LIVRES
• Bergère des collines
La quarantaine venue, Florence Robert a quitté sa résidence du Gers pour une installation sommaire dans les Corbières, devenant bergère et éleveuse de brebis. Né durant les longues heures de garde de son troupeau, Bergère des collines dit la dureté du métier, mais surtout la profondeur d’une vie avec les bêtes, les oiseaux… Bref, cette « biodiversité » qu’elle veut soutenir par son activité.
Que de phrases et de pages inoubliables dans ce récit-journal, sur la mise-bas des brebis, les relations interespèces ou la richesse d’une connivence étroite avec le vivant : « Le temps passe différemment, indifférent à l’heure, alternativement épais ou évanescent. Ce quart d’heure a duré une heure, ces deux heures se sont déjà évaporées, dissoutes dans une liesse intérieure indescriptible. » Florence Robert poursuit aujourd’hui sa réflexion sensible sur le site Termater. C.M.
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Bergère des collines, de Florence Robert, éditions Corti, 2020, 200 pages, 18 euros. |
ESSAIS
• Ne tirons plus la chasse !
À Reporterre, c’est un de mes dadas : montrer l’absurdité de ces toilettes qui nous conduisent à déféquer dans l’eau potable. Quel n’a donc pas été mon plaisir en découvrant le nouvel ouvrage de l’agronome Christophe Gatineau, dédié à ce sujet souvent tabou. Le sous-titre de son livre — « Nos déjections au secours des sols » — pose d’emblée l’enjeu. Recycler notre urine et nos excréments « permettrait de résoudre deux problèmes écologiques majeurs » : la préservation de l’humus — fine couche de sol essentielle à la vie — et de l’eau potable. 130 pages pour comprendre les multiples facettes de ce défi du 21e siècle, et une série de conseils et d’astuces pour que tous et toutes, nous arrêtions de tirer la chasse. L.L.
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Ne tirons plus la chasse !, de Christophe Gatineau, aux éditions Ulmer, 2025, 176 pages, 18 euros. |
• Agriculture industrielle
Après nous avoir convaincu que l’agriculture biologique pouvait nourrir l’humanité, l’agronome Jacques Caplat reprend sa plume pour dézinguer avec précision et pédagogie la principale responsable de la crise agricole contemporaine : l’industrialisation. Une démonstration magistrale, mêlant histoire, économie et (bien sûr) agronomie. Mais aussi un texte plein d’espoir. Car l’auteur prend soin de montrer que ce modèle mortifère n’a rien d’inéluctable. Et nous invite à soutenir les centaines d’initiatives visant à « réconcilier l’agriculture avec le vivant et les humains ». L.L.
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Agriculture industrielle — On arrête tout et on réfléchit !, de Jacques Caplat, aux éditions Rue de l’Echiquier, 2025, 144 pages, 13,90 euros. |
BANDES DESSINÉES
• Les Cerveaux de la ferme
Les animaux de ferme communiquent beaucoup entre eux, aiment être ensemble et maîtriser leur environnement. On le savait déjà plus ou moins, mais on en découvrira les modalités précises dans cette bande dessinée de l’illustratrice Layla Benabid et du vulgarisateur scientifique Sébastien Moro. Avec humour et tendresse, ils dévoilent les découvertes scientifiques faites depuis les années 1980 sur la vie et l’intelligence de ces animaux trop souvent déconsidérés et exploités. Pourtant « eux aussi ont des vies à eux, et qui comptent pour eux », expliquait [1], émouvant, Sébastien Moro lors de la Journée mondiale des intelligences animales, le 8 février dernier. C.M.
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Les Cerveaux de la ferme — Au cœur des émotions et des perceptions animales, de Layla Benabid et Sébastien Moro, aux éditions La Plage, 2021, 176 pages, 22 euros. |
FILMS
• Sur la paille
L’angoisse, jour après jour : c’est ce que vit Olivier, paysan breton. Il avait longtemps travaillé dans des élevages industriels de porcs, et puis, voici quelques années, il a décidé de changer de voie : pour mieux traiter les animaux et pour respecter l’environnement, il s’est lancé dans l’agriculture biologique, qui était alors porteuse. Reprise d’un élevage, transformation pour l’adapter au bio, emprunts… Tout est d’abord bien allé, et puis la crise du bio est arrivée, avec une brutale chute des prix. Depuis, Olivier se bat face aux traites qui s’accumulent, aux factures à payer, aux banques à convaincre. Ce n’est pas un grand causeur, mais la caméra d’Éric Guéret le suit avec une grande attention, en douceur, faisant ressortir le désarroi d’un homme dans le droit chemin et qui ne comprend pas pourquoi la société l’abandonne.
À travers ce portrait, c’est l’absurdité d’un système que le film donne à voir, un système qui préfère soutenir l’agriculture productiviste que ceux qui proposent une alternative. Il en résulte des vies cassées, des épreuves, des abandons, parfois des suicides. Une bonne nouvelle, quand même : Olivier a tenu le coup, il va mieux, il ne lâche pas ! H.K.
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Sur la paille, d’Éric Guéret, sur France 2, mercredi 26 février à 23 heures. |
PODCASTS
• Manuel Déterre
Il y a Marie, dont le fils qui avait repris le flambeau de l’élevage de vaches laitières a fini par se suicider, accablé par les dettes et le labeur. Imen, jeune femme musulmane, qui s’est heurtée au racisme à chaque étape de son installation en maraîchage dans l’Aveyron. Maïté, confrontée aux violences sexuelles et au viol pendant les dix années qu’elle a passées comme bergère salariée… Dans « Manuel Déterre », la journaliste radio Léa Arson et l’animatrice en Civam (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) Émilie Serpossian brossent les portraits saisissants de cinq agricultrices debout, envers et contre tout.
Les témoignages sont poignants, la documentation est riche et la réalisation somptueuse. À la gloire des femmes en deuil, de Mathilde, interprétée par la chorale féministe Le chant des déferlantes dans l’épisode « Produire au prix de sa vie », vous fera dresser les poils. À écouter absolument ! E.M.
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Manuel Déterre, d’Émilie Serpossian et Léa Arson, mixée par Baptiste Veilhan sur Blast. |
LIVRES JEUNESSE
• Les gestes de la ferme
La traite d’une vache, la moissonneuse-batteuse en action, le moulage du fromage, la récolte des légumes… Une vingtaine de photographies donnent à voir la vie et le travail d’une ferme. Un travail documentaire riche et sensible, accessible pour les tout-petits. L’ensemble de l’imagier traduit l’amour de ces paysans et paysannes pour leur travail, leurs terres, leurs bêtes. L.L.
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Les gestes de la ferme, de, pour les 0-3 ans, de sur Blast 2022, 18 p., 12 euros. |
• Cochonrama : encyclopédie des cochons
Un livre pour devenir copain comme cochon. Cette encyclopédie en images propose un panorama très complet de cette star de la ferme — souvent mal aimée — avec une incursion du côté des mythes et de la culture populaire. Pourquoi a-t-on des cochons tirelires ? Qu’est-ce que la gélatine ? De la pédagogie vivante, accompagnée d’illustrations drôles et précises. L.L.
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Cochonrama : encyclopédie des cochons, de Daisy Bird, Élodie Leplat (traduction) Camilla Pintonato (illustration), à partir de 6 ans, aux éditions Actes Sud |
• Les pieds dans la terre, cinq histoires de paysans
Depuis des millénaires, les paysans élèvent des animaux, cultivent la terre, récoltent fruits, légumes et céréales. Ces 100 dernières années, leur travail a totalement changé. Mécanisation, engrais, pesticides… À travers les témoignages de plusieurs générations d’hommes et de femmes se succédant sur la même ferme, cet ouvrage retrace l’évolution du métier de paysan. Le grand-père, la mère, les enfants… Tous nous racontent la difficulté mais aussi le bonheur de vivre de sa terre, et le désir aujourd’hui de revenir à des pratiques plus respectueuses de la nature et de l’humain. Un livre politique et humaniste. L.L.
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Les pieds dans la terre, cinq histoires de paysans, pour adolescents, de Claire Lecœuvre et Arnaud Tételin, éditions Les Éléphants, 2022, 80 p., 18 euros. |
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