Dans le miroir des guerres d’Israël, par Peter Harling (Le Monde diplomatique, février 2025)


Destruction de Gaza, duplicité occidentale

Tel-Aviv et le Hamas ont conclu un accord de trêve jusqu’à fin février. L’arrêt définitif des hostilités, le retrait de l’armée israélienne de Gaza ainsi que la libération des otages et des prisonniers feront l’objet de nouvelles négociations. Si les perspectives de paix demeurent fragiles, des enseignements doivent d’ores et déjà être tirés du conflit qui a ravagé l’enclave palestinienne.

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Mazen Kerbaj et Jana Traboulsi. – Affiche de solidarité avec Gaza, 2024

© Mazen Kerbaj – Jana Traboulsi

À Gaza et au Liban, Israël s’est engagé dans des guerres ouvertes, qui vont au-delà d’objectifs conventionnels. Le Hamas et le Hezbollah ont été décapités, leurs capacités militaires réduites à peu de choses. La question des otages a fait l’objet de longues négociations, mais ce n’est pas le seul problème en question : Tel-Aviv poursuit de son côté sa politique de représailles collectives et d’expansion territoriale. Pour autant, ces conflits complexes sont simplifiés à outrance dans le discours journalistique et politique, en France comme dans bien d’autres pays occidentaux. Nombre des aspects les plus distinctifs de ces guerres sont passés sous silence, dès lors qu’ils mettent en cause Israël : les innombrables déclarations officielles à caractère génocidaire, la famine comme tactique, la destruction obsessionnelle des cimetières, la profusion inédite de vidéos où des soldats documentent fièrement leurs propres crimes, une offensive en règle contre toutes les instances des Nations unies… Autant de singularités qui restent presque inaudibles dans l’espace public occidental.

Pour qu’une guerre soit intelligible, il lui faut un cadre d’interprétation nécessairement réducteur. L’invasion américaine de l’Irak faisait, par exemple, sens en France dans une vision de conquête impériale, attisant un antiaméricanisme de bon aloi. De même, l’offensive russe en Ukraine a fait resurgir une lecture réflexe, héritée de la guerre froide : une Europe vulnérable à l’opposition des grands axes. Certains conflits mobilisent quant à eux le récit d’une lutte pour la liberté face à une répression féroce, comme dans le cas du tragique feuilleton syrien. La « guerre contre le terrorisme » s’est graduellement enracinée comme l’un de ces schémas narratifs, qui se construisent en faisant ressortir un thème évocateur, une émotion qui se partage.

La grille d’analyse qui domine dans le contexte des guerres israéliennes combine deux thématiques : la « guerre contre le terrorisme », leitmotiv qui structure désormais les interactions (…)

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