Laver les bouteilles et les réutiliser plutôt que les casser pour les recycler


Une petite coopérative engagée vient de réussir, avec des moyens limités, à ouvrir près de Toulouse une usine de lavage de bouteilles en verre qui permet leur réemploi, un procédé plus respectueux de l’environnement et moins consommateur d’énergie que le recyclage.

« Au lieu de casser une bouteille pour la faire fondre dans des fours très énergivores, on la lave… », résume Jodie Martin, 34 ans, directrice de Consign’Up, la voix couverte par le bruit de l’énorme laveuse achetée d’occasion en Italie.

Les cinq autres personnes qui travaillent pour la coopérative, dont quatre femmes de moins de 30 ans, s’affairent dans le froid du hangar, à Portet-sur-Garonne, casques anti-bruit aux oreilles, autour des machines ou tapis roulants transportant les bouteilles en file indienne.

Deux d’entre elles poussent des caisses grillagées à roulettes contenant des centaines de bouteilles sales récupérées par les magasins partenaires après avoir été consignées à 30 centimes l’unité, une pratique autrefois répandue en France, qui a disparu dans les années 80.

Introduites manuellement dans la laveuse de plus de 6,5 mètres de long et 2,5 mètres de haut, ces bouteilles y « sont trempées dans un bain à 80°, désinfectées, puis rincées trois fois », détaille en souriant Charlotte Rabinovitch, 26 ans, responsable technique de la coopérative.

– Trente utilisations –

Après un séchage automatique, l’œil humain est mis à contribution : « Devant ce tableau lumineux, on va scruter chaque bouteille pour s’assurer qu’il n’y a pas de résidu, d’étiquette ou d’ébrèchement », explique Jodie Martin, blouse blanche et charlotte réglementaire sur la tête.

Enfin, les bouteilles sont mises en palette et recouvertes d’un tissu en plastique que Charlotte Rabinovitch, ingénieure agronome de formation, scelle au chalumeau.

Ce procédé permet de réutiliser un contenant jusqu’à 30 fois, alors que la fabrication de bouteilles en verre recyclé nécessite une température de plus de 1.000° pendant plusieurs heures et l’ajout de matières premières vierges, souligne Jodie Martin.

Des études de l’Agence de la transition écologique (Ademe), dont notamment une datant de 2023, font aussi ressortir l’intérêt écologique de la réutilisation des contenants en verre.

C’est également le cas de celle, souvent citée par les professionnels du secteur, réalisée en 2009 en Alsace, selon laquelle le réemploi peut permettre d’économiser 76% d’énergie et produire 79% de gaz à effet de serre en moins.

Cependant, observe Jodie Martin, le recyclage est davantage aidé que le réemploi.

Ainsi, la coopérative doit augmenter rapidement son activité pour atteindre son seuil de rentabilité. Elle espère passer des 500.000 bouteilles de vin, bière ou jus de fruits qu’elle compte laver en 2025 à plus d’un million en 2026.

– Besoin de soutien –

Dans ce contexte, poursuit Jodie Martin, les éco-organismes, comme Citeo, qui perçoivent des contributions des entreprises pour organiser le traitement des déchets et limiter leur volume « commencent à nous soutenir, mais on a besoin que ce soutien se développe ».

Depuis 2023, Citeo consacre annuellement 5% des contributions perçues au développement du réemploi, selon l’éco-organisme.

D’une manière générale, pour le réemploi des emballages en France, « on est sur une trajectoire qui monte, mais pas à la hauteur des objectifs. Il faut encore progresser », explique à l’AFP Véronique Mathevon, chargée de l’économie circulaire à l’Ademe Occitanie.

« En 2023, tout emballage confondu, l’objectif de réemploi était de 5% au niveau national, mais on était plutôt à 2,5% », note-t-elle, précisant que le réemploi du verre, bien que plus important que celui d’autres matières, reste loin derrière le recyclage.

« On attend un peu plus de mobilisation du gouvernement », résume Cloé David, 24 ans, responsable de la logistique, alors qu’elle apporte une palette à des livreurs. Également ingénieure agronome de formation, elle tient beaucoup aux « valeurs » de la coopérative : « Plus que la rentabilité, on cherche à avoir un projet qui ait du sens ».

« Partager ces valeurs nous a permis de créer une cohésion d’équipe vraiment très forte », conclut-elle, enthousiaste.

 





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