Aux passants de Paris, par Evelyne Pieiller (Le Monde diplomatique, février 2025)


Bien sûr, on connaît. Un peu. En vrac. La ville du XIXe siècle, transformée par les travaux du baron Georges Haussmann. L’apparition des magasins de nouveautés. Les becs de gaz dans les rues, l’ouverture des grandes gares. Mais avec Le Spectacle de la marchandise (1), analyses et illustrations croisées, c’est l’inscription concrète de cette grande métamorphose qui apparaît. La ville est alors un théâtre, et un texte. La réclame est partout, dans les journaux, sur les murs, ou portée par les hommes-sandwichs. La « modernité » étincelle dans la lumière des grands boulevards. Vers Barbès, les Grands Magasins Dufayel déploient leurs 38 000 mètres carrés de merveilles, leur théâtre et leur salle de cinéma, pour les « classes laborieuses », comme dit le patron. Qui a une idée de génie : il invente le crédit à la consommation. D’autres inventent les soldes. Le vieux Paris des pauvres persiste dans l’ombre. Les peintres (Maximilien Luce, Félix Vallotton, Juliette Roche, Camille Pissarro, parmi tant d’autres) et les photographes, dont le remarquable Charles Marville, saisissent l’éclat et la vitalité de la ville, les chantiers, le travail qui fait tourner toute l’affaire. C’est une émotion.

(1Anne-Sophie Aguilar, Éléonore Challine et Emmanuelle Delapierre (sous la dir. de), Le Spectacle de la marchandise. Ville, art et commerce 1860-1914, Musée des beaux-arts de Caen – In Fine, Caen-Paris, 2024, 248 pages, 32 euros. Catalogue de l’exposition présentée au Musée des beaux-arts de Caen, du 6 avril au 8 septembre 2024.



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