le siège de Tesla repeint en « brun nazi » à Paris


Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), reportage

La couleur « brun nazi » a été concoctée spécialement pour l’occasion. Nous sommes le 11 février à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), il est un peu plus de 8 heures du matin et, sous le regard interloqué de passants, une dizaine d’activistes d’Action Justice Climat (AJC, ex-Alternatiba Paris) tartinent la façade du siège social de Tesla France d’une peinture marronnasse. Perchés sur la terrasse du bâtiment du géant de l’automobile électrique, deux autres déploient dans le même temps une banderole. Sur celle-ci a été dessiné Elon Musk faisant un salut nazi — un geste fait lors de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier —, le tout accompagné de ce message : « Le fascisme passe la seconde. »

« Nous souhaitons alerter sur la montée du fascisme », renchérit un des militants, avant de filer rapidement. L’action, qui s’inscrivait dans la lignée d’une opération similaire menée par des activistes allemands fin janvier, n’aura même pas duré cinq minutes.

Le calendrier n’a pas été choisi au hasard : le patron de Tesla, convié par l’Élysée, devait théoriquement participer ce jour-là à la deuxième journée du Sommet international sur l’intelligence artificielle (IA), à Paris. Si le multimilliardaire n’a finalement pas fait le déplacement, une chose est sûre pour AJC, comme le dit un collage appliqué sur les baies vitrées de l’édifice : « On n’invite pas les fascistes, on les combat. »


L’opération des membres d’AJC a duré moins de cinq minutes.
© NnoMan Cadoret / Reporterre

« Fasciste notoire et revendiqué »

« Musk est aujourd’hui un fasciste notoire et revendiqué, et ce encore plus depuis la réélection de Trump. Or, Tesla est la première source de sa fortune, qui lui a permis de racheter X, de financer la campagne de Trump, et a fortiori de financer la montée du fascisme », indique Léa Zaïdat, porte-parole de l’association.

Et si des mesures délétères pour le climat et les droits humains ont déjà été prises par la nouvelle administration aux États-Unis, l’organisation s’inquiète aussi de l’exportation de telles politiques en Europe : Musk, qui a été nommé chef du département étasunien de « l’efficacité gouvernementale », ne cesse de multiplier les déclarations de soutien à l’extrême droite européenne.


Elon Musk possède «  tous les moyens pour accompagner la montée de l’extrême droite  ».
© NnoMan Cadoret / Reporterre

Depuis décembre dernier, le propriétaire de Starlink, Neuralink ou encore xAI a ainsi vanté à plusieurs reprises les mérites de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite ayant notamment à cœur de « remigrer » 2 millions d’exilés ou d’Allemands d’origine étrangère en dehors du pays. Un appui public qui, semble-t-il, porte ses fruits : ces dernières semaines, alors que des élections législatives fédérales auront lieu le 23 février en Allemagne, les intentions de vote pour l’AfD sont montées à plus de 20 %, plaçant le parti en seconde position dans les sondages derrière les conservateurs du CDU/CSU (30 %).

« Musk a le profil parfait du technofasciste : il concentre à lui seul les pouvoirs technologique, politique, médiatique et économique, et possède ainsi tous les moyens pour accompagner la montée de l’extrême droite. C’est extrêmement inquiétant, de même qu’il est très préoccupant qu’il soit convié en grande pompe par Emmanuel Macron au Sommet sur l’IA », ajoute Léa Zaïdat, qui rappelle que pour AJC, « il n’y a pas d’écologie sans lutte contre le fascisme ».

Alors que, selon l’AFP, les ventes de Tesla ont été divisées par deux entre janvier 2024 et janvier 2025 en France et en Allemagne, l’activiste l’assure : « Musk est un adversaire, et on ne va rien lâcher. »


L’action s’est déroulée juste avant l’ouverture du siège de Tesla France.
© NnoMan Cadoret / Reporterre

« Peur qu’on dégrade mes Tesla »

Devant le siège de Tesla France, en tout cas, de nombreuses personnes s’arrêtent pour prendre en photo le collage. Comme Nicolas, 45 ans : « Je ne suis pas d’accord avec le fait de faire des dégradations, mais j’approuve le fond du message : avant, j’admirais Musk, à présent, je le déteste. La montée du fascisme fait peur. »

L’homme, venu acheter une pièce pour un de ses véhicules, dit être lui-même propriétaire de… 30 Tesla (!), qu’il met en location. « Désormais, j’ai peur qu’on me les dégrade. Alors que je les ai achetées avant ses discours de merde ! » Quelques minutes plus tard, vers 9 heures, des employés sortent du bâtiment. Armés d’essuie-tout bleu, ils tentent de retirer la peinture de la façade. Problème : plus ils l’essuient, plus celle-ci s’étale.


Les salariés de Tesla tentent de nettoyer les vitres à l’ouverture du siège de Tesla.
© NnoMan Cadoret / Reporterre

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