À la COP16, les États trouvent enfin un accord financier pour la biodiversité


28 février 2025 à 16h33

Mis à jour le 28 février 2025 à 17h41

Durée de lecture : 4 minutes

En octobre dernier, la communauté internationale réunie à Cali, en Colombie, n’avait pas réussi à trouver un accord financier lors du sommet mondial pour la biodiversité (COP16). Quatre mois plus tard, c’est chose faite à Rome : le 27 février, les 154 pays présents sont parvenus après deux jours de discussions à des compromis pour la défense de la nature.

Adopté au sein du siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’accord entend notamment établir un plan de travail sur cinq ans, débloquer les fonds nécessaires et mieux distribuer l’argent aux pays en développement. Le but à terme est de mobiliser au moins 200 milliards de dollars (191 milliards d’euros) par an d’ici 2040, dont 30 seraient destinés aux pays en développement.

Il s’agit d’un élément crucial pour atteindre les objectifs fixés par le cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal d’ici à 2030. Parmi ceux-ci, figurent la protection de 30 % des mers et des terres ainsi que la restauration d’un tiers des écosystèmes dégradés. « Nous avons donné des bras, des jambes et des muscles à l’accord de Montréal » signé en 2022, a salué Susana Muhamad, la présidente de la COP16 et ministre colombienne de l’Environnement sortante, en frappant le coup de marteau final.

Frictions entre pays

En France, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a fait part de sa satisfaction, évoquant « une victoire politique contre tous ceux qui veulent nous faire croire que la coopération internationale ne fonctionne pas pour défendre l’environnement. C’est tout le contraire, cette coopération internationale produit des accords et des résultats ».


L’un des objectifs des États membres est la protection de 30 % des mers et des terres.
Flickr/CC BYNCSA 2.0/Ouistitis

Difficile, toutefois, de savoir si les contributions à ce fonds, uniquement volontaires, seront significatives. Cette décision financière, élément central de cette deuxième session à Rome, a une fois encore suscité des frictions entre pays riches et pays en développement. Menés par l’Union européenne, le Japon et le Canada, les premiers restaient profondément hostiles à la création d’un nouveau fonds, alors que les seconds, représentés par le groupe Afrique et le Brésil, défendaient cette solution depuis les premières discussions à Cali.

Cependant, l’accord permet de « sécuriser le multilatéralisme dans un monde fragmenté et polarisé », s’est réjoui Juliette Landry, spécialiste de la gouvernance et des négociations internationales sur la biodiversité à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Pour elle, cette victoire devrait être « soulignée » et « défendue », tant elle montre une « attitude de compromis ». Un compromis qui ne fait que reporter à 2028, lors de la COP18, le soin de décider si la création de ce fonds réclamé par les pays du Sud est une initiative viable.

Une lueur d’espoir

L’autre point qui devait être tranché à Rome est le mécanisme de suivi, censé assurer que les pays remplissent les engagements pris à Montréal pour sauver la nature. Les pourparlers ont débouché sur l’instauration d’indicateurs permettant de mesurer les progrès accomplis par les États membres de la Convention sur la diversité biologique, un traité international dont les signataires s’engagent à la protection de la biodiversité, d’ici à la COP qui se déroulera en Arménie en 2026.

Ainsi, dans un an, il s’agira d’évaluer les engagements pris à Montréal et les avancées de chaque État signataire. Pour l’instant, cela semble mal embarqué : nombreux étaient les pays réunis à Rome n’ayant toujours pas remis leur plan d’action national — une obligation depuis la COP15 en 2022 — visant la protection des terres et des mers.


Près de la moitié des pays membres de la COP16 n’ont toujours pas établi de stratégie pour la protection de la biodiversité.
Carbon Brief

Juliette Landry relève ainsi le rôle « important » de la communauté de la recherche et de la société civile pour « demander des comptes aux pays qui n’ont pas soumis de stratégie nationale ». Après les difficultés rencontrées lors des divers sommets environnementaux comme la COP29 sur le climat, le projet d’accord final avait renforcé les frictions entre les pays du Nord et du Sud, notamment sur la pollution plastique ou encore la désertification. Les avancées à Rome donnent un brin d’espoir pour les prochaines échéances, dont la COP30 sur le climat, qui se déroulera en novembre au Brésil.

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