Un voyage spatial en forme de fable anticoloniale, un voyage au Mexique et en Amazonie en forme de quête psychédélique et télépathique, et un exil aux États-Unis pour survivre à la Shoah et retrouver la capacité de créer…
On évoque aujourd’hui dans « L’esprit critique » trois films sortis récemment : Mickey 17, premier long métrage du Coréen Bong Joon-ho depuis le succès de son Parasite ; Queer, film italo-américain de Luca Guadagnino, dans lequel le « James Bond » Daniel Craig est devenu un écrivain homosexuel vieillissant, et enfin The Brutalist, film « monument » à l’ancienne de Brady Corbet, qui n’a pas obtenu l’Oscar du meilleur film mais a néanmoins fait couler beaucoup d’encre.
« Mickey 17 »
Mickey 17 est le titre du nouveau long métrage de Bong Joon-ho, son premier film depuis le succès de Parasite, à la fois Palme d’or et Oscar du meilleur film, une performance inédite en soixante-dix ans mais tout juste égalée par le film Anora.
Le cinéaste coréen confirme dans ce film-ci son goût pour les univers clos dans lesquels des personnages tentent de survivre à des règles cruelles et à des recoins dangereux.
Dans un monde de science-fiction situé en 2054, Mickey 17, incarné par Robert Pattinson, est la dix-septième version de Mickey Barnes qui, pour échapper à la mort cruelle promise par un usurier adepte de la tronçonneuse envers lequel il est endetté, a rejoint une mission spatiale lointaine en tant que « remplaçable ».
Ce terme désigne le fait qu’il est corvéable à merci pour toutes les tâches les plus dangereuses, puisqu’il a la capacité de mourir et de ressusciter indéfiniment. Ses données sensibles et mémorielles sont conservées, et son corps « réimprimé » dans ce qui ressemble à un gros appareil à IRM.
Mais le processus déraille lorsque Mickey 17, plutôt que d’être avalé par les êtres ressemblant à des puces de sable géantes qui peuplent la planète éloignée où a abouti la mission spatiale, retourne au vaisseau alors que Mickey 18 a déjà été réimprimé…
Mickey 17 est en salles depuis le mercredi 5 mars.
« Queer »
Queer est le titre du nouveau long métrage du cinéaste italien Luca Guadagnino, auteur notamment de Call me by your name. Mais Queer est d’abord le titre d’un roman amplement autobiographique de William Burroughs, écrit au début des années 1950 mais publié seulement au milieu des années 1980, dont le film de Luca Guadagnino se veut l’adaptation fidèle, du moins jusqu’à la troisième partie de ce long métrage.
Queer s’ouvre dans les bars gays de Mexico, dans lesquels William Lee, un écrivain américain toxicomane interprété par l’ex-James Bond Daniel Craig, boit beaucoup et enchaîne les plans drague jusqu’à ce qu’il tombe sous le charme d’Eugene Allerton, un de ses compatriotes croisé dans la rue, dont il tente de percer l’orientation sexuelle et de s’attirer désespérément les faveurs. Il réussit à le convaincre de l’accompagner en voyage en Amérique du Sud, et plus précisément en Amazonie, à la recherche du « Yage » ou Ayahuasca, plante hallucinogène dont il attend des propriétés télépathiques.
Queer est sorti sur les écrans mercredi 26 février.
« The Brutalist »
On termine cette émission en revenant sur un film sorti le 12 février, mais considéré depuis comme un événement cinématographique, à savoir The Brutalist, même si le favori des Oscars a perdu la course à la statuette suprême face à Anora, dont nous avions discuté lors d’une précédente émission.
D’une durée de plus de 3 h 30 avec un entracte, tourné en pellicule, et plus précisément avec un procédé ancien nommé Vistavision, un format de prise de vue en 35 mm abandonné depuis les années 1960, le troisième long métrage du trentenaire Brady Corbet raconte, sur près de trente ans, la vie de László Toth, un architecte juif survivant d’un camp de concentration qui tente un nouveau départ aux États-Unis, plus précisément en Pennsylvanie, où un industriel richissime, Harrison Lee Van Buren, lui confie la construction d’un vaste centre culturel orné d’une majestueuse chapelle. Se noue alors une relation trouble entre le juif errant et le richissime capitaliste protestant.
The Brutalist est sorti le 12 février mais demeure visible dans plusieurs salles.
Avec :
- Alice Leroy, qui écrit pour Les Cahiers du cinéma et Panthère Première ;
- Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue de cinéma Débordements, doctorante en esthétique et études visuelles ;
- Raphaël Nieuwjaer, qui écrit à la fois pour Les Cahiers du cinéma et la revue Études
« L’esprit critique » est enregistré aujourd’hui par Loup Guérin et réalisé par Karen Beun et Samuel Hirsch.