juridique.
Pourtant jusqu’à présent, nous n’avons pas constaté une telle volonté. Et je pense que ses sponsors occidentaux… bref, ils [les Ukrainiens] ne peuvent donc exister, ils ne tiendront pas un mois si l’argent et les cartouches, dans le sens large de ce mot, s’arrêtent. Tout sera terminé dans un mois, un mois et demi ou deux. Dans ce sens la souveraineté de l’Ukraine est quasiment nulle. Si leurs sponsors occidentaux souhaitent parvenir à la paix, la voie est très simple. J’avais déjà envoyé autrefois un signal correspondant à ce sujet à Biden. S’il y a une volonté, libre à eux. Ils trouveront alors rapidement tous les moyens légaux de régler les questions juridiques, y compris l’annulation de ce décret interdisant les négociations.
source : Chaîne 1TV de la Russie
traduit par Valerik Orlov via l’Amicale des russophiles francophones https://russophile.boris-vian.net