Boulimie de métaux, impasses du recyclage et dangers d’incendie
La faillite du suédois Northvolt douche les espoirs d’une filière européenne des batteries. Elle interroge aussi la priorité accordée aux véhicules particuliers, alors que l’électrification ne présente des bénéfices environnementaux que pour les transports en commun, alimentés en continu par le réseau. Car le recours croissant aux accumulateurs rechargeables présente des écueils trop souvent négligés.
Wolfgang Ellenrieder. – « Limousine », 2011
© ADAGP, Paris, 2025 – Wolfgang Ellenrieder & VG-Bild Kunst
«Projets incontrôlés, santé en danger ». Le 22 février 2024, une centaine d’habitants de Viviez, dans l’Aveyron, manifestaient leur inquiétude derrière cette banderole. Cinq jours plus tôt, 1 200 tonnes de batteries électriques usagées avaient pris feu dans un entrepôt de la Société nouvelle d’affinage des métaux (SNAM), entraînant un énorme nuage de fumée devenant parfois blanc, parfois bleuté. Des résidus carbonés et certaines pièces métalliques encore en fusion seraient retombés à plus de quatre kilomètres, nous assure M. Laurent Alexandre, député La France insoumise (LFI) de la circonscription.
Pour éviter la propagation du feu, les batteries doivent être stockées selon leurs types, dans des cellules séparées par des murs coupe-feu. Mais les entrepôts partis en fumée ne faisaient pas partie des installations classées « Seveso, seuil haut » que possède la SNAM dans la ville. Cette entreprise spécialisée dans le traitement des déchets conservait son surplus, notamment de batteries au lithium, en dehors de tout cadre réglementaire dans d’anciens bâtiments de la Société pour l’amélioration et la valorisation de l’environnement (Sopave). Malgré les nombreuses irrégularités relevées les années précédentes par la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), l’État n’avait appliqué aucune sanction.Après avoir improvisé un confinement des habitants dans les cinq cents mètres alentour le jour de l’embrasement, la préfecture s’est plutôt efforcée de tranquilliser la population : « Les mesures effectuées dans le cadre de plusieurs contrôles sont rassurantes », annonçait-elle par communiqué le lendemain. « Il n’y a aucune procédure sérieuse pour mesurer la pollution due à ce type d’incendie sur les habitants ou l’environnement, rétorque M. Alexandre. L’incendie s’est déclaré vers 14 heures et les premières mesures n’ont été effectuées qu’en début de soirée, bien après la dissipation du nuage dense de fumée. »
Va-t-il falloir s’habituer à ce genre d’accident dans les (…)
Taille de l’article complet : 4 500 mots.
Cet article est réservé aux abonnés
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.
Raúl Guillén &
Vincent Peyret
Journalistes, Le Postillon.