Sécurité nationale et diplomatie américaines sous contrôle
Comment faire pour que l’appareil gouvernemental s’aligne totalement sur les projets présidentiels ? Instruit par les déboires de son premier mandat, M. Donald Trump a nommé des proches à des postes-clés malgré leur inexpérience, et mis en concurrence des cercles de conseillers plus ou moins informels. Cette démarche déroutante pourrait très vite atteindre ses limites.
Heidi Kumao. – « Safe and Secure » (Sûr et sécurisé), 2020
© Heidi Kumao – heidikumao.net
Une nouvelle fois les déclarations de M. Donald Trump sur le Groenland, le Panamá et le Canada ont mis en lumière sa conception transactionnelle des alliances, y compris transatlantiques. Son ancien conseiller à la sécurité nationale, le général Herbert Raymond McMaster, l’a résumée sans détour le 8 janvier dernier devant le Council on Foreign Relations : M. Trump considère l’Union européenne « principalement comme un concurrent économique ».
Le souci des usages diplomatiques n’encombre pas cette vision. En témoignent l’étrange voyage du fils du président américain Donald Jr. au Groenland — accueilli par des figurants coiffés de casquettes MAGA (« Make America Great Again »), apparemment recrutés contre la promesse d’un repas chaud — ou encore l’envoi en Israël, au lendemain de son investiture, d’un vieux complice, M. Steven Witkoff — magnat de l’immobilier sans expérience des affaires étrangères —, pour superviser le cessez-le-feu entre Tel-Aviv et le Hamas.
Les premières nominations à son cabinet semblent obéir à la même logique de rupture, privilégiant des figures à son image, clivantes et sans expérience gouvernementale — y compris pour gérer les relations internationales. À la différence du premier mandat de M. Trump, où plusieurs de ses choix avaient été rejetés par le Congrès, le processus de confirmation s’est cette fois déroulé sans accroc, les sénateurs validant à la quasi-unanimité l’ensemble des candidats.
Un détail a retenu l’attention des commentateurs à propos du Groenland et du Panamá : le président des États-Unis a justifié ses menaces de barrières douanières au nom de la « sécurité nationale ». Ce n’est pas la première fois que cette notion est invoquée dans un contexte semblant relever davantage du commerce extérieur que de la défense. Dès 2017, M. Trump puis M. Joseph Biden s’en sont servis pour légitimer le virage protectionniste de l’économie américaine, en s’appuyant sur une clause peu exploitée de l’ancien Accord général sur les tarifs douaniers et le (…)
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