Oullins-Pierre-Bénite, dans la métropole de Lyon, le 3 février 2025. Emma Feyeux, de Notre affaire à tous, présente l’action judiciaire collective anti-PFAS. – © Vasco Hérault / Notre affaire à tous
Oullins-Pierre-Bénite, dans la métropole de Lyon, le 3 février 2025. Emma Feyeux, de Notre affaire à tous, présente l’action judiciaire collective anti-PFAS. – © Vasco Hérault / Notre affaire à tous
5 février 2025 à 09h49
Mis à jour le 5 février 2025 à 11h48
Durée de lecture : 3 minutes
Lyon (correspondance), reportage
« Pour faire reculer les industriels qui polluent, il faut s’attaquer à leur image », dit Lucas Miguel. Cet infirmier vivant à Charly, au sud de Lyon, est aux premières loges du scandale des perfluorés (PFAS), surnommés « polluants éternels », qui secoue le territoire. C’est ici, aux portes de la vallée de la chimie, que les usines d’Arkema et de Daikin sont soupçonnées d’avoir massivement contaminé le Rhône, l’air et les terres d’une trentaine de communes.
Après le choc des révélations, comment, en tant que simples citoyens, lutter contre des multinationales de la chimie ? « Le seul moyen de rétablir les conditions d’un rapport de force, c’est de bâtir une action collective », répond l’infirmier. Lundi 3 février, son association PFAS contre Terre a annoncé engager avec Notre affaire à tous le dépôt d’une plainte collective au civil contre Arkema et Daikin. Tous les riverains de la vallée de la chimie peuvent se joindre à cette procédure pour obtenir réparation des dommages subis.
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Ces composés chimiques complexes peuvent provoquer des cancers et des perturbations du système immunitaire. Plus de 220 000 personnes pourraient être touchées dans la région.
« Dissuader » les industriels de polluer
« L’objectif est de bâtir la plus grande action anti-PFAS d’Europe », expose Emma Feyeux, juriste à Notre affaire à tous. À ce jour, le record est détenu par l’Italie, en Vénétie, où 200 plaignants se sont réunis contre la pollution émise par le chimiste Miteni. La jeune femme espère convaincre jusqu’à 500 habitants d’accompagner leur action en justice. « Si chacun demande plusieurs milliers d’euros de compensation, les sommes vont se chiffrer en millions pour les industriels, qui vont prendre conscience qu’il y a un risque financier à polluer », souligne-t-elle.
Les plaignants peuvent faire valoir des préjudices liés aux risques de santé provoqués par l’exposition aux PFAS, à l’anxiété provoquée par leur présence, aux conséquences sur leurs biens immobiliers et les exploitations agricoles touchées.
« On ne fait pas ça pour l’argent, mais surtout pour dissuader les industriels de continuer à polluer », pointe Lucas Miguel.
Les associations ont lancé une plateforme pour simplifier les démarches juridiques. Le coût par plaignant est de 360 euros, tous frais compris, plus un forfait annuel de suivi de la procédure fixé à 290 euros. « C’est le coût le plus bas pour permettre un travail sérieux, indique Emma Feyeux. Nous voulions qu’il soit accessible à tous pour se battre contre des entreprises multimilliardaires. »
La plateforme conseille également sur la méthode pour faire jouer son assurance de protection juridique professionnelle ou civile, voire accéder à l’aide juridictionnelle pour les portemonnaie les plus modestes. La clôture des inscriptions est prévue le 31 mars prochain, pour un dépôt officiel de la plainte devant un juge en juin prochain, trois ans après la révélation de ce scandale sanitaire.
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