La Destinée manifeste, la théologie du succès et les limites de la réalpolitik


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par Chems Eddine Chitour

Résumé

À peine réélu, le président Donald Trump met à exécution ses menaces envers tout le monde dans le sens que même ses alliés sont à la même enseigne que la Chine. Ainsi il a décidé de taxer fortement le Canada, le Mexique. Il persiste pour s’accaparer le Groenland, alors qu’il dispose d’une base scientifique. Il change le nom du Golfe du Mexique en Golfe des États-Unis se retire de l’accord sur le climat, veut reprendre le canal du Panama. Du côté du Moyen-Orient, allié indéfectible d’Israël, il propose de mettre en œuvre une deuxième Nakba en déportant les Palestiniens en Égypte et en Jordanie malgré leur refus. Dans le même temps il pense pouvoir arrêter la guerre en Ukraine, en convoquant les Européens et l’OTAN pour une réunion dont l’ordre du jour serait de mettre en place une force de garantie de la frontière sur la base de la situation actuelle.

Quel est le moteur de ce dynamisme qui permet au président de passer à l’acte comme dans le cas du renvoi des émigrés, se permettant même au passage de démolir le fonds de commerce des gourous de Davos adepte du globalisme ? Sur quoi repose ces certitudes ? Est-ce uniquement sur son gros bâton ? Son soft power qui fait que les États-Unis avant de décider de se retirer de l’OMS et d’autres organisations de charité ? Ou est cette conviction quasi mystique d’être du bon côté de l’histoire, Celle du bien tout en n’oubliant pas son pas son mantra «Make America Great again». Cette certitude d’être désigné par Dieu «la Destinée manifeste» est consubstantielle de la théologie du succès. Trump veut concilier le fait religieux et le business. Nous allons décrire comment les présidents américains perçoivent la religion dans leur gouvernance. Nous terminerons avec la Palestine cette plaie toujours béante sur le visage des Nations unies et notamment des puissants tétanisés par la politique du président américain qui prévoit un autre destin pour les Palestiniens toujours en apesanteur.

«La Destinée manifeste»

«L’une des premières conviction des présidents américains, est qu’ils sont la nation indispensable élue de Dieu La «Destinée Manifeste» (en anglais : Manifest Destiny ) «It is our manifest destiny to overspread the continent alloted by Providence for the free development of our yearly multiplying millions» (Notre destinée manifeste est d’étendre le continent alloué par la Providence pour le libre développement de nos millions d’habitants qui se multiplient chaque année) est une expression apparue en 1845 la nation américaine aurait pour mission divine l’expansion de la «civilisation» vers l’Ouest, et à partir du XXe siècle dans le monde entier. Cette croyance messianique en une élection divine (prédestination est promue aux États-Unis dans les années 1840 par les républicains-démocrates, plus particulièrement par les «faucons» sous la présidence de James Polk».

«Cette Manifest Destiny implique pour eux une mission à remplir, une sorte de mystique de l’expansion, qui marquera culturellement et politiquement les États-Unis. Cette destinée manifeste s’accomplit essentiellement durant les années 1840, qui furent une période de croissance extraordinaire pour les États-Unis. En 4 ans, le territoire national s’est agrandi de 1,2 million de kilomètres carrés, soit une expansion de plus de 60%. Les différentes manifestations de la Destinée manifeste ne font que refléter des tendances profondes de la société et de l’idéologie américaines, à savoir l’affirmation d’un messianisme qui puise son inspiration dans la certitude d’une mission à remplir».[1]

«Les Premières Nations, dont les concepts de propriété terrienne sont aux antipodes de ceux de la nation en expansion, sont un obstacle à la Manifest Destiny. Certains partisans de la Destinée manifeste veulent imposer par la force le modèle américain. Pour eux, les Autochtones qui refusent la civilisation doivent être éliminés par la force : mise sous tutelle dans des réserves, tactique de la terre brûlée. Des généraux tels que Sheridan ou Tecumseh Sherman étaient favorables au massacre des autochtones. D’autres souhaitent en effet que l’acculturation se fasse sans violence, par la négociation, l’éducation et l’évangélisation».[1]

Quelle était la religion des 46 présidents américains ?

«57 ans. C’est la période qu’il aura fallu attendre pour qu’un catholique soit de nouveau élu à la Maison-Blanche. Comme son prédécesseur John Fitzgerald Kennedy, arrivé au pouvoir en 1961, Joe Biden est démocrate et d’ascendance irlandaise. Si l’appartenance religieuse des présidents reflète celle de la société (en 2007, 78% des Américains se définissait comme chrétiens, selon le Pew Research Center. Parmi les 46 hommes qui se sont succédé à la Maison-Blanche, presque la moitié étaient ainsi épiscopaliens ou presbytériens».

De Truman à Bush le born again

Parmi les présidents, Georges W. Bush et à un degré moindre Harry Truman se distinguent par leur religiosité. L’histoire retient leur nom comme les présidents qui ont été les plus sauvages. Il est fréquent de lire dans la presse française écrit Yves-Henri Nouailhat des descriptions fort détaillées sur la religiosité du président George W. Bush. «Si la séparation de l’Église et de l’État est importante aux États-Unis, nous devons toujours nous souvenir que la religion a joué un rôle considérable dans notre fondation et reste très importante aujourd’hui. Ceux qui souhaitent faire disparaître la religion et les valeurs enracinées dans la religion et l’espace public ont une compréhension erronée de l’histoire américaine et du premier amendement de notre Constitution», déclare-t-il dans un entretien accordé au Catholic Digest. George W. Bush ne cherche pas à cacher qu’il est influencé par sa foi dans sa vie quotidienne mais il rappelle qu’il n’est pas le premier président à parler de Dieu. «La plupart de mes prédécesseurs parlaient ouvertement de leur confiance en Dieu, de George Washington à John Kennedy, en passant par Abraham Lincoln»..

«D’autres présidents que ceux énumérés par George W. Bush ont également fait état publiquement de leurs sentiments religieux – notamment Jimmy Carter, Ronald Reagan, Bill Clinton – pour ne citer que quelques exemples récents. En effet, tout au long de ses huit ans de présidence, Bill Clinton, un baptiste, n’a cessé d’invoquer Dieu dans ses discours. Mais il est moins fréquent de dire que Harry Truman a été l’un des présidents les plus religieux des États-Unis. La sincérité de la foi de ces deux présidents ne peut être mise en doute».[3]

On rapporte que Bush a entendu Dieu lui ordonner de se porter candidat : «Bush appelle le pasteur James Robinson et lui déclare : «Je pense que Dieu veut que je me présente à la présidence. Je ne peux pas l’expliquer, mais je sens que mon pays a besoin de moi. (…) Je sais que cela ne sera pas facile pour moi ou pour ma famille, mais Dieu veut que je le fasse. Une fois élu à la Maison-Blanche, Bush continue de commencer ses journées par la lecture d’un passage de la Bible. À ses yeux, il ne saurait y avoir de cloison étanche entre la pratique de son métier d’homme politique et le sentiment de réaliser une vocation reçue de Dieu. «La foi change les vies. Je le sais parce que la foi a changé la mienne» Tout le système de valeurs de Bush s’appuie sur la conviction de l’action de Dieu. Ainsi, le 3 février 2004, George W. Bush déclare : «On ne peut être président de ce pays sans croire en Dieu et sans être convaincu que nous formons une seule nation aux ordres de Dieu»».[3]

Le bien contre le mal

«L’annonce par George W. Bush d’une nouvelle doctrine qu’il appelle pre-emption représente une grande innovation pour la politique étrangère américaine. Aussi le but de la stratégie qu’elle a adoptée ne doit pas être seulement d’établir un monde plus sûr, mais aussi meilleur, en encourageant la liberté politique et économique, les relations pacifiques avec d’autres États et le respect de la dignité humaine. La politique étrangère américaine après le 11 septembre revêt une dimension rhétorique quasi religieuse. Bush junior n’hésite pas, en effet, à évoquer le «combat du Bien contre le Mal». Le successeur de Clinton pense qu’il a une mission à accomplir : lutter contre le terrorisme, mener une politique qui protège les Américains du mal absolu que représente la conjugaison du terrorisme, des armes de destruction massive et des «États voyous»».[3]

«On peut rappeler à cet égard que le secrétaire d’État de George W. Bush, Colin Powell, était plus que réservé vis-à-vis de l’intervention en Irak sans l’aval de l’ONU en 2003. Certains analystes ont avancé une «hypothèse religieuse» pour expliquer la politique extérieure de Bush. Il s’agirait d’une sorte de «croisade» car le terme a été employé par le président lui-même (…) Ainsi, les protestants évangéliques ont manifesté de fortes divergences entre eux à propos de l’attaque préventive de l’Irak. Une majorité s’est toutefois prononcée en faveur du projet militaire de l’Administration Bush. D’autres responsables évangéliques n’hésitent pas à se déclarer opposés au principe même de la guerre préventive».[3]

La cause palestinienne

Bush était préoccupé par le sort des Palestiniens «Si l’on examine la politique de Bush vis-à-vis de la question israélo-palestinienne, on peut trouver également quelques similitudes avec les positions de Truman. Bush subit des pressions contradictoires de la part de son administration. Inquiet de constater l’influence d’Israël à Washington, Mais dans l’ensemble, la majorité des sénateurs tant démocrates que républicains réclament le soutien de l’Amérique à Israël à tout prix. Devant le comité national juif à Washington, le président déclara le 3 mai 2001 : Nous défendrons nos principes. Nous prendrons parti pour nos amis dans le monde. Et l’un de nos amis les plus importants est l’État d’Israël».[3]

«Depuis l’intervention en Irak, des personnalités comme Zbigniew Brzezinski ou le général Anthony Zinni ont estimé que le nouveau rôle des États-Unis au Moyen-Orient exigeait un changement d’attitude dans l’approche du conflit israélo-palestinien. La seconde administration Bush s’est alors orientée partiellement dans cette voie. Dans son discours sur l’état de l’Union, le 2 février 2005, George W. Bush s’est engagé à demander au Congrès des crédits de 350 millions de dollars pour soutenir les réformes palestiniennes dans les domaines politique, économique et sécuritaire. «L’objectif de deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix, est à portée de main et les États-Unis les aideront à atteindre cet objectif» L’auteur conclut en écrivant : «Il est évident que ces deux personnalités Il existe pourtant entre eux un élément qui les rapproche : l’authenticité d’une foi chrétienne qui, certes, n’explique pas toutes leurs décisions politiques, mais dont l’influence n’est sûrement pas négligeable»».[3]

L’auteur omet de rapporter que Harry Truman restera dans l’histoire comme celui qui a déclenché le feu nucléaire en larguant deux bombes nucléaires à 3 jours d’intervalle su Nagasaki et Hiroshima alors que le Japon était battu. Plus de 300 000 morts en quelques minutes sans compter les milliers de morts par la suite des maladies

La question religieuse sous la présidence Obama

Barack Obama déroute par son rapport à la religion même si elle n’est plus centrale dans les débats. Notamment quand il e restrient pas le rapport aux religions au seul christianisme Amandine Barb écrit : «(…) Pourtant, dès les premières semaines de la présidence Obama, la religiosité de ses discours et de ces décisions concernant l’avortement, la recherche sur les cellules souches ou les Faith Based Charities Organisations ont relancé les débats sur les rapports du nouveau président avec la religion et sur la place et le rôle qu’il envisage de lui accorder, tant au niveau rhétorique que politique. Il est donc légitime de s’interroger sur la «stratégie» religieuse de Barack Obama, qui multiplie les références à Dieu dans ses discours et insiste sur l’importance de la foi, tout en affirmant vouloir défendre la séparation de l’Église et de l’État mise à mal par G.W. Bush».

«Les discours émaillés de nombreuses références à Dieu du candidat et président Barack Obama incarnent parfaitement l’idéal historique de la «religion civile» américaine, censée transcender les croyances particulières et «entretenir le sentiment de l’unité nationale par la réactivation d’éléments rituels appartenant au passé fondateur». Ainsi le président Obama n’hésite-t-il pas dans ces déclarations publiques à multiplier les allusions religieuses – certes plus générales et moins limitées au christianisme que celles de G.W. Bush– invoquant tantôt «la promesse divine que nous sommes tous égaux», tantôt «la parole» des Écritures, de la Torah ou des Hadiths».[4]

«Par son exaltation récurrente de la religion civile américaine, le nouveau président s’inscrit donc dans la continuité parfaite de ses prédécesseurs. Néanmoins, comme le remarque le sociologue Michael Lindsay, un détail particulier distingue les discours d’Obama notamment de ceux de G.W. Bush : sa référence régulière aux «non croyants» ou à ceux qui «n’ont pas de foi»[3]. Ainsi a-t-il déclaré dans son discours d’investiture que les États-Unis sont une «nation de chrétiens et de musulmans, de juifs et d’hindous – et de non croyants». En janvier 2008, il avait déjà affirmé, dans un message destiné aux «chrétiens, aux croyants et aux non croyants», que «les religieux n’ont pas le monopole de la moralité»».[4]

Les convictions religieuses de Donald Trump

Avec Donald Trump, c’est un changement total. Nous avons l’impression que les religions n’ont pas de problème avec le président Trump ; Exception faite pour l’islam qui n’a pas eu un préjugé favorable. Nous sommes loin de la façon de faire de Clinton qui présente ses vœux aux musulmans à l’occasion du Ramadan avec un tour à la Maison-Blanche et même un timbre américain pour Eid Moubarek.

On se souvient qu’en 2016 six leaders religieux ont prié pour Donald Trump. Bien que certains étaient contre sa politique sur l’immigration, six responsables religieux américains, dont le cardinal Timothy Dolan, archevêque catholique de New York, le télévangéliste Franklin Graham et le prédicateur Wayne Jackson, adepte de la théologie de la prospérité, ont accepté de venir prier à la cérémonie du 20 janvier.

«Evangile de la prospérité»

«C’est la première fois, depuis 1989, qu’un président des États-Unis invite autant de représentants religieux à un tel événement. Le milliardaire républicain devrait donc prêter serment en présence du cardinal Timothy Dolan, archevêque catholique de New York, des célèbres prédicateurs Franklin Graham et Wayne Jackson, du pasteur Samuel Rodriguez, du rabbin Marvin Hier. Le leader évangélique Samuel Rodriguez, président de la National Hispanic Christian Leadership Conference, s’est lui aussi montré très méfiant, pendant la campagne, concernant les projets de Donald Trump en matière d’immigration».

«De son côté, le rabbin Marvin Hier – fondateur de l’organisation de défense des droits de l’homme Simon Wiesenthal avait vivement condamné, pendant la campagne, une autre promesse du milliardaire républicain : celle d’interdire temporairement à tous les musulmans d’entrer dans le pays. Pendant sa campagne, Donald Trump a plusieurs fois rappelé, par sa rhétorique, sa proximité avec cette théologie. Plus d’une fois, il a cité l’influence du ministre Norman Vincent Peale, dont le concept de «pensée positive» est proche de celui de l’évangile de la prospérité».[5]

Théologie du succès

L’itinéraire religieux de Donald Trump. Classique comme celui de tous les Américains croyants sauf que s’y ajoute une dimension qui concerne la nécessité d’aller plus loin dans la quête du bonheur (The pursuit of hapinness) rappelant par certains côtés la religion musulmane bien comprise, il est dit dans le Coran (sourate 62 al Djoumoua, 10) «Puis quand la Salat est achevée, dispersez-vous sur la terre, et recherchez [quelque effet] de la grâce de Dieu, et invoquez beaucoup Dieu afin que vous réussissiez».

Comme nous le lisons dans cette contribution du journal La Croix : «Donald Trump est proche de l’église du pasteur Norman Vincent Peale qui prône la réussite matérielle autant que spirituelle. Le président élu a été baptisé et confirmé dans la First Presbyterian Church, l’église presbytérienne du quartier de Jamaica à Queens (New York) où il a grandi. Dans les années 1960, ses parents ont rejoint la Marble Collegiate Church, sur la Cinquième avenue à Manhattan, attirés par la personnalité de son pasteur, Norman Vincent Peale. Donald Trump l’a fréquentée pendant près de cinquante ans et s’y est marié religieusement avec sa première et sa seconde femme. Auteur du best-seller «The Power of Positive Thinking», publié en 1952, Norman Vincent Peale prêchait l’optimisme et la réussite, matérielle autant que spirituelle. Supporter de Richard Nixon, très hostile à la candidature du catholique John Kennedy en 1960, il admirait les hommes d’affaires prospères et truffait ses sermons d’anecdotes sur les grands industriels qu’il connaissait».[6]

«Dans son livre, il développait une sorte de théologie du succès prônant la confiance en soir comme philosophie de vie. Cette approche a d’autant plus séduit Donald Trump qu’elle répondait à la culture de sa famille : ne pas hésiter à plier les règles, tout faire pour gagner.

Plus pratique que théologique, le message de Norman Vincent Peale, décédé en 1993, fait écho à «l’Évangile de la Prospérité», que pratiquent des téléévangélistes selon qui Dieu choisit de récompenser certaines personnes avec la richesse matérielle. La campagne de Donald Trump a bénéficié du soutien de prédicateurs de la prospérité comme Mark Burns et Darrell Scott».[6]

Donald Trump pour une liberté religieuse chrétienne

Trump a une perception différente de la religion. C’est l’une des grandes différences avec Obama qui est pour l’ouverture. On se souvient de son discours au Caire, il appelait à la tolérance et l’ouverture sur l’universel Amandine Barb écrit : «Donald Trump défend une interprétation «souple» des rapports entre État et religion. Il affiche aussi une grande proximité avec la «Droite chrétienne», cette coalition informelle de groupes catholiques et protestants évangéliques conservateurs. Le positionnement du président Trump se situe loin de la laïcité «philo-cléricale» de Barack Obama, qui prônait une ouverture pluraliste au religieux en même temps que le respect de la séparation des Églises et de l’État. Outre les restrictions visant l’immigration en provenance de plusieurs pays à majorité musulmane, l’administration Trump s’est illustrée depuis 2016 par sa défense de ce que la politiste Cécile Laborde appelle une conception «maximaliste» de la liberté de religion»».

«Un mémorandum intitulé «Protections fédérales pour la liberté religieuse» (Federal Law Protections for Religious Liberty) a été publié le 6 octobre 2017. Ce mémorandum explique que, «dans les limites du possible et dans celles autorisées par la loi, l’observance et la pratique religieuse devraient être raisonnablement accommodées dans le cadre de toute activité gouvernementale (…) Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump a eu l’occasion de nommer deux nouveaux juges conservateurs à la Cour suprême : il s’agit de Neil Gorsuch, confirmé par le Sénat en 2017, et de Brett Kavanaugh, investi à l’automne 2018. Cette Cour à majorité conservatrice va très certainement privilégier dans les années à venir une interprétation davantage «laxiste» du principe de séparation entre les Églises et l’État»».[7]

Un pilier du soft power

En contradiction avec l’amour du prochain, le président Trump retire les États-Unis des programmes alimentaires Il invoque les intérêts des États-Unis : «La décision de Donald Trump de bloquer instantanément des milliers de programmes alimentaires et de santé risque d’avoir des conséquences sur la défense même des intérêts de son pays. Il s’agit des personnes directement affectées par le gel brutal de l’aide américaine, la première en termes de montants, décidée par Donald Trump dès son arrivée à la Maison-Blanche. Il assure même que ces programmes «servent à déstabiliser la paix mondiale en promouvant dans les pays étrangers des idées qui vont directement à l’encontre de relations harmonieuses et stables à l’intérieur des pays et entre les pays». Les 70 milliards de dollars (67,5 milliards d’euros) octroyés par le Congrès, consacrés aux trois quarts à l’aide humanitaire, à la santé et au développement, sont un pilier du soft power des États-Unis face à la Chine».

La Destinée manifeste et ses limites

En ouvrant plusieurs fronts à l’échelle planétaire pour rendre les États-Unis great again, il est possible que le président Trump connaisse les limites de ses actions. Il n’espère pas des gains totaux mais un assouplissement des politiques économiques qui permettraient de rendre exportables la production américaine. C’est le cas du bras de fer avec la Chine Mais aussi des fronts ouverts avec tous les pays qui ont une relation commerciale pou politique avec les États-Unis. Le Groenland, le Canada, la Colombie, le Mexique et le plus important d’entre eux le problème palestinien et l’intransigeance israélienne encouragée par le président américain qui veut remettre à flot les «Accords d’Abraham» sur le dos des Palestiniens à qui il propose une nouvelle Nakba ou une occupation américains pure et simple. Il y a enfin la guerre commerciale avec l’Union européenne qui vont sûrement plier. Avec la Chine, c’est une autre affaire que nous allons décrire.

La nouvelle guerre sino-americaine redistribue les cartes géopolitiques

La Chine ne se laissera pas faire avec des droits de douane à 10%. On peut être sûr que la Chine a des plans B, C, D qui seront utilisés graduellement. Comme nous le lisons sur cette publication de Pierre Rosenthal : «Presque immédiatement après l’entrée en vigueur des droits de douane Pékin a réagi avec ses droits de douane sur le pétrole, le charbon et le GNL en provenance des États-Unis. Qui bénéficiera de la guerre commerciale ? Le président américain, Donald Trump, a signé un décret sur l’introduction de droits de douane de 10% sur toutes les importations de produits de base en provenance de Chine. «La Chine a annoncé mardi dernier qu’elle mettait en place des droits de douane sur un certain nombre de produits américains Le ministère chinois du Commerce (MOFCOM) a déclaré qu’il imposerait des droits de douane de 15% sur le charbon et les produits à base de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que des droits de douane de 10% sur le pétrole brut, les équipements agricoles et les voitures de grosse cylindrée», précise la chaîne de télévision pan-européenne multilingue d’information internationale en continu».

«L’instauration des droits à l’importation est en fait le début d’une nouvelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Les échanges commerciaux entre la Chine et les États-Unis ont totalisé plus de 530 milliards de dollars (environ 500 milliards d’euros) sur les 11 premiers mois de 2024, selon Washington. Avant 2018, les produits chinois représentaient 22% du total des importations américaines. En 2024, ils ne représenteront plus que 13,5%, selon le Bureau du recensement des États-Unis. Trump a promis de le couper et de relancer l’industrie américaine».[9]

Qui bénéficiera de la guerre commerciale ?

Philippe Rosenthal écrit : «Le décret de Trump indique que les tarifs pourront être augmentés à l’avenir si la Chine impose des droits de représailles. Le ministère chinois des Finances a déclaré que «l’imposition unilatérale de tarifs douaniers par les États-Unis violait gravement les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ne parvenait pas à résoudre les problèmes des États-Unis et portait atteinte à la coopération économique et commerciale normale entre les deux pays». Avec les droits de douane décidées par la Chine, cette dernière a annoncé qu’elle allait restreindre les exportations de cinq métaux -tungstène, indium, bismuth, tellure, molybdène – utilisés dans la défense, l’énergie propre et d’autres industries en réponse aux nouveaux tarifs américains».[9]

«Avec la mise en place de ces droits de douane, les pays tiers l’emportent toujours La Russie est le plus grand fournisseur de pétrole et de gaz à la Chine. La Chine sera facilement en mesure d’abandonner l’approvisionnement en GNL américain en augmentant les volumes en provenance de Russie. Il est, ainsi, certain que la Russie bénéficie des restrictions chinoises de représailles envers ces matières premières US».[9]

La présidente mexicaine met en garde le président américain

Menaçant de lui renvoyer les émigrés puis mettant en œuvre la politique de renvoi des immigrés, la présidente mexicaine répond d’une façon articulée au président américain, l’informant que les Mexicains peuvent remplacer facilement les achats faits avec les États-Unis. Nous lisons : «Alors vous avez voté pour construire un mur… il est important que vous découvriez avant la pose de la première brique qu’au-delà de ce mur il y a 7 milliards de gens. Il y a 7 milliards de consommateurs prêts à remplacer leurs iPhones par des appareils Samsung ou Huawei en moins de 42 heures. Ils peuvent aussi remplacer Levi’s par Zara ou Massimo Duti. En moins de six mois, poursuit la présidente du Mexique, nous pouvons facilement arrêter d’acheter des voitures Ford ou Chevrolet et les remplacer par des Toyota, KIA, Mazda, Honda, Hyundai, Volvo, Subaru, Renault ou BMW, qui sont techniquement meilleures que les voitures qu’ils produisent».

«Ces 7 milliards de personnes peuvent même arrêter de s’abonner à Direct TV. Bien que cela puisse paraître incroyable, nous pouvons sauter Disneyland et aller à la station balnéaire Xcaret à Cancun, au Mexique, au Canada ou en Europe – il y a d’autres grandes destinations en Amérique du Sud, Amérique de l’Est et Europe. Et même si vous n’y croyez pas, même au Mexique, il y a de meilleurs hamburgers que McDonald’s et ils ont un meilleur contenu nutritionnel. Quelqu’un a-t-il vu des pyramides aux États-Unis ? L’Égypte, le Mexique, le Pérou, le Guatemala, le Soudan et d’autres pays ont des pyramides. Découvrez où se trouvent les merveilles du monde ancien et moderne… Rien de tout ça aux États-Unis… Honte à Trump, il l’aurait acheté et vendu ! Nous savons, que si ces 7 milliards de consommateurs n’achètent pas leurs produits, il y aura du chômage et leur économie s’effondrera (à l’intérieur du mur raciste) au point qu’ils nous supplieront de briser ce mur moche. Nous ne voulions pas maisSi vous voulez un mur, faites un mur. Avec ma sincère reconnaissance».[10]

La normalisation israélo-saoudienne, un mirage dans le désert

Benyamin Netanyahou reçu à la Maison-Blanche a été confortée au-delà de toute espérance concernant ce qu’il faut faire de Gaza : «Le rapprochement israélo-saoudien est peut-être le fantasme diplomatique de Trump, Le 4 février, à la question de savoir si les Saoudiens exigent la création d’un État palestinien comme condition à la reconnaissance d’Israël, le président américain Donald Trump, assis aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans le bureau ovale, a rapidement répondu : «Non, ils ne le font pas». Le ministère saoudien des Affaires étrangères n’a pas tardé non plus à réagir «Son Altesse Royale (le prince héritier Mohammed bin Salman – ou MbS) a insisté sur son intention de poursuivre sans relâche ses efforts pour la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale, et n’établira aucune relation diplomatique avec Israël sans cela». La déclaration souligne en outre que la position saoudienne sur ce point est «non négociable et ne fera l’objet d’aucun compromis». Les accords d’Abraham, négociés sous le premier mandat de Trump, ont été salués à Washington comme une percée historique dans la diplomatie de l’Asie occidentale, amenant l’État d’occupation à instaurer des relations officielles avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Le mandat de Biden, au lieu de faire progresser l’initiative de Trump, l’a sans doute sapée. Le soutien inconditionnel de son administration à la guerre génocidaire d’Israël à Gaza et à sa campagne militaire brutale au Liban a aliéné de nombreux États arabes et musulmans, diminuant encore la probabilité de nouveaux accords de normalisation. Entre-temps, la Chine a tiré parti de la perte de crédibilité de Washington, réalisant un coup diplomatique majeur en 2023 en négociant un rapprochement historique entre l’Arabie saoudite et l’Iran – une relation qui, contre toute attente, est demeurée intacte».

«De nombreux partisans et grands donateurs de Trump, comme Miriam Adelson, ainsi que le gouvernement israélien, non seulement s’opposent à toute forme d’État palestinien, mais parlent ouvertement d’annexer l’ensemble de la Cisjordanie occupée. Par conséquent, on ne sait toujours pas comment Trump entend concilier deux visions et attentes radicalement opposées et approfondir les accords d’Abraham. (…) Certains observateurs estiment que l’annonce récente de l’Arabie saoudite selon laquelle Riyad prévoit d’investir 600 milliards de dollars aux États-Unis au cours des quatre prochaines années pourrait être considérée comme un pot-de-vin offert à Trump en échange d’un relâchement de son zèle concernant l’accord de normalisation israélo-saoudien».[11]

«Pour le Dr Paul Rogers, professeur émérite du College of Bradford, le président Trump est bien trop imprévisible pour que quiconque puisse se prononcer sur les chances d’un accord avec l’Arabie saoudite, mais ses commentaires sur le choix d’expulser les Palestiniens de Gaza indiquent un lien très étroit avec les factions politiques israéliennes d’extrême-droite. Au-delà des calculs géopolitiques, l’opinion publique du monde arabe reste un obstacle majeur à la normalisation. Le rejet de la création d’un État palestinien, conjugué à une offensive agressive en faveur des relations israélo-saoudiennes, est largement perçu comme une tentative d’effacer complètement la cause palestinienne – un programme qui manque de légitimité pour les populations arabes et musulmanes».[11]

«En outre, de nombreux observateurs estiment que les crimes de guerre d’Israël et le génocide à Gaza ont considérablement compliqué la tâche du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MbS) et l’ont mis dans l’embarras lorsqu’il s’est agi de poursuivre les pourparlers de paix. Selon le Arab Opinion Index de 2022, par exemple, 84% en moyenne des citoyens de 14 pays ont rejeté les relations diplomatiques avec Israël» Les aspirations nationales palestiniennes peuvent s’essouffler en raison de divisions internes, de l’absence d’un leadership organisé capable de relever les défis actuels et futurs, Les tactiques agressives de Trump arrivent peut-être à maîtriser certains dirigeants, mais il est peu probable que cela modifie des mentalités régionales profondément enracinées. Pour l’instant, le concept d’un accord israélo-saoudien relève plus du fantasme que de la réalité – une illusion entretenue par des vœux pieux plutôt que par des réalités politiques».[11]

Antonio Gutteres rejette toute forme de nettoyage ethnique Ghaza

Avec cette nouvelle donne qui nous apprend que les États-Unis ont l’intention d’occuper Gaza et en faire une seconde Cote d’Azur. Déjà il y a près d’un an Antonio Gutteres secrétaire génal des Nations unies déclarait à Genève : «Il est vital de rester fidele au fondement du droit international et d’éviter toute forme de nettoyage ethnique à Gaza.

Par essence, l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien concerne le droit des palestiniens vivre simplement en tant qu’êtres humains sur leur propre terre, a déclaré Guterres lors d’une réunion d’un comité de l’Organisation internationale. Nous avons vu la réalisation de ces droits s’éloigner de plus en plus. Nous avons assisté une déshumanisation et une diabolisation systématique et effrayante de tout un peuple, a-t-il déploré lors de la session 2025 du Comité sur l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Soulignant l’importance de la solution deux états, le chef de l’ONU a déclaré : Un État palestinien viable et souverain vivant dans la paix et la sécurité est la seule solution durable pour la stabilité du Moyen-Orient. Antonio Guterres a appellé la communauté internationale à œuvrer la préservation de l’unité, et de l’intégrité du territoire palestinien occupé, ainsi qu’au redressement et la reconstruction de la bande de Gaza».

Conclusion

Que peut-on dire à propos de la religion et du pouvoir ? Chacun des présidents américain essaie d’«accommoder raisonnablement» la religion à la gestion des affaires du pays. On se souvient du religieux Truman et le largage de deux bombes atomiques. Pour l’histoire : «L’utilisation de l’arme nucléaire par les États-Unis contre le Japon à fait depuis toujours l’objet d’un débat vif en émotions. L’historien Gal Alperowitz affirmait que si les deux bombes avaient certes provoqué la fin immédiate de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants japonais avaient l’intention de capituler et l’auraient probablement fait avant la date de l’invasion prévue par les États-Unis, le 1er novembre 1945».

Quant au président Georges Bush born again comme il le dit, est celui qui a le plus tourné le dos au premier commandement «Tu ne tueras point». C’est sous sa présidence que l’Irak a été démoli que Saddam a été pendu et que 500 000 enfants sont morts mais comme le dit sa secrétaire d’État Madeleine Allbright : La morts des 5000000 enfants n’est pas cher payé pour faire partir Saddam ; C’était l’époque du pétrole contre nourriture…

La mystique destiny accompagne le développement du capitalisme et c’est cette alchimie qui sert de bréviaire du président Trump. Ce qu’il y a de constant est que pour le président Trump, le fait religieux n’est pas antinomique du pouvoir de s’enrichir. La théologie du succès de la prospérité c’est autant d’autorisation de la religion vis à vis du profane. Trump aime son pays make America great gain et avec lui tout est négociable avant d’arriver à l’irréparable. Aux dernières nouvelles il veut négocier avec l’Iran et annonce que la paix est pour bientôt en Ukraine. C’est possible car Trump et Poutine sont deux nationalistes religieux qui aiment leur pays.

Cependant s’agissant des Palestiniens chassés de leur terre il y a près de 80 ans, il me semble immoral de leur proposer une seconde Nakba, une transhumance vers des voisins même si Trump envisage aussi l’occuper pour le compte des États-Unis ! Prions pour qu’une solution juste et durable soit trouvée. Pourtant les Palestiniens acceptent de vivre sur moins de 20% de la Palestine originelle. Il ramènera alors la paix dans ce Moyen-Orient depuis plus d’un siècle qui a commencé avec la lettre de Balfour les accords de la honte de Sykes Picot concoctés par l’Angleterre et la France Trump ramènerait il la paix au nom de la religion ou le chaos au nom de l’injustice amalgamée avec un libéralisme débridée ? La réalpolitik permettra-t-elle de revenir à plus de discernement voire tout simplement de justice humaine si ce mot a encore du sens dans ce XXIe siècle de tous les dangers ? Wait and see !!

Professeur Chems Eddine Chitour



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