Chamonix interdit la construction de nouvelles résidences secondaires


12 mars 2025 à 18h12

Durée de lecture : 3 minutes

Aux grands maux les grands moyens. La ville de Chamonix, en Haute-Savoie, va interdire toute nouvelle construction de résidences secondaires dans son futur plan local d’urbanisme (PLU). Cette disposition a été présentée lors du conseil municipal le 10 mars et devrait être votée par le conseil communautaire le 13 mars.

Sur les 12 hectares qui restent constructibles, il sera presque impossible d’édifier de nouveaux immeubles destinés aux touristes. Les promoteurs n’auront plus que douze zones d’aménagement, soit environ 10 à 15 % des 12 hectares, où il sera possible d’édifier des immeubles neufs, avec une obligation d’offrir 50 % de logement social.

Tout nouveau projet hôtelier d’ampleur est également interdit. Seuls les établissements dits familiaux d’une quarantaine de chambres pourront s’agrandir, dans la limite de 30 % de leur capacité.

La Ville a converti 90 hectares de zones à urbaniser en zones agricoles

Enfin, la ville a converti 90 hectares de zones à urbaniser en zones agricoles et 50 hectares en zone naturelle. Ce qui permettra de « préserver les prairies et des espaces végétalisés riche en biodiversité proches des habitations », dit le communiqué de presse.

Chamonix est la première ville à prendre une mesure aussi radicale. Elle s’appuie sur la loi Le Meur, promulguée en novembre 2024, qui offre aux communes de nouveaux outils pour réguler « les meublés de tourisme à l’échelle locale ».

Le maire de la ville, Éric Fournier (UDI, Centristes et Apparentés), a fait partie d’un groupe de travail interministériel ayant abouti à cette législation. « Le constat est simple : un site touristique sans ses habitants devient un parc d’attraction. Ce n’est pas ce qu’on souhaite sur un plan social », a-t-il déclaré à Reporterre.

L’été dernier, la ville avait déjà durci le ton en majorant la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Résultat : un budget de 3 millions d’euros par an que la mairie consacre à l’achat de foncier mis à disposition de ses agents.

Enfin, une délibération adoptée à l’unanimité par les élus de la communauté de communes de la vallée de Chamonix Mont-Blanc le 25 juillet, va imposer une autorisation obligatoire pour tout meublé touristique en location, dans la limite d’un bien loué par personne.

Cette régulation entrera en vigueur le 1er mai 2025 et se combinera avec les dispositions du nouveau PLU, qui sera promulgué au plus tard début 2026.

Ainsi, les promoteurs privés de logements touristiques neufs ne pourront pas se rabattre sur l’habitat déjà existant pour le transformer en appartement loué sur Airbnb et consorts.

La ville compte 70 % de résidences secondaires

« Avec cumul de ces deux mesures, on se dirige vers une stratégie de sobriété foncière. J’ai bon espoir qu’on inverse la tendance pour trouver un meilleur équilibre entre la population permanente et la population touristique », poursuit Éric Fournier. La ville compte 70 % de résidences secondaires et les habitants n’arrivent plus à se loger. Une situation qui ne fait que s’aggraver.

Entre 2019 et 2024, le nombre de meublés touristiques a grimpé de 50 %, passant de 2 700 à 4 400 appartements. En parallèle, les prix à l’achat ont progressé de 11 % en dix ans, avec un tarif moyen à 8 058 euros le mètre carré.

Une spéculation immobilière qui profite aux promoteurs, qui pourraient attaquer en justice les dispositions de ce PLU. Une menace qui n’effraie pas le maire. « Tous les PLU sont attaqués. Mais si je ne fais rien, je vais casser la démographie locale en perdant ceux qui ne sont pas fortunés, notamment les jeunes. Et je veux garder nos habitants qui sont l’âme de Chamonix. »

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