Günther Kieser. – Affiche pour une exposition, Berlin, 2017
© Günther Kieser
Démodées, folkloriques, franchement ringardes : les fanfares, jusqu’à il y a peu, n’étaient pas exactement tendance. Désormais, elles sont partout, ou presque, et suscitent une forte sympathie. L’une des performances les plus remarquées de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, fin juillet 2024, fut celle de la chanteuse Aya Nakamura, accompagnée par la musique de la garde républicaine, une formation militaire. Sorti quelques mois plus tard, le film En fanfare d’Emmanuel Courcol met en scène deux frères, un chef d’orchestre prestigieux et un tromboniste dans une harmonie du nord de la France : il obtient un large succès public et critique. En mars 2025, Meute, une fanfare allemande techno habituée des grands festivals et à la riche discographie, fera la tournée des Zénith de France. Le compositeur Olivier Calmel, président de l’Association française pour l’essor des ensembles à vent (Afeev), se félicite de voir « une nouvelle dynamique, et enfin une reconnaissance de ces ensembles ».
Selon le musicologue Patrick Péronnet, dans le film de Courcol, « il est en fait question d’une harmonie. Car la fanfare se limite aux cuivres, alors que l’harmonie comprend aussi des bois. À cela s’ajoutent les brass bands, qui ont un répertoire différent [avec la présence de percussions]. Toutes ces formations se retrouvent sous le terme générique d’“ensemble à vent” ». Dès l’époque baroque, des compositeurs comme Georg Friedrich Händel (1685-1759) ou André Danican Philidor (1652-1730) écrivent, pour des phalanges d’instruments à vent, des pièces festives ou solennelles. La fanfare est alors « mondaine ». À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les harmonies, en particulier en Europe centrale, deviennent ce qu’on appellerait aujourd’hui des outils de démocratisation culturelle. Tandis que les maisons d’opéra sont réservées à une élite, ces ensembles, le plus souvent des octuors à vent constitués de solistes d’orchestre, jouent dans les kiosques des (…)
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