À +2 °C, trois fois plus de régions seront touchées par des chaleurs insoutenables


Des volontaires sprayent de l’eau sur les gens pour lutter contre la chaleur en mai 2024, à Hyderabad, au Pakistan, où il faisait entre 46 et 48 °C.

4 février 2025 à 15h59

Mis à jour le 4 février 2025 à 17h44

Durée de lecture : 3 minutes

Notre planète va devenir de plus en plus inhabitable à cause des vagues de chaleur. Selon une nouvelle étude publiée le 4 février 2025 dans Nature Reviews Earth and Environment, les risques liés aux stress thermiques vont s’étendre fortement dans les décennies à venir.

Aujourd’hui, les régions du monde où des adultes en bonne santé sont en danger lors d’un épisode caniculaire représentent à peine 2 % des terres continentales. Une proportion qui passerait à 6 %, soit environ la surface des États-Unis, avec un réchauffement de 2 °C (par rapport à la température de l’ère pré-industrielle) attendu au milieu du siècle.

Un tiers des terres dangereuses pour les plus de 60 ans

Les risques sont encore plus critiques pour les personnes de plus de 60 ans : la proportion de régions dangereuses pendant les canicules passerait d’un cinquième des terres émergées aujourd’hui à un tiers, sous un climat à plus 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Et avec une hausse globale de température de 4 °C, ce serait alors 60 % de la surface émergée du globe qui pourrait connaître des pics de chaleur mortels pour les plus âgés, toujours selon l’étude.

En Europe, les vagues de chaleur de 2003 et 2022 avaient causé à chaque fois plus de 60 000 décès. Elles avaient contribué à la prise de conscience des effets mortels du changement climatique sur les plus âgés.

« Les personnes les plus fragiles ne seront plus les seules personnes à risque »

« Cette étude montre que les personnes les plus fragiles ne seront plus les seules personnes à risque en cas de pic de chaleur et que les stress thermiques vont devenir une question de santé publique globale », commente Benjamin Sultan, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement.

Pour identifier ces zones à risques, les chercheurs ont regardé les projections des chaleurs extrêmes sous un climat à plus 2 °C, et en particulier là où les conditions de chaleurs et d’humidité atteignent un seuil critique pour la vie humaine. Autrement dit, le seuil au-delà duquel notre organisme devient incapable de réguler la température corporelle si certaines précautions ne sont pas prises, comme une bonne hydratation.


Les zones de seuils de réchauffement incompensables (au-delà desquels la température du corps s’élève de manière incontrôlable) à droite, mortelles à gauche, pour les jeunes adultes (en haut) et le reste de la population adulte (en bas).
© Nature Reviews Earth & Environment

L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud seront particulièrement touchées, selon l’étude. « Comme on l’a vu en 2024, l’humidité très forte avant la mousson aggrave fortement l’effet des pics de chaleur. Aux Philippines, la température est montée à 39 °C en avril et la température ressentie à cause de l’humidité était de 45 °C », dit Benjamin Sultan. Car le stress thermique n’est pas lié qu’à la température mais aussi à l’humidité de l’air.

Avec un fort taux d’humidité, le corps transpire moins, ce qui limite le refroidissement de l’organisme lié à l’évaporation de l’eau. « Les périodes avant la mousson seront critiques dans les régions intertropicales, même avec des températures moins fortes que dans d’autres régions », dit le chercheur.

Chaque dixième de degré compte

Premier auteur de l’étude, Tom Matthews du King’s College London souligne l’importance de ces résultats pour évaluer le coût de l’inaction climatique. Un message déjà largement repris par la communauté scientifique. Chaque année, plus d’une centaine de scientifiques du monde entier publient dans la revue médicale Lancet un décompte sur les effets du changement climatique sur la santé. Selon la dernière édition de novembre 2024, la mortalité liée au pic de chaleurs chez les plus de 65 ans a plus que doublé à cause du changement climatique en 2023.

« Il est important de rappeler que chaque dixième de degrés gagné réduit la population exposée. Une baisse de 2,7 °C à 1,5 °C de réchauffement global permettrait, selon les derniers travaux du Giec, de diviser par cinq la population exposée à des chaleurs extrêmes », insiste Benjamin Sultan.

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