En France, les Zones à Faibles Émissions (ZFE) attirent beaucoup de critiques. Il est essentiel de souligner leurs incohérences écologiques et sociales, et leurs conséquences. L’éconologie propose un équilibre entre écologie et économie, souvent sacrifié par les ZFE, qui elles privilégient des réductions locales d’émissions, au détriment du CO2 global. Des inégalités basés sur des données incomplètes de la science. La gouvernance des valeurs est mise en défaut : en se focalisant sur des optimums locaux (NOx, PM) sans vision globale de la chaîne de valeur, les ZFE engendrent des décisions basées sur des informations incomplètes. Cela conduit à des conséquences graves : mise à la casse massive de véhicules (3 millions/an d’ici 2025), exclusion des plus modestes, et gâchis environnemental. Cela creusent la fracture entre citoyens et politiques. Le sondage France-Soir/BonSens.org (janvier 2025) montre un rejet massif des ZFE : 77 % des personnes sont pour une révision de politique climatique, et 56% pour la suppression de la loi sur les ZFE. Ceci révèle une perte de confiance envers une écologie punitive et déconnectée, au profit d’alternatives comme le rétrofit ou le bioéthanol.
Une croisade écologique mal calibrée
Lles Zones à Faibles Émissions (ZFE) se dressent comme le fer de lance d’une politique environnementale ambitieuse en France. Instituées par la loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de 2019 et renforcées par la loi Climat et Résilience de 2021, elles visent à bannir les véhicules polluants des grandes agglomérations. D’ici fin 2025, 43 métropoles devront avoir leur ZFE, excluant des millions de voitures Crit’Air 3 et plus. L’objectif affiché : réduire les 40.000 décès prématurés annuels liés à la pollution de l’air (Santé Publique France). Mais les études d’impact vacillent, et la mise à la casse massive de véhicules révèle des paradoxes écologiques et sociaux. Et si réparer, plutôt que détruire, était la clé ? Et si les ZFE, comme le bridage du diesel autrefois, servaient une logique mondialisée au détriment des citoyens ? Plongeons dans cette politique contestée, chiffres et alternatives à l’appui.
L’éconologie : quand l’écologie rencontre l’économie
Avant de disséquer les ZFE, introduisons un concept clé : l’éconologie. Ce terme, fusion d’écologie et d’économie, désigne une approche intégrée qui refuse de sacrifier l’un au profit de l’autre. L’écologie pure, obsédée par les émissions, peut ignorer les réalités humaines : chômage, inégalités, dépendance aux infrastructures existantes. L’économie pure, elle, privilégie la croissance à court terme au détriment des ressources planétaires. L’éconologie cherche l’équilibre : réduire l’impact environnemental tout en préservant la viabilité sociale et économique des populations.
Les ZFE, une promesse écologique sur des bases fragiles
Les ZFE ciblent les particules fines (PM2,5, PM10) et les NOx. À Paris, les Crit’Air 3 sont bannis depuis janvier 2025. Mais les données d’Airparif montrent que le trafic ne représente que 16 % des PM2,5, contre 47 % pour le chauffage au bois. Les NOx ? 47 % viennent du roulant, mais 86 % des diesels, souvent utilitaires, moins visés. Le Cerema (2019) doute : « L’effet des ZFE sur la qualité de l’air est contrasté. » Lisbonne réduit les PM10 de 23 %, mais Londres peine sur les NOx. Depuis 2000, NOx (-60 %) et PM (-53 %) baissent déjà (ministère de la Transition écologique) grâce aux normes Euro. Alors pourquoi cette urgence à casser ? Les 40.000 décès, argument phare, reposent sur des modèles flous, amalgamant toutes les pollutions. Pourtant, 13,5 millions de véhicules (35 % du parc) seront exclus en 2025, frappant surtout les plus modestes.
RT / ATTENTION TOUS – carte de France des #ZFE à consulter si vous faites partie des + de 20 M de citoyens désormais interdits de grande ville (PV légaux depuis le 1/1/2025) si vous possédez un véhicule classe 3 et plus. Des pass-#gueux permettent (encore) de les traverser, dispo…
— Alexandre Jardin (@AlexandreJardin) March 2, 2025
Les ZFE, dans leur forme actuelle, échouent à cet examen. Elles imposent une transition brutale – remplacer des millions de véhicules thermiques par des électriques – sans considérer le coût global.
La casse automobile, un gâchis écologique et social
En 2019, 1,5 millions de voitures étaient mises à la casse annuellement (ADEME). Avec les ZFE, ce chiffre explose : Crit’Air 5 (2019), 4 (2023), 3 (2025). En Île-de-France, 7,5 millions de véhicules pourraient être obsolètes d’ici 2030 (Direct Assurance). Nationalement, 30,4 millions de thermiques seraient exclus, soit 97 milliards d’euros perdus (La Tribune Auto). En 2025, on prévoit 2,5 à 3 millions de casses par an, un triplement en cinq ans. Écologiquement, c’est insensé : une voiture neuve émet 6 à 10 tonnes de CO2, contre 1 tonne recyclée. Remplacer 3 millions de véhicules ajoute 18 à 30 millions de tonnes de CO2 par an, annihilant les gains locaux. Socialement, c’est une catastrophe : 75 % des voitures de Seine-Saint-Denis seront interdites (Reporterre). Seuls 12 % des foyers modestes envisagent une électrique (Aramisauto, 2023), 36 % braveront les amendes. Les ZFE excluent plus qu’elles ne protègent.
Coût total ou gouvernance des valeurs : l’illusion des optimums locaux
Les ZFE pèchent par leur vision fragmentée du coût total ou (dit en termes économiques) « la chaîne de valeur ». De l’extraction des matières (lithium, cobalt) à la fin de vie, tout compte. Les ZFE se concentrent sur les émissions d’usage (NOx, PM), oubliant le CO2 global de la production électrique et les inégalités sociales. Sans une gouvernance intégrant écologie, économie et justice sur l’ensemble du cycle, on atteint des optimums locaux instables : moins de pollution urbaine, mais plus de CO2 mondial et d’exclusion. Les décisions qui en découlent sont donc biaisées, comme si elles étaient prises sur des opinions plutôt que sûr de faits. La science est fondée sur la réplicabilité d’une observation et d’une expérience. Or, faire usage d’un optimum local pour prendre une décision, comportera davantage de risques non évaluables que de ne pas prendre une décision.
Le parallèle avec l’Ukraine est frappant. L’invasion russe de 2022 est jugée isolément, sans remonter aux accords de Minsk (2014-2015), bafoués par Kiev et l’Occident. Ignorer cette chaîne historique mène à des réponses simplistes (sanctions, militarisation) plutôt qu’à une paix durable. Comme en Ukraine, les ZFE nécessitent une vision globale : réparer les tensions sociales et environnementales, pas les aggraver par des mesures partielles. Idem pour le soi-disant clash qui a opposé Zelinsky à Trump à la Maison-Blanche, si l’on ne regarde que les quelques minutes où le ton a monté, ce que font la plupart des médias, sans prendre le temps de regarder l’intégralité de l’entretien, et bien, on arrivera à des conclusions inverses. C’est de cette façon que sont générés des biais ou des pollutions informationnelles.
Le diesel, un précédent de manipulation mondialisée
Dans les années 1990, la France promeut le diesel, moins émetteur de CO2, jusqu’à 55 % du parc en 2023 (BFMTV). Les normes Euro le rendent propre (filtres, AdBlue), mais les ZFE le diabolisent. Ce revirement rappelle une logique économique : brider une technologie pour forcer le renouvellement. Hier, le diesel soutenait PSA et Renault. Aujourd’hui, les électriques enrichissent Tesla et BYD, subventionnées (6 000 € de bonus). Les ZFE prolongent une mondialisation déguisée, sacrifiant le local au global.
La volonté réelle des populations, ce que révèle le sondage France-Soir/BonSens.org
Le sondage France-Soir/BonSens.org de janvier 2025 (échantillon représentatif de 1 200 Français, MISGroup) éclaire la fracture entre dirigeants et citoyens. Sur les ZFE, mises en place début 2025 et excluant 1,8 millions de véhicules (5,5 % du parc), l’opinion est claire : 77 % jugent que la politique climatique doit être revue et intégrer les avis divergents. La cause du réchauffement, brandie pour justifier les ZFE, ne convainc plus. Ce rejet massif montre que la stratégie du gouvernement, visant des minorités (Crit’Air 3) pour diviser, échoue. L’écho à la formule macronienne « J’ai très envie d’emmerder les Français » (vaccins, 2022) résonne : les Français refusent cette discrimination automobile. Et, ils sont 56% à vouloir l’annulation de cette loi.
Par ailleurs, 56 % veulent annuler la réforme des retraites de 2023, signe d’un ras-le-bol des mesures imposées. Sur les diagnostics de performance énergétique (DPE), 48 % les trouvent discriminatoires envers les plus pauvres. Un chiffre à nuancer : 58 % des Français sont propriétaires, soit 83 % d’entre eux (48/58) hostiles au DPE. Ces données révèlent une volonté populaire de politiques inclusives, pas punitives. Les ZFE, loin de rallier, cristallisent une défiance envers une écologie perçue comme élitiste et déconnectée.
Réparer plutôt que détruire : une alternative éconologique
Face à ce gâchis, réparons. Le rétrofit (10 000-15 000 €, aides jusqu’à 9 000 €) convertit un thermique en électrique. Un filtre à particules (1 000-2 000 €) réduit les PM de 90 % sur un diesel. Réparer 3 millions de voitures économiserait 15 à 25 millions de tonnes de CO2 par an. Mobilians (2022) voit 500 000 rétrofits possibles d’ici 2030, et 1 million de diesels rénovables annuellement. Le bioéthanol E85 (-77 % de CO2, 0,80 €/litre) offre une autre voie, avec des boîtiers à 500-1 000 €. Ces solutions, accessibles et locales, répondent à la volonté populaire d’une transition pragmatique, pas autoritaire. Cette approche soutient les garagistes locaux, pas les usines étrangères, et préserve le pouvoir d’achat. Les ZFE, en ignorant ce principe, optent pour une transition brutale, loin des réalités humaines.
Pour une écologie humaine et globale
Les ZFE, bâties sur des études fragiles, incarnent une illusion écologique. Leur obsession pour la casse (3 millions de voitures par an d’ici à 2025) alimente un gâchis environnemental et social, prolongeant une mondialisation masquée. Le sondage France-Soir/BonSens.org révèle un peuple qui rejette ces mesures discriminatoires au profit d’une écologie inclusive.
C’est bien le concept des optimums locaux qui biaise le cout total et donc ultimement les processus de décision mettant ainsi en danger la paix. La paix des populations demande de prendre énormément de hauteur, ce que ne font pas les politiques actuelles qui réagissent sans avoir pris le temps nécessaire de faire les analyse d’impact et de prendre en considération les volontés de la population. De plus en instrumentalisant la science afin d’influencer la décision des populations, les politiques n’obtiennent qu’un résultat : la perte de confiance et la fracture qui s’accentue entre le peuple et les gouvernements.
L’éconologie et une gouvernance globale de la chaîne de valeur (cout total), comme une relecture complète du conflit ukrainien, montrent la voie : réparer, diversifier, inclure. Les ZFE doivent devenir des laboratoires de solutions, ou elles raviveront les colères des Gilets Jaunes.
« Personne n’est plus sourd que celui qui ne voulait pas entendre. »
Xavier Azalbert est économiste-statisticien. Après avoir effectué une carrière dans le conseil en stratégie et la finance, il s’est focalisé sur l’application concrète et industrielle de la loi du pollueur payeur en cofondant une société de dépollution et de revalorisation de friches industrielles.