LIVRES
• Le temps d’après
La suite tant attendue de Dans la forêt, le best-seller qui avait trouvé plus de 100 000 lecteurs en France ! L’histoire débute quinze ans après le premier tome. Eva et Nell ont quitté leur maison pour s’installer dans les bois. Elles vivent de chasse, de pêche et de cueillette, en symbiose avec le milieu vivant, elles s’inventent des récits, apprennent à écouter et sentir la forêt. Mais leur fils Burl rêve d’ailleurs et de rencontres avec d’autres êtres humains…
Encore une fois, Jean Hegland nous emporte dans ce nouveau roman, plein de magie et de beauté, et nous permet — comme elle le confiait à Reporterre lors d’un passage en France — d’imaginer « un avenir plus prometteur que l’apocalypse ». « Nous pouvons vivre plus proches de la nature et plus simplement. Je crois au pouvoir des histoires », concluait-elle. Son livre en est une démonstration.
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Le temps d’après, de Jean Hegland, aux éditions Gallmeister, janvier 2025, 216 pages, 23,90 euros. |
• L’argent — Pouvoir, richesse, injustice
« Nous ne parlons pas d’argent. Et nous ne parlons pas beaucoup plus de notre silence à son sujet. » Le constat que tire l’héritière Marlène Engelhorn est implacable. L’excès de richesse est un abus de pouvoir, l’argent « un lubrifiant » qui permet aux ultrariches « d’obtenir des résultats politiques en contournant les processus politiques ».
L’autrice en sait quelque chose. Elle a hérité de la fortune de son aïeul, le fondateur du groupe BASF — l’un des plus gros producteurs de produits chimiques du monde. Mais Marlène Engelhorn a décidé de trahir sa classe. En 2024, elle a mis à disposition 90 % de sa fortune et ses 25 millions d’euros en créant un conseil citoyen qui a redistribué cette somme à des associations en lutte pour l’écologie ou contre les inégalités.
Son livre pose les bases d’une discussion collective et nécessaire, pour se libérer du joug des ultrariches et imaginer d’autres formes de solidarité et de partage.
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L’argent — Pouvoir, richesse, injustice, de Marlène Engelhorn, aux éditions Massot, 2024, 154 pages, 18 euros. |
• Banzeiro Òkòtó – Amazonie au centre du monde
C’est un livre magnifique, à la fois subversif et sensible, une leçon de journalisme écologique dans cette période où tout se dérobe sous nos pieds. Eliane Brum est une enquêtrice, une reporter de renom au Brésil mais elle ne vit pas dans le ciel éthéré des idées, elle ne se place pas au dessus de la mêlée. Elle est, elle-même, la forêt agressée qu’elle décrit, elle fait sienne la rage des peuples autochtones et leur hymne à la résistance.
Son livre est une implacable démonstration des violences causées par le capitalisme à l’Amazonie autant qu’un récit d’une transformation intime, d’une destructuration personnelle. Eliane Brum s’est enforestée, elle a fait corps avec la forêt. Elle a abandonné son appartement cossu de São Paulo pour déménager à Altarima au coeur de l’Amazonie.
Cette forêt ce n’est pas juste un sujet pour elle, c’est un « corps territoire », à partir duquel tout se déploie, comme une réalité élargie : « Lutter pour la forêt, c’est lutter contre le patriarcat, contre le féminicide, contre le racisme, contre la binarité de genre. Et contre l’idée que la personne humaine est au centre de tout. »
C’est à ses côtés, au chevet de cet écosystème vivant, que l’on pourra « libérer l’avenir », écrit-elle. « Et ce n’est pas une petite idée sympathique, inoffensive ou mignonne. C’est une insurrection. » Nous voilà prévenus. Le langage de la forêt est une arme puissante que l’autrice braque directement sur les puissants qui nous mènent à la catastrophe.
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Banzeiro Òkòtó – Amazonie au centre du monde d’Eliane Brum, aux éditions du sous-sol, septembre 2024, 391 pages, 24,50 euros |
• Les prophètes de l’IA
Voici un point très bien informé du substrat idéologique de l’intelligence artificielle (IA) promue en fanfare par M. Trump et par les milliardaires de la Silicon Valley. Cette idéologie a dérivé vers l’élitisme le plus borné, prétendant à l’avènement d’une classe d’hommes supérieurs fusionnant avec la machine.
Toute une armada de théories parentes du transhumanisme — l’altruisme efficace, le longtermisme, l’accélérationnisme — prétend donner une vision de l’avenir, mais ne servent au fond qu’à conforter l’ordre capitaliste matiné d’un racisme et d’une fusion avec l’extrême droite qui ne se cache plus.
Pour faire passer la pilule, « Les prophètes de l’intelligence artificielle » dénoncent à la fois la menace sur l’humanité que représente l’IA, mais aussi les miracles qu’elle pourrait accomplir — à condition qu’on leur laisse la main… Cependant, souligne le journaliste Thibault Prévost, derrière ce discours visant à sidérer les opinions publiques et les politiques, il y a aussi une industrie coûteuse, oligopolistique, écocidaire, qui révèle de plus en plus ses limites.
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Les prophètes de l’IA, de Thibault Prévost, aux éditions Lux, octobre 2024, 216 pages, 18 euros. |
• Mon fils ne revint que sept jours
« Le premier jour mon fils me confia avoir la sensation que son cerveau pourrissait. […] De plus en plus souvent il voyait en rêve des champignons lui pousser dans la tête. » Une femme vieillissante, retirée dans son chalet de Mauricie au Québec, reçoit la visite de son fils disparu depuis dix ans. Il ne restera que sept jours, à l’issue desquels il s’évaporera de nouveau.
Dans ce court et étrange roman, la forêt alentour et la tourbière, où la mère conduit inlassablement son fils puis ses petits-enfants, sont des personnages à part entière — à la fois refuges et espaces de liberté pour ces humains inadaptés à la brutalité de la société.
L’auteur, le Québécois David Clerson, leur consacre des descriptions précises à la beauté moite et marécageuse, traversées du vrombissement des moustiques et du vert profond des sphaignes, où l’on ne sait plus trop où finissent les hommes et où commence le sous-bois.
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Mon fils ne revint que sept jours, de David Clerson, aux éditions Héliotrope, janvier 2025, 126 pages, 15 euros. |
• Les mains vides
Dans ce qui fut jadis la France, sur un territoire ravagé par les mégafeux, les sécheresses et les submersions marines, une mosaïque de communautés réapprend à vivre sur les ruines de la civilisation moderne. Certaines sont anarchistes, inclusives et coopératrices avec le vivant, d’autres autoritaires et agressives.
C’est le décor que traverse à vélo le personnage central de cette « eutopie », récit d’un lieu idéal en devenir. Toute la richesse, la fraîcheur et l’enthousiasme que l’on a trouvé à la lecture de ce roman se concentre dans le style prodigieusement créatif et original de l’auteur : de la narration à la seconde personne du singulier, aux néologismes omniprésents, la langue est brillamment mise au service du fond.
Chacun des termes hybrides, dégenrés et polysémiques offerts à la lecture renvoie à un imaginaire de luttes, de métissages, de bricolages low-tech et d’expérimentations politiques.
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Les Mains vides, d’Elio Possoz, aux éditions La Volte, janvier 2025, 304 pages, 12 euros. |
• Mémoires poétiques d’explorateurs
Un petit livre pour un grand bol de vitalité. Vingt-cinq textes de quelques pages, écrits chacun par un ou une exploratrice différente, entraînent le lecteur dans le concret d’une exploration dans le monde sauvage (les abysses, l’espace, etc.). Après l’instant à la fois excitant et redouté du départ, vient le cheminement en terre inconnue, avec l’expérience de la découverte, souvent si intense qu’elle donne le sentiment de renaître.
Si l’apparition de la Terre depuis l’espace est inoubliable (l’astronaute Jean-François Clervoy a un talent certain de conteur), les échappées plus accessibles dans l’imaginaire des pierres (Erik Gonthier) ou sur des parois en granit (Marion Poitevin) ne le sont pas moins.
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Mémoires poétiques d’explorateurs, dirigé par Élodie Broussard, illustrations Amandine Comte, aux éditions Les belles lettres, 2024, 208 pages, 19 euros. |
• Nomen — L’origine des noms des espèces
À quoi pourrait donc bien servir de découvrir l’origine des noms d’animaux ? À connaître les liens tapis dans la langue entre nous, humains, et les autres espèces. L’auteur de Nomen, journaliste très impliqué dans la connaissance du vivant, « la cinquième roue du SUV », les dévoile avec humour et sagacité.
Poétiquement composé, avec des illustrations au pastel, ce livre vous révélera combien le vocabulaire des noms d’animaux est imprégné de nos hantises : le scatologique et le sexuel ne sont jamais bien loin (du lapin au con en passant par la chatte), la misogynie non plus (les bécasses et les morues en savent quelque chose), ni la misothérie (le mépris des bêtes) et sa complice l’ignorance (pauvre « paresseux » !). Un beau livre qui ouvre les yeux et le cœur.
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Nomen — L’origine des noms des espèces, par Marc Mortelmans, illustrations de Jean Wollenschneider, aux éditions Ulmer, 2024, 224 pages, 25 euros. |
• Répertoire des subversions
Allaiter au Parlement européen, imaginer des lunettes pour ne plus voir les espaces publicitaires, orienter les migrantes et migrants vers des points d’eau via des applications, porter un nœud coulant (en Inde, pour dénoncer les suicides après une sécheresse)… Ce Répertoire liste les centaines de façons expérimentées à travers le monde pour contester politiques et pouvoirs en place, dominations de genre et injustices sociales.
Rassemblés par un artiste et enseignant-chercheur de Rennes, ces exemples de révolte non-violente d’artistes ou d’activistes rappellent aussi l’histoire de la subversion (du lancer de navets dans l’Antiquité à la première Journée de barricades, en 1588), et son efficacité lorsqu’elle s’ancre dans le quotidien (boycott consumériste, solidarité réactive, etc.). Souvent, on aimerait en savoir plus…
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Répertoire des subversions — Art, activisme, méthodes, par Martin Le Chevallier, aux éditions Zones, 2024, 296 pages, 21,50 euros. |
• Il n’y a de richesse que la vie
L’écrivain d’art engagé John Ruskin le démontrait dès 1860 : la vie, sa richesse, la joie qu’elle peut procurer, n’est pas au centre de la conception du progrès du capitalisme industriel, telle qu’élaborée par ses économistes vedettes, John Stuart Mill, David Ricardo ou Adam Smith.
Comment pourrait-il en être autrement avec leur réduction de l’humain à une « simple machine cupide », sans plus de besoins de justice, d’affects, de sens ? Leurs théories sont « comme une science de la gymnastique qui postulerait que les hommes sont dépourvus de squelette », ironisait Ruskin.
En 1860, la bourgeoisie industrieuse et colonialiste anglaise réagit très mal à la diffusion dans la presse des quatre essais republiés ici, qui visaient à démystifier la « pseudoscience » économique moderne et à réhabiliter « la vie dans toute sa puissance d’amour ». Mais, dès 1872, rassemblés dans un livre, ils connurent un succès populaire. Souhaitons-leur le même aujourd’hui, pour notre plus grand bien et celui de la vie.
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Il n’y a de richesse que la vie, de John Ruskin, traduit de l’anglais par Pierre Thiesset et Quentin Thomasset, préface de Pierre Thiesset, aux éditions L’Échappée, 2024, 128 pages, 12 euros. |
BD
• Le génie de la forêt
C’est à la mode : vulgariser par la BD les pensées d’une figure connue. Et dans le cas de Francis Hallé, c’est réussi ! La mise en scène est simple mais plaisante : le botaniste spécialiste des arbres discute avec Aristote et lui reproche d’avoir classé les êtres vivants — avec l’humain au sommet et les plantes presque tout en bas de l’échelle.
Pour lui montrer son erreur, Francis Hallé emmène le philosophe grec en balade à travers les forêts. Il égraine une série de connaissances sur les capacités des plantes et des arbres : les cyprès s’avertissent des incendies, les hêtres reconnaissent leurs enfants, les passiflores peuvent prévoir des situations après y avoir été confrontées plusieurs fois, certaines plantes dansent et d’autres ont de la mémoire…
Le fonctionnement et la fragilité des forêts primaires est aussi rappelé. On s’émerveille pour la première fois — pour ceux qui n’ont jamais lu Francis Hallé — ou pour la énième fois pour ceux qui le connaissent.
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Le génie de la forêt, de Vincent Zabus, Nicoby et Francis Hallé, aux éditions Albin Michel, 2025, 112 pages, 19,90 euros. |
FILMS, DOCUMENTAIRES
• La FNSEA, syndicat de l’agriculture intensive
Elle a choisi son moment. À l’occasion des élections des chambres d’agriculture, l’association L214 diffuse une série documentaire sur la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). En trois épisodes (d’une durée de 15 à 20 minutes), L214 revient sur l’histoire du premier syndicat agricole français, sur les conditions de travail des paysans qu’il est censé représenter, et sur les intérêts financiers de ses dirigeants.
Riche en images d’archives, interviews et références historiques, cette série réussit à expliquer de façon claire et sourcée comment la FNSEA en est arrivée à défendre un modèle d’agriculture productiviste — devenu dominant — plutôt que les intérêts de ses adhérents. « C’est ce modèle qui nous a emmenés dans une spirale infernale […] à intensifier nos élevages […] et nous mettre dans des conditions déplorables, tant au niveau de [nos fermes] que de notre vie personnelle », témoigne un ancien agriculteur dans le documentaire.
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La FNSEA, syndicat de l’agriculture intensive, par l’association L214, série documentaire en trois épisodes en accès libre sur YouTube. |
• Anthropocène, l’implacable enquête
Le terme d’Anthropocène fut créé en 2000 par le défunt prix Nobel de chimie, Paul Crutzen, pour marquer notre entrée dans une ère géologique dominée par les effets des activités humaines sur la biosphère. Bien que connu, ce terme reste abstrait. Heureusement, ce documentaire fluide et bien construit nous aide.
Il nous entraîne en plusieurs points du globe où douze équipes de chercheurs internationaux ont interrogé scientifiquement cette réalité de l’Anthropocène. Voir de nos yeux les preuves de ce changement d’ère à travers carottages et autres analyses de roches est saisissant… et rend la crise écologique plus tangible.
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Anthropocène, l’implacable enquête, écrit par Cécile Dumas et Cédric Defert, Arte France et Look at Sciences, 59 mn., 2024, disponible jusqu’au 17 mars 2025. |
• Nous sommes des champs de bataille
Depuis des années, le chercheur indépendant Mathieu Rigouste mène un travail tenace sur les politiques de répression. Il a notamment montré combien les méthodes policières actuelles étaient inspirées des pratiques violemment appliquées dans les pays colonisés, notamment en Algérie. Dans son nouveau film, il montre le continuum entre les techniques de répression civiles et l’armement militaire. Il souligne aussi que la France est devenu un pays en pointe dans les techniques de répression.
Le documentaire est particulièrement convaincant du fait que Rigouste est parvenu à faire parler des entreprises du domaine, lors des salons spécialisés Milipol. On apprend par exemple qu’il vaut mieux parler de « gestion démocratique des foules » que de « maintien de l’ordre » ou que la Palestine sert de laboratoire pour les armes répressives : « Les émeutes se multiplient partout dans le monde, dit un commercial israélien. Mais nos matériels sont éprouvés sur le champ de bataille ». Le champ de bataille, aujourd’hui, s’est étendu à l’ensemble des sociétés soumises à l’hubris du capitalisme. Ce film nous donne des informations et de l’énergie pour résister.
• Les irréductibles
Et dire qu’elle a failli disparaître, cette forge de Valdunes (Hauts-de-France) qui fabrique rails et roues de train — la dernière en France ! Heureusement, montre ce reportage dynamique, les ouvriers n’ont pas baissé les bras : de la recherche d’un repreneur à la demande de nationalisation, ils se sont démenés pour conserver leurs emplois et ce savoir-faire capital à la transition écologique. En leur donnant la parole, cette série engagée rend hommage à leur combativité, maintenue malgré les angoisses de déclassement et de fin du mois : « On a gagné, quoi ! Mais ça laisse des traces, et des frissons ! »
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Les Irréductibles, d’Aurélien Chapalain, Vincent Fischmann, Edouard Mounier et Smain Belhad, France 2 — Épisode « Valdunes ». |
EXPOSITIONS
• À l’affût
Un yack d’une puissance musculaire imposante dont les yeux épouvantés nous bouleversent, un oiseau blanc sur un ciel blanchâtre, fébrile comme feuille au vent… les soixante-dix photographies grand format de la dernière exposition de Vincent Munier, photographe et cinéaste confirmé, sont d’une sensibilité rare.
On dirait que cet artiste inspiré par l’art japonais était parvenu à dissoudre la charge négative du mot « animal » pour nous mettre en relation avec des proches, dans leur environnement. C’est souvent poignant, et certains visiteurs sortent de l’expo les larmes aux yeux, me confie la responsable de la librairie de ce lieu magique, entouré d’une trentaine de jardins.
À l’affût– Photographies de Vincent Munier, jusqu’au 9 mars 2025, à la Saline Royale d’Arc-et-Senans (au Patrimoine mondial de l’Unesco), dans le Doubs.
• Migrations, une odyssée humaine
On sort tourneboulé de cette passionnante exposition : chaque jour, on entend parler « flux migratoires », « plan de déportation de clandestins », « submersion », et pourtant il n’y a que 4 % des humains dans le monde qui vivent hors de leur pays de naissance, même en ces temps de bouleversements écologiques.
Les discours agressifs d’aujourd’hui contre les « migrants » ne seraient-ils qu’un écho des préjugés et politiques cyniques d’hier, quand les femmes des ouvriers polonais étaient taxées de « prostituées de l’ordre le plus bas », les réfugiés italiens de « sauterelles sales et loqueteuses », etc. ?
À travers une stimulante mise en scène (photos, documents sonores, cartes, objets domestiques multiples, œuvres d’art…), l’exposition Migrations, une odyssée humaine élargit le débat public sur cette question, en rappelant que ce sont ses migrations qui ont façonné notre espèce dans sa diversité génétique et sa richesse culturelle. Et ce, depuis qu’Homo Sapiens a « migré » de l’Afrique au Proche-Orient, puis jusqu’en Europe, il y a environ 50 000 ans.
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Migrations, une odyssée humaine, Musée de l’Homme, 75016 Paris, jusqu’au 8 juin 2025. Catalogue Migrations, une odyssée humaine, sous la direction scientifique de Sylvie Mazzella et Christine Verna, publié par le Muséum national d’histoire naturelle, 238 p., 34 €. |
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