Réponse au Filou Zophe – Le Libre Penseur


Il y a quelques semaines, Lotfi Hadjiat a publié sur ce site un texte suintant l’insulte à chaque ligne, vomissant son mépris sur l’islam et les musulmans.

Cette réponse s’impose, non pas pour dialoguer avec l’auteur – encore faudrait-il qu’il ait quelque chose de sérieux à dire – mais pour démonter, point par point, l’amas de clichés et de raccourcis dont il se gargarise. Sous couvert de réflexion, son texte enchaîne approximations et amalgames, au point qu’on hésite entre l’ignorance sincère et la malhonnêteté pure.

Pas l’ombre d’une connaissance sérieuse des textes ou de la pensée islamique. Juste une caricature boursouflée, qui tente de se donner des airs d’analyse, mais qui ne repose sur rien d’autre que des biais et des préjugés empilés comme un maçon bourré posant des briques. Aucun recul, aucune nuance. Une vision globale qui passe à côté de tout : la diversité des musulmans, la complexité des dynamiques géopolitiques qu’il prétend décrypter. Ce texte mérite une réponse, car il se présente comme une réflexion mais trahit surtout une méconnaissance abyssale des sujets abordés.

Cependant, monsieur le Filou Zophe aurait préféré échanger avec de grands philosophes. Des Lumières, toujours. Ceux qui l’inspirent, qui relèvent le niveau et la profondeur de sa pensée. Ceux qui conceptualisent le monde, pour le bien commun, pour l’humanité. Et non ces obscurantistes, fruits de l’islam qu’il conchie et dont, sans doute à ses yeux, je serais le digne représentant.

Mais avec quels penseurs, quels philosophes rêve-t-il de disserter ? Les mêmes qu’il singe sans vergogne, qu’il vénère et surtout qu’il pompe et plagie sans même savoir – ou comprendre – qu’ils doivent leur pensée aux enseignements moyen-orientaux et islamiques. C’est ça, quand on n’a pas de fond de réflexion et qu’on ne fait que régurgiter les idées des autres.

Et, cerise sur le gâteau, il trouve le moyen de se faire passer pour la victime. Comme si son texte, intitulé «Les musulmans sur la sellette divine» et toujours consultable sur son blog, était sorti de lui-même, malgré lui. Comme si les lecteurs avaient imploré cette diarrhée conceptuelle.

Aujourd’hui donc, et par la force des choses, je vais déconstruire les arguments de ce triste inconnu qui s’est rêvé philosophe mais ignore que ceux qu’il adule l’exècrent. Mais soit, parlons au public que ni lui ni moi n’avons, puisque nous en sommes réduits à cela.

Commençons par un exemple précis de son raisonnement :

« Les musulmans sont horrifiés par Trump, qui défend les intérêts occidentaux au Proche-Orient au détriment des Palestiniens, mais ne sont pas horrifiés par les pays musulmans qui défendent les intérêts occidentaux au Proche-Orient au détriment des Palestiniens. »

Charmante petite fable.

D’abord, Trump ne défend pas une entité abstraite appelée l’Occident, il défend Israël. Faire le larbin du régime israélien, retirer les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et bénir la colonisation illégale, ça sert les États-Unis et Israël, pas l’Occident. Point. Ça, c’est pour la réalité factuelle.

Et cette révélation fracassante, il la sort d’où ?

Déjà, qui sont les musulmans ? Un bloc monolithique, une ruche où tout le monde pense pareil, vote pareil, s’indigne pareil ? Parce qu’en réalité, il y a 1,9 milliard de musulmans répartis sur une cinquantaine de pays, avec des intérêts nationaux, ethniques et géopolitiques qui divergent. Un Marocain, un Indonésien et un Iranien n’ont pas exactement la même vision du monde.

« Les musulmans horrifiés par Trump. » Alors là, on aimerait voir les sondages. Parce que s’il y a bien des pays où Trump a été applaudi, c’est dans certaines monarchies du Golfe qui ont vu en lui un bulldozer anti-Iran. L’Arabie Saoudite, par exemple, lui a déroulé le tapis rouge et a acheté pour 450 milliards de dollars d’armes sous son mandat. Pas vraiment l’attitude de gens horrifiés.

Maintenant, la deuxième partie de la phrase : les pays musulmans qui défendent les intérêts occidentaux au détriment des Palestiniens. Là, on est enfin dans du vrai. Mais c’est justement la preuve que la première partie du raisonnement ne tient pas. Les musulmans ne sont pas un bloc. Il y a des populations qui s’indignent (pro-palestiniennes) et des régimes qui collaborent (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Égypte, etc.). D’ailleurs, les manifestations pro-palestiniennes les plus massives viennent souvent de populations musulmanes contre leurs propres gouvernements complices.

En gros, la phrase sous-entend que les musulmans acceptent l’hypocrisie des régimes arabes… alors que ces mêmes régimes verrouillent la contestation contre la normalisation avec Israël.

Ensuite, on imagine bien que M. Hadjiat a interrogé tous les musulmans un par un, bloc-notes en main, avant de pondre son verdict. Ah non ? Ça alors. Non, évidemment. A-t-il seulement parlé à un musulman en vrai ? Un de son entourage, pas une version fantasmée dans sa tête ? Non ? Logique. Il n’en fréquente pas. Et les mosquées, encore moins, parce que s’il y avait mis un pied, il en aurait forcément croisé, des musulmans qui défendent les Palestiniens.

Recommandation du jour : parler aux gens avant de parler sur eux.


LE DOUTE ? T’EN ES SÛR


« Ce qui me désole chez certains musulmans, de plus en plus nombreux, c’est qu’ils combattent le doute visant leurs dogmes, qu’ils l’interdisent, qu’ils le punissent, en s’étonnant de n’être pas compris lorsqu’ils tentent d’imposer cette condamnation du doute en Europe, où précisément la civilisation fut érigée fondamentalement sur le doute depuis Socrate… Qu’ils ne soient pas boutés hors d’Europe jusqu’au dernier est le signe que cette merveilleuse civilisation européenne vit ses dernières heures. »

Le doute. Grand mot, vaste sujet. Encore faudrait-il préciser de quoi on parle. Parce que c’est ça, le fond du problème : la rigueur. Le doute, dans la tradition intellectuelle musulmane, n’a jamais été éradiqué – il a été cadré. On ne doute pas de Dieu, on ne doute pas de la Révélation, parce que c’est précisément ça, la foi. Mais tout le reste ? Ouvert aux discussions, aux remises en question, aux débats qui ont traversé des siècles de pensée islamique.

Le Prophète lui-même a douté. Pas de Dieu. Pas de sa mission. Mais de sa propre capacité à la porter. Moi, un messager ? Première réaction face à la Révélation. Si ce n’est pas du doute, ça, on ne sait pas ce que c’est.

Derrière lui, une armée de penseurs, d’exégètes, d’écoles théologiques se sont arraché les cheveux sur des concepts métaphysiques, juridiques, philosophiques. Al-Ghazali, dans Al-Munqidh min al-Dalal, raconte comment il a frôlé la noyade intellectuelle avant de retrouver un socle de certitudes. Ibn Taymiyya, pourtant pas le dernier à fracasser les rationalistes, passait sa vie à questionner, analyser, déconstruire (Majmu’ al-Fatawa). Il démonte les thèses d’Ibn Sina (Avicenne) et d’Al-Farabi, qu’il accuse d’introduire des idées grecques contraires à l’islam. Il critique certaines pratiques soufies qu’il considère comme du polythéisme (shirk), mais ne rejette pas la mystique en bloc.

Averroès, dans Tahafut at-Tahafut (L’Incohérence de l’Incohérence), démonte méthodiquement les arguments d’Al-Ghazali dans son livre Tahafut al-Falasifa (L’Incohérence des Philosophes). Il reproche à ce dernier son approche théologique et dogmatique, affirmant que la philosophie et la raison ne sont pas incompatibles avec la religion, mais qu’elles permettent, au contraire, d’en approfondir la compréhension. Averroès défend une lecture rationaliste de l’islam et tente de réhabiliter Aristote dans la pensée islamique. Tahafut at-Tahafut a eu une influence énorme sur la scolastique médiévale, notamment chez Thomas d’Aquin et les philosophes latins, qui ont repris certains arguments d’Averroès pour concilier foi et raison.

Depuis des siècles, les mutazilites et les asharites se sont foutu sur la gueule pour savoir si la raison devait s’incliner devant la Révélation ou si elle pouvait encore lever les yeux. Causalité, prédestination, création du monde, nature du temps : tout y est passé. Sharh al-Mawaqif d’Adud al-Din al-Iji en est le champ de bataille, un livre où se fracassent les certitudes, où Avicenne et al-Farabi se font découper par les tenants d’un rationalisme strict, où les soufis viennent déposer leur grain de sel entre deux extases mystiques.

Le doute méthodique n’a jamais été interdit. Il a été cadenassé, encadré, disséqué, pour éviter qu’il ne dégénère en relativisme crasseux. Parce que, sans structure, il n’accouche que d’une chose : des déblatérations d’illuminé persuadé d’avoir tout compris.

J’imagine qu’en pointant l’absurdité du montage textuel, l’intéressé va se draper dans la dignité de l’intellectuel persécuté. (« On veut me faire taire ! Mais je continuerai à parler ! ») Qui veut te faire taire ? Personne ne t’écoute. La vérité, elle, ne s’embarrasse pas de grands discours.

« Dis : la vérité est venue et l’erreur a disparu. Car l’erreur est destinée à disparaître. » (Sourate 17, verset 81).

Encore faut-il la reconnaître quand elle vous crache à la gueule. N’est-ce pas ? Jamais rassasié d’élucubrations à propager, l’intéressé poursuit avec sérieux et hargne, droit devant, sans esquiver ni les portes, ni les sapins, ni les philosophes Freud, Kant et Terbro, tout droit vers le mur de sa bêtise intellectuelle. Le choc est brutal. En voici les raisons.

« Dans le Coran, le doute n’a pas droit de cité ; dans certains versets, on s’étonne même qu’il se manifeste. Pourtant, Dieu a créé l’homme avec un intellect qui doute, le distinguant des animaux dépourvus du doute. Chasser le doute, c’est se rapprocher de l’animal, jusqu’à en devenir un. »

Donc, selon cette fulgurance, les musulmans qui ne doutent pas seraient des animaux. L’islam serait une gigantesque animalerie, et ceux qui ne manifestent pas le doute sont de facto bestialisés. Une connexion hasardeuse, maquillée sous des dehors faussement philosophiques, mais qui sent surtout l’arnaque intellectuelle au kilomètre. Parce que, bien sûr, il ne parle pas du doute en général. Non, il nous pond un amalgame aussi grossier qu’un sketch d’Anne Roumanoff à la grande époque, autrement dit, ça n’a jamais existé.

Petit problème : comme expliqué précédemment, l’islam en parle déjà, en long, en large et en travers, mais avec une rigueur qui dépasse de loin ses divagations prétentieuses. Pas une source, pas un exemple, pas un fait précis. Juste du vent.

Et puis, cette invocation de Socrate… Magnifique. Comme si le bonhomme avait laissé la moindre ligne écrite. Comme si on était sûr, au fond, qu’il avait vraiment existé autrement que dans les dialogues de Platon. Comme si la fameuse civilisation européenne fondée sur le doute n’avait pas, pendant des siècles, traqué, condamné et brûlé ses propres hérétiques et ses propres sceptiques à la moindre incartade. Non ? Le doute européen depuis Socrate ? Pardon ? De quoi ça s’agit ? C’est une ordonnance ? Comme dirait le voleur de blagues Gad Elmalette.

Visiblement, il n’a toujours pas saisi le super-pouvoir de sa chère civilisation européenne : l’appropriation express. Un truc brille un peu trop quelque part ? Hop, tampon patrimoine européen, et on passe à autre chose.

Au hasard, les philosophes grecs. Stars de la pensée, qu’on nous vend comme les pères fondateurs du savoir occidental. Hérodote, Aristote, Pythagore… Ils auraient médité sur l’existence en sandales au bord de l’Acropole, inventant la civilisation entre deux amphores de vin. Sauf que non. Ces mecs-là ont traîné leurs guêtres en Égypte, en Mésopotamie, en Perse, à pomper du savoir bien avant de le revendre sous étiquette grecque.

Hérodote ? Fasciné par l’Égypte au point d’en faire un guide touristique (Histoires, Livre II). Pythagore ? Petit séjour éducatif chez les Babyloniens, ceux qui faisaient déjà des maths pendant que l’Europe grattait encore la terre à la recherche de glands à becter (A History of Ancient Mathematical Astronomy, Neugebauer). Ce livre détruit l’idée que l’astronomie mathématique est née spontanément en Grèce. Il prouve que c’est un patchwork de connaissances transmises, améliorées et réinterprétées sur des millénaires.

Aristote ? Son obsession pour la logique et la biologie, directement inspirée des savants perses et égyptiens (Greek Thought, Arabic Culture, Gutas). En gros, sans Bagdad, pas de Sorbonne.

Mais évidemment, dans ce grand récit de l’auto-glorification, on coupe les passages gênants. Trop risqué d’admettre que l’Occident ne s’est pas fait tout seul, que son berceau était un carrefour où tout se mélangeait, s’infusait, se transformait. Non, non, mieux vaut garder l’image d’une Europe auto-construite, accouchée par Zeus lui-même dans un éclair de génie.

Alors on continue de faire comme si la science, la philosophie et la pensée critique étaient nées en Grèce, par magie, dans une bulle aseptisée. Et si quelqu’un s’avise de rappeler que ce savoir a voyagé, évolué, et surtout qu’il vient d’ailleurs ? On fait mine de ne pas entendre.

Parce que le doute, c’est bien… mais seulement quand il arrange.

« La merveilleuse civilisation occidentale ? »

Si ça, ce n’est pas frappé du sceau de la connerie et de l’inceste nietzschéen, je demande sur-le-champ l’asile politique en Danoisie du Sud. Elle est tout sauf merveilleuse, les rigolos. Elle a illusionné le monde avec des développements technologiques modernes issus du pillage des connaissances d’autres civilisations, comme je l’ai déjà mentionné. Mais au-delà de ça, que fait-elle d’autre, si ce n’est dépouiller, spolier, détruire et asservir les peuples grâce à sa prétendue maîtrise technologique ?

Les grandes spiritualités, les grands penseurs, les philosophes avaient déjà tout expliqué bien avant que les escrocs occidentaux modernes ne s’inventent une grandeur.

Prenons Descartes. Pas pour faire une belote, non, reposez ça. Non, Descartes, l’autre filou zophe. Ouais, c’est comme ça que je l’appelle, ça colle mieux à ce qu’il est. Génie autoproclamé, présenté comme une révolution intellectuelle, alors qu’il n’a fait que maquiller les idées d’Avicenne (Ibn Sina) et d’Alhazen (Ibn al-Haytham) en y ajoutant un « Je pense, donc je suis » sorti du chapeau. On en parle, de son fameux doute cartésien ? Alhazen l’avait déjà formulé des siècles avant lui, en insistant sur l’expérimentation et la rigueur scientifique.

Mais on ne s’arrête pas en si bon chemin : le doute, loin d’être une révolution occidentale, est une composante fondamentale — j’insiste, fondamentale — de l’idéologie islamique, qui pousse à questionner, réfléchir et ne pas gober n’importe quoi sans preuve. Et ça, il va bien falloir l’imprimer en majuscules dans la tête minuscule de certains. Mais bon, Descartes a mis ça en latin, a fait semblant d’inventer le concept, et c’est devenu révolutionnaire. Effacer les Arabo-Musulmans pour s’auto-congratuler : vieille recette occidentale. Pour le coup, il aurait mieux valu la fermer.

On en parle, d’Hegel, qui a réinventé l’histoire des civilisations en pompant Ibn Khaldoun, mais avec plus de mots et moins de clarté ? Sauf que tout était déjà posé noir sur blanc quatre siècles avant lui. Kant, qui a recyclé des principes moraux orientaux en y ajoutant quelques contorsions logiques pour faire genre révolutionnaire ? Voltaire, l’esprit libre qui a pillé sans vergogne les contes persans avant de jouer les humanistes ? Pas besoin d’inspiration quand on a Les Mille et Une Nuits sous la main. Newton, qui a bâti ses lois sur la gravitation en oubliant opportunément que des savants musulmans comme Al-Tusi et Ibn al-Shatir avaient déjà posé les bases des calculs qu’il s’est attribués ?

Freud, qui a repeint en psychanalyse ce que les penseurs musulmans exploraient depuis des siècles sous le nom de psychologie spirituelle ? Marx, qui a repris le concept de lutte des classes d’Ibn Khaldoun, lequel avait décrit une dynamique historique des civilisations basée sur les tensions entre les élites et les classes populaires. Nietzsche, qui croyait réinventer l’humanité avec son Surhomme, alors que les mystiques soufis enseignaient depuis des siècles le dépassement du soi.

La civilisation européenne ? Une illusion, une lumière aveuglante qui cache en réalité une malignité profonde. C’est une confusion totale. Et c’est bien dommage de ne pas l’avoir compris, surtout quand on se pavane avec un ego aussi hypertrophié.

La civilisation européenne a adopté l’alambic, invention des Arabes, mais ce n’est pas le sujet ici. Ce qui l’est, en revanche, c’est cette étrange capacité à s’accrocher à des concepts qu’elle ne maîtrise pas, tout en prétendant en être l’héritière exclusive. L’important, ce n’est pas la connaissance, c’est d’en donner l’illusion, de brasser du vent avec l’aplomb de celui qui croit tout savoir.

D’un côté, des philosophes de contrefaçon, figures désarticulées d’une pensée en roue libre, qui se prennent pour les derniers éclaireurs d’une civilisation qu’ils vénèrent sans la comprendre. De l’autre, l’émanation de cette imposture, un filou zophe, qui gesticule, éructe, déforme, régurgite, persuadé d’être un garant de la vérité alors qu’il n’est que le produit d’un mirage.


FAUSSAIRES & ASSOCIES


Mystifier l’histoire, la réalité, le présent, le mythe lui-même, c’est la spécialité de l’Occident. Les Grecs, ces Arabes qui s’ignorent, ont servi d’alibi parfait pour l’arnaque intellectuelle occidentale. Érigés en totems de la pensée, transformés en vitrines du génie humain, ils ont surtout été la clé de voûte d’un tour de passe-passe magistral : effacer les savoirs plus anciens, escamoter les vérités gênantes et repeindre l’Histoire à leur sauce.

Le concept est simple : on vend la Grèce antique comme le berceau de la civilisation, on travestit les influences, on dissimule les pillages et on impose un récit où tout commence avec Socrate et finit avec le marché libre. « Ils effacent les traces du passé pour mieux s’attribuer la gloire du présent. » Résultat ? Un monde qui se vautre dans la philosophie de l’enfumage et s’agenouille devant le grand totem du Progrès, cette machine à broyer la réalité pour la remplacer par des chimères bien marketées.

Et qu’a produit cette brillante illusion ? Le chaos total. Le genrisme à la carte, le wokisme en batterie, la fausse monnaie érigée en dogme, l’« interdit d’interdire » devenu religion d’État, les frappes chirurgicales qui ratent rarement une école ou un hôpital, les colonies maquillées en démocratisation, la chirurgie esthétique pour corriger des complexes imaginaires et la spéculation sur la nourriture pendant que des mômes crèvent la dalle.

Mais attention, notre héros, le nouvel inquisiteur du prêt-à-penser veille. Ce gros malins qui dénonce la corruption tout en la servant sur un plateau. Celui qui hurle à la décadence mais s’y roule dedans avec un plaisir coupable. Et comme toujours, la cible est toute trouvée : l’islam, les musulmans, les suspects habituels. Ce philou Zophe prétend être le dernier  résistant face aux ténèbres alors qu’ils s’y vautre jusqu’au cou.

Pierre Rossi avait éventré l’escroquerie dans La Cité d’Isis. Clair, précis, impardonnable. Trop limpide pour cet esprit moisis. Ce genre d’ouvrage ne lui tombe pas des mains : il lui brûle les doigts. Parce que tout y est. Parce que ça démonte son petit monde factice. Parce que ça lui  rappelle qu’il n’est pas l’héritier de la sagesse, mais juste un mauvais faussaire qui vend de la contrefaçon Abidas du bled à quatre bandes.

Il faut avoir à l’esprit que ce mécanisme fonctionne par cycles. Il y a d’abord le discours professoral, entre deux aphorismes qu’il tente de marteler comme des éclats de génie. Un pas en avant, deux en arrière, et soudain, il s’embourbe, répète, reformule, oublie qu’il l’a déjà fait et repart pour un tour. Un moulin à paroles qui tourne à vide, une logorrhée sans cap ni destination.

Parfois, on surprend Hadjiat s’interroger tout haut, un éclat de lucidité émergeant brièvement avant d’être englouti dans le marasme de son propre raisonnement :

« J’hésite souvent quand je me demande qui sont les plus fanatiques : les sionistes radicaux ou les musulmans radicaux. Ils se ressemblent tellement dans leur certitude absolue que leurs dogmes religieux sont absolument, tout à fait, absolument incritiquables, et qu’ils sont les plus aimés de Dieu (sic !), qu’on a du mal à les départager. Mais à quoi bon départager la gangrène ? »

Éclair de lucidité ? Pas vraiment. Une fois encore, Hadjiat se livre à sa gymnastique mentale : une formulation alambiquée, toujours raccord, pour aboutir à une évidence que n’importe quel adulte fonctionnel a intégrée depuis des décennies.

C’est toujours la même chose. Un train de retard. Évidemment qu’on le sait. Les radicaux, quelle que soit leur étiquette religieuse, sont les mêmes. Ils partagent les mêmes méthodes, la même obsession, la même structure mentale. Et lui pense encore que les radicaux musulmans sont tombés du ciel, spontanément, sans matrice préalable. Que tout ça est un hasard.

L’information lui échappe toujours. Il ne sait pas, ou il ne veut pas savoir. Car sans cela, il saurait qu’il n’y a qu’un islam, qu’il n’y a ni radical, ni extrémiste, ni fondamentaliste. Mais la lumière des civilisations qu’il vénère lui fait, à son insu, régurgiter le même lexique que les pires perroquets presstitués propagandistes. Et là-dessus, il n’y a aucun doute.

C’est pourtant là, sous son nez. Il suffirait d’une étude, d’un effort, d’une lecture sérieuse pour comprendre que les mêmes forces ont mis en place les mêmes mécanismes sous des maillots différents, dans des équipes différentes.

Et maintenant, on voudrait nous faire croire que l’Europe est sur le point de s’évaporer ? Après avoir survécu à la peste noire, à Napoléon, aux guerres mondiales et au règne de Michel Drucker ? Imaginer ce continent comme un vase fragile tombé de l’étagère, c’est du fantasme de conservateur en crise de nostalgie.

Rien ne disparaît, tout mute. Seule la crédibilité de certains pseudo-penseurs semble figée à un niveau préoccupant. Rien ne disparaît, tout mute. Seul le QI des débatteurs semble figé à un niveau préoccupant.

Et l’islam, dans tout ça ? Une branche morte ? Sérieusement ? Historiquement, c’est une onde de choc qui n’a jamais cessé de se propager : conquêtes, effondrements, renaissances, divisions, hybridations culturelles.

Culturellement, inutile de creuser bien loin. Sans l’islam médiéval, on compterait encore avec des chiffres romains et on soignerait la grippe en consultant les astres.

Politiquement, croire qu’il existe un bloc islamique homogène, c’est afficher une compréhension du monde qui ferait honte à la honte elle-même. L’Indonésie, la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Pakistan… aussi uniformes que la Norvège et le Portugal, sous prétexte que c’est en Europe.

Imaginer l’islam comme une branche morte, c’est confondre fantasme et réalité. Et la seule chose qui est vraiment morte ici, c’est la crédibilité de l’orateur.

« Le péché mortel pour les croyants monothéistes est d’être absolument persuadés de savoir qui est Dieu et de connaître son jugement. L’orgueil infini… »

Mais qui a dit ça, au juste ? Qui ? On cherche. On interroge l’histoire, les dogmes, les sources. Rien. À part chez certains judaïsants et quelques sectes chrétiennes, où trouve-t-on cette affirmation ? En islam, elle n’existe pas. C’est une chimère. L’idée même d’un Jugement dernier invalide de facto ce vomi mensonger. L’un contredit l’autre, l’argument s’annule de lui-même. Mais ça, le Filou Zophe ne le voit pas. Ou plutôt, il le voit, mais dans son trouble dissociatif civilisationelle, ce n’est plus un problème.

« Plus l’islam meurt, et plus les musulmans sont nombreux à porter son cadavre putréfié en triomphe, persuadés plus que jamais que le jugement divin leur sera favorable. »

C’est fascinant, cette capacité à transformer l’ineptie en profession de foi. L’islam est mort ? Carton rouge. Dieu affirme dans le Coran que c’est la religion finale et unique. Donc, non seulement il confirme son ignorance abyssale, mais il signe en prime son acte de sortie. Il nie l’islam et s’exclut lui-même de toute prétention à s’en revendiquer. Mais comme son coming out est déjà acté, on ne va même pas comptabiliser ce dérapage dans la longue liste de ses embardées métaphysiques.

Il fait surtout, et sans le savoir, une lourde confession en expliquant, à nous, musulmans, que nous reconnaissons la mort de notre foi — pourtant bien vivante — et que nous avançons béatement, convaincus d’avoir le paradis assuré, quels que soient nos actes. Tranquilles, en roue libre, sans jamais envisager l’éventualité de la fournaise.

Sait-il, sans vouloir lui mettre la pression, qu’aucun musulman ne peut prétendre savoir quel sera son sort auprès du Créateur le Jour du Jugement dernier ? Aucun. À part quelques égarés, que je ne fréquente pas, personne ne peut s’imaginer obtenir le paradis avec certitude. Dans quelle dimension parallèle vit-il ? Ce qu’on comprend surtout, c’est qu’il vient de réussir, en une seule phrase, à débiter plus d’absurdités qu’il n’y a de mots. C’est théoriquement impossible, mais on sait désormais qu’impossible n’est pas Philou Zophe.

Quoi qu’il arrive, au final, faut juste pas oublier : aussi compétent et fort qu’on pense l’être, et aussi nombreuses soient vos prétentions, il y aura toujours, quelque part, un Chinois qui fera toujours mieux que vous, et pour moins cher.


GNOSE ? I DON’T KNOW, I BELIEVE IN MY NOSE


« Oui, les musulmans sont stigmatisés comme jamais ils ne l’ont été, mais n’est-ce pas là justement le signe du châtiment divin qui est en train de s’abattre sur eux ? Ils attendent un jugement qui est déjà là, les accablant implacablement ! Sous leurs yeux incrédules. Jusqu’où ira leur déni ? Jusqu’en enfer, qu’ils ne pourront plus nier. »

Pause dramatique. Regards en coin pour jauger l’effet de sa fulgurance. Mais rien. Pas un frisson, pas un rictus admiratif, rien d’autre qu’un silence qui suinte la consternation. L’islam, cet intrus. Il a commencé comme une anomalie et finira de la même manière. C’est écrit. Noir sur blanc. Un hadith le dit sans détour : L’islam a commencé comme quelque chose d’étranger et il redeviendra étranger.

L’étranger, c’est celui qui tient debout pendant que tout s’effondre. Celui qui refuse de plier sous la corruption généralisée. Minoritaire, assiégé, il avance à contre-courant d’un monde qui pourrit sur pied. On demanda au Prophète :

— Qui sont ces étrangers ?

Réponse :

Ceux qui rectifient les gens lorsque ceux-ci deviennent corrompus.

L’avertissement est clair :

Vivez dans ce monde comme si vous étiez un étranger ou un voyageur.

Mais ça, les rêveurs ne veulent pas l’entendre. Beaucoup croient que l’islam leur donnera un ancrage, un statut, une place. Erreur. L’étrangeté est inscrite dans le programme. Même ceux qui naissent dedans la ressentent. C’est la nature du croyant : ne jamais être chez lui ici.

Et c’est là que Hadjiat révèle l’étendue de son illettrisme. Croire que les musulmans sont châtiés par cette stigmatisation, c’est n’avoir rien compris au dogme de l’islam. Ce qui est annoncé ne peut pas être une punition. C’est une épreuve. Un test grandeur nature qui tamise les âmes comme on sépare l’or de l’impureté. Il faut vraiment avoir la cervelle saturée de raisin fermenté pour imaginer qu’une prophétie annoncée depuis quatorze siècles puisse être une sanction. Encore faudrait-il, pour le comprendre, poser son verre, s’essuyer la bouche et lire d’autres ouvrages que ceux des plagiaires hellénistes.

Le monde, lui, fait exactement l’inverse. Il traite l’islam comme un archaïsme, la foi comme une menace, la droiture comme une pathologie. Mais cette étrangeté n’est pas une tare. C’est un signe. Il est donc logique, prévisible et inéluctable que l’islam soit stigmatisé. Il l’a toujours été depuis le premier jour de sa révélation.

Les musulmans l’ont toujours su. Toute la rhétorique hadjiatienne s’effondre d’un coup, laminée par sa propre ignorance. Il aurait suffi d’ouvrir un livre — un vrai, pas une de ces compilations indigentes où Hadjiat se répond à lui-même.

Mais le bougre persiste et signe, pour entériner définitivement son ignorance du sujet, en claironnant à qui veut l’entendre et en  prenant un ton de prophétie solennel :

« Ô musulmans, que vous l’admettiez ou non, le rejet de plus en plus radical de l’islam ne se répand comme une traînée de poudre que par le consentement divin, et vos malheurs les plus abominables n’adviennent eux aussi que par ce même consentement. Si seulement cela pouvait vous faire réfléchir. »

C’est fou, quand même, que ce soit toujours un donneur de leçons sans vergogne qui vienne expliquer aux autres ce qu’ils doivent faire. C’est fou. Si seulement cet individu s’appliquait à lui-même ses propres conseils, le monde s’en porterait mieux.

« Plus le jugement divin se manifeste par des châtiments envers les musulmans, des châtiments de plus en plus humiliants, et plus ils le nient. Mais plus ils le nient, plus ils seront châtiés et humiliés ! Peut-être croient-ils que le divin ne se manifeste qu’aux Cieux et pas sur Terre (point de vue gnostique). »

Déjà, l’argumentaire repose sur un principe circulaire qui ferait passer un serpent qui se mord la queue pour un modèle de rationalité. « Plus ils sont châtiés, plus ils nient, plus ils sont châtiés« . Ah bon ? Et si on applique cette logique à autre chose ? Plus quelqu’un se fait critiquer, plus il nie la critique, donc plus il mérite d’être critiqué ? Ça marche aussi avec « plus on dit n’importe quoi, plus on y croit, donc plus on dit n’importe quoi« . La boucle de l’absurde est bouclée.

Ensuite, « jugement divin« … qui décide qu’un événement est un châtiment ? À ce compte-là, tout peut être un « signe » : un tremblement de terre en Turquie, c’est un châtiment. Un incendie en Californie, c’est autre chose. Un tsunami en Indonésie, c’est une punition, mais quand Notre-Dame brûle, c’est un accident. Pratique. Ça revient à dire « quand ça m’arrange, c’est Dieu qui punit ; quand ça ne m’arrange pas, c’est la météo ». Un raisonnement aussi flexible qu’une promesse électorale.

Historiquement, la rhétorique du châtiment divin a été utilisée à toutes les sauces. La peste noire ? Punition divine. La chute de Constantinople ? Punition divine. La Révolution française ? Punition divine. Mais alors, si on suit cette logique, la colonisation, les guerres mondiales, Hiroshima, le 11 septembre, la crise de 2008, tout devient un « châtiment ». Qui punit qui ? Quand ? Pourquoi ? C’est une lecture purement idéologique du réel, où les faits sont déformés pour entrer dans une grille de lecture préétablie. À ce compte-là, autant instaurer un système de points de fidélité pour les civilisations les plus humiliées.

Et puisqu’on parle de « châtiments humiliants », lançons un œil sur l’Histoire : 1492, Grenade tombe, l’Espagne triomphe. Un siècle plus tard, l’Empire ottoman est au sommet. Si l’humiliation divine fonctionne par cycles, c’est donc un jeu sans fin où tout le monde passe par la case fessée déculottée. À ce tarif, personne n’a le monopole du martyr, chacun a eu sa période de descente aux enfers. Mais de l’autre côté, l’Europe médiévale croulait sous les invasions, les épidémies et les guerres de religion. Si l’humiliation divine était un jeu à points, tout le monde aurait perdu au moins dix fois.

Quant au fameux point de vue gnostique, cela sent l’approximation en service express. La gnose ne dit pas que Dieu ne se manifeste pas sur Terre, mais que le monde matériel est une illusion, un piège. Subtilité escamotée en diagonale, comme un élève découvrant le sujet du contrôle une minute avant de rendre sa copie.

Le point commun entre toutes ces sorties ? Une prétention à décréter des vérités ultimes sans la moindre assise rationnelle ni théologique. C’est du délire de sous-préfecture, du prêt-à-penser de contrebande, de la rhétorique frelatée pour amateurs de sentences toutes faites. Il ne s’agit pas ici de débattre, mais de produire un simulacre d’intelligence destiné à épater un public aussi désespéré que lui.

Ensuite, « jugement divin« … qui décide qu’un événement est un châtiment ? À ce compte-là, tout peut être un « signe » : un tremblement de terre en Turquie, c’est un châtiment. Un incendie en Californie, c’est autre chose. Un tsunami en Indonésie, c’est une punition, mais quand Notre-Dame brûle, c’est un accident. Pratique. Ça revient à dire « quand ça m’arrange, c’est Dieu qui punit ; quand ça ne m’arrange pas, c’est la météo« . Un raisonnement aussi flexible qu’une promesse électorale.

Historiquement, la rhétorique du châtiment divin a été utilisée à toutes les sauces. La peste noire ? Punition divine. La chute de Constantinople ? Punition divine. La Révolution française ? Punition divine. Mais alors, si on suit cette logique, la colonisation, les guerres mondiales, Hiroshima, le 11 septembre, la crise de 2008, tout devient un « châtiment ». Qui punit qui ? Quand ? Pourquoi ? C’est une lecture purement idéologique du réel, où les faits sont déformés pour entrer dans une grille de lecture préétablie. À ce compte-là, autant instaurer un système de points de fidélité pour les civilisations les plus humiliées.

Et puisqu’on parle de « châtiments humiliants« , lançons un œil sur l’Histoire : 1492, Grenade tombe, l’Espagne triomphe. Un siècle plus tard, l’Empire ottoman est au sommet. Si l’humiliation divine fonctionne par cycles, c’est donc un jeu sans fin où tout le monde passe par la case fessée déculottée. À ce tarif, personne n’a le monopole du martyr, chacun a eu sa période de descente aux enfers. Mais de l’autre côté, l’Europe médiévale croulait sous les invasions, les épidémies et les guerres de religion. Si l’humiliation divine était un jeu à points, tout le monde aurait perdu au moins dix fois.

Quant au fameux point de vue gnostique, cela sent l’approximation en service express. La gnose ne dit pas que Dieu ne se manifeste pas sur Terre, mais que le monde matériel est une illusion, un piège. Subtilité escamotée en diagonale, comme un élève découvrant le sujet du contrôle une minute avant de rendre sa copie. Et même si certains considèrent que Dieu réserve ses comptes à l’au-delà, en quoi cela fait-il d’eux des aveugles, comparés à ceux qui voient des punitions divines partout, comme d’autres voient des Illuminati à chaque coin de rue ?

C’est du Hadjiat de compétition. Ça mérite d’avoir son étoile sur le Walk of Fame des illusionnistes de la pensée. Mais à ce stade, ce n’est plus une déclaration, c’est un appel d’offres à la débilité. Et c’est ainsi que l’Histoire s’écrit, non pas par les plus brillants, mais par ceux qui crient le plus fort en espérant qu’on les prenne au sérieux.

Ici, on touche à quelque chose d’inédit. Un sommet. Un record. Un précipice intellectuel d’où même l’absurde hésiterait à se jeter. Dans un moment de grâce, notre Philou zophe, défricheur de friches déjà défrichées à ses heures creuses — et elles sont nombreuses —, s’autorise une déclaration dont la débilité fulgurante suffirait à réécrire les lois de la physique :

« L’islam est devenu une maladie incurable dont les prosélytes s’acharnent à vouloir contaminer l’humanité entière. L’éradication de cette maladie sera la preuve irréfutable de l’existence de Dieu ! »

Pause. Silence. Clignements d’yeux. Si le ridicule était une force gravitationnelle, Hadjiat serait une étoile effondrée sur elle-même, un trou noir qui aspire tout bon sens à des kilomètres à la ronde.

Selon lui, Dieu aurait donc validé une religion qui, par un coup du sort divin, aurait dégénéré en pathologie incurable, une infection spirituelle hors de contrôle. Et le Seigneur, dans toute son omnipotence, ne l’aurait pas vu venir ? Il aurait laissé l’humanité s’embourber dans cette épidémie théologique pour ensuite attendre qu’un philosophe du PMU vienne tirer la sonnette d’alarme ?

Mais ce n’est pas fini. Il pousse l’absurdité dans des stratosphères encore inexplorées. Parce que, selon lui, la disparition de cette maladie — donc un événement voulu par Dieu, mais manifestement en retard sur son propre calendrier — serait la preuve irréfutable de Son existence.

Il a tout donné. Plus rien ne l’arrête. On n’est plus dans le délire. On a dépassé ce stade. On navigue désormais dans une zone où la réalité a renoncé. Les particules de la logique se sont dissoutes. Les lois de la pensée se sont repliées sur elles-mêmes, terrassées par tant d’ineptie.

Ici, on ne raisonne plus. On est dans un plan éthérique où les concepts eux-mêmes s’effondrent sous le poids d’une connerie si dense qu’elle plie la trame du réel.

Ce n’est pas de la philosophie, c’est une expérience quantique du non-sens, une oscillation permanente entre la confusion et la cuite théologique. Une plongée dans un gouffre où l’espace et le temps n’ont plus de sens. Et où les particules de la connerie, niveau 45 degrés sur l’échelle du Black Label s’agglomèrent pour former un lac de décantation et de dégrisement intellectuel dans lequel barbotent joyeusement le Filou Zophe.

À ce stade, ce n’est plus une déclaration. C’est un appel d’offres à la débilité. Un cri du cœur pour la postérité.

« Aussi nombreux que soient les musulmans – un milliard et demi, deux milliards, trois milliards –, ils ne convaincront pas le divin de la victoire de l’Islam sur Terre. Victoire par le nombre. Qu’ils ne se méprennent pas sur leur conquête du nombre, s’il n’y a pas un seul vertueux parmi eux, le jugement divin les condamnera tous ! Qu’ils soient quarante milliards ou cinquante milliards ! Croire pouvoir flouer le jugement divin par le nombre est la preuve définitive de leur perdition sans retour. »

Dès les premières phrases, ça sent la harangue prophétique, l’envolée lyrique du gourou de sous-préfecture qui mélange théologie, mathématiques et fable apocalyptique. L’argumentaire tourne en rond, incapable de tenir debout plus de trois secondes.

Premier naufrage : cette obsession pour le nombre. Comme si l’existence d’une masse de fidèles était une tentative d’escroquerie spirituelle. Personne ne soutient que la vérité se mesure à la densité démographique. Sinon, les premiers chrétiens auraient été dans l’erreur jusqu’à Constantin, les juifs seraient définitivement rayés de la carte du sacré, et les athées formeraient la nouvelle aristocratie céleste sous prétexte qu’ils explosent en Occident. Le monde ne fonctionne pas comme un concours de popularité.

Deuxième absurdité : le mépris feint pour la quantité. Il explique avec emphase que Dieu se moque des chiffres… pour immédiatement en faire une affaire d’État. Si le destin spirituel des musulmans était scellé peu importe leur nombre, alors pourquoi s’acharner à dénombrer ces cohortes inutiles ? C’est l’argument de celui qui passe son temps à pointer un détail en répétant qu’il n’a aucune importance.

Troisième acrobatie foireuse : cette vision du jugement divin qui tombe d’un bloc sur tous les musulmans, qu’ils soient un milliard ou cinquante milliards. Alors, on généralise ou on juge au cas par cas ? Parce que là, le raisonnement fait le grand écart. Dans toutes les doctrines monothéistes, Dieu n’est pas censé lancer des sentences collectives à la truelle, façon purge administrative. Ça ressemble plus à une logique de tribunal d’exception qu’à une analyse théologique sérieuse.

Et puis, ce délire de la fraude spirituelle. Comme si une réunion secrète de fidèles avait décidé un jour que le salut s’obtiendrait par simple majorité absolue. Quel texte musulman, quelle sourate, quel hadith prône la victoire divine par l’effet de masse ? L’Islam, comme toute religion, repose sur la foi et la pratique, pas sur un recensement. À ce stade, c’est du roman conspirationniste, pas de la pensée.

Tout l’argumentaire est un faux-semblant. On feint de dénoncer une croyance absurde qui n’existe pas, on l’agite comme un chiffon rouge pour mieux la démonter en place publique. C’est de la rhétorique frelatée pour amateurs de sentences toutes faites.

« En vérité je vous le dis, cette religion morte de l’islam est désormais haram, c’est-à-dire pas du tout mais vraiment pas du tout halal. »

En vérité, en vérité, il nous le dit. Dès la première phrase, il se dresse sur son mont Sinaï personnel, paraphrase les Écritures et s’ auto-proclame prophète. Il ne débat pas, il annonce, il assène, persuadé que son verdict est inattaquable. Le ton est celui d’un oracle qui sait et qui révèle, mais l’assurance ne fait pas la justesse. Problème : un prophète sans preuve, c’est juste un type qui s’écoute parler.

La suite frôle le ridicule. Il décrète que l’islam est désormais haram comme s’il signait un décret divin. Il croit sans doute frapper fort, mais il ne fait que reproduire un comportement que le Coran condamne déjà. Qui d’autre, sinon le fameux Israël décrit dans la révélation, s’est inventé des interdictions qui n’avaient jamais été imposées par Dieu ? « Toute nourriture était licite aux enfants d’Israël, sauf celle qu’Israël lui-même s’interdit avant que ne descendît la Thora » (3:93). Il tombe exactement dans ce travers : il s’octroie un pouvoir qui n’est pas le sien et prononce une sentence imaginaire. Le coup est vieux comme le monde : s’inventer des interdictions, s’octroyer un pouvoir qui n’existe pas et réécrire la loi divine à sa convenance. Il reproduit exactement ce que la révélation condamne. À croire que son esprit fonctionne comme un texte inversé, absorbant les interdits et les recrachant sous forme de dogmes personnels. Dieu aurait-il, dans sa sagesse infinie, laissé l’islam prospérer avant qu’un écrivaillon ne vienne corriger son erreur ? Où est l’ordonnance céleste ? Où est le décret divin ? Rien. Juste un bonhomme qui décide, à la volée, que la religion universelle a soudainement expiré. L’ego est grand, mais l’argumentaire est minuscule.

Surtout, cette sentence bancale trahit une ignorance absolue du sujet qu’il prétend enterrer. L’islam ne naît pas avec Muhammad (sws). Il commence avec Adam et s’achève avec la révélation du Coran.

L’Islam, c’est la tradition primordiale, la vraie, la seule, l’unique. Celle que les penseurs, les occultistes et autres illuminés en quête de vérité ont passé des siècles à traquer aux quatre coins du monde, dans les brumes mystiques de l’Extrême-Orient, dans les oracles grecs, les temples indiens, les cercles ésotériques et les sages aux barbes trop bien taillées. Partout. Sauf là où elle a toujours été, sous leur nez, ancrée, massive, indélogeable.

Ils ont fouillé les grimoires, compulsé les manuscrits, inventé des mythes fumeux pour habiller leur ignorance, pendant que la réponse patientait, imperturbable. Mais ça, c’est trop simple, trop évident pour l’intellectuel en mal de transcendance. Il préfère se perdre dans des dédales inutiles plutôt que d’admettre qu’il a toujours regardé du mauvais côté.

Mais encore faut-il le savoir. Il ne le sait pas. Donc je l’instruis. Son raisonnement implique que Dieu aurait mis en place un système qui lui aurait échappé, comme un ingénieur dépassé par sa propre invention. Drôle d’image qu’il se fait du Créateur : un Dieu distrait, lançant des concepts sans en maîtriser l’issue, et laissant le soin à un intellectuel auto-proclamé de boucler les dossiers qu’il aurait oubliés.

Ce délire d’omniscience improvisée trouve sa place dans le verset suivant : « Et quel pire injuste que celui qui invente un mensonge contre Dieu, ou qui dément la Vérité quand elle lui parvient ? » (29:68). Difficile d’être plus clair. Il ne s’agit pas d’une simple hyperbole ou d’un raccourci maladroit : affirmer un mensonge sur Dieu est une imposture monumentale. La conséquence est limpide : un tel imposteur trouve sa place en enfer.

Quant à son expertise autoproclamée sur « les ennemis de l’humanité », elle prête à rire. Il prétend les dénoncer, les exposer, les traquer, mais comment peut-on écrire tout un livre sur un ennemi qu’on est incapable d’identifier clairement ? Il pose des diagnostics sur des chimères et prend ses propres illusions pour des vérités absolues. Une imposture de plus à son palmarès.

 « Le divin voulait faire des musulmans des amoureux de la sagesse, des diffuseurs de sagesse, mais par leur dogmatisme obstiné ils sont devenus les ennemis mortels de la sagesse, les ennemis de toute libre quête de sagesse, libre de tout dogmatisme. »

Quant à l’idée que les musulmans seraient « les ennemis de toute libre quête de sagesse« , il suffit de regarder les faits : dans toute civilisation et toute religion, il y a des courants rigides et d’autres plus ouverts. C’est pareil en islam : il y a les dogmatiques, mais aussi les mystiques soufis, les philosophes, les penseurs réformistes. Dire que l’islam est par essence hostile à la sagesse, c’est comme dire que le christianisme est par essence hostile à la science parce que l’Église a condamné Galilée. C’est une généralisation idiote qui confond l’histoire des idées avec les dérives politiques et religieuses de certains régimes. Là où ça devient risible, c’est l’opposition finale entre « les ennemis de toute libre quête de sagesse » et « libre de tout dogmatisme« . Alors donc, la sagesse serait uniquement accessible si elle était totalement libérée de tout cadre ? C’est une absurdité philosophique totale. Toute quête de sagesse a ses fondements, ses principes, ses méthodes. Même les philosophes athées suivent des dogmes intellectuels, des cadres de pensée. Dire que la « vraie » quête de sagesse doit être sans dogme, c’est comme dire qu’un nageur libre doit plonger sans eau. Une fois au fond du bassin, ça pique !

Premièrement, la généralisation est déjà suspecte. « Les musulmans« , au sens large, ça ne veut rien dire. Il existe autant d’interprétations de l’islam qu’il y a de théologiens, de philosophes, de juristes, et même de simples fidèles qui pratiquent à leur manière. Parler d’un « dogmatisme obstiné » comme s’il s’agissait d’un gène transmis par l’ADN islamique, c’est comme dire que les Européens sont tous cartésiens ou que tous les Américains votent républicain : c’est absurde.

Ensuite, ce « dogmatisme » supposé, il faudrait un peu le prouver. L’histoire des sciences et des idées montre que le monde islamique médiéval a été une pépinière de philosophes, de savants, de traducteurs et de penseurs qui ont justement préservé et diffusé la « sagesse » grecque, indienne, perse, et même chrétienne, à une époque où l’Europe chrétienne, elle, brûlait joyeusement des hérétiques au bûcher. Les noms d’Avicenne, Averroès, Al-Farabi, Al-Kindi, Al-Ghazali et bien d’autres sont là pour rappeler qu’à l’époque, on n’hésitait pas à questionner, interpréter, et parfois même contester. Alors, les ennemis de la sagesse ? Vraiment ? Ensuite, il faudrait expliquer comment des siècles de philosophie, de science, de théologie et de débats contradictoires dans le monde islamique médiéval ne comptent pas. Mais bon, c’est plus facile de balancer une formule choc que de regarder les faits en face. Le Filou Zophe confond dogme et diversité, réduit une religion complexe à un cliché et ignore allègrement tout ce qui pourrait contredire son idée préconçue.

Un monde sans dogme. Le fantasme ultime des doctrinaires modernes.

« Lorsque le dogmatisme religieux aura disparu de la planète – à Dieu plaise –, il ne restera qu’un seul culte, « le seul vrai culte, le culte du cœur et de l’esprit », comme disait le subtil Rousseau. »

L’aplomb du gars. Il balance ça comme une offrande sacrée, une chiasse fièrement pondue, trônant au milieu du débat avec la majesté d’un dépôt non négociable. La foule est censée applaudir, s’émerveiller, se prosterner devant cette révélation de comptoir. Un monde libéré des dogmes ! Mais qui croit encore à cette escroquerie ? Trois siècles qu’on nous vend cette disparition imminente des religions, et pourtant, elles tiennent bon. Pendant que les idéologies « rationnelles » reprennent leurs rituels avec la même fièvre inquisitoriale.

Hier, la Raison divine des révolutionnaires, puis le matérialisme sacré des marxistes, aujourd’hui la « Science » sanctifiée des technocrates. Toujours un clergé, toujours une vérité unique, toujours des hérétiques à brûler.

Et là, Rousseau surgit avec son Contrat social, persuadé d’avoir accouché d’un chef-d’œuvre. Mais sur quoi repose son miracle intellectuel ? Un concept que les tribus d’Afrique du Nord appliquaient depuis des siècles, sans le souiller de jargon pompeux. Comme toujours, l’Occident s’accapare, pervertit, vend l’ersatz et s’autocongratule.

Quant à son fameux « culte du cœur et de l’esprit« , c’est du recyclage de bas étage. On gomme Dieu, on garde le culte. On dénonce les dogmes, on en impose d’autres. L’arnaque est millénaire.

« Ils veulent éteindre la lumière d’Allah avec leurs bouches, mais Allah parachèvera Sa lumière, même si cela déplaît aux mécréants. » (Coran, 61:8)

Voilà ce qui les obsède. Éradiquer toute transcendance, remplacer le sacré par un simulacre. Rousseau en prophète, les loges en coulisses, la populace endormie à coups de « libération ». Et le Filou Zophe dans tout ça, convaincu d’avoir sorti un trait de génie. Le pire, c’est qu’il y croit.

Le meilleur pour la fin :

« Le voile des musulmanes est très précisément le linceul de l’islam. »

Combien de temps de réflexion cet aphorisme a-t-il mis à germer dans son cerveau sclérosé ? Une fulgurance, à coup sûr. Satan inspire les meilleures diableries à la vitesse de la flèche qui sort de son sac, à l’image du pseudo-musulman qu’il n’est pas, sortant de l’Islam quand il voit la vérité.

Mais Dieu merci, notre Filou Zophe n’est plus qu’une baudruche éventrée. On l’a vu fanfaronner, s’accrocher à ses poses d’érudit déglingué, persuadé d’exister en désignant les autres comme ses ennemis. Il n’a pas compris que le seul ennemi qu’il ait jamais eu, c’est lui-même. Que le voile d’une musulmane a plus de valeur et d’honneur que cent parleurs de son espèce.

Mais la sentence est tombée depuis longtemps. Et parmi les gens, il en est qui disent : “Nous croyons en Allah et au Jour dernier !” tandis qu’en fait, ils n’y croient pas. Ils cherchent à tromper Allah et les croyants ; mais ils ne trompent qu’eux-mêmes, et ils ne s’en rendent pas compte. (Coran, 2:8-9)

Son propre linceul est déjà tissé. Il l’a cousu de ses propres mains, maille après maille.

Hadjiat a choisi de brailler dans le vide, croyant qu’en éructant ses inepties, il se sculpterait une place au Panthéon des penseurs. Mais à trop vouloir prophétiser, il s’est pris les pieds dans sa propre rhétorique, trébuchant sur les fils de son ignorance comme un funambule ivre sur le fil fragile de sa haine d’une religion qu’il caricature à l’excès. Il a d’ailleurs toute sa place sur le site Riposte Laïque.

Le savoir ne s’acquiert pas en empilant des phrases sentencieuses comme un sans-chicots imposable empile des pierres pour se bâtir un château imaginaire. Il se forge dans l’humilité, dans l’examen minutieux des faits, et non dans l’orgueil pathétique de celui qui croit avoir tout compris.

Et pendant que certains s’épuisent à clouer l’Islam sur la croix de leurs fantasmes, il continue, malgré tout, de briller, inébranlable, comme un phare dans la tempête. Qu’ils vocifèrent, qu’ils se convulsent sous l’effet de leurs propres délires, l’Histoire les a déjà enterrés avant même qu’ils n’aient pu inscrire leur nom dans ses marges.

Hadjiat croyait instruire. Il n’a fait que prouver qu’il n’avait rien appris.

 


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