Seuls sept pays et cinq territoires isolés [1] sur les 138 analysés respectent les normes de qualité de l’air de l’OMS, c’est-à-dire une concentration en particules fines (PM2,5) dans l’atmosphère inférieure à 5 µg/m³. L’Australie, l’Estonie, la Nouvelle-Zélande, Grenade et l’Islande figurent sur cette liste, dont ils faisaient déjà partie en 2023, rejoints par les Bahamas et la Barbade dans le rapport de 2024.
Les objectifs de réduction de la pollution de l’air sont encore loin d’être atteints, selon la dernière étude de l’entreprise suisse IQAir, spécialisée dans la protection contre les polluants atmosphériques, publiée mardi 11 mars. Seul 1 % de la population mondiale vit dans des zones qui respectent les directives de l’Organisation mondiale de la santé en termes de pollution de l’air.
Le Tchad, pays le plus pollué du monde
Le Tchad est, selon cette étude, le pays à l’air le plus pollué (91,8 µg/m³), avec un seuil 18 fois supérieur aux recommandations de l’OMS. Il est suivi du Bangladesh (78 µg/m³), du Pakistan (73,7 µg/m³), de la République démocratique du Congo (58,2 µg/m³) et de l’Inde (50,6 µg/m³).
Une amélioration est tout de même à noter du côté des métropoles. 17 % des villes évaluées dans le rapport de IQAir suivent les préconisations de l’organisation onusienne, contre 9 % l’année précédente. Mais « même si cela représente un certain progrès, il reste encore beaucoup à faire pour protéger la santé humaine, et notamment celle des enfants », alerte l’entreprise suisse dans son rapport.
« Le deuxième facteur de risque de décès au niveau mondial »
Face à ces constats alarmants sur la pollution de l’air dans le monde, IQAir rappelle dans son rapport qu’elle reste « la plus grande menace sur la santé humaine ». L’entreprise suisse précise que « la pollution de l’air est le deuxième facteur de risque de décès au niveau mondial ».
Les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé sont nombreuses et renseignées par la littérature scientifique : « Elle aggrave les risques de cancer des poumons, d’asthme et de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) », liste Antoine Trouche, ingénieur au sein de l’association Airparif, qui a pour but de surveiller et d’améliorer la compréhension de la pollution d’air en Île-de-France.
AVC, diabète, infarctus, Parkinson, baisse de la fertilité…
« La pollution de l’air impacte principalement le système cardiovasculaire, explique Antoine Trouche, l’exposition aux particules fines va augmenter le risque et la survenue des accidents vasculaires cérébraux et des infarctus. »
Mais les répercussions sur la santé ne s’arrêtent pas là : aggravation du risque de démence, du développement de la maladie de Parkinson, du diabète de type 2 et baisse de la fertilité font partie des affections plus répandues dans les zones très polluées.
« En Île-de-France, 7 900 décès prématurés par an pourraient être évités »
Et malgré une tendance à la baisse de la pollution de l’air en France — de 13,2 µg/m³ en 2018 à 8,1 µg/m³ en 2024 —, « les conséquences sur la santé restent lourdes , dit l’ingénieur : en Île-de-France, 7 900 décès prématurés par an [chiffres de 2019] pourraient être évités si les seuils étaient ramenés aux préconisations de l’OMS ».
La France a d’ailleurs été condamnée plusieurs fois par le Conseil d’État pour le dépassement de ces seuils de pollution de l’air. Au total, ce sont 40 millions d’euros que l’État a dû débourser entre 2021 et 2023.
Les zones les plus touchées par la pollution de l’air se trouvent principalement en Afrique et en Asie. Byrnihat, en Inde, est la métropole la plus polluée en 2024, avec une concentration annuelle de particules fines de 128,2 µg/m³. « La région de l’Asie centrale et du Sud abrite les sept villes les plus polluées au monde », selon l’étude IQAir.
Un manque de données dans les zones les plus exposées
L’entreprise déplore les disparités de couverture pour l’obtention des données sur la qualité de l’air dans le monde et notamment des réseaux de surveillance limités en Afrique et en Asie. Un constat partagé par Antoine Trouche : « On travaille avec des pays moins avancés économiquement pour les accompagner dans la mise en place de réseaux de surveillance de la qualité de l’air, dit-il. Ce sont des zones très exposées mais qui n’ont pas forcément de réseaux fiables. » Solution préconisée par les Suisses : augmenter le nombre de stations de surveillance.
Pour limiter la pollution de l’air, IQAir incite les États à intégrer les lignes directrices de l’OMS sur la qualité de l’air dans leurs futures normes, à interdire le brûlage agricole et le brûlage de la biomasse ainsi qu’à s’engager dans la décarbonation.
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