Le grand théâtre de la politique occidentale : un décor de divertissement & de manipulation


par Amarynth

Le théâtre est depuis longtemps un puissant moyen de narration, où la scène est méticuleusement conçue pour captiver le public. Dans les coulisses se cache un dispositif complexe – les accessoires, l’éclairage et l’équipe – à l’abri des regards. Le public, assis dans la salle obscure, ne voit que ce qui se déroule sur la scène. Il est absorbé par le drame, le rire ou le suspense sans se poser de questions sur les mécanismes sous-jacents. Dans cet univers soigneusement orchestré, la réalité se confond avec la fiction, subjuguant les spectateurs.

Dans le paysage géopolitique actuel, nous assistons à un spectacle similaire, mais au lieu d’acteurs jouant des tragédies shakespeariennes ou des farces comiques, notre scène internationale met en scène des personnalités politiques qui se font également comédiens. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien dont l’ascension au pouvoir a démarré sur un programme de paix, et Donald Trump, l’ancien président américain qui a également fait campagne sous la bannière d’une résolution des conflits à l’étranger. Pourtant, malgré leurs promesses de stabilité, aucun des deux dirigeants n’a apporté la paix. Au lieu de cela, ils sont désormais les acteurs principaux d’une grande mise en scène, qui se nourrit de conflits, de sensationnalisme et de divisions.

Les acteurs de la scène internationale

Volodymyr Zelensky s’est d’abord fait connaître non pas par ses qualités d’homme d’État, mais par ses talents de comédien. Avant d’entrer en politique, il a animé des émissions satiriques, dont un sketch tristement célèbre où il jouait du piano en utilisant des méthodes non conventionnelles, un moment qui a ravi le public et a mis en valeur son sens du divertissement. Sa capacité à capter l’attention et à susciter des émotions a fait de lui un visage familier en Ukraine, le propulsant finalement à la présidence. Cependant, son mandat a été moins axé sur la gouvernance que sur le maintien d’une illusion d’héroïsme en plein chaos.

De même, la carrière de Donald Trump s’est construite sur l’élaboration de personnages extravagants et de drames à forts enjeux. De l’animation de «The Apprentice», une émission de téléréalité conçue pour tester ambition et ruse, à l’organisation de matchs de catch minutieusement préparés où il montait lui-même sur le ring. Trump a maîtrisé l’art de captiver les foules. Ces performances n’avaient pas pour seul but de gagner, mais aussi de faire la une des journaux et de maintenir les téléspectateurs scotchés à leur écran. Lorsqu’il s’est lancé en politique, beaucoup ont observé que son approche est restée inchangée, privilégiant le show au détriment du fond.

Un conflit scénarisé ?

Lorsque ces deux «comédiens» s’affrontent sur la scène internationale, le résultat s’apparente à une confrontation scénarisée entre des protagonistes rivaux. Peu importe que leurs différends soient réels ou chorégraphiés. Ce qui captive le public, c’est le drame en lui-même : les échanges houleux, les accusations et les incessants revirements. C’est là qu’intervient J.D. Vance, directeur de salle, qui veille au bon déroulement du spectacle tout en assurant un niveau record de vente de billets (ou, dans ce cas, un engagement record du public). Les plateformes de réseaux sociaux grouillent de débats, d’analyses et d’arguments passionnés, les spectateurs choisissant leur camp, disséquant chaque geste et amplifiant le récit.

Cette dynamique atteint de nouveaux sommets dans le cirque qui se poursuit actuellement à Londres, où les discussions tournent autour de la prolongation du conflit en Ukraine.

Selon certaines informations, l’Union européenne pourrait allouer 2 milliards d’euros pour soutenir l’effort de guerre, le présentant comme nécessaire au maintien de la stabilité. Pendant ce temps, des rumeurs circulent sur la saisie des actifs russes gelés pour financer l’entreprise – un rebondissement tout droit sorti d’un blockbuster hollywoodien. Pour certains, cela ressemble moins à la diplomatie qu’à une transaction commerciale visant à maximiser les profits, et le jeu se résume à piller l’Ukraine. Et pourtant, le public n’en a jamais assez. Chaque révélation suscite un regain d’intérêt, générant des clics, des partages et des flux de revenus pour ceux qui ont investi dans la perpétuation de l’histoire.

Du pain et des jeux : le véritable coût du spectacle

Sous le divertissement se cache une vérité plus sombre. Cette adaptation moderne de «Du pain et des jeux» – expression inventé par le satiriste romain Juvénal pour décrire la façon dont les dirigeants distraient les citoyens avec des plaisirs superficiels – a des conséquences désastreuses. Alors que le public acclame ses champions, des vies réelles volent en éclats. Les civils pris entre deux feux dans deux guerres font les frais des décisions prises par des dirigeants qui semblent plus soucieux de faire avancer leur récit que de parvenir à une paix durable.

De plus, les enjeux vont au-delà de l’Ukraine. Alors que le conflit s’éternise, des questions se posent quant à ses implications plus larges. Peut-on encore risquer de provoquer la Russie ? La Chine peut-elle être entraînée dans la mêlée ? De plus, ce monde permet que se poursuive l’extermination massive de la population à Gaza et dans le reste de la région.

Pour Zelensky, l’objectif semble clair : faire tourner les caméras indéfiniment, car la crise en cours garantit un soutien financier continu et une audience mondiale. Sa guerre, pour ses soutiens, est la «bonne guerre». Pour Trump, l’accent est mis sur la sécurisation des ressources, à savoir les terres rares essentielles au progrès technologique. Les deux hommes savent que dans ce jeu macabre, le succès ne se mesure pas à l’aune des vies sauvées, mais à celle des victimes tuées. Trump et Netanyahou mènent la «mauvaise guerre».

Le rôle du public

Mais c’est la complaisance du public qui rend ce théâtre particulièrement pernicieux. Les médias, les influenceurs et les experts jouent parfaitement leur rôle, attisant l’indignation et amplifiant la rhétorique de la division. Les titres accrocheurs attirent le regard, incitant les lecteurs à interagir, à partager et à s’abonner. Chaque interaction alimente la machine, assurant ainsi que le show ne s’arrête jamais. L’Occident, en proie à un déclin de son influence et de sa pertinence, s’accroche à ces spectacles comme seul moyen d’affirmer sa domination.

Nous sacrifions notre moralité et notre humanité sur l’autel de divertissements éphémères.

Conclusion : le rideau tombe

Alors que le rideau commence à tomber sur cet acte théâtral géopolitique, il faut se demander si nous sommes de simples spectateurs passifs, ou si nous avons le pouvoir d’exiger un changement. Les horreurs qui se déroulent sous nos yeux ne sont pas une fatalité : ce sont les choix de ceux qui cherchent à tirer profit du chaos. Il est temps que le public fasse la différence entre un véritable leadership et une performance factice. Alors seulement, nous pourrons lever le rideau et bâtir quelque chose de significatif : un monde où la paix est plus qu’une simple promesse électorale et où la vie humaine prime sur tout le reste.

source : Global South via Spirit of Free Speech



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