D’une tradition chinoise à une célébration mondiale, pourquoi cette fête résonne-t-elle autant au-delà des frontières ?
Un moment de connexion universelle
La réponse se trouve sans doute dans son ADN culturel. La Fête du Printemps célèbre avant tout la famille, la solidarité et l’espoir. Écrire des couplets et les coller au fronton de la maison, préparer des raviolis en famille, offrir des enveloppes rouges aux enfants… Derrière ces rituels, on retrouve des émotions universelles : le besoin de se retrouver, de renforcer les liens et de célébrer ensemble un nouveau départ.

(couplets au fronton d’une maison à Beijing)
Dans notre société moderne où la fragmentation des relations humaines progresse, cette fête millénaire rappelle l’importance du lien social. Elle crée des instants de partage qui transcendent les cultures pour toucher à l’essence même de l’expérience humaine.
Fêter, c’est créer du lien
Des liens non seulement au sein des familles, mais aussi au-delà des frontières. Le Nouvel An chinois illustre une vision plus large du patrimoine comme outil de rapprochement entre les peuples et devient un vecteur de compréhension mutuelle.
Sur l’application Rednote, des utilisateurs du monde entier échangent avec leurs homologues chinois pour mieux comprendre cette fête et ses traditions. Les réseaux sociaux, souvent critiqués pour leur effet de fragmentation, deviennent ici des passerelles entre les peuples. Parallèlement, l’assouplissement des conditions de visa en Chine permet aux voyageurs de 54 pays de séjourner jusqu’à 240 heures sans visa, ce qui a fait bondir de 150% le nombre de touristes étrangers en Chine pendant la période du Nouvel An chinois.
Une célébration aux mille visages
Grâce à ces échanges intenses, le Nouvel An chinois a su dépasser ses origines pour s’intégrer dans des contextes variés. Il est aujourd’hui reconnu comme jour férié dans plus de 20 pays et célébré sous différentes formes aux quatre coins du monde.
Alors que les Chinois débattent pour savoir s’il faut manger, au repas de réveillon, des raviolis comme dans le Nord ou du gâteau de riz comme dans le Sud, les danses du lion et les foires du Nouvel An attirent de plus en plus de monde au Pérou et en Argentine. À l’île Maurice, on échange des vœux en disant Kung Hei Fat Choy (« Que vous fassiez fortune » en cantonais), tandis qu’en Afrique du Sud, les gens célèbrent ce moment de fête par un spectacle mêlant danse zouloue, opéra de Pékin et kung-fu. Chaque pays, chaque ville y apporte sa touche, composant un véritable paysage de diversité dans l’unité.

(Célébration du Nouvel An chinois au Cap, en Afrique du Sud)
source :https://tv.cctv.com/2025/02/02/VIDEF9NjOGRrrQFNjvRZplL6250202.shtml
Alors que certaines théories prédisent que la mondialisation aboutirait à une uniformisation culturelle, la Fête du Printemps montre qu’une culture peut s’internationaliser tout en restant fidèle à ses racines. Dans un contexte mondial parfois marqué par les tensions et les divisions, elle rappelle une vérité essentielle : ce qui fait la richesse des civilisations, ce n’est pas l’assimilation, mais la rencontre ; les différences ne sont pas un obstacle, mais un point de départ pour le dialogue.
Que la Fête du Printemps continue de nous rassembler, tout en célébrant nos singularités.
Yi DA
*Yii Da est un spécialiste en relations internationales, basé à Beijing. LGS a publié plusieurs de ses articles et analyses.